Habiller, mettre à nu, le cœur
Le sentiment, le cœur, comment faut-il ou pas l’habiller. Il faudrait entrer dans une boucherie, commander un cœur de porc, de bœuf, de mouton, d’agneau, de poulet lièvre ou de dindon. Et ensuite suivant si on a de quoi ou pas en acheter un ou tous. Puis revenir chez soi.
Les poser en rang d’oignon sur une grande table. Et aller chercher tous les habits de la maison. Les costumes de papa, les corsets de maman. Et jouer quelques instants à habiller ces morceaux de viande pour voir l’effet que ça fait.
Car finalement même coiffé d’un haut de forme, d’un melon ou d’une casquette un cœur de poulet mort ne bat pas plus que lorsqu’il fut vivant.
Je crois que quelqu’un a essayé plusieurs pages ou livres d’aller ainsi cœur nu, quelle ténacité dans la stupidité. Car que l’on montre son cœur ou son cul dans une époque qui en a déjà tellement vu, peu d’intérêt.
Donc ce soucis d’habillement se soulage rapidement, suffit d’aller, vieille momie, entourée de bandelettes tel l’homme ou la femme invisible, par monts et vaux et de ne pas prêter trop d’attention aux nigauds ( mon cœur ceci mon cœur cela etc)
aller, léger, sans se soucier d’avoir ou non du cœur. c’est probablement plus juste que de vouloir trop l’inventer, de rêver son absence.

Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}