sortir des limites

Peinture Marc Rothko

Pourquoi vouloir sortir des limites. Sans doute par ignorance de ce qu’elles sont. En premier lieu. Il n’y a qu’à prononcer le mot pour éprouver presque aussitôt la sensation d’enfermement. La sauvagerie en nous ne le supporte guère. Pas plus — mais n’est-ce pas là toute notre sauvagerie-que cet élan vers l’autre ou le monde ? Se retrouver toujours contraint semble à première vue intolérable, insupportable. Le mur contre lequel on s’y heurte est souvent associé au mot limite. On apprend jeune qu’il y a des limites à ne pas dépasser, à ne pas franchir. Sous peine d’être rejeté la plupart du temps à notre solitude essentielle.

Mais, qu’espère-t-on vraiment trouver au-delà  ? Après tant d’années, la réponse semble graduellement se préciser. Ce que je crois, c’est que l’on souhaiterait se faire une idée personnelle de la limite. Trouver nos limites propres. Non celles dictées depuis l’enfance et auxquelles l’injonction d’y obéir nous plonge dans la stupeur ou la colère, l’agacement, autant de synonyme d’une paralysie. Mais, au contraire des limites qui nous canalisent, nous forcent à nous mouvoir. Peut-être alors que le mot limite change soudain pour se transformer en celui de valeur. Parce que ce sont bien ces valeurs qui conduisent nos actes plus que n’importe quoi d’autre.

Il y a donc une confusion due à l’ignorance. À partir du mot limite qu’il s’agit de dépasser en premier. Encore une action éminemment politique à pratiquer sur soi que de ressortir un tel mot de la boue dans laquelle il gît. Que le capitalisme impose des limites pour conserver, protéger la propriété n’explique pas à elle seule la valeur d’un tel mot ! Tous les affrontements que crée ainsi une telle définition, tête réduite ou peau de chagrin, finalement, ne font que la renforcer dans son indigence.

La limite, c’est bien autre chose que la haie d’un champ. Qu’un mur d’usine ! Que la marque au sol devant un guichet de banque ! C’est sans doute plus la définition de ce mot qu’il s’agit de franchir, d’aller regarder au-delà plutôt que toute limite réelle, imposée, physique ou psychique.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

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mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener