Audience

Dans quelle mesure tout ce que l’on fait ou dit désormais aurait-il besoin d’une audience. Et à quoi sert de publier systématiquement tous les textes que j’écris à part vouloir me libérer de leur contenu et retrouver le vide, seul lieu rassurant, apaisant. Cela me saute aux yeux en ce moment, et bien sûr me révolte. Cette éternelle révolte contre moi-même. Contre cette part de moi-même qui obéit sans prendre de recul à certaines influences de l’époque, d’une mode. A des engouements. Comme si c’était encore une tentative vouée d’avance à l’échec de pénétrer dans un monde dans lequel je n’ai jamais voulu vraiment entrer. Qui viscéralement provoque le doute, l’effroi, une désespérance. Mais tentative renouvelée que j’effectue malgré tout pour voir jusqu’où ça mène. Toute l’histoire de ma vie en quelques mots. Dans le fond je pense que j’aurais du être vraiment prof. Enseigner une matière précise à des élèves, bénéficier d’une audience dans un cadre bien déterminé. Je m’en serais certainement dégouté plus rapidement. Puis je serais passé à autre chose débarrassé une bonne fois pour toute de cette injonction intérieure. Le problème de l’audience c’est que cela rappelle trop une forme ancienne de mendicité. Demander audience à un seigneur, à un fonctionnaire pour exposer des griefs ou implorer je ne sais quoi, dans l’espoir surtout d’être écouté, entendu. En gros il est ici question de justice et de son contraire l’injustice. De s’en remettre à une entité qui aurait ainsi pouvoir de décider ce qui est juste ou injuste, ou bien ou mal, ou vrai ou faux. Ersatz de divinité. Comme le dit un dicton populaire il vaut mieux s’adresser directement à Dieu qu’à ses saints. Et qui peut donc être Dieu dans cette affaire, où le chercher, où le trouver. Certainement pas à l’extérieur, pas dans une audience. Plus précisément dans un effort continue de rectitude, d’impeccabilité envers soi-même. Une géométrie sacrée, une divine proportion. Mais avant cela peut-être était-il impératif de calculer le circonférence de la Terre. D’errer d’un pôle à l’autre. De connaitre ses limites comme celle des audiences réelles ou imaginaires.
Post-scriptum
hautPour continuer
import
Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
import
technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
import
La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}