Des phrases à la queue leu leu

Tout va bien, puis il y a un couac, rien ne va plus.

La cigogne se posa et le poids du volatile, ajouté à celui du nid, le toit de la baraque s’effondra.

La choucroute représente encore une énigme, commencer par le chou ou la charcuterie, ce dilemme est idiot mais j’y tiens. De toutes façons impossible de faire la différence entre le Gewurtz et le Riesling, et puis zut à la fin je préfère la bière.

De deux choses la troisième me séduira toujours un petit peu plus.

Agrandir, grossir à loisir l’anfractuosité d’un mur, puis s’y glisser, un jeu d’enfant.

La relation que l’on établit avec un nuage n’est pas à prendre à la légère. Car même changeant même si un nuage ne cesse jamais de se métamorphoser, ce qui opère à l’intérieur d’y celui ce changement est stable comme le roc.

J’ai souvent joué à chat avec ce nuage à tête de chien. Autrefois je ne levais pas les yeux au ciel par dépit comme aujourd’hui.

On peut parfois sentir le blé en herbe à l’intérieur des os et qui remue doucement au passage des vents

L’intérieur d’un os est comme l’extérieur du monde, à très peu de chose près.

Sans vase pas de lotus
Pas de golem sans boue
Pas de réalité sans rêve
Pas de trois sans un et deux.

La danse est un moyen du corps de protester contre la domination de la tête.
La nuit il danse. Il met n’importe quelle musique qui lui tombe sous la main sur son mange-disque et il danse
Mal. Très mal.
Mais aucune importance,
il est seul, il ne peut écraser les pieds de quelqu’un d’autre
Il s’en donne à cœur joie.

Renouer par la danse avec le mouvement naturel du sang dans les veines les artères la liquidité
Se liquider par la danse

Ou bien fendre en quatre quelques bûches avec une cognée
Le manche et la cognée, un couple toujours d’actualité
Ça peut vous boucher un coin en un rien de temps
En plein hiver suer sang et eau, ahaner, en mettre un bon coup
Puis se retrouver comme un con du dos coincé.
Immobilisé au milieu de nulle part
La neige autour
Les loups sortent du bois
Et ne rien pouvoir faire
Que devenir arbre mort
Une infinie patience
Se résoudre en une infinie patience.

Rejoindre l’intérieur de ses propres os
Les os et leurs eaux
La substantifique moelle
Ne s’étale pas sur l’invisible tranche
Le pot au feu
Les bas morceaux
La moutarde renaît fleur
Et crée le dégel

Le dos reprend sa forme, réinvente ses vertèbres
Les articulations s’articulent comme par enchantement
Les loups doucement refluent dans le sous-bois
Le sous bois expire aspire le loup
Le loup est l’air de nos forets
Comme la biche celui des vieilles lunes
Exhalaisons des buées de l’imaginaire

Encore une stère de bois devant soi quel bonheur

Affronter les intempéries, faire face, puis danser joue contre joue
S’écrouler ensuite comme la montagne en éboulis
Achever sa course sur la plage se livrer à la marée

Devenir nuage à tête de chien
En bas il y a un enfant qui joue à chat

Pour continuer

Carnets | mai 2023

Disparitions

Je relis de vieux articles, pas fameux. Tout en bas, une ou deux personnes semblent s’y être arrêtées. Je clique sur leur avatar, curieux de voir ce qu’ils font sur WordPress. Et je tombe sur : L’auteur a effacé son site. Évidemment, ça m’embarque dans les allées d’un vieux cimetière, peut-être celui du Père Lachaise. Il y a les tombes célèbres, les visites obligées. Mais ce que je garde en mémoire, c’est l’émotion particulière face à une sépulture anonyme. Une dalle fendue, un nom presque effacé. Parfois, juste une nuance de terre signale qu’un corps repose là. Voir un site “effacé par son auteur” provoque un trouble semblable. Je pense à septembre, au blog que je n’ai plus envie de renouveler. Trop cher pour ma modeste bourse. Comment quitter la table avec élégance ? J’ai tout sauvegardé, au cas où WordPress décide de tout effacer à l’échéance. Peut-être que je remettrai tout en ligne ailleurs, chez un hébergeur plus abordable. Ou peut-être qu’il faut accepter de tourner la dernière page, pour pouvoir en ouvrir une autre. Ou peut-être que je ne toucherai à rien. Et je verrai bien ce qui se passe. C’est plutôt ça, mon style : faire avec.|couper{180}

Carnets | mai 2023

31052023

Une chose est importante quand on veut raconter des histoires, c'est de ne pas perdre le fil de celle-ci. Tous les menteurs savent le risque de se couper ainsi qu'il est d'usage d'employer ce mot. Mais si l'on utilise ce risque comme ressort de l'histoire, que se passe t'il ? Admettons un écrivain qui perd la mémoire de son histoire, qui du jour au lendemain ne se souvienne plus du nom de ses personnages, de leurs biographies fictives et qui passe son temps à tout modifier... non par malice bien sûr, mais parce qu'il ne peut faire autrement désormais. Comme en peinture le doute et l'hésitation provoqueraient un flop à coup sur. Donc c'est en assumant totalement cette perte de mémoire, en y allant à fond que ça risque d'être vraiment attrayant. En tous cas au moins pour celui qui écrira cette histoire. A part ça je suis passé à la clinique hier, quelques coups de laser dans chaque œil et un éblouissement fameux à la sortie. Heureusement, mon épouse m'a prêté ses lunettes de soleil. Il y avait un protocole à suivre avant l'opération que j'ai complètement zappé évidemment. Il fallait prendre une série de gouttes quelques jours avant et je fus penaud d'avouer au toubib que j'avais fait l'impasse. A un moment j'ai cru qu'il allait reporter le RDV au moins suivant. Mais non, restez là je reviens, il m'a flanqué des gouttes à lui dans chaque œil j'ai eu l'impression de passer un portail. tout est devenu supersensible, y compris les défaillances d'un spot du plafond que je n'avais pas remarquées auparavant. Ensuite une vingtaine de minutes d'attente pour laisser le temps à la pupille de se dilater et hop. Aucune douleur. Juste des éblouissements répétés. Fixez mon oreille gauche me disait le toubib... je ne voyais rien du tout, il fallait inventer, estimer une distance, une tête, une oreille et fixer l'œil sur cette création parfaitement imaginaire. "— juste un peu plus bas si vous pouviez" ajoutait-il parfois.|couper{180}

Autofiction et Introspection

Carnets | mai 2023

Assemblage

Lire avec attention, mais en conservant du recul. Noter au fur et à mesure des groupes de mots qui paraissent déjà vus, bizarres, plats, comiques, illogiques. Et les mettre les uns derrière les autres à la queue leu leu. voir ensuite ce que ça fait. Grand mythe fondateur. Symbole de vie. Puissance magique. Dispensateur de bienfaits. Œuvre d'art comme telle. Savez-vous que. A travers. Vous apprendrez. Découvrez le lien. Découvrez enfin. Comment [...] pour mieux. Enregistrez ce produit. Partagez votre achat avec vos amis. A défaut de prétendre. Pour aller vers le réel. Les obstacles auxquels il se heurte. Dans le cadre de. Son vrai titre. Le garant du système. Conduire une politique. Représenter l'institution. A double-titre. Un organe de presse. Nombreux déplacements. Le côté professionnel. Inciter les citoyens. Lire la presse écrite. Corriger les inégalités. Un regard collectif. Nous ferons le nécessaire. Dans ce style qui le définit si bien. Un récit passionnant. Dont on ignore encore tant de choses. Accablé de chagrin. Il s'est retiré dans la solitude. Il commença à se dire qu'une nouvelle vie était possible. Retrouvant ses reflexes. Une tragique pollution. Protéger des malversations. En laissant courir les rumeurs. Une malédiction pèserait sur la ville. Une réalité objective. Commentaire autorisé et décryptage. Si l'on doit caractériser. Un angle mort. Un policier abat un jeune homme. Toute une population. Le contrôle au facies. Positiver le négatif. C'est une simple bavure. Un plan social. Une affaire de mœurs. La légitime défense. la tyrannie du politiquement correct. Un lynchage médiatique. Un quartier sensible. Coller à son époque. Des instances de médiation. La voix de son maître.|couper{180}

Autofiction et Introspection