L’invitation merveilleuse
Au volant de la Twingo de mon épouse, je roule lentement sur la route étroite menant vers les hauteurs d’une des mille et une collines de la Drôme. Le cap est tracé par la présence, au loin, des gigantesques éoliennes dont la blancheur se découpe sur fond de ciel bleu profond.
Enfin j’arrive à Saint-Martin-des-Rosiers et actionne le clignotant pour indiquer que je vais tourner à gauche.
À l’angle, les bâtiments de l’école sont déserts ce samedi. Alors je tente de me remémorer les quelques souvenirs de mes interventions ici en tant que prof d’arts plastiques, mais je comprends que c’est surtout pour calmer l’excitation que j’éprouve à chaque tour de roue supplémentaire.
Aujourd’hui, samedi, je suis invité à déjeuner par des personnes formidables, Michel et Marie, et je me mets des claques, je me pince, afin de chasser loin de moi les quelques miasmes de dépression chronique dont j’aime être la victime chaque automne.
Étrangement, toutes les applications de mon smartphone sont en panne, Maps ne donne plus signe de vie. Je dois donc faire confiance à mon instinct pour trouver la maison que je cherche. L’entrée du village de Fay-le-Clos est un champ de bataille organisé par la voirie du coin. Coup de chance, quelques centaines de mètres après avoir emprunté au hasard la route de droite, j’aperçois une pancarte qui m’indique l’atelier « MCA ART ».
Me voici en train de me garer devant une vieille bâtisse avec dépendances, deux grands arbres majestueux l’ombragent sur la face avant et je reste un instant pour regarder en contrebas la vallée qui s’étend. Ici pas d’usine, rien que des champs.
Au sommet de la colline derrière la maison, je peux encore apercevoir les immenses pales tourner silencieusement.
D’autres véhicules sont déjà là, je regarde mon portable, il n’est pas loin d’être 13 h, je dois être bon dernier à l’aune de mes pensées dépressives que je tente de balayer encore en poussant le portail et en levant la main tout en criant « coucou ».
Michel, bien que toujours calme, a l’air content de me voir et je souffle un peu, et puis tout de suite Marie qui vient à ma rencontre et qui m’apprend avec émotion en m’embrassant combien elle est contente et soulagée que je sois venu.
Bon, alors je peux vraiment respirer un bon coup et en finir avec mes angoisses dépressives, je me dis : ouf, je vais passer un bon moment, allez.
Je lui tends les gâteaux et le cadeau que j’ai préparés pour mon grand ami Chaman qui est là lui aussi et dont nous devons célébrer l’anniversaire. Enfin, ça y est, je les aperçois tous, les invités, déjà attablés, portant les verres à leurs lèvres.
Pendant que Marie disparaît dans la pénombre de la cuisine, je marche vers la grande table, embrasse des visages connus, serre des mains et m’installe. Bon sang, ça faisait tellement longtemps que je n’avais pas été invité que je me féliciterais presque de ma prise de décision de ce matin, de m’être encouragé et de cette attention à ne pas me laisser submerger par mes émotions contradictoires de ces derniers jours.
Après quelques gorgées d’un délicieux vin de sureau concocté par la maîtresse des lieux, je parviens enfin à me détendre.
Le soleil est chaud et achève d’apaiser toutes mes angoisses qui peu à peu se dissipent en écoutant le chant global des multiples sujets de conversation. Je retrouve un peu de ces anciens moments perdus dans le temps que je n’aimais pas cependant, enfant. Ils me reviennent soudain transformés de manière inédite, peut-être par la nostalgie, et cela évoque tout à coup un vrai repas de famille.
Nous abordons le temps comme une plage longue et sablonneuse propice à la rêverie, le luxe du temps avant de repartir vers Vanosc dans l’Ardèche voisine en fin d’après-midi pour participer au finissage d’une exposition à laquelle deux seulement d’entre nous, Marie et moi, participent.
Le grand chaman ne dit presque rien, il est heureux, cela se voit, de temps en temps je jette un coup d’œil vers lui et il me tire discrètement la langue en souriant.
Le grand chien blanc de la maison s’approche de moi et vient poser sa tête sur ma jambe dans un mouvement d’abandon qui m’émeut presque aux larmes soudain. En lui caressant le museau et le crâne, je repense à toutes les amitiés que j’ai laissées filer un bref instant, moi le paria perpétuel, le déchiré de toujours, et ce moment familial m’étrille en profondeur.
Puis je me reprends vite en lui parlant : « Hum, tu es attiré par la bouffe, toi ? »
Sans doute aussi, pour me ressaisir, je me lève tout à coup en constatant l’incompétence marquée en matière de découpe de volaille de mon voisin d’en face.
Moi, petit-fils de volailler, je ne peux pas accepter qu’on maltraite ainsi une bestiole.
- Mais non, pas besoin de découper les os avec une cisaille, les cartilages existent ! Il suffit de les retrouver !
Et de m’emparer du grand couteau puis de tenter de découper chirurgicalement, et surtout sans perdre mon honneur, le poulet en de jolis morceaux bien présentés.
Encore une chose de bien, c’est le fait d’y arriver, me dis-je en aparté.
En fait, je ne sais plus vraiment de quoi nous avons parlé tout le long du repas. Ce n’est pas cela l’important dans le fond. L’important, c’est cette bouffée de chaleur humaine que j’ai pu accueillir à cœur ouvert, courageusement, sans me réfugier dans le jugement ou la pitrerie.
Il est possible en fait que tout ce que l’on raconte sur la vallée en dessous soit vrai, que tous les gens qui vivent là sont un peu magnétiseurs, voyants, connaissent le langage des animaux et savent guérir autrement qu’avec des pilules.
De temps en temps j’aperçois un chat qui traverse l’espace du jardin, puis deux, chacun cherchant un lieu ensoleillé pour s’allonger et jouir de la caresse chaude de ces premiers jours d’automne.
Je suis si bien d’un coup que lorsque j’entends Marie dire : « Personne ne veut plus de whisky ? », mon sang ne fait qu’un tour et je lui tends mon verre. La chaleur de l’alcool que je sens pénétrer dans mon gosier me fait l’effet d’un shoot pour un drogué en manque depuis longtemps.
Soudain, nous nous apercevons au fil de la discussion, Grégory mon voisin de gauche, Marie et moi, que nous avons tous été des gamins maltraités. Cela me fiche un coup qu’on en fasse le constat à cet instant précis où j’étais en train justement de ruminer toutes ces choses de façon solitaire.
Un silence tout à coup, quelque chose de suspendu, et puis quelqu’un dit : « Bonjour, mossieur Olive Taponade ! » Tous nous nous engouffrons dans un fou rire salvateur, le temps reprend son cours, nous nous éloignons du nœud brûlant des souffrances.
Mon attention se porte sur Michel, le calme Michel dont les cheveux repoussent et qui me dit que cela va de mieux en mieux depuis qu’il a arrêté un traitement. Grégory aussi a eu un épisode terrible il y a de cela cinq ans et c’est grâce au même traitement dont il aura été le cobaye à l’époque qu’il a survécu. Difficile de leur emboîter le pas dans cette conversation que je laisse se déployer en conservant le silence.
Ils se connaissent depuis longtemps, Michel et Marie, ils semblent avoir bourlingué beaucoup, essuyé tempêtes et naufrages, j’entends parler de la Nouvelle-Calédonie, et d’autres lieux encore au bout du monde. Il me semble surprendre à un moment un passage à l’académie navale. Je ne pose pas de question, j’écoute. Michel s’exprime avec clarté et précision, une maîtrise qui m’en dit long sur les barrières à franchir pour conquérir son amitié. Marie est chaleureuse, bienveillante, elle ne craint rien, sa confiance en l’autre semble avoir dépassé le besoin de tout retour, de toute compensation. Je découvre des gens merveilleux au fur et à mesure que le repas s’étend, ce merveilleux, je le soupçonnais déjà un peu mais je me méfiais encore tout à l’heure qu’il ne fût encore l’une de mes inventions habituelles pour embellir la tristesse des jours.
Mais non, cette fois pas besoin d’inventer, les gens ils sont réels comme j’aime la réalité, cette réalité qui se loge dans la profondeur du monde et qui ne surgit que trop rarement pour reprendre son souffle.
Le grand chaman est resté silencieux pendant presque tout le repas. Il écoutait l’ensemble et aussi certainement bien plus encore. Poliment, comme seul lui sait le faire, avec cette extrême pudeur qui fait pendant à son orgueil presque enfantin parfois, il a déclaré qu’il était touché par cette célébration comme jamais il ne l’avait été.
Peut-être que finalement lui aussi a passé une enfance difficile, me suis-je dit, mais nous n’en savons rien, il s’est tu en savourant le verre de champagne qu’il tenait puis il nous a encore une fois tiré la langue et j’ai su que tout était parfait, exactement comme il le fallait.
Pour continuer
Carnets | septembre
Maître-Jacques
Le local de la confrérie se situe tout au bout d'un réseau compliqué de galeries. Le sol est brillant comme ceux des parkings et les murs ont été creusés par des machines puissantes aux mâchoires de titane dans la chair sablonneuse du sous-sol parisien. Nul ne saurait dire en apercevant la pyramide de verre en surface l'immensité des structures qui se dissimulent sous les anciennes bâtisses érigées au XIIe siècle qui abriteront François 1er puis un peu plus tard le roi Soleil. Sa forme d'origine s'appuie sur le carré et au milieu de celui-ci s'élevait la « grosse tour » qui devait servir à la fois à protéger et probablement plus tard à surveiller aussi bien l'extérieur que l'intérieur de la ville. Historiquement celle-ci évoque déjà la présence du futur ministère des finances car elle sert de « coffre-fort » royal et en même temps de prison. Ainsi un de ses plus célèbres prisonniers sera le Comte Ferrand, adversaire de Philippe Auguste qui restera emprisonné durant treize années après sa défaite à la bataille de Bouvines. Puis Paris peu à peu progresse et les environs du Louvre, à l'origine une zone rurale, se peuplent de plus en plus. Un quartier dense s'établit qui fait perdre aux fortifications leur intérêt défensif. Les rois de France qui se doivent de visiter fréquemment Paris établissent peu à peu leur demeure dans le futur musée. Ainsi sous Saint Louis une grande salle à piliers est-elle établie dans les sous-sols du château qui existe toujours aujourd'hui. C'est à son retour en France, après sa captivité en Espagne suite à la défaite de Pavie (1525) que François 1er décide de transformer le Louvre pour en faire sa résidence principale. L'ancienne construction médiévale sera remise au goût du jour et ce n'est qu'à la fin de son règne que le château sera entièrement reconstruit. Cependant ce ne sera que sous Henri II que les principales modifications seront effectuées. C'est en piochant sur internet que j'ai glané les quelques informations au-dessus car évidemment au moment dans lequel je suis en train d'avancer vers le local technique des maîtres jacques du musée je ne connais que peu de choses de ce lieu ni même en ce qui concerne le job pour lequel j'ai été convoqué. Un agent de sécurité taciturne marche à mes côtés activant des verrous électroniques avec son badge, nous suivons un itinéraire labyrinthique et soudain j'entends une voix puissante surgir au-delà d'un énième virage, puis une silhouette massive, un visage étrange fascinant, le regard bleu qui me happe tout entier, me soupèse en une fraction de seconde. « Ah c'est toi le nouveau, bienvenue chez les maîtres jacques du palais mon jeune ami ! » Nous nous serrons la main, l'agent de sécurité est remercié poliment et je pénètre dans le local, une pièce de quelques mètres carrés, un peu plus grande qu'une chambre à coucher, avec en son centre une grande table et des chaises, la cafetière posée sur une étagère dans un angle, des tasses, des miettes de pain ou de viennoiserie et au bout de tout cela se confondant dans la pénombre car l'éclairage est chiche, un noir massif qui me regarde tranquillement en portant sa tasse à ses lèvres et à côté de lui presque insignifiant une sorte de copie du personnage de Gollum dans le seigneur des anneaux. « Tiens je te présente tes petits camarades, le grand black c'est Odjo et l'autre, zut j'ai oublié, mais non je déconne, c'est Cohen » et il éclate d'un grand rire et les deux autres rient aussi. Ça commence bien, l'ambiance a l'air bonne je me dis. Martial, c'est le nom que le chef se donne, ouvre alors une porte de vestiaire en fer et saisit une ventouse pour déboucher les éviers. « Tiens voilà ton arme tu l'aimeras plus que ta mère, ta sœur, ta bite » en imitant le personnage d'un film de guerre américain. Je reçois la ventouse qu'il vient de m'envoyer par-dessus la grande table, ouf elle ne m'échappe pas des mains, j'évite le ridicule. « Allez viens petit Jacques que je te fasse visiter... » Et c'est alors ce jour-là pour la première fois de ma vie et en étant payé que j'ai visité une grande partie du plus beau musée du monde. Avec tout de même l'accent porté par Martial sur ce que les gens ne regardent guère : les toilettes des femmes, les toilettes des hommes et c'est en constatant l'état de celles-ci que j'ai compris vraiment ce que pouvait être le contraste, pilier élémentaire de toute vocation de peintre.|couper{180}
Carnets | septembre
Le scribe
Lorsque j'arrivais dans les salles égyptiennes du Musée du Louvre dans lequel le hasard m'avait conduit la première fois, et que je tombais sur la statue du scribe, quelque chose en moi se brisa, nous ne faisions qu'un à travers les siècles. Je me rappelais d'un nom que je n'avais plus utilisé depuis longtemps, Thot. Ainsi donc j'étais à nouveau Thot et me découvrais là devant une représentation de moi-même qu'un vieil ami avait autrefois réalisée de ma personne. Je pouvais me souvenir du contact de la pierre dans ma paume caressant la sculpture, j'en retrouvais la granularité, et la douceur sans même avoir à m'en rapprocher à nouveau. C'était une chose très étrange de me retrouver soudain face à cet autre moi-même oublié, moi le jeune homme perdu dans la confusion de la jeunesse avec un objet étrange à la main. Une ventouse pour déboucher les toilettes dans le plus beau musée du monde. Ainsi je ne manquais certes pas d'humour, moi le seigneur du temps de m'être ainsi égaré dans les méandres de celui-ci pour me perdre au plus profond de ses abysses et revenir soudain avec comme nouveau bâton cet objet dérisoire. Une fois le choc passé, je me remis en marche pour me rendre à mon travail que je fis avec application. Tout me revenait par vagues successives et j'acceptais finalement cette nouvelle peau, ce nouveau cœur, ce nouveau transfert de conscience qui m'avait emporté non sans humour vers la fin des temps.|couper{180}
Carnets | septembre
l’axe de la confusion
Il est un territoire dans lequel je reviens régulièrement parce qu'il me lave en quelque sorte de toutes les tentatives d'ordonnancement, c'est celui de la confusion. Les tentatives de mise en ordre de ma vie sont légion. Cela peut aller de vouloir arrêter de fumer, d'arrêter de prendre du sucre dans mon café, d'arrêter de regarder la télévision, d'arrêter de me connecter aux réseaux sociaux. En général cela se manifeste par un trop-plein, un dégoût de ma propre image en train de réaliser toutes ces choses, et je tente de vouloir changer hélas en vain. Surgit ainsi une velléité et non vraiment une volonté d'arrêter un processus, une habitude afin de la remplacer par une autre et dont la récompense serait en quelque sorte compensatoire de la perte de la première. Arrêter de fumer me donnerait comme récompense de mieux respirer, d'être en meilleure santé, de pouvoir courir ou travailler plus longtemps sans que je ne ressente de fatigue. Arrêter de prendre du sucre dans mon café permettrait aussi de prendre soin de mon corps, de perdre du poids, et de retarder ainsi le vieillissement prématuré des milliards de cellules qui le composent. Et ainsi de suite. Ici un mot important est celui de récompense. Si je ne m'offre pas une récompense à la mesure de cette perte il y a de grandes chances pour que le processus échoue. Or les récompenses ne m'intéressent que moyennement par rapport aux béquilles psychologiques que m'offrent mes anciennes habitudes. Cela signifie peut-être que je ne pense pas assez à cette notion de récompense en profondeur. Celles-ci en tout cas ne sont pas suffisamment puissantes pour m'extraire de ce que j'appelle la fatalité. Alors soudain se dresse « l'à quoi bon » qui a le pouvoir de faire table rase de tous ces processus et de les faire avorter. Je me souviens que j'éprouvais déjà cela lorsque j'étais au collège et que le professeur de sport nous intimait l'ordre de courir autour d'un stade. Dans mon for intérieur je me hâtais de trouver cette action aussi ridicule que possible et cette conclusion alourdissait ma foulée jusqu'à la ralentir, et je finissais régulièrement en marchant bon dernier. C'est que le goût de l'effort ne m'apparaissait pas comme une chose bonne en soi, à contrario de mes camarades qui semblaient même en éprouver un vif plaisir, la course d'endurance pour moi s'arrêtait à la souffrance enclose dans un espace-temps ennuyeux. Je serais tout à fait d'accord d'évoquer la paresse si celle-ci pouvait à elle seule expliquer mes échecs répétés. Or dans ma vie j'ai découvert que je n'étais pas paresseux pour tout, au contraire j'ai déployé des efforts souvent surhumains de patience, de temps et de ruse pour effectuer des travaux qui ne servaient à rien. Ainsi ces nombreuses nuits à découvrir l'usage de la chambre noire, à développer et tirer des photographies en noir et blanc. Ainsi ces heures passées à dessiner et peindre sans jamais vouloir montrer mon travail à quiconque. Ainsi les pages et les pages noircies que je n'ai jamais voulu publier. Une réticence inouïe à ne pas vouloir goûter aux fruits de mon travail artistique notamment que je peux aussi constater dans mon alimentation, je ne mange pratiquement jamais de fruits non plus. J'ai cru pendant pas mal de temps que c'était parce qu'il fallait les éplucher, notamment les agrumes, mais c'est tellement ridicule que ce ne peut être suffisant. Je pense plus à un blocage d'enfant fréquentant les bancs du catéchisme, une sorte de trauma associé à la pomme et aux filles qui ne les offraient que contre d'impayables récompenses justement. Ainsi donc ma vie entière est une succession d'échecs en matière d'ordonnancement dans l'aspect social de celle-ci. J'ai enchaîné job sur job la plupart du temps alimentaire car je ne plaçais pas l'essentiel dans la notion de carrière, mon identité je la voulais ailleurs, essentiellement sur le plan créatif. Cette distance qui s'installe peu à peu avec le groupe, dans la déviance des objectifs qu'il impose surtout, contraires à mon intuition, car je ne peux parler de pensée véritablement, cet écart, ce pas de côté me coûta une énergie formidable et m'offrit en contrepartie une créativité étonnante. Je ne souhaitais blesser personne évidemment, et, à ménager la chèvre comme le chou c'est souvent sur moi que mon propre dépit tombait. Alors je me sens nul, coupable de tous les méfaits, pas à la hauteur, une anomalie ambulante. Patiemment je développe un complexe d'infériorité à la hauteur de ma supériorité inavouée. L'un nourrissant l'autre, et toujours d'une façon mal modérée bien sûr.|couper{180}