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Codes

Vous avez passé le code, maintenant passez la conduite Ils ont leurs codes. Au début ça peut paraître hermétique. Il vous faut décoder tout ça. Vous pourriez vous en faire un code d’honneur Pouvez-vous allumer les codes s’il vous plaît, je crois qu’il vous manque une ampoule Pour entrer sur le site inscrivez-vous, choisissez un identifiant et un mot de passe Ne donnez jamais votre numéro de code bancaire Tapez votre code. Vous avez perdu votre code ? Pour récupérer votre identifiant ou votre mot de passe Cliquez ici. Pour plus de sécurité une double identification est désormais demandée. Si vous voulez des informations sur vos comptes taper votre code postal, tapez votre numéro de compte client Taper 1, tapez 2 tapez * pour revenir au sommaire. Quel est votre code guichet, votre code banque ? J’essaie de décoder ce formulaire. Pourriez-vous m’indiquer le code de la porte C’est le même code pour les deux portes. Par contre le code du portail est différent. N’inscrivez pas votre code n’importe où. Il est préférable de mémoriser votre code. Vous pouvez désormais utiliser ce nouveau code. Quel est votre code postal ? Votre code est confidentiel ne le partagez avec personne. Pour obtenir votre code inscrivez votre identifiant ou votre adresse email Pour entrer sur votre messagerie tapez votre code Vous n’avez pas de mémoire voici un service payant pour rassembler tous vos codes. Pour y accéder taper votre code client. Pour créer votre site pas besoin de savoir coder. Si vous voulez plus d’options ,suivez notre formation Vous deviendrez un expert en code HTML En code CSS en PHP en Python, en C, en C++ Allumez les codes, éteignez les, vous avez oublié d’éteindre vos codes. Vous êtes à plat, il n’y a plus de batterie. Désormais chaque génération possède ses propres codes. Les codes des cités, les codes des francs-maçons, les codes de la chevalerie, les codes à respecter en entreprise, à l’église, dans la file d’attente, les codes pour comprendre les codes, les codes pour se rappeler tout ce qui devra être oublié, le code civil, nul n’est sensé ignoré la loi, la loi et ses codes, les codes du bien vivre ensemble, les codes pour tenir une fourchette et un couteau, les codes pour dresser une table, pour arranger des fleurs, pour boire de l’eau dans le bon verre. Le codicille sera à ajouter en bas de page, ou sur une feuille à part. Le code de bonne conduite. Allumer vos codes, ne roulez pas plein phare, respectez le code de la route. Le code pour la cérémonie du mariage, du baptême, de l’enterrement, levez-vous asseyez-vous, chantez, ne chantez plus, ne dormez pas, les codes pour s’asseoir correctement sur un safu. Ça vous fait mal aux genoux, dura lex sed lex. Le code pour se plier en quatre, pour se déplier durant les heures de pointe. Le code pour être enfin riche, enfin libre, enfin heureux, enfin beau. Le code pour bien manger, le code pour être en bonne santé, pour vivre vieux en bonne santé, le code pour oublier qu’on est cerné par les codes.|couper{180}

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Marché aux sons

. Par l’ouïe du poisson, par l’œil encore vif, indice de fraîcheur Vision des files d’attente, perspective des racks des rayons Silhouettes avec caddies Musique sirupeuse, réflexe de Pavlov, Le cabillaud lorgne la morue le persil frise. Le hachoir fend l’écaille, la chair, l’arête, mais pas trop gros Pas trop épaisse la tranche, — Et avec ceci ce sera tout, — non mettez moi donc Des moules, ce petit bout de loup, et six sardines. — Je vous les vide ? — Avec plaisir. Le son des voix à la poissonnerie, dans le supermarché de la ville Par le rayon des surgelés, le son des emballages, riz cantonnais, paella royale Un bruit sableux, vague sensation crissement de la sandale sur une plage. Filets de colin panés en promotion Frites au four, steaks congelés. Au lieu de onze euros si vous en prenez deux. Chez le traiteur le bourdonnement sourd de la machine à trancher le jambon — Comme ça ça ira ? — un peu moins épaisse s’il vous plait — vous m’avez bien dit quatre ? — finalement mettez-m ’en six et puis deux tranches de pâté en croûte, pas trop épaisses non plus. Caisses devant l’entrée pour accéder à la sortie. — Je n’ai que ça je peux passer devant vous — vous savez à nos âges on a le temps. — Il fait si froid pour un mois de mai — non ça s’arrête là le reste est à la dame derrière. — vous avez bien pris en compte la réduction ? — j’ai combien de points sur ma carte ? — Vous payez par carte Vous avez la carte de fidélité, vous voulez le ticket, vous prenez les vignettes Juste avant la sortie le bruit du distributeur de billets Très mécanique froissement violent, crachement de papier A coté le bruit du flash du photomaton, le bourdonnement du développement, le grelot du rideau qu'on tire Le choc des feuilles plus épaisses contre la tirette en plastique Par le parking le son de la chaîne du caddy qu’on libère en entrant un jeton dans la fente. Le bruit du caddy qui s’encastre dans un autre caddy Le bruit de l’allumage du moteur, des pneus qui couinent sur l’asphalte, de la vitesse qu’on passe, Du klaxon intempestif ou compulsif Dans l’habitacle de l’automobile le léger bruit du bouton de l’autoradio qu’on allume La voix de Bruce Springsteen chantant Born in USA Le bruit de l'alarme qui dit que la ceinture n’est pas bouclée Le petit clic quand on la boucle Le bruit du clignotant sur le gauche La seconde qu’on enclenche|couper{180}

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Suivre la voie du timbre-poste

C’est en lisant des poèmes qu’on peut se rendre compte. Peut-être pas tous. Certains poèmes. Ceux qui ne traitent que d’une seule idée à la fois . Qui ne sont pas feux d’artifice. Qui ne partent pas dans tous sens. Encore que rien contre tous les sens. Le sens est important. Mais ici, le propos est le timbre-poste. chercher et suivre la voie du timbre. Trouver un timbre-poste, s’y tenir, s’y accrocher, ne pas lâcher l’affaire, métamorphose en pit-bull philatéliste, en spéléologue explorant les abîmes du parallélépipède postal. Le timbre-poste n’est pas plat comme une limande. Plus on s’en approche plus on lui découvrira un volume. monumental en proportion de la concentration de qui vient à lui. Un timbre-poste peut-être un bloc monstrueux, un édifice inquiétant, proche des dolmen, des menhirs, des pyramides aztèques ou maya, du gigantisme de Baalbek ou de Lovecraft. Trouver un timbre-poste. Aller à la rencontre du timbre-poste. Comment faire ? Comment s’y prendre ? Avec toute l’abondance autour comment distinguer celui-ci, que sera le bon timbre, le juste timbre, le gong. un timbre-poste dans le chaos général. Y aller à la loupe et circonspection. Prendre l’autoroute pour se rendre dans telle ou telle ville en quête du timbre est un risque. On ne sera pas seul sur la route. Beaucoup semble à la recherche de la même chose. Préférer les nationales, les départementales, les vicinales. Chercher l’oblique la diagonale, bien plus dynamique. Faire attention aussi où l’on pose les pieds si l’on marche à pied. Y aller d'un bon pas sans se perdre en tergiversations, se munir d'une carte d'une boussole, savoir se repérer grâce au soleil à la lune aux étoiles. Ça prend plus de temps parfois mais ce n'est pas bien grave. On risque moins de rouler sur un timbre-poste sans même le voir. A cheval il faut lutter contre la légende transmise de cavalier en cavalier que tout puisse être ou ne pas être sous le sabot de la monture. Vu sous cet angle obtus, par la lorgnette, un être humain est un timbre-poste. Sous cellophane, papier cristal planqué dans l’anodin, le désordre, la multiplicité des envies sans but. Dans le chaos des envies brutes. Tout être est timbre-poste, non oblitéré, vierge de toute salive encore. Aucun crachat, sans postillon. Pas plaqué sur une enveloppe, autonome, inconnu Vu sous un autre angle encore plus obtus la phrase. Le mot. La lettre. Tout ce qu’on emploie pour dire la sensation, indicible. Ce qu’on ne sait pas dire, ce qu’on n’arrive pas à sortir. Mais qu’ on voudrait quand même dire. La toute petite sensation timbre-poste dans laquelle on s’enfonce, on sombre, on décroche. Sables mouvant mer au galop, archange juché sur une flèche. Omelette à gogo. Un morceau de pelouse, un matelas rembourré, un corps de tout son long offert et hermétique. Offert à l’œil, à la main, aux narines, à la langue, hermétique à toute pensée. Black-out total. Les neurones dysfonctionnent, court circuit dans les synapses. C’est offert mais inaccessible à la pensée. Qu’aux sens de s’y risquer. S’y jeter. Se jeter dans le timbre-poste, puits infini, puits sans fond, les yeux fermés, la bouche close, se pincer le nez, les oreilles, comme on plonge dans la mer. La curiosité fera le reste. La curiosité le facteur entre la peau et la cervelle. Le timbre-poste peut-être une obsession. Faire de ses obsessions des timbres-poste. C’est plus facile avec les obsessions. Ça nous regarde. Au regard de l’obsession qui nous cloue au mur, au sol, à l’arbre, au ciel. Ouvrir les yeux en grand, ne pas en perdre une miette. Absorber comme un buvard. Recracher tout ensuite par la bouche pêle-mêle dans un trou. Laisser mijoter un moment. Attendre quelques heures, quelques jours, que l’écho fasse son Job. Que le boomerang revienne. Au regard de ce qui revient, dit karma, explorer le malaise, devenir circonspect, ne prendre que ce qui nous appartient vraiment. Laisser de coté les courriers mal adressés. Retour à chaque expéditeur , retour à l’envoyeur souhaité mais pas indispensable. Ouvrir les oreilles en grand maintenant. Plonger dans une mémoire d’éléphant, ne pas se tromper de mémoire. Reprendre tout ça, le malaxer dans le son jusqu’à trouver l’accord. Un seul timbre-poste, un unique accord, se délier les doigts, tenter quelques arpèges. Si ça sonne ne pas courir vers la porte. S’y rendre doucement.|couper{180}

Lovecraft
Suivre la voie du timbre-poste

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Extinction

Extinction de voix. Aujourd’hui je reçois les gamins d’une école à la médiathèque du village. Le père Fouras de Fort Boyard , ou pas loin. Plusieurs groupes. Celui là regarde uniquement les prix des tableaux. Ils les disent à haute voix tout en s’en offusquant. En en plaisantant. A part ça, à part le prix des choses, les émotions, les sensations sont à peine livrées. Ou encore il faut absolument y voir quelque chose, des bonshommes, des fleurs, un lézard, une fourmi. Je m’écoute parler avec ma voix éteinte. Je me surprends à être d’une étonnante affabilité. Si quelqu’un fait une erreur, je dis nous avons commis une petite bévue. Nous en rigolons. L’heure tourne, les groupes s’enchaînent. Malgré tout, à la fin, quelques-uns disent ça donne envie de dessiner, de peindre. On ne sait pas si c’est sincère ou par pure politesse, ou encore si sont de bons élèves toujours plus ou moins en représentation devant leur maîtresse. Mais malgré cela, le temps pourri,et la fin du monde, ça vaut le coup. Ça vaut toujours le coup de discuter peinture avec les enfants. Un homme s’installe à la terrasse d’un café parisien. Il sort un calepin, un stylo et il se met à écrire. Il est absorbé par ce qu’il est en train d’écrire, le monde autour n’existe pas. C’est peut-être ça le bonheur et le malheur d’écrire tout à la fois. Pour celui qui observe l’homme en train d’écrire, victime de sa propre fascination, il y a des chances pour que rien d’autre n’existe qu’un homme en train d’écrire à la table devant lui. Observer quelqu’un en train d’écrire peut tout autant nous retirer du monde. A quoi pense t’on quand on voit un homme entrer dans ce café, sortir un calepin, un stylo et se jeter tête la première dans l’écriture ? On peut penser à une certaine forme de solitude, à une représentation théâtrale, on pourrait imaginer un homme dont le but serait de se donner en spectacle. Regardez tous je suis en train d’écrire. Ou encore du mépris, je ne tiens absolument pas compte de vous, du monde dans lequel vous êtes, regardez je prends mon calepin, mon stylo et je disparais dans la longue cohorte de signes que j’aligne les uns à la suite des autres. Qu’est-ce qu’il peut bien être en train d’écrire cet homme. On pense presque aussitôt à un journal, ou encore à un récit, une nouvelle, des notes pour un roman en cours. On pense beaucoup plus rarement à un brouillon de lettre d’amour, un brouillon de lettre de démission, à une lettre à son père, à une lettre de motivation. Peut-être n’est-il rien d’autre qu’un fouineur, un détective privé en train d’effectuer un rapport d’adultère. Ou encore pire un comptable. Ce ne sont peut-être rien d’autre que des suites de chiffres qu’il est en train d’aligner. Un homme s’installe à la terrasse d’un café. Pourquoi n’ai je rien d’autre à faire que de l’observer, que d’y penser. Ce pourrait aussi être une très bonne question à me poser. Ai-je pris le temps d'observer l'homme pour ce qu'il est vraiment. Froidement. Bien sûr que non. Il a été immédiatement classé dans une catégorie. La catégorie des hommes qui écrivent dans les cafés. Probable que cela soit aussi la catégorie des écrivains, peut-être celle des journalistes. Catégories arbitraires évidemment. Car un écrivain peut très bien écrire chez lui de même qu'un journaliste. Si je pousse encore plus loin ma pensée, n'est-ce pas parce que j'ai moi-même écrit dans de nombreux cafés parisiens que m'est venue spontanément cette interprétation. On ne voit guère plus loin que le bout de son nez. C'est un fait. On devrait toujours s'en rappeler. Notamment quand l'attraction devient aussi forte, c'est parce qu'on reconnait quelque chose qui n'appartient qu'à nous-mêmes. Un homme s'est installé à la table devant la mienne. Il est entre deux âges. J'ai toujours une fichue difficulté à donner un âge. Disons la cinquantaine. Il est vêtu sobrement. Pour un peu il pourrait passer inaperçu. D'ailleurs mon regard fait le tour de la terrasse, il n'y a bien que moi qui regarde cet homme. Les autres consommateurs sont plutôt perdus dans leurs pensées, ou encore à regarder leurs écrans de smartphone, d'autres fument en levant le nez au ciel. Ceux qui sont en couple cherchent des compromis. Le loufiat slalome entre les tables. C'est certainement un homme d'expérience, de métier, détectable à son agilité et l'économie de ses pas. Je garde un œil sur l'homme qui écrit en essayant d'agrandir le périmètre. De reprendre peu à peu contact avec le monde. Des pigeons lourdauds zigzaguent entre les tables, se faisant dépouiller les miettes de pain par des moineaux. De mon point de vue les oiseaux expliquent à eux seuls une grande partie du monde tel qu'il est vraiment. Lourdeur, pesanteur, contre agilité, fluidité, rapidité. Un homme s'est installé à la table de ce café où je me rends régulièrement pour écrire moi-même. Il a sorti son calepin son stylo et il s'est mis à écrire. La fascination dans laquelle je me suis soudain retrouvé provient de toute évidence d'un phénomène de reflet. Je n'ai d'ailleurs pas sorti calepin ni stylo. Je me suis contenté d'observer. La rédaction d'un billet de blog ne devrait pas surprendre le lecteur. Après tout on est conduit sur un blog suite à une requête. Aujourd'hui cela se passe comme ça. Si je tape extinction de l'espèce sur Google ce billet pourrait avoir des chances d'apparaitre vers la centième page que propose le moteur de recherches. Qui est assez patient pour feuilleter un moteur de recherche jusqu'à cent pages... personne je crois. Donc je peux bien écrire tout ce qui me chante sur ce billet de blog étant donné le faible pourcentage de chances qu'il apparaisse en première page. Les gens adorent les histoires. Les histoires sont toujours les mêmes. On peut imaginer qu'une histoire soit différente d'une autre, mais en fait il y a de grandes chances pour qu'on découvre qu'on connait déjà l'histoire au fur et à mesure qu'on la lira qu'on s'en souvienne. Sur quoi peut-on innover dans ce cas ? L'absence d'histoire ? Ecrire des textes sans histoire ? On peut avoir ce but bien sûr. Mais le lecteur veut une histoire. Si vous ne lui donnez pas une histoire il l'inventera de lui-même. Il dira voici un homme qui a sorti son calepin, son stylo dans un café parisien, voici un homme en train d'écrire quelque chose. On ne sait pas ce qu'il écrit. Qu'est-ce qu'il peut bien être en train d'écrire cet homme ? voilà, on est déjà dans une histoire sans même rien savoir de ce que l'homme est en train d'écrire. Je pourrais aussi ajouter à ce billet la recette de la tourte aux pommes de terre. ça pourrait constituer un élément narratif. Incongru certainement mais sommes-nous à une incongruité près ? Il faudra vous munir de deux pâtes brisées ou feuilletées. Personnellement j'ai une préférence pour la pâte brisée, son aspect rustique. Il vous faudra quelques pommes de terre, 5 ou 6 assez charnues. Des oignons, de la crème fraiche , un couteau, un four, du persil. coupez les pommes de terre en tranches pas trop fines pas trop épaisses coupez les oignons en tranches idem Ensuite mettez donc la pâte au fond d'un plat à tarte ( vous pouvez conserver le papier sulfurisé ça évite de mettre des matières grasses et c'est plus facile à nettoyer ensuite) une couche de pomme de terre une couche d'oignon, sel, poivre, persil on recommence jusqu'au bord du plat à tarte. Ensuite on recouvre le tout avec la seconde pâte. On perce une petite cheminée dans le centre pour que la tourte n'explose pas Four à 200 degrés, 45 minutes de cuissson Ensuite on verse la crème fraiche épaisse par la cheminée, on renfourne encore cinq minutes. Peut se manger chaud, tiède ou froid. Excellent comme plat du soir avec un peu de salade verte. Un billet de blog peut être vraiment quelque chose de très bizarre. Si on ne tient pas à être absolument dans les premières pages de google évidemment. Cela me fait penser à ces vieux bouquins les tout en un j'adorais fourré mon nez dedans par temps de pluie. On pouvait passer ainsi une matinée une après-midi entière à naviguer d'un article à l'autre sans s'ennuyer le moins du monde. Tout à fait autre chose que d'aller se balader dans la campagne. Surtout quand on connait la campagne comme sa poche.|couper{180}

Extinction

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Choses dont je peux facilement me passer

Alors là, les choses se bousculent au portillon. L’embarras du choix guette. Il faudrait mettre en place un dispositif pour organiser toutes ces choses. Leur offrir la possibilité de se ranger dans des catégories les calmeraient peut-être. Le sérieux. Le ridicule absolu du sérieux. Dans lequel je tombe instinctivement comme dans un refuge. De façon inconsciente. Par pur mimétisme de que ce j’imagine du sérieux. Monsieur Loyal n’arrive pas à occulter Auguste. Mais Auguste ne peut exister que parce que Monsieur Loyal croit dans son propre sérieux. Puis je me passer du sérieux comme de la fantaisie ? Que se passerait-il sans ces deux là ? Ce ne serait pas facile. Ce serait même difficile. Je ne peux pas me passer du sérieux comme je l’entends pour accéder à une possibilité de fantaisie. Ai-je donc besoin de la fantaisie à ce point ? Ne suis-je pas fatigué de la fantaisie après toutes ces années ? Est-ce que je ne suis pas victime d’une de mes croyances et qui ne cesse de me dire que si je perds la fantaisie je perds tout, qu’il en sera complètement fini de moi. Que je ne serai plus qu’un bidule tournoyant encore quelques instants avant d’être aspiré par le maelstrom d’un évier qui se vide ? Ai-je besoin de fantaisie et d’abord qu’est ce que j’appelle fantaisie ? Ne serait-ce pas plutôt de la magie ? Cette vieille et chère chose qui vient de l’enfance et sur laquelle je n’ai jamais pu tirer un trait définitif ? La croyance en la magie comme résistance farouche au sérieux, à la tristesse générale du monde. Encore que je dis triste, c’est encore un point de vue. Le monde n’est pas plus triste que gai dans l’absolu, il n’est qu’une constellation de points de vue et qui peuvent se modifier suivant telle ou telle circonstance. La victoire du Paris Saint Germain. Le couronnement d’un roi cacochyme, un film de Stanley Kubrick réalisé en 1969 pour faire croire à un alunissage. La montée des eaux, la baisse du pouvoir d’achat. Le passage à l’euro. La chute du Cac 40, l’invention du twist, du sextant, du fil à couper le beurre, du rouleau de caoutchouc pour éplucher l’ail. La liste est longue et surtout infinie. Car on invente toujours quelque chose de nouveau depuis la nuit des temps. Le monde peut-être aussi bien triste que gai suivant le bout de la lorgnette qu’on prendra pour l’observer. Et on le sait l’observateur fait intégralement partie désormais de l’expérience. Ça change la donne désormais de le savoir. Si Magellan, Christophe Colomb, Hitler l’avaient su le monde serait il ce qu’il est ? Cette tendance fâcheuse à épuiser le propos, à le presser jusqu’à la dernière goutte. Pourrais-je m’en passer facilement ? Je ne le crois pas car cette façon d’épuiser les choses me sert de pensée. Si je n’épuise pas aussitôt une idée qui passe je n’ai pas de pensée. La pensée est synonyme d’épuisement. Voilà la vérité vraie. Pourrais-je me passer de penser alors ? J’y ai souvent pensé. J’y pense encore. Être silencieux et tout entier dans la sensation d’être là, situation parfaitement intenable. Je ne peux tenir longtemps ainsi, je m’écroule dans la pensée presque instantanément. Certaines personnes ne supportent pas le silence. Ils ne peuvent tenir dans le silence. Ils s’effondrent dans la parole. Peut-être parce qu’ils ont une vision trop exiguë du silence. Une vision qui les inquiète, qui les met mal à l’aise. Puis me passer facilement de cette sensation de malaise provoquée par le silence ou bien n’est-elle pas plutot consubstantielle à ma propre parole ? C’est à dire que sans malaise je ne pourrais jamais aligner deux mots. Sans malaise je serais muet totalement. Est-ce si gênant d’être muet totalement ? Il faudrait en rechercher l’avantage plutôt que les inconvénients. Ceux qui ne parlent pas ont l’air de penser bien plus de choses et beaucoup plus profondément que ceux qui parlent sans arrêt. Ils imposent un certain respect, une sorte de crainte, un malaise. Ceux qui ne parlent pas me font toujours beaucoup parler. Pourrais-je changer cela une bonne fois pour toutes ? Est-ce utile vraiment d’être doté un tel réflexe pavlovien ? Une difficulté de classement se fait jour. Classer les choses dont je peux me passer. Les ranger dans des boites, les monter au grenier ou les descendre à la cave. Peut-être qu’une fois que ce sera fait j’y verrai un peu plus clair. Est-ce si utile d’y voir clair ? Il me semble aussi que dans ma vie plus j’y ai vu clair plus je me suis rendu malheureux. Est-ce si utile de se rendre ainsi malheureux pour y voir clair ?|couper{180}

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Saut quantique

Un effort mental sera nécessaire. Peut-être un saut quantique. Pour sauter par dessus l’évidence première. LE FAMEUX POINT GRIS. Très difficile à saisir ce concept lorsqu’on est totalement immergé dans l’évidence. Qu’on n’imagine pas même un au-delà de l’évidence. La peinture est un excellent exercice pour apprendre à sauter par dessus la surface d’une toile. Pour ne pas tenir compte de la satisfaction ou de l’insatisfaction EVIDENTES qu’elle nous renvoie Il ne faut pas pour autant imaginer que ce sera mieux ensuite, ou pire. L’intérêt ne se situe pas dans un résultat. Mais dans ce cheminement extrêmement difficile de percevoir que quelque chose cloche dans l’évidence et de tenter de vouloir l’élucider. Donc il y a le fameux point gris. Celui dont la plupart se satisferont parce qu’il ressemble à un bon vieux point gris qui nous aveugle confortablement dans un confort une satisfaction. Ce n’est absolument pas normal de vouloir sauter par dessus, il faut aussi le savoir. On vous prendra pour un fou, pour un malade, il faut accepter tous les qualificatifs sans broncher. Passer outre. Ensuite des années pour prendre son élan. Et un jour le saut s’effectue tout seul, hors de toute volonté personnelle. D’ailleurs peut-être que ce sont les vases communicants authentiques. Plus de volonté, paf vous sautez par dessus l’évidence.|couper{180}

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Encore du protocole

Il faut que je m’y mette. Tout le monde peut le faire pourquoi pas moi. En quoi respecter un protocole me gênera t’il l encore ? Au point où j’en suis désormais. Qu’ai-je à perdre. Respecter la phrase qui sort comme elle sort. Ne pas essayer de la rendre intelligible. Dans un premier temps et lieu un travail de recueil. J’ai recueillis l’opinion autrefois je sais de quoi je parle. Avez-vous entendu parler de Marine Le Pen, Oui ou non ? Et vous diriez que vous lui faites Absolument confiance Assez confiance Moyennement Peu Pas du tout ? Ne pas proposer le NSP. Pas de réponse libre non plus, pas de pour et de contre Relancer en répétant les items jusqu’à ce que l’on vous réponde ou vous raccroche au nez. Mais comment j’ai pu tenir toutes ces années est encore un mystère. L’espoir fait vivre. C’est bien vrai. J’espérais devenir quelqu’un d’autre vous voyez. C’est toujours bien mieux chez les autres. Dans l’assiette de l’autre. Et dire que j’ai toujours détesté qu’on vienne picorer dans la mienne. Devenir Henri, John, Franz, René-Maria, Arthur, Victor. Merde alors mais c’est vrai que je n’appréciais pas mon prénom. Dans la prononciation toujours une trique, un coup, une humiliation. Et pour entrer dans l’autre il faut bien un vecteur. La lecture, fut le vecteur. Je me suis sacrifié pour toi et voilà tout ce que tu trouves. Vouloir être un autre ? Avec tout ce que j’ai fait pour toi. Nous nous sommes saignés à blanc pour que tu fasses des études, voilà comment tu nous remercies. Tu nous dois le respect. Tu ne peux pas nous parler comme ça. Tu crois qu’il n’y a que toi au monde voilà le foutu problème. Tu n’en as rien à foutre des autres. Beaucoup de foutre en ce temps là. Concernant votre ligne téléphonique diriez vous que vous en être Trés satisfait Assez Moyennement Peu Pas du tout ( évitez le nsp , relancez ) Je ne savais pas que c’était impossible alors je l’ai fait. Ils me l’ont dit maintes fois. Tu ne peux pas vivre comme au XIX ème. Tu ne peux pas imaginer être aussi romanesque. D’autant que lorsque je jetais à coup d’œil furtif sur leur modernité j’avais tout suite envie de gerber. Et puis ils ont résumé cela ainsi, le XIX ème siècle.. Rien n’est moins sûr. Ils sont tellement ignorants de ce qu’est l’écriture. On prend peu à peu de la distance avec les êtres chers. Plus on lit plus on prend de la distance. Je n’invente rien ce sont les faits. Je n’ai jamais vraiment regretté de partir. J’ai regretté les gens, un peu, parfois même beaucoup, énormément, mais pas les lieux, pas l’atmosphère. Toute cette colère est encore très présente. D’autant plus sans doute que je ne suis pas parvenu à être Henri, John, Franz, René-Maria, Arthur, Victor. je ne suis pas parvenu à être un autre que celui que je suis. Même si on ne se baigne pas deux fois dans la même salle de bain. Quand on a une salle de bain. Est-ce si grave d’être ce que je suis ? Et qui suis-je d’ailleurs pour en juger vraiment ? Il faudrait que je parvienne à me regarder du dehors. Cela pourrait faire un admirable protocole c’est exact. Et si en plus je déplace la cible, si je ne me regardais pas moi, mais quoique ce soit d’autre est-ce que ce ne serait pas encore plus agréable, moins nocif, moins toxique Il faudrait pouvoir se réveiller avec l’envie de faire plaisir à quelqu’un. J’ai lu ça il n’y a pas longtemps Ça pourrait aussi être un protocole. On pourrait fusionner plusieurs protocoles en un. Parler par exemple d’un tableau peint par Henri, John, Franz, René-Maria, Arthur, Victor. Avec l’intention de n’en dire que du bien, d’apporter un peu de plaisir à ceux qui l’écouteront ou le liront. Cela demande quoi comme ressource ? S’oublier un peu le temps d’un petit texte de 500 ou 1000 mots. Pas la mer à boire. Le problème c’est que tu ne peux parler de rien s’en t’en servir comme support ou miroir. Il faut une sacrée dose de distraction pour ne pas se rendre compte qu’on parle de soi à présent. Je crois que le problème se tient là. Les gens demandent à être distraits d’eux-mêmes. Peut-être que toi tu cherches à te distraire de toi en premier lieu et que tu projettes ça sur le monde entier. Comme on fait son lit on se couche. C’est difficile de vraiment voir les choses du dehors. On est obligé d’inventer un dehors. Comment invente t’on un dehors ? Peut-être en allant de plus en plus profondément dans le dedans, les choses à un moment s’inversent t’elles, le dedans devient le dehors. On ne sait plus qui l’on est ni qui sont les autres. Le protocole serait donc et ce de toute urgence une plongée dans le dedans. Avec l’espoir d’en ressortir les yeux bridés. Il faut bien un espoir, peu importe lequel après tout. Il est peut-être utile de poser quelques limites. La pièce dans laquelle tu te tiens. C'est encore trop vaste. La table alors ? Faire l'inventaire de tout ce qui se trouve sur cette table. Reprendre les choses au commencement. Je jette un coup d'œil rapide et je ne vois que du bordel. Rien n'a de sens ici sur la table. On y trouve pêlemêle des papiers administratifs étalés, des câbles informatiques, une plaquette de pastilles, un mug, des cartes bancaires périmées, des disques durs, certains fonctionnent encore d'autres sont fichus, un classeur vide, deux écrans d'ordinateur, un appareil photographique de la marque canon, un pot avec des crayons et des stylos, une souche de chéquier, des batteries de remplacement, un taille crayon, un couteau suisse, un caisson de basse, des trombones rassemblés en collier, des cartouches d'encre usagées, un briquet usagé, des tickets de carte bancaire datant de plusieurs années. Des notes manuscrites éparses. Une liste de courses. un trousseau de clefs appartenant à une voiture que je ne possède plus. Des gommes. Une paire de ciseaux. Une fiche couche de poussière. C'est une grande table en verre. Je l'ai achetée en revenant de Suisse en 2003. J'avais les poches pleines. Je m'étais rendu chez IKEA et j'avais acheté de quoi me meubler. Je n'avais plus rien, à part quelques cartons de textes, quelques vêtements. Une voiture que je n'ai jamais terminé de payer. J'avais racheté tout le mobilier à l'époque. Claqué tout le fric comme par dépit. Un canapé lit, un micro onde, une grande table en verre. Quelques étagères. Et bien sur un ordinateur. tout le pognon y est passé . Quand j'y réfléchis à present je n'avais peut-être pas tant d'argent que je l'imaginais. Et puis la France était passée à l'EURO. Ce fut le choc. Le prix du pain était proprement hallucinant. tout le monde semble à cette époque avoir été lobotomisé. Des jeteurs de sorts étaient passés. La confusion provenait du fait qu'un euro semblait être un franc sur les étiquettes. Raté. Je repars aussitôt à raconter encore ma vie. Il faudrait élaguer. S'ôter de tout ça. Disparaitre. Le protocole s'affine. Aller le plus loin possible dans le dedans, disparaitre. Une fois que ce sera clair, solide, j'auras certainement fait le plus gros, le plus difficile. Ensuite il ne restera plus qu'à s'y atteler, suivre le protocole à la lettre, ne pas louper une seule journée sous peine d'avoir tout à recommencer. Trouver un protocole suffisamment amusant pour ne pas le zapper, prendre du plaisir à y revenir. Trouver des avantages à pénétrer dans un protocole. Un protocole pour se tirer d'affaire du cancer que représente l'histoire, le cliché, l'individualisme forcené ?|couper{180}

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Distance

Prendre de la distance. Effectuer un mouvement de recul. Ne pas rester collé à l’évidence. Se détacher peu à peu de l'évidence, du cliché, d'une idée toute faite . Considérer l’ensemble. Les tenants et aboutissants. Posséder un peu de bon sens , le faire hurler si possible dans l’étreinte afin qu’il s’amollisse devienne plus coulant. Puis s'installer en périphérie, en marge, en orbite. Devenir spectateur sur les gradins. Trouver une bonne place si possible. Qu'y a t’il donc à voir ainsi qui ne soit déjà vu mille fois et revu. Ce n’est sans doute pas ce qu’il y a à voir l’important. C’est le point de vue où on se situera pour voir. Chercher en premier lieu le point de vue. Tâtonner au besoin. Ne pas emprunter les sentiers battus. Se perdre en considérations puis lever le nez, se fier aux étoiles. Estimer la distance. Respecter la distance. Apprécier la distance. L’appréhender. La craindre. Évaluer la distance. Se tenir à bonne distance. Maintenir une distance. Gommer, effacer la distance. Briser la glace. Affronter la distance. Ne pas tenir compte de la distance. Subir le choc de plein fouet. Se retrouver en état de choc. Se remettre du choc. Recommencer à prendre de la distance, etc, etc|couper{180}

Distance

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Voir du dehors quand on est mort

(Exercice d'écriture, notes, brouillon) Ce que l’on peut voir du dehors, depuis la mort est apaisant. Il ne sert strictement à rien de s’énerver. Il n’y a plus la moindre raison de s’énerver, ou d’avoir peur, ou de continuer à porter des œillères. Être vivant nécessite des œillères. L’illusion est à ce point totale du temps et de l’espace, que pour se diriger dans la vie il faut des œillères quand on est dans la vie. Quand on est mort plus d’espace-temps pour voir il suffit juste d’y penser, de vouloir voir. Et c’est instantané. La chose à voir nous est donnée aussitôt à voir. Comment voir une chose quand on est mort sans tous les outils, les sens qui nous permettaient, vivant , de la voir. C’est simple il suffit de se détacher d’une ancienne vision subjective et donc fausse la plupart du temps. Encore que dans la mort les choses à voir ne soient pas plus justes que fausses. Ni agréables ou désagréables. Les choses que l’on voit quand on est mort sont de la même neutralité que celui qui les voit. Et comment ne pourrait-on pas être neutre dans cet état là ? Comment pourrait on encore éprouver la plus petite préférence, le moindre engouement, de la déception, de l’aversion, ou on ne sait quoi encore qui ne cesse de casser les pieds des vivants. Être mort et regarder les choses ainsi comme du dehors, mais c’est bien sûr une expression. Car mort la notion de dehors et de dedans disparaît elle-aussi. La question est ensuite de savoir si le phénomène se produit de façon instantanée. Est-ce que l’on perd immédiatement toute subjectivité envers ce que l’on voit quand on pense à quelque chose. Est-ce que penser à quelque chose est encore possible durant un certain temps. Le temps de la décomposition du corps par exemple. On pense tant qu’il a à bouffer pour les vers, ou les asticots, nos pensées transitent ainsi vers un monde d’invertébrés les nourrissent, comme nos pensées nourrissent la terre, équilibre les taux, le ph, fournit suffisamment d’acide ou d’alcalinité aux sols. Ce n’est pas si sot de songer que la chimie de nos pensées dans le phénomène de la décomposition rééquilibre l’argile, la glaise, la faune, la flore. Ce serait un minimum, la moindre des politesses. Regarder n’est pas le bon mot. Contempler le monde du dehors. Peut-être que la décomposition mène à un certain “lâcher prise” authentique celui-là. Et une fois que tout nous sera parfaitement égal on pourra enfin contempler du dehors le monde. Terminés les liens de filiation, les hiérarchies, la peur des fins de mois, l’avidité des soldes, la course à l’échalote. Enfin pas tout à fait. Ça continuera. Bien sur que tout ça continuera. Mais on pourra le voir sans y prendre part. En étant parfaitement détaché du pourquoi et du comment. Alors c’est certain on verra bien mieux tout ça du dehors que du dedans autrefois. Ce sera comme un ballet, un tableau, un film d’auteur, un spectacle incessant. Et qui durera le temps nécessaire, ou suffisant satisfaisant ce désir de voir. Car au bout d’un moment plus ou moins long quand le vent du désert soulèvera la poussière de nos os, nous n’aurons peut-être plus besoin de rien, pas même de voir. Il y aura une fête dans le dehors à ce moment là chez les vivants. Les oiseaux s’ébroueront dans les mares les étangs chanteront. Ce sera le signal. Le vent pourra nous soulever très haut dans le ciel, peut-être que durant un moment on sera oiseau. Peut-être que tout finira ainsi en trille, en spirale, en volutes. On verra encore une toute dernière fois la terre et les habitants de la terre, puis les champs rapetisseront comme des mouchoirs, un patchwork irlandais. On sortira de la stratosphère, on continuera ainsi à s’élever, puis à sortir du système solaire, de la galaxie, de la voie Lactée, on naviguera ainsi jusqu’aux confins de l’univers, puis on en sortira aussi définitivement. On ne verra plus rien mais on verra ça très bien, parfaitement, comme un nez au milieu d’une figure. Et ce sera fini vraiment une bonne fois pour toutes.|couper{180}

Voir du dehors quand on est mort

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Des énoncés

"Dans les années 50, on avait montré déjà que plus une foule se densifie, moins elle se déplace vite. Cela s'appelle le diagramme fondamental et cela relie la densité et la vitesse de déplacement d'une foule." Mehdi Moussaïd - CC / photo_collection Dénoncer ou avouer, le fait que ---jusqu’à présent, aucun énoncé ne se soit livré sans difficulté. Qu’’aucun énoncé ne fut pris pour argent comptant. Que le moindre énoncé entendu ou lu, donna toujours beaucoup de fil à retordre. Du fil de fer. Du fil de fer barbelé qui plus est. Des rouleaux entiers de fils de fer barbelé, des trains entiers , des convois sans cesse répétés. Et, à chaque fois, le passage de fourches plus ou ou moins caudines, au petit matin, dans le brouillard glacé, où, en levant le cou, le menton, la tête, les yeux, le regard on pouvait lire : “ARBEIT MACHT FREI” “On fixa ensuite le moment où seraient livrés les otages et où les légions, privées de leurs armes, passeraient sous le joug. (…) Tous courbèrent donc ainsi la tête sous le joug, et, ce qui était en quelque sorte plus accablant, passèrent sous les yeux des ennemis. Lorsqu'ils furent sortis du défilé, quoique, pareils à des hommes arrachés des enfers, il leur semblât voir la lumière pour la première fois, cette lumière même, leur découvrant à quel point était humiliant l'état de l'armée, leur fut plus insupportable que tous les genres de mort.(Tite-Live, Histoire romaine ) Il faut regarder ainsi les choses ,— froidement comme si on était mort aux alentours de 1943, 44. Comme si tout ce qui va se passer ensuite , se reproduire et se reproduire sans relâche, ne soit pas différent, mais du même, de l’approchant, du presque semblable. Du monstrueux. Il ne s’agit que d’améliorations progressives, d’affinements successifs pour produire de nouveaux produits hallucinogènes. Un nouveau joug, de nouveaux brevets dans le progrès des inventions en matière d humiliations, de brimades, de punitions. C’est que la science en général, la médecine et en particulier le management des entreprises, ne peuvent faire l’impasse envers de telles avancées, de si formidables découvertes. La possibilité d’un surcroît de rentabilité les torture et les seconde pour qu’ils développent encore et encore leur créativité afin de nous asservir ou nous avilir. Bien sûr on changera le décor, on le modifiera un peu, parfois beaucoup, mais le fond reste identique. Il s’agit toujours de reformuler un genre d'énoncés bien rodé. “ARBEIT MACHT FREI” Et on peut le décliner en Français, en Anglais, en Russe, en Chinois, en Malgache, le fond reste le même si la sonorité peut paraître étrangère voire divertissante. L’efficacité n’est que la partie visible de l’iceberg. C’est pourquoi les énoncés paraissent en premier lieu simples presque inoffensifs. On ne s’attarde guère sous la surface. On ne veut pas aller regarder sous la surface. On ne gratte pas la surface, seulement les parois des chambres à gaz quand c'est trop tard. To work even harder. Miasa mafy kokoa. Rabotat' yeshche userdneye. Gèngjiā nǔlì dì gōngzuò On peut prendre tous ces énoncés et en toutes les langues, sous leur surface on trouvera toujours la même chose : Nous voulons que tu crèves en tant qu’individu. Nous voulons que tu rejoignes la confrérie, la coterie, le groupe, la foule, la masse. Nous voulons que tu paies, que tu consommes, que tu disparaisses totalement dans le cercle vicieux , payer, consommer, s’amuser. L’énoncé lu entendu sans cela, sans tout cela, en premier lieu n’est qu’une suite de sons qui ne veut absolument rien dire. Ensuite lorsqu'on est au fait de ce que peut dissimuler le moindre énoncé, il est possible de se transformer en entomologiste. Considérer alors tout énoncé comme un insecte. Prendre le temps de l'observer dans ses moindres détails. tenter de remonter sa généalogie, ses mutations, les variations de climat qui l'obligent à renforcer ici une carapace, là à se laisser pousser une nouvelle paire d'antennes ou de pattes. S'attarder sur chaque énoncé, comme s'il l'on se trouvait confronté soudain à une nouvelle espèce d'insecte. Le photographier sous toutes les coutures. Puis la coller dans une boite en verre et le déposer sur une étagère. Fabriquer une étiquette ensuite en utilisant un mot latin ou grec en hommage aux anciens, qui dès l'origine savaient déjà tout cela sur le bout des doigts. Avant que l'amnésie ne nous tombe dessus.|couper{180}

Des énoncés

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L’abondance, la mesure

Jan-Gossaert dit "Mabuse" 1478-1532-Madone-à -l'Enfant Tout ça pourrait rendre cinglé. Peut-être est-il déjà trop tard. Cette profusion d’idées qui ne cesse de se déverser comme l’eau d’une fontaine de jardin, une fontaine qui s’autopompe en circuit clos. Les nains de jardin tout autour restent silencieux. Un merle moqueur se moque. Prisonnier de l’abondance, vilain condamné à la servilité pire qu’obéir , serf misérable. Le malgré-soi revient à fond de train. La victime. Un peu de mesure mon petit vieux. Tout à fait le genre de victime qui établit méticuleux le compte des lunettes, de dents en or, de cheveux dans les camps. On compte et puis on balance sur le tas, des montagnes se créent ainsi. Des concrétions infinies. Le malgré-soi capot. Mais quel petit salaud. Petit doigt sur la couture du pyjama rayé. Non mais tu te rends compte, toi qui voulais résister. Preuve qu’on ne change pas si facilement sa nature. Que pour certain la nécessité d’un maître va se loger dans la profondeur la plus débile de l’être. Être ainsi dominé par sa propre abondance, ne pas savoir comment lui résister. Une soumission terrifiante, quand on y pense. Que la mesure jaillisse de ce tas de boue, en fabrique un golem, préserve les enfants prisonniers du ghetto. Tomber à genoux. Implorer la géométrie. Allumer des cierges au Nombre d’Or. Se mettre à plat ventre devant la moindre représentation d’un fantasme de simple, d’austérité. Puis une fois la bonne conscience refaite, repartir ventre à terre. Se vautrer dans l’abondance de nouveau. Se réveiller la nuit pour mieux encore la servir. Des fois qu’on aurait eut malheur de laisser passer une idée. Des fois que la culpabilité nous tenaillerait d’avoir laisser sans contrôle la main mise sur la profusion. Des fois qu’on toucherait enfin la flamme, qu’elle nous liquiderait nous consumant comme il faut. Carbonisation totale de l’éphémère, fauché en plein vol. Combustion impeccable, petit tas de cendres choyant au sol, vite balayé par les grands vents, la pluie, avalé aussitôt par les terres, la rigole qui zigzag entre les limaces, les salades. Digéré par l’oubli. Chaque jour c’est ainsi que Sisyphe vit. Et ça ne lui viendrait pas à l’idée de laisser tomber son caillou, de dire ça suffit comme ça les conneries. De prendre sa serviette de bain, de se rendre à la plage, de piquer une tête puis d’aller s’allonger sur le sable, se rôtir la couenne au soleil. De prendre du bon temps. Un sacré manque d’imagination finalement. —La mesure viendra d’elle-même ou bien ne viendra pas. C’est ce que rumine Sisyphe comme but ou comme raison. Sans doute est-ce la seule possibilité d’imagination une fois que toutes les autres auront été dans l’ivresse, la fièvre, épuisées. —Brûler l’abondance , la mesure, par les deux bouts.|couper{180}

L'abondance, la mesure

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Du jour au lendemain

https://youtu.be/X1FCTBRXqqYC'est de ce morceau Outro du rappeur allemand d'origine iranienne Sinan-G qu'est extrait le générique de fin de l'émission "du jour au lendemain" Des bribes ajoutées à des bribes. Ce n’est peut-être que cela ce que tu appelles un journal. Finalement pas si éloigné de l’autre, le journal qu’on achetait autrefois en kiosque. Avec ses articles, ses gros titres, des hiérarchies d’importance arbitraires. Peut-être que le journal littéraire s’oppose tout en employant les mêmes outils, les mêmes armes au journaux du soir ou du matin sur lesquels on fonde une idée d’actualité. On chamboulerait ainsi l’importance de cette actualité, en employant un arbitraire valant l’autre. Cette nuit impossible de dormir. J’ai vu le film sur Simone Veil. Ce qui a aussitôt fait ressurgir cette colère ancienne vis à vis des camps, concernant aussi toute cette injustice, cette médiocrité, cette banalité terrifiante. Après quoi il me fut encore plus impossible de dormir. J’avais envie de calme et j’ai repensé à ces moments où la nuit j’écoutais Alain Veinstein, l’émission du jour au lendemain. J’ai recherché sur l’appli Radio France mais hélas la série des Podcasts s’arrête à 2011 on ne peut pas aller au delà. J’ai fini par jeter mon dévolu sur un entretien avec Charles Juliet à propos de son journal VI et de la réédition de Ténèbres en terre froide. La voix de Veinstein et celle de Juliet bien plus que leurs propos finalement sont parvenus à apaiser l’angoisse, ou la rage. Ce qui me fait penser à nouveau combien nous sommes hypnotisés par nos pensées à propos du sens des choses. Qu’il suffit juste de tendre l’oreille aux sons que produisent les voix pour en obtenir bien plus que des pensées, des avis, des opinions. Ce matin je lis quelques articles de blog, mais le cœur n’y est pas vraiment. Il vaut mieux ne pas trop lire ainsi, attendre d’être plus disponible aux autres. C’est souvent cette indisponibilité qui fait barrage je m’en rends compte. Parmi les premiers textes lus je note une confusion entre deux mots hybride et bourde. Et ça se retourne aussitôt contre moi. Je pense à ce que j’écris, à toutes ces bourdes, à l’aspect hybride de ce blog. Jusqu’à présent tellement fragmentaire, le fait que je saute du coq à l’âne consciencieusement ne m’avait jusqu’à aujourd’hui pas vraiment déplu. Bien au contraire. J’en avais presque établit un vague protocole, un rassurant dispositif, une grande liberté surtout. Mais pour rassembler tous ces fragments épars, faire un tout, et qui ait un sens ou une cohérence, c’est à dire une moindre politesse pour le lecteur, c’est une autre paire de manche. Parfois je suis au bord d’espérer y parvenir que j’y renonce presque instantanément. Parce que je vois un livre. Parce que la finalité serait encore de faire un livre, une sorte de preuve. Ensuite à quoi servirait cette preuve, en ai-je vraiment besoin. Est-ce que ça produirait la satisfaction d’un achèvement quelconque ? J’ai bien peur que oui, par faiblesse. Ce dont je ne peux que me méfier absolument et qui renforce aussi ma conviction de ne rien vouloir savoir, de ne rien savoir à propos de l’écriture, de la littérature, de ne pas avoir d’idée arrêtée. De continuer à avancer en aveugle me semble être tout ce que je peux faire du mieux que je le peux. Et d’aller ainsi à coup de bourdes, de textes hybrides, du jour au lendemain sans trop faillir, sans trop espérer ni me désespérer non plus. Un livre m’exclurait du temps. Et je crois que j’ai appris à accepter le temps qui passe maintenant, quelque soit la façon dont il passe et comment je m’en réjouis ou le subit. Accepter ça est je crois un grand pas. Cela vaut bien une satisfaction semblable à celle de produire un ouvrage. Voire une œuvre. Accepter sa faiblesse, et cette forme d’impuissance qui nous empêche de se fourvoyer, tout en se fourvoyant encore tout de même. L’égarement si cher comme seule possibilité de résistance. Je crois que comme les voix entendues cette nuit, un texte, des textes charrient la même chose. Celui qui parle comme celui qui écrit se cantonne à une périphérie et ignore tout de ce qui se passera au delà de celle-ci. La paix peut-être le message qu’on envoie sans même le savoir, du plus profond de la colère de l’angoisse ou du ridicule. Je veux dire que de lire une succession de bourdes peut rassurer, apaiser, amuser beaucoup les gens à propos de ce qu’ils appellent leurs bourdes à eux. Je tape hybride sur Google pour essayer de trouver une image d'illustration et je me retrouve face à des voitures... Je renonce donc à illustrer plus avant cet article.|couper{180}

Du jour au lendemain