Le sérieux.

Bal au moulin de la Galette, Renoir.

Un grand mot. Beaucoup l’ont en bouche, le trompettent mais ça ne fait pas tomber les murs de Jericho. La fréquence, celle-ci en tous cas, n’est pas la bonne. Le sérieux contre la fantaisie, contre la poésie, et la réalité bien sur contre le rêve. Voilà donc un sérieux qui ne se constitue que par ce à quoi il s’oppose. Comme le riche ne l’est que par le nombre de ses pauvres. C’est si ridicule si grotesque qu’on n’y fait même plus attention. Mais c’est justement cette inattention qui renforce d’autant plus le sérieux du sérieux. Et qui par conséquent tue toute fantaisie. Voilà donc où le sérieux atteint à la fois à l’absurde comme à l’effroi. Un effroi authentique cette fois capable de détruire tout ce qui vit ici-bas. Mort de trouille.

C’est qu’il en faut du courage de la bravoure pour s’attaquer au sérieux. Une étoile, un vieux canasson pourri, quelques moulins à vent, une Dulcinée de Tobosco où de Pierrefite pourquoi pas. Et une fleur entre les dents. Encore que si on la laisse dans son massif ou dans son champs ce ne sera pas plus mal non. Toujours été contre cette sale manie de cueillir des fleurs pour se les mettre à la bouche à la boutonnière avoir l’air de. Horreur de cela. Sérieusement pour le coup.

Disons le clairement ce sérieux là devient obscène de plus en plus. On ne le supporte plus du tout. Et sans doute que ce sera le fait de ne plus être en mesure de le supporter justement qui créera le trouble, les émeutes, une pagaille comme encore jamais vue. Et des explosions de joie, de rire, des embrassades. Que les pompiers sortent les tréteaux et rameutent leurs flonflons, il y aura grand bal et l’on s’aimera, on dansera je ne vois que ça, sérieusement, je ne vois que ça.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

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mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener