Purée, comme j’étais bien. Je grugeais sans scrupule, pas par bravade : par facilité, par faim de vitesse. Je trichais comme un cochon — expression débile, au fond : un cochon, lui, ne triche pas, il vit. Moi je trichais, et j’aimais ça. Bouffer comme un salaud, rire quand ça passait, dormir tranquille après. Purée que c’était simple : bander, baiser, repartir, tournant dans ma petite roue comme un hamster content de sa cage, chaud, planqué avec son magot. Je volais vraiment, tu sais, et ce n’était pas que des portefeuilles : je volais du temps, de l’attention, je te volais toi. Puis ton cœur en chocolat et tes lèvres trop belles ont fini par me donner la nausée. Trop de sucre, trop de cinéma, trop de mensonge même dans la tendresse. Alors j’ai lâché : stop, allô, assez. Pas par vertu — par hygiène. Pour raison de santé, je vais tâter l’honnêteté, voir si ça tient debout. C’est con, oui : j’aimais bien quand j’étais juste un salaud. Mais je commence à croire que ça me tue à petit feu.


illustration Acrylique sur papier pb 2007