Arreter le monde

passer une heure à coder une page en langage html ou css, plonger si profondément dans les balises et leurs attributs, que cette heure on ne la voit pas passer. Arrêter le temps, arrêter le monde, ne s’occuper que de ses oignons, vraiment, profondément, totalement.
regarder un dessin fait par un enfant. redevenir enfant. en comprendre soudain toute l’autorité comme l’hésitation. la part de rêve. puis tourner le visage vers la fenêtre et voir la neige tomber lentement doucement recouvrir le paysage entier de blanc.
Être complètement absorbé par un petit tourbillon de vent qui promène un tas de feuille mortes en pleine ville aux heures de pointe et entendre le crissement des feuilles sur le béton. n’écouter que cela. Puis regarder en haut le ciel la vitesse stupéfiante des nuages derrière lesquels la nuit s’amoncelle.
ouvrir la porte de cette chambre de plain-pied et voir toutes les fleurs du cerisier japonais tombées au sol. L’ineffable juste à la porte de sa chambre. Et presque instantanément le monde qui reprend sa course d’autant plus vite que s’il voulait rattraper ce tout petit moment perdu gagné.
La chatte passe nonchalamment près de l’homme assit sur sa chaise, l’homme absorbé par le travail du jour. Un bond et la voici sur tes genoux et qui ronronne. Tu n’aurais par le cœur de l’ignorer, de la chasser. Tu passes un moment ainsi, à fourrager dans sa pelisse, à te réchauffer les mains, à réchauffer l’animal. complicité hors du temps. délit d’absence ou de présence.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}