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Hypothèse en valant bien une autre

L’hypothèse est une fabrication mentale, plus ou moins farfelue, elle nous sert néanmoins à expliquer le monde. C’est sur cette hypothèse de l’hypothèse qu’il décida de revenir à l’origine des événements ayant marqué sa vie. Le fait indéniable qu’il soit né prématurément, quelques semaines avant terme pouvait-il raisonnablement être la cause première de sa procrastination perpétuelle, peut-être ce traumatisme-il fallait bien nommer cette anomalie- était-il responsable de cette habitude, ce réflexe de toujours repousser la moindre échéance. Car rien du mental ne pouvait changer cette habitude. On avait eu beau tenter de le raisonner, de vouloir le punir ou le récompenser pour qu’il fasse les choses dans les temps, rien n’avait jamais fonctionné. Lui même avait beaucoup réfléchit à une multitude de raisons possibles comme une paresse congénitale, la peur de la mort, un refus d’accepter le temps comme une donnée commune mais non rien de tout ce à quoi il avait réfléchit ne lui paraissait suffisamment solide pour s’expliquer ses velléités, ses engouements et son obstination à vouloir les détruire en se désaccordant des autres. Décalé n’était peut-être pas tant un défaut une tare que la mise en place systématique d’une stratégie que sa nature profonde ne cessait jamais d’opposer à l’ensemble conjoint des injonctions de l’univers et des hommes.|couper{180}

Hypothèse en valant bien une autre

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Accumulation notes de stage

Depuis quelques années je propose un stage dont le thème est l’accumulation. Un stage de peinture. A l’origine je crois que j’avais été intrigué par le travail d’Arman qui est l’un des premiers à avoir non seulement popularisé cette technique mais qui l’a aussi théorisée. Dans son travail l’accumulation consiste à rassembler des objets identiques en très grande quantité en les fondant dans du plexiglas. Cela peut être réalisé de manière organisée ou désorganisée, volontairement ou involontairement. Arman distinguait plusieurs types d’accumulations. Les accumulations pures constituées d’objets identiques accumulées, entassés, disposés ensemble. Les fragmentations constitues de plusieurs éléments identiques mais découpés selon quelques étapes progressives, qui recherchent le fragment et non l’unité de l’oeuvre. Voire l’objet qui se décompose, se fragmente. Les Coupes fonctionnent comme les fragmentations mais sur un seul et même objet. Les Poubelles sont des accumulations d’une multiplicité d’objets, mais tous différents, de manière désorganisée, chaotique. Les Colères approchent l’idée du happening, provoquées, mises en scène et jouées par Arman en personne, dans lesquels il détruisait un objet, comme un piano ou télévision, en gardant l’accumulation des débris ou fragments, les coulant régulièrement dans du plexiglas. Enfin, les Monuments sont des accumulations d’objets massifs à échelle gigantesque. Disons donc qu’Arman s’est penché sur un phénomène qui existe depuis toujours et qu’il a tenté de lui redonner une définition appropriée et en accord avec son époque, la consommation de biens et services en masse. Pour autant l’accumulation existe bien avant Arman. On peut la retrouver ailleurs dans l’histoire de l’art notamment chez Jérôme Bosch et chez Arcimboldo qui changera notamment la perception habituelle de la nature morte… Unité interne et unité crée par une entité externe Entre Arman, Bosch, Arcimboldo l’unité des œuvres s’effectue de façon interne aux différents éléments narratifs utilisés mais il existe aussi la possibilité de confier cette réalisation à un tiers avec tout l’arbitraire que l’irruption d’un tiers peut produire de singularité. C’est à dire qu’une décision est prise différemment, non par un individu mais plutôt par un sytème. Ce peut être un système mathématique, algorithmique, et qui inclut des objets hétéroclites pour constituer une unité proche de celle qu’on trouve dans les images kaléidoscopiques notamment L’unité provient d’une norme extérieure imposée mathématiquement. On peut citer le travail du britannique D’Amin Hirst qui aura fait scandale dans les années 90 L'utilisation d'environ 9 000 papillons ayant dû vivre et mourir dans deux pièces fermées dans le cadre de l'exposition In and Out of Love a attiré les critiques de la RSPCA[9]. Additionnellement, d’autres œuvres de Damien Hirst ont attisé les critiques. Son œuvre Mother and Child, Divided de 1993, a remporté le Prix Turner. Cette récompense a été jugée inacceptable par une partie du public dénonçant le caractère cynique de l’œuvre présentant une vache et son veau séparés et coupés en deux, dans leur longueur. De plus, beaucoup de personnes ont dénoncé le manque d'éthique, l'utilisation et l'abattage "gratuit" d'animaux. Toutes les œuvres réalisées par Hirst mettant en scène des êtres vivants ont été sources de controverses. Cela a été le cas également pour son œuvre A Thousand Years réalisée en 1990 dans laquelle il met en scène deux cubes de Plexiglas reliés. Dans l'un se trouve une tête de vache avec au-dessus d'elle une lampe électrique et dans l'autre un cube blanc, abritant des milliers d'asticots se transformant en mouches, qui se nourrissent de la tête de vache pour ensuite mourir électrocutés par la lampe. Cette œuvre mettant tous les sens du regardeur au défi a été condamnée par une partie de la critique et Damien Hirst lui-même dit qu'après avoir vu la première mouche mourir, il se rendit compte de la machine infernale qu'il avait créée. Amoncellements, accumulations, médiation A mon avis rien de vraiment nouveau dans le travail de Tim Noble et Sue Webster lorsqu’ils utilisent un amoncellement d’objets hétéroclites pour utiliser la lumière projetée sur celui-ci afin de créer une image figurative…il s’agit d’une utilisation de la pareidolie ( du grec à côté pour para et eidolon, apparence, forme) sorte d'illusion d'optique qui consiste à associer un stimulus visuel informe et ambigu à un élément clair et identifiable, souvent une forme humaine ou animale. On a donc déjà pas mal de pistes pour s’interroger sur la notion d’accumulation dans le cadre d’un stage un peu différents de ceux proposés antérieurement et qui ne consistait que dans une suite d’exercices formels dont le but était de créer de l’insolite, du beau selon la théorie du beau d’Aristote… Dans la Poétique Aristote explique que l’art doit être normé « le beau, que ce soit un être animé ou un fait quelconque, se compose de certains éléments, il faut non seulement que ces éléments soient mis en ordre, mais encore qu’ils ne comportent pas n’importe quelle étendue ; car le beau suppose certaines conditions d’étendue et d’ordonnance » Le nouveau réalisme 1Àl’évocation des Accumulations et des Poubelles d’Arman et, d’une façon plus générale, du Nouveau Réalisme [1][1]Le Nouveau Réalisme (France, 1960-1963) : le critique Pierre…, il vient à l’esprit de celui qui en a connaissance, la représentation plus ou moins sophistiquée d’un mouvement artistique des années 1960, caractéristique pour son regard critique anticipateur sur la société de consommation de masse naissante et préfigurant l’effervescence de Mai 1968 en France. L’approche compréhensive des représentations des acteurs de l’époque à aujourd’hui conforte cette perception. Mais la confrontation de cette représentation aux œuvres elles-mêmes révèle une distorsion entre réalité vécue et donné objectif des œuvres. Ce qui ne manque pas de poser question quant à une sociologie de l’art qui ne se fonderait que sur la seule mise en cohérence des représentations des acteurs. 2À cette thématique de la société de consommation de masse est associée une autre qui procède plus spécifiquement des catégories de perception des spécialistes : l’épuisement formel de la peinture et de la sculpture classique. Or c’est essentiellement à partir de la représentation du producteur, au sens où l’entend Pierre Bourdieu [2][2]Cf. Bourdieu P., Mais qui a créé les créateurs ?, in… (artistes, critiques, journalistes, philosophes, etc.), qu’est bâti ce discours formaliste sur le Nouveau Réalisme. Ce propos combine ce qui a été exprimé immédiatement à l’époque avec ce qui a été construit, reconstruit et peaufiné au fil du temps. 3Cette explication d’ordre esthético-formaliste dont l’épicentre est le ressenti des artistes impliqués, est la première que ces derniers avancent dans les entretiens qu’ils accordent à la critique et à la presse spécialisée. Source : https://www.cairn.info/revue-sociologie-de-l-art-2004-2-page-125.htm Sur le plan pratique plan de stage Matin travail en noir et blanc Recherche d’une forme signe à répéter 1 même taille que se passe t’il ? 2 tailles différentes ( grande moyenne petites) que se passe t’il 3 que dire de la profondeur ? Le fameux 3D … 4 intro à la série … un exercice c’est bien mais si on réunit l’ensemble à partir d’une même forme signe commun ? Quelle vision de cet ensemble obtient-on ? Après midi couleurs collages La même chose que le matin en couleurs Mise en commun découpages collages puis réalisation exercices individuels Mise en commun de l’ensemble …. Que se passe t’il Sources : https://ent2d.ac-bordeaux.fr/disciplines/arts-plastiques/wp-content/uploads/sites/26/2020/07/ACCUMULATION.pdf Voir aussi ce site d’où j’ai extrait beaucoup d’infos sans les modifier vraiment d’ailleurs car parallèlement je récolte pour un autre stage sur le plagiat : https://unphilosophe.com/2014/10/20/prelude-aux-accumulations/|couper{180}

Accumulation notes de stage

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Atelier d’écriture 26 ème jour

Quand prendre conscience décider de prendre conscience la conscience serait à l’extérieur et soudain … à moins qu’on vive dans une sorte de brouillard synonyme d’inconscience chez les uns d’ignorance chez les autres et que tout à coup pour une raison mystérieuse celui-ci, le brouillard, se lève alors on prend conscience on devient conscient on agit de plus en plus consciemment on ne voudrait plus que le brouillard revienne nous privant de ce paysage que l’on commence tout juste à percevoir. Quand, sur une ligne s’étirant d’un point A où A est origine vers B où B est une fin que l’on ne connaît pas encore, quand, prend-t’on à un moment donné, conscience On pourrait prendre une rue, assez longue de préférence, se donner un point de départ se confondant avec le début de cette rue puisqu’une rue possède, sans qu’on puisse remettre cette observation, cette pensée, cette évidence, en question, ou en douter : on veut croire qu’il y a un début et une fin. Ensuite reste à décider pour soi dans quel sens on veut bien prendre les choses ou pas, dans quelle mesure manipuler l’évidence. Est-ce que cela peut suffire de se procurer un plan de la ville pour observer une rue dans un but précis qui est celui de savoir où elle commence et où elle finit J’ai observé un plan pour regarder où commence et finit la rue où j’habite j’ai été intrigué par le flou qui surgit soudain au point où elle commence ou s’achève … en effet la rue Laurent Nivoley devient la rue Émile Zola tout à coup sans qu’on ne sache pourquoi et plus grave encore, sans qu’il n’existe à priori un point de repère précis. C’est plutôt un espace indéterminé dans lequel on ne sait pas on ne peut pas savoir qu’on est en train de passer d’un nom de rue à un autre. Cela ne change pas grand chose à la rue de ne pas le savoir elle continue son bonhomme de chemin de rue. Comprendre qu’il existe une telle zone de flou d’une rue à l’autre procure une sensation qui appartient d’ordinaire à un ensemble distinct de sensations qu’on qualifierait de peu ordinaires des sensations que l’on rencontre dans les rêves. Cet espace indéterminé d’une rue à l’autre dans un domaine spécifiquement patronymique , sur cette fréquence où chaque chose se doit d’être nommée et si possible nommée correctement , si on ne porte aucun intérêt à cette fréquence on ne peut se rendre vraiment compte .. l’anomalie passera fatalement inaperçue ce qui soulève une question importante concernant la conscience comme l’inconscience Si on veut bien faire attention ou porter une attention à ce sur quoi notre attention est attirée quand on marche simplement dans une rue. Pour une affaire d’apparence aussi simple comprendre aussi un certain laisser aller de la part de la voirie car personne n’agit . N’agissent ils pas car ils sont ignorants de l’anomalie, ou bien ils l’ont bel et bien repérée et ils ne savent comment intervenir. Peut être ont ils des priorités et cette priorité passe t’elle en dernier, à Pâques ou à la Trinité, au terme d’une succession d’autres priorités… y t’il une date inscrite quelque part, une note de service sur laquelle quelqu’un aurait rédigé un rapport d’intervention…on ne le sait pas Et on risque bien de ne jamais le savoir si on ne fait pas partie des services de la voirie.|couper{180}

Atelier d'écriture 26 ème jour

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Fabienne Swiatly

J’ai raté le zoom du lundi soir, enfin non je n’ai pas pu y assister en raison d’un emploi du temps chargé. Du coup je peux le regarder en replay ce matin un peu et cet après midi … densité des informations et quotidien obligent… Encore la génération née dans les années 60… ce qui renvoie désormais systématiquement à me demander ce que tu as bien pu foutre pendant qu’eux exploraient écrivaient … et en même temps une joie profonde de constater que certains l’ont fait pour d’autres, certaines comme Fabienne. Je ne mets pas de lien je n’impose ni ne propose pas C’est juste une réflexion à voix haute. https://youtu.be/IwOfCgkyEj0 Image en avant Thierry Metz auteur du journal d’un manœuvre|couper{180}

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Qu’est-ce que la subversion

Notes atelier écriture Je regarde la vidéo de François Bon sur sa chaîne YouTube pour proposer aux participants de l’atelier d’écriture une nouvelle piste d’investigation. Il faudra la visionner plusieurs fois au cours de la journée, la noter dans l’app Bear, et poser au fur et à mesure des tags sur chaque piste qui surgit comme d’habitude de ce mille-feuilles , de façon à en extraire probablement qu’une infime partie susceptible de me servir pour réaliser cet exercice, mais tout de suite le mot *subversion* me fait stopper ce flux d’information, je mets en pause et j’ouvre mon éditeur WordPress pour tenter d’écrire ce qui surgit dans mon esprit à cet instant précis… La subversion (latinsubvertere : renverser bouleverser) est un processus d'action sur l'opinion, par lequel les valeurs d'un ordre établi sont contredites ou renversées. C'est une technique d'affaiblissement du pouvoir et de démoralisation des citoyens fondée sur la connaissance des lois et de la psychologie[1] dont l'aboutissement est l'effondrement de l'État sur lui-même. ( définition de Wikipedia arrivant en 3eme position sur la page Google quand j’effectue une requête sur ce mot) Ce qui fait sauter soudain l’image du mot, l’image habituelle que je m’en fabrique grâce à d’autres images de mots, ce qui fait dérailler ce train d’images mentales qui se met en branle quand je pense à la subversion qu’est-ce que c’est ? Et bien c’est l’utilisation de la forme tout simplement bien plutôt que tout l’imaginaire du contenu qu’un créateur sur une voie anachronique, décalée par rapport au réel de son époque. C’est à dire qu’on est encore dans une sorte de sommeil de rêve dans bien des domaines artistiques quand on ne comprend pas ou ne s’intéresse pas aux enjeux d’une modernité, ce qui jette une lueur d’autant plus vive et chaleureuse sur la phrase de Rimbaud : il faut être résolument moderne. Être subversif ce n’est pas dénoncer quelques groupes d’individu voir un état, ce n’est pas s’opposer frontalement en brisant des éléments matériels, fussent ils des codes informatiques pour pénétrer un système afin d’en extraire des données dissimulées, interdites au public. Ce n’est peut-être pas tout à fait cela. On pourrait parler d’une subversion soft si on veut, quelque chose qui agit imperceptiblement sur une forme et qui au bout du compte finit par s’éroder la transformer et à rendre compte du réel, mais un réel en adéquation avec une époque, la notre. Il y a aussi cette image de l’artiste, individu génial et isolé, romantique dont le fantôme perdure encore dans l’opinion public, peut-être pourrait-on penser qu’elle est entretenue pour des raisons assez faciles à trouver si on veut bien s’en donner la peine. Notamment de faire écran à tout un pan d’une réalité artistique contemporaine qui soit est ignorée soit ridiculisée à cet escient. Pourtant cette réalité existe, elle continue de se préoccuper de la forme, elle cherche surtout à vider la création artistique moderne d’un archétype archaïque, le génie romantique, qui désormais propulse l’artiste au même niveau que le chercheur dans les sciences dures. Les questions qui sont soulevées par ces artistes chercheurs correspondent aux problématiques de notre temps. Elles sont subversives non pas pour s’opposer au groupe mais pour proposer de nouveaux cadres de pensées, peut-être sources de réflexion, de nouvelles pistes de recherches et de créations. Le fait par exemple que nous soyons désormais noyés en tant qu’humains dans un univers de données sans bien en saisir toujours l’impact sur nos existences mais aussi sur notre imaginaire sur la façon dont nous racontons a nous mêmes ou aux autres le monde, le réel. Comment est-ce que je peux m’expliquer mon propre décalage en tant que peintre du XXI eme siècle à m’obstiner de vouloir peindre comme un artiste des années 50 ? Il y a encore cette vision plus ou moins obsédante une rémanence du dripping de Pollock, une volonté de se rapprocher de façon pulsionnelle, grégaire d’une famille dont il ne reste plus que des squelettes dans des tombes et quelques traces dans les livres les musées… Je cherche à me procurer un bouquin : L’essai que Jonathan Lethem a publié en 2007 chez Harper, The Ecstasy of Influence : A Plagiarism, est une défense du plagiat, qui fut lui-même plagié. Une longue défense et histoire de la manière dont, en littéra- ture, les idées ont été partagées, rayées, démolies, réutilisées, recyclées, eacées, volées, citées, arrangées, dupliquées, oertes, réappropriées, mimées et piratées depuis que la littérature existe. En cela il nous rap- pelle comment l’économie du don, les cultures de l’open source et le droit des « communs », est devenue un élément vital pour la création de nouvelles œuvres, où les thèmes des œuvres d’hier forment la base des nouvelles. Ampliant les récriminations d’avocats de la culture libre comme Lawrence Lessig ou Cory Doctorow, il raille avec élo- quence les lois actuelles du droit d’auteur comme menace au sang neuf de la création. Depuis les sermons de Martin Luther King Jr aux blues de Muddy Waters, il met en avant les fruits si riches de la culture par- tagée. Il cite même l’exemple de ce qu’il a assumé comme étant ses propres pensées « originales » pour réaliser plus tard – souvent grâce à Google – en quoi il avait inconsciemment absorbé les idées de bien d’autres tout en les proclamant siennes. Un grand essai. Presque dommage qu’il ne l’ait pas « écrit ». L’idée force ? Presque chaque mot, chaque idée empruntés ici ou là, Jonathan Lethem se les est appropriées dans leur intégralité, ou bien les a réé- crites. Son essai est un exemple d’écriture de rapiéçage, une façon de tisser ensemble diverses bribes de mots pris aux autres pour en faire un tout cohérent. C’est une combine que les étudiants utilisent en per- manence lorsqu’ils reformulent avec leurs propres mots une entrée Wikipedia. Et s’ils sont repérés c’est l’enfer : académiquement, ce rapiéçage est considéré comme un délit aussi grave que le plagiat. Si Jonathan Lethem avait proposé son essai comme thèse ou habilitation, on lui aurait montré la porte. D’autres rétorqueraient qu’il n’aurait pu construire une œuvre littéraire aussi brillante – tout comme cet essais si remarqué – en se servant uniquement des mots des autres. C’est la manière qu’il a de conceptualiser et de diriger sa machine d’écriture –choisissant chirurgicalement quoi emprunter, et en arrangeant les mots en expert – qui nous subjugue. Son essai est la parfaite démons- tration autoréexive d’un génie non-original. Kenneth Goldsmith_l’écriture sans l’écriture. Ainsi donc on pourrait imaginer écrire par concaténation de données de récits d’autres, en copiant volontairement un paragraphe une page entière, en élevant le plagiat à la hauteur d’un véritable geste artistique, subversif mais à double sens, d’une part la loi interdit le plagiat c’est une chose acquise mais plus profondément c’est la notion de propriété qui est soulevée… est-ce que cela a encore un sens de parler de propriété artistique, de droit d’auteurs dans une culture ou l’information est accessible et partagée par tous ? N’y aurait il pas encore des enjeux subtilement subversifs qui permettraient tout en contournant les lois avec sobriété et élégance d’éduquer le public, le peuple pourquoi pas sur une réalité dont ils sont presque toujours inconscients. Sacré exercice à réaliser aujourd’hui et la question à méditer c’est comment compresser toutes ces données obtenues ce matin en un texte simple, à partir d’une expérience de la vie quotidienne, comme une rencontre par exemple. Comment toutes ces données comme étant la partie immergée de la réalité peuvent aujourd’hui dans le temps présent impacter cette rencontre… Quelques instants plus tard un texte court ( je m’entraîne à écrire court )|couper{180}

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Modifier le cours des événements

Tout commence un lundi à 8h09 au moment précis où quelqu’un, une tante ou une cousine, peut-être une sœur ou sa sœur allume le transistor posé sur la table du petit déjeuner et qu’en tartinant avec parcimonie affichée une tartine de beurre pour les uns, de confiture pour les autres la voix basse et grave du journaliste dans le poste émet quelques hypothèses totalement affligeantes sur les prévisions météorologiques de la semaine, ce qui ne manquera pas d’entraîner à coup sûr une pénurie de plusieurs variétés de fruits qui ne résisteront ni à la chaleur intense ni au manque d’eau, sans doute y comptera t’on aussi quelques légumes aussi, ce qui occasionnera encore une hausse des prix et probablement parallèlement à toutes ces difficultés, l’obligation pour le gouvernent de décréter l’état de catastrophe naturelle pour un certain nombre de départements, on pourra aussi prévoir un accroissement sensible de la pauvreté voire même de la misère dans le pays tout entier ainsi qu’une chute de moral des citoyens sans distinction d’âge et de sexe. C’est à la toute fin de ce bulletin informatif que la sœur ou sa sœur ou la cousine ou la tante s’empourpra violemment, en raison d’une portion de la tartine beurrée qu’elle venait d’engloutir et qui devait être restée coincée quelque part entre l’arrière de ses dents en assez bon état encore pour son âge et son gosier, ce qui ne tarda pas à provoquer des sons gutturaux proche de ceux que peut émettre un âne lorsqu’il aperçoit son maître arriver vers lui avec sa ration journalière de foin, sauf qu’ici on ne peut évidemment pas interpréter ces sons comme une manifestation de joie. La première personne qui s’en aperçut avait non seulement de l’oreille mais également bon pied bon œil c’était un homme entre deux âges qui avait au cou une chaînette au bout de laquelle était accrochée une minuscule étoile de métal, impossible d’apercevoir sur le moment si elle était d’or, de plaqué ou bien si c’était du toc, tout alla si vite, il donna de grands coups avec le plat de sa main droite sur le dos de sa voisine qui au bout de deux ou trois hoquets recracha le morceau de tartine beurrée en un amas de bouillie couleur jaune de Naples pile dans le bol d’en face, un bol de café tout frais presque rempli a ras bord que s’était servi le fils de la voisine d’en face qui elle préférait non seulement le cacao mais aussi déjeuner tranquille chez elle sans écouter la radio. Une fois l’événement terminé tout le monde se pencha sur l’affaire aux alentours de 8h16 car on avait éprouvé une peur bleue de devoir appeler le 15 avec tous les inconvénients que cela entraîne généralement et dont le moindre, tout le monde était d’accord la dessus, n’est pas d’avoir à avaler en toute hâte son café froid avant d’aller prendre le train a 8h30 précises pour se rendre en ville dans un quelconque emploi de subalterne. On n’avait plus envie de revivre un tel événement, on rechercha toutes les causes possibles, les moins possibles, les causes perdues d’avance et même on alla avec circonspection fouiller jusque dans les raisons pour rien, et les grands territoires généralement ignorés de l’inutile, de l’irréel, mais on s’arrêta au moment même où l’on commença à franchir les frontières de l’imaginaire et bien sûr du fantastique. Ce fut la petite qui n’avait encore rien dit jusque là qui évoqua l’origine plausible de l’enchaînement presque funeste de toute cette série d’événements qui auraient pu produire un résultat regrettable, la radio. Aussi fut-il décidé à main levée que désormais la famille et les pièces rapportées se réuniraient le matin comme d’habitude à 8h09 mais que l’on s’abstiendrait d’allumer l’objet fauteur de tant de troubles, c’est d’ailleurs ainsi qu’éberlués, un peu sonnés pour ne pas dire ébaubis les petits dé jeûneurs surent qu’ils pouvaient avec un minimum de chance et de volonté modifier le cours des événements.|couper{180}

Modifier le cours des événements

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Jusqu’où ne faut-il pas continuer

En peinture il y a un point de bascule où la moindre touche de peinture en trop abîme le tableau entier dans l’irrémédiable. Ce n’est pas quelque chose d’irrémédiable dans une réalité physique, on peut évidemment essuyer, se repentir, mais peu importe, le mal est fait. On a voulu outrepasser ses droits voilà la réalité créative. Soit par excès d’autorité soit par excès d’hésitation. Cet excès surgit en même tant que les pensées et les jugements dont seule la pensée est capable. Si on ne perd pas le mouvement, si on se laisse totalement disparaître dans ce mouvement que propose la création il n’y a plus d’écart, de séparation entre la toile et le peintre. Tout pourrait s’y plonger s’y unir s’y fondre irrémédiablement. C’est donc par une vigilance instinctive, c’est à dire qui vient d’une expérience répétée de l’acte de peindre que l’on peut se glisser entre deux irrémédiables. Il faut sentir ce moment jusqu’où il serait fatal à l’ensemble du monde de vouloir continuer.|couper{180}

Jusqu'où ne faut-il pas continuer

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Est-ce qu’on peut peindre quand on est mort ?

Est-ce qu’on peut peindre quand on est mort j’ai demandé, il y a eut un grand silence, j’ai encore eut l’impression d’avoir dit une bêtise… mais comme personne ne me répondait j’ai redemandé est-ce qu’on peut peindre quand on est mort et il y a eut le même silence. Il fallait que je me contente de ce silence, il a fallu un bout de temps pour le comprendre. Du coup j’ai reposé encore une fois la question pour être bien sûr pour ne pas me tromper, pour être sûr que la réponse c’était ce silence. Mais peut-être que je n’avais pas posé la question au bon endroit, ça m’était venu comme ça au milieu de ma cour, entre la maison et l’atelier, c’était peut-être pas le meilleur endroit… on ne savait pas à qui elle était posée cette question, et peut être que le silence qui la suivait c’était un silence gêné comme lorsque on dit après vous mais non je n’en ferai rien après vous je vous en prie devant une porte, un siège libre dans un bus, un train…peut-être aussi que cette question était maladroitement formulée car personne finalement ne pouvait savoir à qui elle était adressée. J’ai pensé à ma mère, elle peignait de son vivant, est-ce qu’elle peignait toujours de sa mort c’était difficile de poser une question pareille je m’en suis rendu compte tout de suite, est-ce qu’on va déranger les morts ainsi, je me sentais assez gêné et honteux aussi parce que je ne lui ai jamais posé la moindre question depuis qu’elle est morte ma mère est devenue une question qui a gommée beaucoup de questions que j’aurais pu lui poser de son vivant, et auxquelles peut être elle n’aurait pas plus répondu, peut être que je n’aurais eu qu’un silence aussi, un silence de vivant… ma mère est une question, pas tant ma mère lorsqu’elle était vivante plutôt depuis qu’elle est morte , peut-être un peu des deux. Ma mère vivante et morte ou vivante ou morte n’est pas une question facile, pas n’importe quelle question non plus , ce genre de question que l’on poserait comme ça aux gens juste pour parler avec eux… non elle est devenue La question toute entière, un peu comme ce silence que je reçois en réponse à ma question. C’est parce que ce n’est peut être pas la bonne personne je me suis dit et je me suis retenue de poser cette question à ma mère, puis j’ai fait le tour de pas mal de peintres que je connaissais, tous les peintres morts que je connaissais, cela avait l’air plus facile de leur poser la question à haute voix. Mais là aussi il y a eut un silence. C’était un silence un peu différent en tendant bien l’oreille…mais je ne sais pas pourquoi je n’ai pas voulu m’attarder dans ce silence là non plus Ça ne me serait pas venu à l’idée de poser la question à mon père je me rends compte à présent. Est-ce qu’on peut peindre quand on est mort papa ? Il faut toujours aller jusqu’au bout de ce qu’on imagine idiot, absurde, grotesque et ridicule. Cette fois il y a eut encore un silence bien sûr on finit par s’y habituer, mais tout de même avec un je ne sais quoi de différent, et j’ai senti une odeur de vétiver comme celle de son parfum et aussi de son odeur, l’odeur de sa peau et de son parfum, une odeur unique. Alors je me suis mis à prononcer le mot vétiver vétiver et je crois que ça m’allait pas mal du tout comme réponse, en fait j’avais posé une question pareille peut être seulement pour obtenir ce genre de réponse là, une réponse qui ne répondait pas à ma question mais qui tout de même pendant toute la fin de la journée me fera du bien je le sens déjà.|couper{180}

Est-ce qu'on peut peindre quand on est mort ?

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Un blog finalement c’est quoi ?

Peut-être être que ça a à voir avec le réel… Le réel qu’essaie de restituer avec plus ou moins de bonheur une écriture. Un empilement plus ou moins complexe d’histoires de souvenirs de lieux et d’êtres, toujours prétextes à observer quelque chose qui glisse qui ne cesse de glisser de se dérober… pour que ça continue voilà tout.|couper{180}

Un blog finalement c'est quoi ?

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Aporie

Difficulté logique insoluble Support : House of Leaves, le roman culte de Mark Z. Danielewski paru en 2000, débute par les confessions de Johnny Truant, un antihéros à la vie dissolue que le hasard fait entrer en possession du manuscrit d’un vieil original nommé Zampano. Ce dernier a remisé dans une malle l’intégralité de son œuvre : un interminable essai, prodigalement annoté, portant sur un film qui n’existe pas : Le Navidson Record. Ce document inclassable raconte l’emménagement du photoreporter Will Navidson et de sa famille dans une maison qui s’avère posséder des dimensions intérieures supérieures à ses dimensions extérieures, et qui laisse apparaître de mystérieux couloirs où les protagonistes tenteront diverses explorations. Extrait d’un excellent article ici Remplacement : la maison comme figure du chaos devient l’atelier, le blog… Un peu plus loin : D’après la conception déterministe : « Tout le futur est […] entièrement contenu, déterminé par le présent : connaissant les lois du mouvement et les conditions initiales, nous déterminons avec certitude le mouvement futur pour un avenir aussi lointain que nous le souhaitons. » Cela signifie qu’en ayant une parfaite connaissance de tous les éléments constitutifs, de toutes les relations existantes dans un système, il serait possible de prévoir l’évolution de ce dernier. Seulement la maison reste imprévisible. House of Leaves témoigne de ce bouleversement des sciences en décrivant une maison qui n’obéit à aucune loi physique. Danielewski lui-même emploie le mot chaos pour qualifier l’incongruité physique de la maison : Karen, lors de l’emménagement à Ash Tee Lane, décide d’installer des étagères dans le salon et constate qu’il est pratique qu’elles se trouvent entre deux murs afin d’empêcher les livres de tomber. Zampano se lance alors dans une étude psychologique du désir de Karen que tout soit en ordre : « Maturity, one discovers, has everything to do with the acceptance of “not knowing”. Of course not knowing hardly prevents the approaching chaos7. » Ici le chaos désigne l’impossibilité physique de l’existence d’une telle maison. Mais quelques pages plus loin l’impensable se produit Comment rendre compte par l’écriture d’un lieu qui se modifie sans cesse dont les métamorphoses sont imprévisibles il y a là un paradoxe, d’où le terme aporie. Au delà de tout cela de quoi parle t’on vraiment ? Du réel, toujours lui évidemment. Et soudain une bribe de phrase entendue hier me revient soudain Quand deux russes se rencontrent de quoi discutent ils ? Presque immédiatement du réel, ils se souviennent des questions essentielles se les remémorent sans relâche à chaque discussion. Ce qui est absolument intolérable pour un français qui la plupart du temps s’en fout ou bien pense avoir réglé toutes ces questions une bonne fois pour toutes, Ce qui produit d’ailleurs sur les conversation en français une sensation d’indigence extrême, ai-je remarqué assez souvent. Tout du moins à la première écoute. A moins qu’il faille encore aller creuser dans les méandres de la langue revenir au sens propre et figuré des mots employés surtout par habitude… inconsciemment si on veut… on finit par comprendre que les français aussi parlent toujours de ces mêmes choses sans trop se l’avouer, toujours si difficile d’être en même temps français et ridicule…encore une aporie probablement…|couper{180}

Aporie

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Ivresse

Tous les moyens pour atteindre à l’ivresse sont éparpillés sur ce blog ici et là, comme autant de pièces d’un puzzle mille fois fait et défait. Ne me reste que l’écriture et la peinturé , de moins en moins cette dernière en raison d’une addiction plus piquante à la première. Et aussi l’ivresse du ridicule, qui l’a vraiment explorée celle-ci…qui ne l’a pas seulement subie comme une mégère sans jamais parvenir enfin à l’apprivoiser… Cette solitude auguste du profond du beau ridicule.|couper{180}

Ivresse

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Refaire ressentir reconnaitre

Il y a un film dans ma tête mais je ne me souviens ni du titre ni de l’auteur, il est en noir et blanc, avec Jean Pierre Léaud peut-être… ce serait donc à priori un film de Lelouche. Ce film parle de la première fois, je ne me souviens plus s’il ne parle que de ça, peut être parle t’il d’autre chose qui a moins retenu mon attention. Je me souviens cependant de ce morceau d’éveil fatalement fugace que l’expression avait soudain déclenché. La première fois que l’on se trouve confronté à quelque chose, au monde, par lequel on se trouve soudain comme en accord ou en désaccord authentique indéniable avec celui-ci. La première gifle, le premier baiser, mais je vais bien trop vite il faudrait encore remonter plus tôt, le premier pas, la toute première fois qu’on est parvenu à tenir debout tout seul après de nombreuses tentatives qui n’étaient qu’une sorte d’amusement, de jeu, avec tout le sérieux que dissimulent ces termes ; ou encore la toute première fois que l’on s’est retrouvé ahuri de pouvoir rouler à vélo sans tomber. Et encore mille et mille premières fois qui s’enfuiront, à chaque fois englouties dans la répétition, pour retrouver une sensation qui toujours s’amenuise et finit pas disparaître sous le rouleau compresseur des occupations, du quotidien. Alors on ne sent plus le monde comme au premier jour, on le ressent. Alors on ne donne plus le baiser on le redonne. Alors on ne se fait plus mal on se refait mal . On est refait comme disent les jeunes. Alors on ne connaît plus rien on se contente de reconnaître quelque chose de plus ou moins flou, un visage, une rue, un objet, un tableau, un enfant. D’ailleurs ce mot pour l’état civil … reconnaître un enfant. C’est comme si dans la connaissance première nous sentions une chute qui n’en finit jamais de nous aspirer vers le bas, de nous faire choir à terre. On s’imagine alors que par une simple reconnaissance des choses on remontera vers la lumière. Régulièrement j’en doute.|couper{180}

Refaire ressentir reconnaitre