Narration et Expérimentation

Il ne s’agissait pas d’inventer des histoires, mais de chercher ce que la narration permet encore d’ouvrir. Ces textes n’ont pas toujours de personnages, ni de dénouement, ni même de tension narrative classique. Ils cherchent une manière de dire autrement.

Parfois cela passe par une voix intérieure décrochée du réel. Parfois par des ruptures de ton, des changements de format, des fragments qui tiennent sans structure. Parfois encore, c’est la langue elle-même qui se met à vaciller : on interroge ce qu’un "je" peut encore dire, ou ce qu’un "tu" fait au lecteur.

Ce mot-clé regroupe des formes où la narration devient elle-même une expérience : pas un outil pour faire passer un contenu, mais un lieu où quelque chose se tente. Une voix, une distance, un silence, une fatigue, une colère, un rien — tout peut faire récit, si l’on accepte de perdre un peu les repères.

Il n’y a pas d’esthétique fixe ici, seulement cette volonté de creuser : que peut encore un texte, quand on ne lui impose plus d’être un récit, mais qu’on le laisse chercher sa propre forme ?

Livre à feuilleter

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Carnets | février 2025

5 février 2025

Elle lui dit « Tu as le diable dans la peau. » Il la croit parce qu’elle le dit. Mais il comprend que c’est son propre cauchemar à elle qu’elle projette en lui. Le diable ne vient pas de lui, il circule entre les corps, de l’un à l’autre.|couper{180}

Auteurs littéraires Narration et Expérimentation oeuvres littéraires

Carnets | septembre 2024

Habiter l’inhabitable

Des chambres d’hôtel. Trop de chambres. Barbès, Château Rouge, Goutte d’Or. Endroits fatigués. Draps humides. Odeur de moisi et de parfums sans nom. Des lieux de passage. Pas faits pour rester. Et pourtant, j’y reviens. L’habitude s’installe. Je reconnais le sol qui grince, les heures de lumière, les cris de la rue. Je sais où poser mes affaires. Ce qui m’avait semblé inhabitable devient vivable. Pas confortable. Vivable. Je me surprends à m’y sentir presque chez moi. L’inhabituel devient un décor. Une routine. Je ne cherche plus à décorer, juste à survivre. Et parfois, au petit matin, une lumière douce. Un silence rare. Quelques secondes d’apaisement. Suffisantes pour tenir. Je ne hais plus ces chambres. J’y dépose des souvenirs sans le vouloir. J’habite sans y croire. Mais j’habite quand même. Et c’est peut-être ça, habiter l’inhabitable. Ne plus fuir. S’adosser à ce qu’on a. Même si c’est gris, froid, temporaire. Parce que dans le pire, on finit par trouver un détail qui retient. Une lueur. Un appui.|couper{180}

Autofiction et Introspection Narration et Expérimentation

Carnets | septembre 2024

14 septembre 2024

Assis dans un café ou lors de réunions de famille, l’auteur se sent étranger au monde qui l’entoure. La solitude ne s’efface jamais, même en compagnie. Cette réflexion sur le vide des répétitions, le poids des premières fois et l'anonymat derrière les sourires, mène à une introspection sur la condition humaine et le sens de l’écriture comme tentative de comprendre et d’échapper à cet isolement intérieur.|couper{180}

Autofiction et Introspection Narration et Expérimentation

Carnets | septembre 2024

09 septembre 2024

L’auteur nous emmène dans une série de rêveries nocturnes et de réflexions diurnes, où la frontière entre le songe et la réalité s’estompe. À travers des événements ordinaires — un marché, un rêve, un souvenir — il explore la question de l’errance mentale et du changement permanent, sur fond d’une quête personnelle de sens et d’authenticité.|couper{180}

Autofiction et Introspection Narration et Expérimentation

Carnets | septembre 2024

8 septembre 2024

À travers des rêveries nocturnes et des rencontres au marché, l’auteur oscille entre l’oubli et la mémoire. Entre l’Atlantide qui sombre, le mythe de Cassandre, et les réflexions sur l’immortalité, c’est une plongée dans l’esprit, où chaque geste et chaque souvenir renvoient à une réalité en constante métamorphose.|couper{180}

Autofiction et Introspection Narration et Expérimentation

Carnets | septembre 2024

07 septembre 2024

À travers une réflexion inspirée par la notion de « dilapidation de la parole », l’auteur aborde la vanité de la condition humaine, vue à travers le prisme littéraire. Entre la gestion des mots et leur usage excessif, se pose la question de la résistance à une parole dominante et uniforme, offrant ainsi une critique poétique et théâtrale de l'existence.|couper{180}

Autofiction et Introspection bistrot de la Bérézina écriture fragmentaire Narration et Expérimentation

Carnets | septembre 2024

1er septembre 2024

La fatigue et le dégoût deviennent des révélateurs d'une vérité plus profonde dans ce texte introspectif. À travers des souvenirs d'enfance liés à la nourriture et à la vie familiale, l'auteur explore le lien entre la faim, le dégoût et la recherche de sens dans un monde où la course au quotidien semble sans fin. Que reste-t-il de cette quête une fois la fatigue installée ?|couper{180}

Autofiction et Introspection Essai sur la fatigue Narration et Expérimentation

Carnets | septembre 2023

Le Temps, le Profit et l’Énergie du Vide

Face au temps qui file ou s'étire, le narrateur se débat avec l'envie de tout accomplir et le refus obstiné de se soumettre à la logique du profit. Entre douleurs physiques et existentielles, entre travail effréné et repos forcé, ces fragments racontent l'homme dans sa complexité : un être pris entre frénésie et refus, oscillant sans cesse entre action et contemplation.|couper{180}

Autofiction et Introspection écriture fragmentaire Narration et Expérimentation

Carnets | mai 2023

Comme un jour de plus

Toujours le même exercice pour ceux qui suivent... Comme quoi… comme un cochon… comme un excentrique autour d’un axe taré… comme un jour sans pain… comme une moule claquée …. Comme trente-six chandelles…. Comme un coup de Sirocco… comme tu dis… comme elle est bien roulée celle-là… comme elle tu sais bien, machine … comme trois coups de cuillère à pot… comme un os dans le pâté… comme de l’électricité dans l’air … comme ça ne mange pas de pain… comme ce n’est pas pressé… comme il a dit le Môssieur… comme il est mignon le KIKI … comme chez vous, faites… comme nous l’avons écrit nous le faisons… comme des œufs au plat… comme une limande… comme un âne en rut… Comme si ça ne suffisait pas déjà… comme dans du beurre.. Comme un coq en pâte… comme papa dans maman… comme un blanc… comme un gros rouge qui tâche… comme un bourrin… comme une pédale… comme une danseuse… Comme un coup de trique… comme un rêve… comme un air de reviens-y… comme dans le temps… comme (à la guerre comme) … comme un seul homme… comme un troupeau de moutons… comme une frayeur… comme une étincelle…comme du pipi de chat… comme un gros blaireau… comme un castor… comme un ouragan… comme une andouille… comme une fleur… comme un poisson dans l’eau… comme une fausse note… comme un ange qui passe… comme un train qui peut en cacher un autre… comme type tu te poses là… comme on boit sans soif… comme on rit sans les yeux… comme on pleure des larmes de crocodile… comme se range des carrioles… comme on pète dans la soie… comme qui dirait… comme la lune pas le doigt… comme des oignons alignés… comme un petit vent frais… comme un gros coup de pompe… Comme elle est venue elle est repartie… Comme quoi j’avais bien raison… comme une cerise sur le gâteau… comme une parenthèse… comme une débandade… comme un coup de grisou.. Comme une maison ( gros ) … comme une chatte sur un toit brûlant… comme un film au ralenti… comme un film à l’accéléré… comme la mer et les poissons… comme du vent dans les voiles… comme un avion sans aile… comme une fourmi sans sucre… comme une mouche sans coche… comme un fleuve asséché … comme un lapin de la dernière couvée… comme un chien de ma chienne… comme une dent contre l’autre… comme un nez au milieu de la figure… comme des rats… comme des sardines… comme aux heures de pointe… Comme chien et chat… comme de l’eau de roche… Comme un mot de trop… Comme un aveu… comme un ciel de plomb… comme une plume… comme des pattes de mouche… comme un porc… comme une truie… comme un monstre… comme s’il fallait remettre encore ça… comme j’aurais voulu voir ça… Comme il perd rien pour attendre… comme une odeur de caoutchouc brûlé…comme ça pue … comme une crêpe… comme une orange… comme une pipe… comme une éclaircie… comme le bout du tunnel… comme un coup de trop… comme de la petite bière… comme une ville déserte… comme un coin paumé… comme un château de cartes… Comme des empreintes de doigt… comme une preuve par neuf… comme il fait chaud.. Comme il fait peur… comme il m’emmerde… comme il parle pour ne rien dire… comme il ne dira strictement rien… comme des veaux… comme un bœuf à l’abattoir… comme une flèche en plein cœur … comme une machine dans ma tête… comme il est beau mon légionnaire… comme le loup le renard et la belette…comme un air d’accordéon… comme une chanson de Mac Orlan… comme un poème de Prévert… comme une rue qui s’éveille… comme une grève de poubelle… comme une lettre à la poste… comme une marque sur le front… comme un juif, un noir, un arabe… comme un gland… comme une pute… comme un peu de rosée…Comme une petite pointe d’ail et de persil… comme un zeste de citron… comme c’est alambiqué ton truc mon biquet… comme elle nous bassine… comme elle nous retourne… comme elle nous achève… comme elle suce… comme elle fait les cent pas… comme elle fait le trottoir… comme il est con comme un balai… comme quoi déjà ?… Comme un cochon ! Comme l’occasion fait le larron… comme un air de fandango…comme un loir… comme une grue… comme une poule… comme un pou… comme des animaux… comme dans une bauge… comme un asticot… comme le ver dans la pomme… comme une roue voilée… comme une trace de freinage… comme un oubli… comme un pet de travers… comme un coup foireux… comme en quarante… comme au boxon… comme à l’école… Comme à la cantine… comme du papier à cigarette… comme une injonction… comme une résistance… comme un nœud dans la gorge… comme un truc dans le nez… comme un sale goût dans la bouche…comme des queues de pelles… comme un manche… comme une tête de pioche… comme un râteau… comme une initiation… comme une défaite cuisante… comme le passage sous les fourches caudines… comme un peu de rouge au front.. Comme un œil au beurre noir… comme une page arrachée… comme des signes néfastes… comme des routes qui ne se croisent jamais… comme un cerf qui brame… comme un vol de gerfauts … comme une ombre… comme une lueur d’espoir… comme une prémonition … comme un torticolis … comme une jambe de bois… comme un point à l’horizon… comme la fin d’une belle histoire.|couper{180}

Autofiction et Introspection Narration et Expérimentation

Carnets | mai 2023

Images glissées cassées au travers d’une lecture

Dispositif personnel détournement d'un exercice d'atelier d'écriture. Ouvrir une page Wikipédia sur un sujet qui m’intéresse, laisser venir les associations Exemple avec Ernst Lubitsch né le 29 janvier 1892 à Berlin, mort le 30 novembre 1947 à Bel air ( Los Angeles) Le fait qu’il naisse un 29 janvier, même jour que moi, me le rend proche aussitôt. Combien de personnes ai-je rencontrées dans la vie nées un 29 janvier. Et encore pas directement mais par leurs ouvrages ou par ouïe dire Que des morts à bien y réfléchir. Tcheckov, Romain Rolland, Blasco Ibanez, Barnett Newman, Maurice Joyeux, Henri Queffelec et donc Ernst Lubitsch, pour ne citer que les premiers qui me viennent à l’esprit Cette proximité de dates, l’intérêt déclenché par une proximité astrologique, ce que ça vaut vraiment, aucune idée. Semble puéril, enfantin. Cela m’indique tout de même à quel point je fus imbibé jadis enfant dans les propos astrologiques et combien tout ça perdure. A Paris dans l’appartement de la rue Jobbé- Duval, en jouant sous la table de la salle à manger. Dans les journaux que mes grand-parents lisaient, un magazine, la grand-mère surtout, lisait à haute-voix les minces paragraphes de chaque signe astrologique des habitants du lieu. Elle prononçait bien fort le nom du signe pour qu’on l’entende du fin fond de l’appartement, jusque dans la salle de bain. POISSON pour nommer celui du grand-père et s’il y avait une menace qui pesait, un danger, quelque chose à redouter, elle prenait un plaisir non dissimulé à le dire. ...20 marks par jour, au lieu de 100 par mois ! en 1912, la même année que la représentation de Miracle est filmée, ce n’est pas la passion du cinéma qui fit entrer Ernest dans la cinéma mais plutôt l’appât du gain... La notion de glissement d’une image à l’autre. On part sur Ernst Lubitsch à Berlin on arrive soudain dans une chronique astrologique en 1965 à Paris. Le personnage de Meier est à rapproché de celui de Schlemilhl Meier personnage crée par Lubitsch et qui est l’archétype du comique juif-allemand. Schlemilhl ou l’étrange histoire de l’homme qui avait vendu son ombre , personnage d’une histoire de Adelbert Von Chamisso. Publié en allemagne en 1813, parut en France en 1822, traduction Hyppolyte Chamisso Qu’un homme vende son ombre pour se retrouver à réaliser des films dans lesquels il joue le rôle de Meier la boucle semble bouclée Lubtitsch sera à cette époque aussi célèbre dans ce rôle en Allemagne que Harold Lloyd et Chaplin en Amérique, Max Linder en France En 1916 Lubitsch abandonne sa carrière d’acteur pour se consacrer à ses propres films ( 1918 Les yeux de la momie, et Carmen ) ( 1919 la princesse aux huîtres ) Il réalise également quelques films historiques ( la Du Barry et Ann Boleyn) ainsi que des comédies. Il acquiert une stature internationale et en 1921 sera invité aux Etats-Unis pour la première fois. Le cinéma et le théâtre d'ombres, la lecture de l’histoire de Peter Schlemilhl continue à produire son effet sur la lecture de la biographie de Lubitsch. Cette histoire je l’ai lue alors que j’étais enfant parmi tous les autres contes, je l’avais oubliée et voici que tout à coup elle ressurgit avec son aura prémonitoire de menaces. Ce qu’elle signifie c’est que la réussite ne va pas sans un sacrifice important, ombre ou âme, qu’on peut poursuivre cette erreur jusque la limite de l’ultime avant de soudain prendre conscience de l’illusoire d’un tel but Mais il est souvent trop tard, la déchéance est le tribut à payer à l’égarement. On jette la bourse de Fortunatus dans un puits et le diable avec. La seule quête qui vaille ensuite est de retrouver son cœur. Ainsi retrouver le cœur redonnerait en même temps une ombre et une âme à celui qui les aura perdues. Toujours enfantin en premier lieu, puéril. Ces mots qui surgissent comme une résistance, un barrage. En filigrane une reconnaissance de la judéité ashkenaze, mélange de fatalité et d’humour. A rapprocher étrangement de la mentalité sicilienne, notamment ceux qui ont dû émigrer en Afrique du Nord. Ce qui rapproche c’est bien cette notion de “cœur” d’humanité, d’acceptation de l’autre, de sa reconnaissance. Une plénitude de la reconnaissance. La plénitude d'un ciel bleu. A moins que ce ne soit que mon fantasme personnel que je ne cesse de projeter sur ces communautés. Je passe la période Hollywoodienne qui ne parait pas être un succès. Qu’est-ce qu’on appelle la Lubitsch touch ? qu'est- ce que j’en retiens, ce qui m’intéresse d’y trouver quant à l’écriture… .Un mélange subtil et sexy d'humour et d'esprit de retenue. -Un contrepoint de tristesse poignante pendant les moments les plus gais d'un film. -C'était l'utilisation élégante de la super blague. Vous aviez une blague et vous vous sentiez satisfait, puis il y avait une autre grosse blague dessus. La blague à laquelle vous ne vous attendiez pas. C'était la Lubitsch Touch -.. un style qui fait allusion au sexe, de manière ludique adulte dans ses thèmes, sans jamais franchir la ligne de démarcation invisible qui séparait le charbon du génie. -La Lubitsch Touch" peut être considérée de manière concrète comme dérivant d'un dispositif narratif standard du film muet : interrompre l'échange dramatique en se concentrant sur des objets ou des petits détails qui font un commentaire spirituel ou une révélation surprenante sur l'action principale. -Dans son sens le plus large, cela signifiait aller du général au particulier, pour se condenser soudainement en un seul instant rapide et habile cristallisant une scène ou même le thème entier … l'idée d'utiliser le pouvoir de la métaphore en condensant soudainement la quintessence de son sujet dans un commentaire ironique - un commentaire visuel, naturellement - qui disait tout L’attirance pour les contraires n’est pas une légende. C’est la première réflexion qui me vient après avoir noté toutes les vertus lubitschiennes. Pourquoi ai-je choisi Lubitsch ? Mon intérêt pour le montage vidéo en ce moment m’entraîne à examiner de plus près ma façon de voir le cinéma et la vidéo. C’est à dire toute image mouvante, glissante et la façon surtout de passer d’un plan à un autre. Nous sommes tellement imbibés dans cette vision, moderne, en opposition au cinéma d’autrefois ( longs plans fixes ) ou même à l'image fixe, peinture photographie, que nous ne nous en rendons mêmes plus compte. C’est devenu complètement inconscient ( en tous cas pour moi ) J’avais déjà repéré ce phénomène enfant alors que je m’immergeais dans la lecture des bandes dessinées. La vitesse avec laquelle on s’immerge dans un code sans même l’analyser consciemment. On saisit inconsciemment le code. Ce phénomène d’immersion aura toujours été prioritaire je crois. D’abord je m’immerge, je suis submergé, et longtemps après je réfléchis à la façon dont cela s’est passé, ce que ça a produit, pour en extraire des réflexions que je nomme personnelles. Il en va exactement de même avec la peinture et l’écriture. Je me laisse submerger, comme si je n’attribuais plus aucune confiance à l’analyse, à tout ce qui peut constituer un mécanisme de défense, de protection, une stratégie de combat. Puis, à un moment, principalement en temps de crise profonde, généralement financière, la pensée, l’analyse, ressurgissent L’image de la Vénus de Botticelli dans son coquillage qui sort de la mer L’allégorie de la renaissance. Certainement à associer aussi avec Dante et Béatrix Ou avec ma vie sentimentale dans son ensemble. Qu’un visage, une silhouette, qu’un être que l’on pense connaître puisse ainsi glisser vers l’allégorie Ce glissement provient certainement d’une instance profonde de modestie, d’humilité véritable, le gant retourné de l'orgueil. Je sais que je ne peux te connaître donc je plonge dans l’inconscient là où nous pouvons peut-être nous rejoindre et nous perdre en même temps. Mon premier reflexe était de placer la Vénus de Botticelli en illustration. Puis j'ai pensé à son San Sébastian, bien supérieur en sérénité à mon sens malgré toutes les flèches qui le transpercent. Il se peut que le mot sérénité soit un mot clef. Non pas une quête de sérénité comme souvent on se trompe à le dire, mais plutôt une longue, et parfois fastidieuse et pénible vérification qu'elle est belle et bien à l'intérieur de soi, qu'on ne puisse rien faire vraiment pour la perdre. Ce qui encore une fois parait puéril, enfantin, naïf naturellement.|couper{180}

Narration et Expérimentation

Carnets | avril 2023

mystère du nom

Si nommer est un pouvoir, être nommé peut être une bénédiction et une malédiction. Tout changement procure un espoir et une crainte. Changer de nom, prendre un pseudonyme, un nom d'artiste par exemple, m'a toujours posé problème. Il en allait d'une responsabilité sur quoi ne pas faillir : assumer le nom donné comme on assume le monde donné. Car qui suis-je, ce fut toujours ce que je me disais quand j'y pensais, pour avoir le pouvoir, l'intelligence, la perspicacité nécessaires à modifier quoi que ce soit du donné. Ne serait-ce que remettre en question ce qui est donné pour réel, pour réalité. La "remise en question" est une expression perturbante. La question est toujours là. Il est possible que, plus d'une fois, on ait eu le sentiment de l'avoir résolue, mais en vérité pas tant que ça, puisque l'on éprouve cette envie régulière de la remettre en question. Remettre l'ouvrage sur le métier cent fois — et bien plus — fut l'un des principes fondamentaux de mon éducation. Le travail est ainsi associé à la répétition d'une tâche, toujours la même, à l'infini, dans un cadre de quatre saisons. Un programme implanté de longue date par des générations passées d'ouvriers, de journaliers, constituant les deux branches maîtresses de l'arbre généalogique familial. Changer de nom, c'est changer d’arbre : c’est à la fois perdre ses racines et leur porter atteinte. En y réfléchissant, mon amour des forêts, des arbres, vient peut-être d'une forme sublimée de résignation. Ne pouvant fuir un arbre, ni le couper, ni le brûler, autant remettre cent fois l'ouvrage sur le métier pour apprendre à l’adorer. Pour ne pas perdre son nom, inventer un amour en grande partie factice, ruser. N'est-ce pas aussi ce qui parachève le statut de chevalier chez Cervantes ? Après avoir dégotté une rosse comme monture, après s'être affublé d’un nom, d’une patrie, Don Quichotte invente sa Dulcinée de Toboso. C’est peu après qu’il pourra entamer ses différentes métamorphoses — du chevalier à la triste figure à Alonzo. Ce sera aussi l’apprentissage de ce que peut dissimuler — en premier lieu à soi-même — l’usage d’un nom dont on est affublé, et qui va avec une réalité de même nature. Apprendre à vivre dans un nom donné, c’est prendre à son compte la perception, faite de mensonges et de vérités, du monde dont est issu ce mot, ce nom. Dans ce cas, l’écarter ne peut s’effectuer qu’une fois que l’on en aura fait cent fois le tour, pour être bien certain de ne rien avoir oublié d’explorer, de comprendre, de connaître. L’espoir est tout entier ramassé dans le cent unième tour, dans la confiance aveugle attribuée à l’éclosion des œufs. Écrire, c’est donc tenter de nommer l’existant — et comme il est innombrable, proche d’innommable, comment sélectionner ce qu’on écrit ? Quelle importance va-t-on donner à ces choses, pour les extirper en premier lieu de ce que l’on considère important, banal, heureux, malheureux, etc. ? J’ai toujours pensé qu’il fallait se mettre au service de cette parole en soi qui désire s’exprimer telle qu’elle est, en premier lieu, afin de mieux pouvoir l’étudier. La difficulté est qu’on ne peut en même temps écrire et étudier ce qui s’écrit, et que l’on doive remettre cette seconde opération à "plus tard". L’urgence de la chose qui s’écrit est si impérieuse qu’elle relègue cette opération dans une temporalité plus fantasmée que probable. Un pays que l’on s’invente pour jamais n’y parvenir. Et dont, ainsi, sera maintenu un fantasme de virginité, comme l’effroi de la perdre.|couper{180}

Narration et Expérimentation

Carnets | mars 2023

Lundi déco.

Blocs Alignement au milieu. On pourrait écrire n'importe quoi pour commencer. On verra bien ensuite où tout cela nous emporte. Si cela marche, fin des compagnies d'aviation, fin des transports en tous genres. A part le vélo bien sur pour ne pas se mettre les fanatiques à dos. Ensuite on peut écrire une grande phrase qui sert de séparateur, et si les caractères sont si petits c'est pour économiser de la place, de l'encre, du papier. De plus personne ne lit jamais vraiment, mettons donc un point d'honneur dans l'esthétique et non un poing sur la figure de son prochain(e) Une vidéo Youtube https://youtu.be/C243DQBfjho Les 4 saisons de Vivaldi , en voici une légende. Une liste de courses Acheter du painDes pommesdu sucre en poudredes cornichonsdu beurredu gruyère Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Danaïdes. Dans le fond il semble que le fond continue de s'enfoncer encore plus profondément qu'on l'imaginait. Citations De Gaulle disait les Français sont des veaux Les Français qui aiment la viande froide. “Les Français croient qu'ils parlent bien le français parce qu'ils ne parlent aucune langue étrangère.” Tristan Bernard “Quand quelqu'un paye un tableau 3.000 francs, c'est qu'il lui plaît. Quand il le paye 300.000 francs, c'est qu'il plaît aux autres.” Edgar Degas|couper{180}

Narration et Expérimentation peinture