Du bref et du simple

Visite de l’église orthodoxe de Batsi. Mon Dieu toutes ces peintures de personnages. De parfaits inconnus pour moi. Cela m’a fait penser aux vies minuscules de Pierre Michon. Et aussi à tous ces saints qui apparaissent dans la Légende Dorée de Jacques de Voragine. Le lien quel est-il. Une efficacité simple pour témoigner du passage d’un être humain. Que ce soit au fin fond de la Creuse, ou bien dans les arènes de Rome, n’a pas d’importance. On extraie une substance. Une brièveté et une efficacité pour dire l’essentiel de l’homme, du paysan, du martyr, et du saint. Sans chichi et sans artifice qui, par la digression, trahirait le but simple de témoigner de ce passage. Et puis ensuite on peut penser évidemment à une vie décrite par Flaubert dans un coeur simple. Et on voit tout de suite l’hérésie dans le perroquet empaillé en fin de partie.

Ce qui me conduit une fois de plus vers le mystère, les muses, l’inspiration et l’idée de la formule. Il y a une grande différence de profondeur entre une phrase qui provient de ce lieu et une autre qui proviendrait que de la simple analyse et synthèse. Uniquement de la tête. Ensuite trouver la forme pour sertir le mystère est une autre paire de manche. C’est tout le problème du choix, de la sélection, de l’organisation, pour réaliser un recueil par exemple. Et peut-être qu’on se casse beaucoup la tête pour pas grand chose au final puisque le lecteur lira bien dans l’ordre qui lui conviendra, selon sa propre inspiration du moment. Comme moi dans cette église je me serais intéressé que de façon parcellaire à certains personnages plus qu’à d’autres, à la façon dont le peintre les avait évoqués, et même encore là qu’est-ce qui m’a vraiment attiré, la simplicité d’un drapé, une gamme réduite de couleurs… peu de chose en apparence. Sauf que non, il y a dans ces peintures une rigueur, proche de celle des icônes, il y a une ferveur a vouloir respecter la continuité d’une forme. Nous avions cela autrefois en poésie avec le sonnet par exemple. Aujourd’hui nous assistons à une libération soit-disant de la peinture, de la poésie, et j’y adhère bien sûr, mais quelque chose me dit que trop de liberté ne mène peut-être pas si loin qu’on l’imagine. Il faut un minimum de rigueur, voire plus si on est courageux, mieux, on peut acquérir le courage exactement ainsi en s’appuyant sur de plus en plus de rigueur. Par contre c’est un domaine qui excède mes compétences. Mon inspiration devra donc me déposer là pour faire le reste de la route à pied.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener