Planche 7 — Silence
Planche 7 — Silence
Note : Le Silence est la clé de voûte de l’Atlas. Il n’est pas le vide, mais le plein (la "nigredo", l’origine). Il est ce qui reste quand le bavardage du monde (et du moi) s’épuise.
I. Le Silence Originel (La Nigredo)
Le silence d’avant le Big Bang, la matrice noire où tout se forme.
...se taire profondément pour remonter les âges jusqu’au creuset du dé à coudre où tout était tassé, condensé dans un mutisme au bord de l’explosion. Juste avant le Big Bang, ce formidable silence.
Englués encore dans la noirceur qu’il faut dissoudre jusqu’à la lie nous hurlons, pleurons, rions [...] alors que le silence nous couve de ses grands yeux sombres et brillants.
Alors pourquoi pas le silence / Total assourdissant comme un arbre qui tombe / Et laisse derrière lui le blanc d’une trouée...
II. Le Silence-Refuge (La Fuite et l’Atelier)
Se retirer du monde pour entendre sa propre fréquence.
Rejoindre le lit mais non pour y dormir. Pour creuser les murs d’acier et de béton avec l’outil à l’apparence si dérisoire du souffle...
C’est le moment où, dans l’atelier, un silence se fait. Plus personne ne commente, ne s’excuse, ne compare. [...] Ce silence-là n’a rien de muet ; il est plein de décisions...
Le silence, car c’est souvent en m’extrayant du brouhaha de la pensée, comme du quotidien, au creux de la nuit que j’écris...
III. Le Silence Écrasant (L’Échec et le Père)
Le silence qui tombe comme une punition ou une fin.
Après le licenciement, le silence est tombé sur lui comme un couvercle. Son idée de la victoire s’écroulait...
Son silence, qu’il espérait comme un refuge, devint un cri. Le pire, c’était peut-être ça. Le bruit. Ce bruit insupportable qui naissait de son silence.
Il s’enfonça un peu plus dans son silence, parce que c’était le seul endroit où, pour l’instant, il tenait encore.
IV. Le Silence et la Vérité
Le silence comme réponse ultime, au-delà des mots.
« Ce que vous appelez le silence, c’est la vie et l’amour, en fait. »
À la fin il ne reste pas une morale, ni un système, mais un silence net, sans adjectif, parce qu’il est déjà tout ce qu’il faut pour dire ce qui a été vrai et ce qui a menti.