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Ce qui ne sert à rien

Toujours cette tentation de vouloir se reprendre en main comme autrefois on disait se recueillir. En pratiquant une forme plus ou moins idiote d’ascétisme. Arrêter la cigarette, marcher deux heures dans la campagne, supprimer le pain, les écrans durant toute une plage horaire, arrêter de ruminer toute la sainte journée, écrire un plan annuel mensuel hebdomadaire et quotidien, boire deux litres d’eau, réaliser dix toiles en même temps, être aimable avec tout le monde, se forcer à téléphoner à voir une ou deux personnes choisies par ordre d’affinité dans le carnet d’adresses, lire un livre, remplacer le café par du thé, ne pas trop juger les inepties, respirer être totalement conscient de respirer. Et puis ce serait difficile mais il fallait s’obstiner : écouter ses cheveux pousser. Est-ce que ça changerait quelque chose vraiment ? Il essayait de visualiser ce que cela pourrait donner de se reprendre en main de se recueillir ainsi et il fut secoué d’un grand rire. Finalement il préféra s’attacher à une forme d’humilité étonnante qui un instant lui fit un clin d’œil avant de vouloir disparaître entre ses sempiternelles pensées. Il la rattrapa un extremis et la tenant entre le pouce et l’index il l’observa attentivement. A quoi cela servirait il de vouloir changer désormais à son âge etait il encore si orgueilleux de vouloir imaginer changer , prétendait il sans rire vraiment posséder un tel pouvoir sur lui-même. Le rire s’apaisa et il laissa la place à un sourire. Être qui on est tel qu’on est, transporter avec soi tout ce qu’on imagine utile comme l’inutile lui sembla soudain la plus loyale de toutes les positions qu’il n’avait jamais adoptées au cours de sa longue vie. Il alla remplir à nouveau sa tasse de café, alluma une cigarette et regarda au dessus les toits les oiseaux s’ébattre comme rendus ivres par le bleu du ciel.|couper{180}

Ce qui ne sert à rien

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Droit devant

Notes d’atelier Deux manières d’aller d’un point A vers B Soit tout droit on défonce tout ( cris d’horreur à chaque porte éclatée chaque mur chaque haie …) Ou bien on regarde le défilé latéralement des différentes strates qui composent la ville. Radial Références https://youtu.be/fczK7nw86Pghttps://youtu.be/YVeUSxLG4NE Livres le jardin des plantes de Claude SimonLes sources du Nil. Jacques Salgon Le but ? Aller tout droit grâce à l’écriture, peut déboucher sur du fantastique Tentative 1. Moteur qu’est ce qui donne l’élan ? On s’en fout mais Peur , colère, profit, amour sans hiérarchie La peur de mourir le fait courir au devant de la mort.Tanatophobie. course folle, suractivité, frénésie, pas de limite, Lord Byron et son poème Don Juan, il passe outre la censure les recommandations de son éditeur pour aller jusqu’au bout.Byron lui même l’inverse de la figure de Don Juan est plus séduit que séducteur … aller jusqu’au bout de la soumission. Tentative 2 trahison Il se sentit trahi alors il partit. C’était plus fort que lui, irrépressible, comme si une blessure ancienne s’était réouverte instantanément. Ainsi donc il ne pouvait faire confiance à personne, absolument personne, il ne prit même pas le temps d’emporter ses affaires il sorti de l’appartement dévala les sept étages traversa le couloir puis ouvrit la lourde porte menant directement dans le coeur battant de la ville. Devant lui la place de la Bastille avec son ballet incessant de véhicules effectuant des cercles idiots, le génie doré de la liberté tout en haut de sa colonne complice lui fit comme un clin d’œil, il traversa la place en ligne droite sans même se préoccuper des véhicules qui pilaient et klaxonnaient rageusement. Il atteignit l’autre côté de la place par on ne sait quel miracle jeta un coup d’œil aux cinémas que des bulldozers étaient en train de démolir en vue de construire un nouvel Opéra puis il s’engagea dans la rue du faubourg Saint Antoine , en constatant au fur et à mesure des pancartes à louer, à vendre accrochées aux façades signe de décrépitude qui s’ajoutait encore à la sienne . Il accéléra encore plus le pas le paysage changeait c’était des perpendiculaires tranquilles des immeubles à tailles modestes aux façades lépreuses, des hôtels borgnes, derniers vestige de ce Paris qui l’avait tant fait fantasmé. Puis ses pas , sa rage et sa nostalgie le conduisirent quelques instants plus tard à Nation. Il coupa la grande place même façon, en ligne droite . rien ne pouvait plus l’arrêter. Bientôt ce serait Vincennes, le bois de Vincennes. C’est seulement lorsqu’il atteignit le lac qu’il s’effondra sur un banc et souffla. La vision des cygnes glissant à la surface de l’eau l’apaisèrent et durant quelques instant il eut les larmes aux yeux. Puis il éclata de rire soudainement car il venait de comprendre soudain à quel point le fait qu’elle l’eut trahi le soulageait d’un fardeau insoutenable qu’il s’était flanqué tout seul sur les épaules. Bientôt il reprendrait sa course éperdue il reviendrait vers la ville et s’en serait bien finit des lacs et des forêts de ce Paris de pacotille qu’il s’était inventé , en un mot de tout ce romantisme, cette naïveté enfantine. Non ! jamais plus il n’emprunterait la peau de Lord Byron, Tout au contraire il serait Don Juan son modèle désormais. Il était parti de la Bastille comme un enfant désormais c’était un loup que le bois de Vincennes recrachait vers la ville. En marchant de quartier en quartier suivant son progrès social il arriva ainsi assez vite dans le 8eme puis dans le 16eme, de femme en femme , il poussait ainsi son investigation des bassesses de l’âme humaine de plus en plus loin, jusque dans les plus belles apparences et leurs misérables recoins faciles désormais à deviner. Peu à peu sa vision s’éclaircit et contre toute attente il découvrit que parmi les valeurs qui lui étaient le plus chères l’amour passait loin derrière le respect. D’ailleurs n’était il pas à l’aise partout désormais dans les beaux quartier comme dans les banlieues les plus reculées de la grande ville et tous ses mensonges incessants. Peu à peu aussi il sympathisa avec des individus louches, les bourgeois aimant s’encanailler , sauf que les voyous avaient pour le respect qu’on leur devait une opinion aussi élevée qu’il l’avait désormais envers lui même. Car c’était bien sur ce mot et uniquement celui-ci que tous les misérables se reconnaissaient. Tentative 3 Comment regarder le monde quand on avance, quand on a décidé de se rendre au bord de celui-ci, comment est-ce que l’œil se fixe sur un point de l’horizon, un horizon qui recule tout le temps ou bien on peut aussi regarder sans s’arrêter de trop sur les détails latéralement en tournant la tête de chaque côté comme un spectateur assistant à un match de ping-pong Peut être qu’on pourrait faire un compromis regarder à la fois un minuscule point sur l’horizon et en même temps de chaque côté, oui s’entraîner à voir comme les mouches, avoir une vision périphérique. Les indiens Hopi en connaissent un rayon sur la vision lorsqu’ils marchent dans la jungle, jamais ils ne fixe rien trop longtemps, fixer quelque chose c’est risquer de mourir presque instantanément. Mais quand on est en ville et qui plus est au cœur de la ville l’horizon est quasiment à chaque coin de rue, il se joue de nous comme dans une partie de cache cache. bien sûr on pourrait vouloir se dire soies Hopi avance et ne fixe rien… mais nous ne sommes pas dans la jungle ici nous sommes dans cette ville il est 12h30 pas un rond en poche et la faim commence sérieusement à réclamer son dû. Aller dans le 15eme ce restau ou l’on mange un vrai repas pour 5 francs voilà l’urgence. En attendant d’arriver la bas il aurait bien le temps d’emprunter à quelques passant la somme requise. Et peut être si les ciel était de son côté trouverait il un billet par terre c’était déjà arrivé et pas qu’une fois. Mais à peine avait il effectué quelques pas que les rues s’étaient mises à changer comme à l’accélérer, de façon saccadée, un film de Charlot et ça allait vite, si vite que la couleur des choses devenait de plus en plus indéfinissable. Sa faim rendait floues ou extrêmement précis le contour des choses. Et il savait d’expérience qu’il fallait continuer à marcher, en évitant de trop s’attacher aux contours quelqu’ils soient, bientôt le fait le transformerait en serpent il ne pourrait plus se fier qu’au sol, à toutes les aspérités les vibrations du sol et il pourrait alors filer en ligne droite depuis l’Odeon remonter Vaugirard et atteindre directement au but. Alors sa vitesse serait incommensurable, il pourrait même s’il le désirait oublier la faim, oublier ce prétexte, oublier l’argent et les restaurants bon marché, oui il filerait plutôt ainsi au travers des façades, des murs, il sortirait de la ville traverserait la banlieue, puis les champs, les forêts les gouffres et les monts le regard, son regard de serpent accroché désormais sur un unique but voir enfin le bord du monde.|couper{180}

Droit devant

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Je sais ta force, tais toi.

À la toute fin de l’origine j’étais chétif et balbutiant, peureux du moindre regard effrayé par tous les mots et même par les sourires, je ne supportais pas les rires et courrais ventre à terre me cacher sous la terre. La terre dans son ventre m’a longtemps gardé j’ai tutoyé la taupe, l’asticot et le ver de terre et ma foi a force de copiner avec les centipedes dits à tort mille pattes et les les poissons d’argent, j’ai fini par connaître tous leurs petits secrets dont les moindres n’étaient pas ceux de Jo le cloporte mon meilleur copain. L’ennemi, il y en a toujours un était un vieil homme, un jardinier qui sous prétexte de vouloir faire pousser des laitues, des tomates, des courgettes et autres cucurbitacées, détruisait régulièrement le petit palais où nous avions trouvé refuge tous les coreligionnaires de la pénombre et moi-même. A grand coups de pioche, de fourche, de griffe, de grelinette sans oublier la bêche le louchet, cet énergumène sous prétexte de faire respirer la terre nous poussait à l’exode à la fois répété, saisonnier et massif. J’ai vu mourir tant de mes compagnons que rien qu’à ce souvenir je ne peux retenir une larme. Ō mort où est ta victoire ? Enfin j’ai en horreur de raconter ma vie, je passe sur les détails tous plus ou moins scabreux auxquels je dois ma survie. L’important l’essentiel c’est maintenant qu’il faut que je le dise : un matin du mois de juin j’ai osé mettre enfin un pied dehors, je suis ressorti de dessous la terre juste par curiosité. Il y avait devant moi un chien un énorme chien qui, en me voyant sortir de mon trou, a fait un bond soudain en arrière. C’était étonnant car dans ma tête je n’aurais imaginé pouvoir faire peur à qui que ce soit et surtout pas à un chien fut-il un grand chien à l’air plutôt tranquille voire même débonnaire. En me retrouvant debout j’ai aussi constaté que le sol était 10 fois plus loin de mon nez qu’auparavant. J’ai vu arriver le vieil homme et il m’a sourit, il m’a dit bonjour mon grand ben tu t’es mis dans un drôle d’état regarde donc tes vêtements. Et en effet ce n’était pas des vêtements jolis à voir ils étaient noirs comme une carapace de carabe. —Tes parents doivent se demander…m’a t’il dit encore et je me suis soudain rappelé que j’avais eu des parents mais qu’ils étaient morts et en me souvenant je n’ai pu retenir une larme. Donc n’ayant pas la possibilité d’être un fils prodigue je décidais de m’en aller du jardin, de traverser la route, de sauter par dessus les haies et j’atteignis ainsi au bout de peu de temps moins de temps qu’il ne faut pour le dire, une immense forêt. Je restais là encore quelques bonnes années à me goinfrer de racines et de baies et je mis ces longues journées à profit pour faire connaissance avec les habitants des lieux. Il y avait la une fouine deux ou trois renards, toute une compagnie de blaireaux, une vieille chouette mariée à un vieux hibou et pas mal d’étourneaux. Les secrets que j’avais conservés de mes anciens compagnons me furent d’une grande utilité pour me rendre aimable dans les sous bois. Je n’avais pas mon pareil pour prévoir les orages, la pluie et même la grêle et c’est par cette sapience que l’on m’attribua comme si on attendait une prophétie un miracle que je devins une sorte de sage doublé d’un prophète pour ces animaux là. Bien que d’apparences fort différentes ils n’étaient pas si différents de ceux que j’avais fréquentés et aimés. C’était même facile de s’en faire des amis il suffisait d’écouter tout à chacun parler et surtout de ne pas trop rien dire ce faisant. Il y avait aussi bien sûr quelques faisans et une jolie poule mouillée de toute beauté qu’on appelle aussi poule d’eau et dont je faillis à de multiple reprise tomber amoureux. Mais celle là craignait l’eau c’était même sa phobie. A force de l’écouter raconter ses phobies j’ai fini par découvrir une solution pour qu’elle se jette à l’eau sans trop y réfléchir. Quel jour ce fut, on l’acclama dans la forêt toute entière car au demeurant rien de plus pénible que d’écouter quelqu’un se plaindre d’une phobie toute la sainte journée. C’est ainsi par hasard que j’ai découvert que j’étais fort, très fort et dans un même temps en écoutant les histoires des renards et des fouines l’intuition surgit soudain qu’il ne fallait surtout pas en abuser, ne pas trop montrer sa force, à n’importe qui n’importe comment, pour un rien. J’ai donc ainsi continué à écouter tout en me rappelant qu’il ne faut pas abuser de sa force, et c’est ainsi que je suis devenu de plus en plus fort encore jusqu’à ce que je rencontre cette fille qui venait chercher du bois mort Mon cœur faisait des bonds dans la poitrine je la guettais sans me faire voir au début et puis un beau soir, n’y tenant plus, j’ai couru vers elle je lui ai dit je voudrais bien t’écouter toi aussi je voudrais bien aussi si possible te parler quoique cela me soit difficile car ma force me vient surtout de bien écouter les gens. A peine avais je terminé ma phrase qu’elle m’a répondu tais-toi toi donc ! je suis pareille. J’ai été si ému que je n’ai pu retenir une larme qu’elle a prise sur la pulpe de son doigt pour la porter à ses lèvres elle a mangé la larme cette fille en posant sur le sol son fardeau de bois mort. —Maintenant je sais tous tes goûts elle a dit, je sais comme tu es fort, je sais tous tes pouvoirs ce ne sera plus jamais la peine d’en parler entre nous, tais-toi ! et je l’ai suivie parce que c’était bien la première fois que je n’avais plus rien à écouter, j’avais juste à être là avec cette fille belle comme un coeur dont les seules occupations étaient de ramasser du bois mort et se promener avec moi.|couper{180}

Je sais ta force, tais toi.

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Donne ton avis

J’ai travaillé dans les sondages, vous savez ces gens qui vous appellent par téléphone pour vous demander votre opinion sur à peu près tout et n’importe quoi… du coup je crois que ça m’a énormément appris à la fois sur les sondages comme sur les opinions en général. C’est un outil diabolique le téléphone vous savez parce que vous avez un accès direct à l’oreille de quelqu’un, n’importe qui dans le cadre des sondages. Et vous utilisez au début votre voix pour qu’elle entre dans cette oreille. Ce n’est pas toujours une chose facile comme on pourrait le penser. Parce qu’on ne sait rien de la personne au bout du fil on ne sait pas comment la première phrase que l’on va dire va être reçue. Si vous dites Bonjour je suis Patrick et je viens vous sonder avez vous un moment à m’accordez souvent vous obtenez un non merci plus ou moins poli ou bien un clic car on vient tout simplement de vous raccrocher au nez. Il faut être plus malin que ça. C’est ce qu’on ce dit quand on débute. On écoute comment s’y prennent les autres autour ça peut donner des pistes pour devenir plus rusé. J’ai connu un type juste à la droite qui parlait aux gens avec une voix qui n’était pas la sienne, il parlait avec des mots savants un peu comme le fond les politiciens quand ils veulent embrouiller les gens. Les gens lui répondaient au début mais apparemment ils lâchaient avant la fin du sondage. Les questions c’est une chose vous savez mais vous ne pouvez pas discuter répondre en réfléchissant en même temps à ce que vous dites, c’est seulement oui ou non ou encore sur une échelle ou très bien c’est très bien et très mauvais c’est très mauvais vous répondriez quoi ? Ou sur une échelle de 1 a 5 ou de 1 a 10 …. Et quand ça répond autre chose on ne peut pas le rentrer dans l’ordinateur il faut relancer la question jusqu’à ce que la personne comprenne qu’en fait elle n’a pas d’autre choix que de répondre sur ce que vous lui proposez de répondre. Côté sondé c’est tout un poème. Eux aussi veulent faire les malins, alors ils essaient de donner des exemples, racontent leurs vies, tentent de faire de l’humour mais toi t’es sondeur tu n’as pas le temps d’écouter tout ça au début tu tentes de le faire comprendre poliment avec des pincettes mais au bout de 100 coups de fil tu te rends compte que c’est une diablerie comme si au bout du compte tu pouvais comprendre toute une population par catégorie d’âge et de sexe et la façon dont chacune et chacun par catégorie et sexe arrive à te ressortir plus ou moins les mêmes souvenirs les mêmes remarques, le même type de blague. À la fin tu n’a plus qu’un interlocuteur une sorte de monstre protéiforme genre hydre de Lerne tu raccroches tu recompose tu retombes sur une nouvelle oreille de l’hydre sur les mêmes conneries que raconte la voix de l’hydre pour ne pas répondre simplement aux question pour essayer de ne pas vouloir comprendre les règles. Bon ça change une vie ce genre de boulot, c’est à ça probablement que je voulais en venir. Les gens qui n’ont pas fait ce genre de job ne peuvent avoir le recul nécessaire sur la notion d’opinion celle que l’on demande comme celle qui est donnée avec toutes les entourloupettes que je viens de citer. Personnellement j’évite de donner le moindre avis sauf si vraiment j’y suis acculé, mais je le fais en pro je dis oui non tres bien tres mauvais 4sur 5, 8 sur 10 et je raccroche sans rien dire je sais que c’est un travail de demander leur avis aux gens un travail difficile dont on ne sort pas indemne.|couper{180}

Donne ton avis

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Plan fixe

1er juillet 2022 vendredi 6 heures le matin l’atelier est une grande pièce de 10 mètres de long par 7 mètres de large il fait sombre on ne voit pas grand chose depuis la porte ouverte sur la cour la cour entre la maison et l’atelier la-bas dans la campagne un coq chante il y a un interrupteur à l’entrée , si on appuie sur l’interrupteur les néons du plafond s’allument, certains clignotent un peu avant de s’allumer complètement, une fois que c’est éclairé on peut voir En face un grand mur de 10 mètres de long. Le mur est blanc. Sur le mur sont accrochés des tableaux. On ne sait pas ce que représentent ces tableaux. Il y en a 11. 11 tableaux qui ne sont pas du même format. Ils ne sont pas alignés vraiment. Certains sont carrés d’autres rectangulaires. Sur ces tableaux il a des couleurs chaudes sur certains et sur d’autres des couleurs froides. Il y a des tableaux plus grands que d’autres. On ne sait pas ce que représentent ces tableaux ni s’ils sont terminés on ne voit pas la signature du peintre comme on peut normalement la voir sur un tableau terminé. Sous les tableaux il y a des étagères en fer et un long meuble en bois cela forme un long support qui s’étend sur toute la longueur du mur et où sont poses des objets. Il y a des mannequins d’étude dont un est habillé d’un tissu rouge qui pourrait être un genre de soie synthétique probablement des pots remplis de crayons de papier, des pots remplis de crayons de couleurs des pots remplis de pinceaux il y a aussi des objets hétéroclites comme des câbles, peut être des chargeurs, des cordons usb, un appareil photographique de la marque Canon, sur le long meuble en bois deux tiroirs semblent avoir été vissés sur le plateau pour qu’ils ne bougent pas. Dans l’un des tiroirs il y a des rubans de masquage certains sont neufs d’autres usages il y en a de différentes épaisseurs et on voit aussi deux cartes postales dépasser de ce tiroir on ne sait pas pourquoi. Entre les deux tiroirs, on n’arrive pas à distinguer vraiment ce que peut contenir le second, il y a une sorte de long bac en plastique noir dans lequel si on s’approche un peu plus on peut voir un mélange d’outils, encore des pinceaux des couteaux à peindre des compas des règles des gommes des petits morceaux de fusain un ticket de métro usagé un ticket de carte bleue il ne fait pas bien chaud pour un début juillet. 1 er juillet 1960 , vendredi 6 heures du matin c’est un atelier de menuiserie très vaste de long on pourrait mesurer environ 15 mètres et de large bien plus encore peut être bien une trentaine de pas au jugé il fait sombre encore le jour se lève doucement et un coq chante pas très loin. Si on appuie sur l’interrupteur près de la porte côté cour les néons au plafond, haut environ 6 à 7 mètres s’allument certains mettent un peu plus de temps que d’autres maintenant on y voit mieux il y a des machines à bois et un homme qui entre par la grande porte qui donne sur la rue des Ayencins perpendiculaire de la rue Nivolley où se trouve la partie habitation et bureaux de l’entreprise de menuiserie. Dans une partie de la menuiserie ont peu voir des meubles sur des tréteaux on ne sait pas s’ils sont totalement achevés peut être leur à t’in passe un vernis une céruse et qu’ils attendent de sécher. Il y a un journal sur un établi en gros titre l’indépendance du Congo et une vague de froid inhabituel, on note -10° degrés d’écart à Luxeuil par rapport aux températures saisonnières normales. 1er juillet 1950 samedi 6 heures du matin il fait doux sans doute une belle journée à venir un jeune homme sort de la maison traverse la cour et pousse la porte d’une grange. Il fait encore sombre mais on devine des silhouettes de chevaux faiblement éclairés par des fentes accidentelles du bardage il y a une odeur de paille, de crottin, et peut être aussi de vieux cuir, à un clou sur l’un des gros poteaux qui soutiennent la toiture du grand bâtiment des harnais pendent, le jeune homme traverse l’écurie pour aller s’asseoir sur une caisse puis il sort de ses poches une boîte d’allumettes et allume une cigarette ainsi qu’une revue apparemment en provenance d’outre Atlantique Astounding Science Fiction no 236. On mettra une bonne dizaine d’heures à maîtriser l’incendie et un peu plus encore pour aller récupérer les chevaux qui, par chance ont réussi à briser la paroi fragile du fond de l’écurie. On notera aussi qu’on se demandera durant des années où est passé un certain jeune homme qui vivait la à cette adresse jusqu’à ce qu’on retrouve sa trace par hasard sur l’une des pages de garde d’un recueil de nouvelles fantastiques écrites par Cyril Mary Kornbluthn américain dont il effectuera une traduction assez médiocre selon les linguistes compétents. 1er juillet 2023 6heures du matin il pleut une femme sort de la maison traverse la cour ouvre la porte de l’atelier, il n’y a plus rien sur les murs tous les tableaux ont été soigneusement emballés par la femme du peintre décédé quelques mois auparavant. Tous les tableaux sont empilés les uns contre d’autres ou sur les autres cela représente un volume conséquent il y en a au juge entre 1500 et 2000. Tout à l’heure l’entreprise de transport du musée des tableaux inachevés les emportera . Elle regarde encore une fois la pièce puis ressort en éteignant la lumière. Puis elle traverse la cour et rentre dans la maison.|couper{180}

Plan fixe

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Fallait y penser avant

https://youtu.be/1AfgNRjsuJY J’ai fait un tableau mais je sais pas ce que ça représente je lui ai dit en lui montrant mon tableau ça représente quoi t’as voulu dire quoi et ben je lui ai dit je voulais rien dire je voulais juste faire un tableau mais ton tableau il dit rien fallait y penser avant fallait penser à ce que tu voulais dire comme ça peut-être qu’on saurait ce que ton tableau veut dire parce que là en tout cas là ça me parle pas ça me raconte rien ton tableau il ferait presque peur ton tableau oh mais je te demande juste comme ca j’ai fait un tableau tu penses quoi de ce tableau ben j’en pense rien il veut rien dire ton tableau on reconnaît rien du tout dans ce tableau et si on reconnaît rien du tout c’est que c’est rien et pourquoi que tu fais un tableau de rien mais on peut pas dire que c’est rien il y a des couleurs il y a des formes il y a des traits on peut pas dire que c’est rien puisqu’il y a quelque chose ouais t’as raison y’a des formes y’a des couleurs y’a du travail mais ça veut rien dire c’est un tableau qui ne veut rien dire il est même pas beau ton tableau je sais même pas s’il est moche je peux pas vraiment juger j’y connais pas grand chose mais pour moi c’est un tableau qui dit rien donc toi tu dis que j’aurais fait un tableau pour rien un tableau qui ne compte pas pourtant j’y ai passé du temps est ce qu’on peut passer du temps à peindre pour rien ben j’en sais rien j’y ai jamais pensé avant mais moi si j’avais l’idée de faire un tableau je le ferais pas pour rien je perdrais pas mon temps ben ca serait quoi un tableau pour quelque chose alors ce serait quoi quelque chose ben deja ça pourrait représenter quelque chose qu’on reconnaît oui mais si c’est un tableau qui représente quelque chose que tu connais pas tu peux pas le reconnaître c’est ça que j’te dis si je faisais un tableau je ferais quelque chose que je connais pour que les autres puissent le reconnaître peut-être que le tableau que j’ai fait représente quelque chose que tu connais pas alors ah ben peut-être c’est peut être pour ça qu’il ne me dit rien j’y reconnais rien mais arrête de dire rien quand tu reconnais pas quelque chose parce qu’avant tu le connais pas oh doucement pas la peine de s’énerver pour un tableau quand même et pis c’est toi qui m’a demandé pas la peine de te fâcher moi je te dis comme je pense après si t’es pas content de ma réponse fallait y penser avant de me demander Illustration peinture de Maurice Esteve|couper{180}

Fallait y penser avant

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non peindre

non peindre est difficile à vivre au début et plus encore à expliquer il faut beaucoup énormément non peindre pour commencer à trouver les mots et encore marcher sur des œufs ne pas s'emballer car ce n'est pas parce que toi tu comprends un peu quelque chose à non peindre que tu vas essayer de le dire que ce sera compris ce n'est pas par les mots que ça se comprend les mots ne sont que des briques et avec eux tu peux aussi fabriquer une porte le vide dans un mur que le mur. non peindre ce n'est pas ne pas peindre comme à première vue on peut l'imaginer c'est toujours peindre mais sans preuve à fournir ni à soi même ni à personne. pour bien non peindre il faut se pencher beaucoup de fois sur la notion de tribunal de témoins de mis en cause d'avocat et bien sur de preuves. Il faut faire le tour de tout ça examiner tout ce qui constitue pas une seule fois mais mille fois la preuve. Une fois qu'on a fait ça on parvient mieux à non peindre. On sait ce que valent les preuves on ne s'y attache plus trop. On ne s'en détache pas pour autant mais on ne s'y attache plus comme avant. C'est juste un petit écart que l'on fait par rapport à la preuve on ne la perd pas de vue, on prend du recul sans la perdre de vue complètement.|couper{180}

non peindre

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écart

écart volontaire s'écarter avant de l'être habitude de l'écart seconde peau armure toute chose geste ou mot y glisse silencieusement amorti Entre deux rives un fleuve désormais ou un lac un étang une mare peu importe la taille de la distance de l'écart c'est fractal l'idée d'en réduire quoique ce soit ou de l'augmenter ne change rien à son essence Mais écarté l'être se laisse ainsi voir on peut y voir aussi si on le désire une danse Illustration :First representation of the company in Paris after Pina Bausch's death Nazareth Panadero Ari Rossner|couper{180}

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La faim

un gouffre toujours présent sorte de trou noir qui attire tout ce qui existe à sa périphérie un gouffre le présent on avale tout tellement c'est profond dur à tout remplir ce rien en nous. On se laisse emporter par la faim. On résiste comment à cette faim. Certains élaborent des théories fumeuses, s'assoient en tailleur en attendant que ça passe, en regardant la faim soi disant telle qu'elle est, moi je crois qu'ils regardent une faim qui les arrangent, qui leur donne une certaine contenance afin de juste pouvoir dire oh moi la faim ne me fait pas quitter la quiétude je reste là à l'observer alors que tout le monde s'agite autour je n'y crois pas un seul instant. Un gouffre donc un tonneau des Danaïdes qu'on ne cesse de remplir en vain et tout y passe, le monde entier y passe, les actions que l'on effectue, les pensées que l'on rumine sans relâche, les sourires les gestes tout passe dans la périphérie du gouffre et est aussitôt aspiré. On englouti et on est englouti il y a une corrélation indéniable entre le sujet et l'objet entre l'objet et le sujet et dont le symbole est la béance le trou La trouille du trou métaphore du dernier de l'ultime de la tombe là où tout tombe et ne se redresse plus jamais. Sans doute une répugnance féminine en chacun de nous à observer la tige se recourber s'affaisser tomber, la fleur s'étioler se laisser choir sa corolle se faner. La faim c'est donc cette urgence à combler tous ces trous à la hâte pour enterrer peut-être quelque chose d'indéfinissable, d'impalpable d'insaisissable, une sorte d'accumulation vertigineuse d'ici git et à chaque fois ensevelie une version de soi-même sous la forme d'un steak, d'une plâtrée de gratin, de frites de bite ou de vagin pour ce qui concerne la bouffe le sexe une accumulation de gesticulations d'embrassades de bises de baisers d'étreintes pour ce qui concerne les relations physiques mélangées à la sensiblerie, au sentimental à ces pansements ( j'en passe ) et dans les rayonnages des bibliothèques tous ces livres que l'on accumule, sitôt qu'on en voit un qui passe il nous le faut absolument on le vole on l'achète on le télécharge on l'emprunte on le chine. toutes ces faims nous dévorent bien sûr et ça parait à première vue bien indécent sinon monstrueux. Mais il faut être dévoré de nombreuses fois avant de commencer à y prendre gout, à éprouver un plaisir de la dévoration, l'élever ensuite à une satisfaction de gourmet demande non seulement du temps mais aussi une disposition d'esprit profondément rebelle. Mieux une compréhension de ce qu'est aussi la frugalité.|couper{180}

La faim

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Rituels

Revenir encore une fois à la notion de série, mais cette fois une série qui ne serait pas un alignement de tableaux sans explication sur un mur une série de tableaux sur un mur dont la nécessité première est d'être exhibée comme une série de crottes que le gamin montre à sa maman pour lui faire un cadeau crée ou renforcer un lien non une série pour l'invisible comme il t'arrive de le faire sans toujours tenir la distance parce que tu hésites, tu atermoies, tu doutes parce que la fragilité la vulnérabilité de cette installation mentale n'est qu'une installation mentale et rien d'autre. Dans le fond, presque au fond du trou acculé tu te rends compte que l'exercice intellectuel n'est rien d'autre encore qu'une sorte de caca que tu essaies d'offrir à quelque chose à quelqu'un pour être vu, pour exister ou tenter d'exister. Mais lorsque tu le fais avec le silence l'invisible sans que personne ne le sache il y a tout de même une petite satisfaction. Une satisfaction d'arpenteur. Chaque jour tu as la sensation de te rapprocher de quelque chose dont que tu serais bien en peine de définir soit par des mots soit par des couleurs. tu te rapproches mais les mots les couleurs te manquent tu as la sensation qu'elles ne sont qu'un prétexte et pourtant il n'y a que ça à ta disposition. Evidemment il y a des traces de l'arpentage, les petits dessins sur un coin de table, ces mots que tu jettes chaque matin sur ton traitement de texte en n'oubliant pas d'appuyer sur le bouton publier. C'est une fausse publication si tu réfléchis un peu c'est une façon de non publier en publiant tout de même. Mais passons sur les détails, essaie de revenir à ces tous premiers moments où la notion de série s'est faite évidence, une évidence dans le sens de rituel un rituel que tu as installé dans la ville, dans les transports en commun parce que tu voulais échapper à quelque chose à un danger certainement à l'idée que tu te faisais déjà du danger et quel danger sinon celui de mourir. C'est cette peur de mourir qui te fait te raccrocher à ces rituels depuis toujours, et peut-être que ce n'est pas uniquement pour amadouer la mort ou l'invisible mais pour tenter de créer un dialogue avec ce qui n'est pas sensé parler ce qui n'est pas sensé répondre ce qui n'a pas besoin de la parole de la couleur, de la forme de la ligne et des mots pour exister. Le mot être vient spontanément mais il n'est qu'un mot et la question alors est la suivante est ce le mot qui est l'être ou bien l'être qui se dissimule derrière les mots derrière toute chose. Est-ce vraiment ce moteur le danger la peur de mourir la peur de disparaitre la peur de voir le monde s'évanouir est-ce un bon moteur un moteur qui te permet de respirer de prendre de l'altitude de voler de sentir l'air sur ta joue de retrouver une souplesse pour ce vieux corps est-ce le bon moteur tu te poses encore cette question alors que tu sais déjà la réponse toutes les réponses possibles à cette question et tu continues encore de te la poser le rituel de la question est aussi essentiel que tout le reste. Et si c'était par amour de toutes façons c'est toujours par amour tu en as toujours eu l'intuition mais si fort que le monde a du te forcer à en douter il fallait donc que tu en doutes pour démonter petit à petit au travers de rituels invisibles au yeux des autres le doute comme ce que tu appelles l'intuition et qui n'est rien d'autre que l'expérience de vivre, l'expérience d'être là au monde. voilà aussi une vieille question qui est irrémédiablement liée à la première l'amour la mort l'âme est au centre l'âme un mot tellement désuet mais en a t'on un meilleur des réponses il y en a pléthore on passerait une vie à tenter de les inventorier jour après jour instant après instant mais on reviendrait toujours à ces deux questions essentielles Veux tu faire quelque chose par peur ou par amour ? ce qui est encore une question qui t'oblige à marcher dans la ville en effectuant comme tout le monde un pas après l'autre. des actes des pas dans l'espace et dans le temps mais quels actes ? Et puis aussi on ne peut échapper totalement au monde au temps à Monet à Atget par exemple à l'impact qu'ils ont eu par la suite sur la notion de rituel de série entre autres. ce qui t'agace souvent c'est d'avoir à te servir de référence, tu ne les cites que rarement la raison véritable qu'elle est t'elle tu ne veux pas appartenir à cette élite loin du peuple à ce groupe qui ne cesse de se rassurer du matin au soir en se gavant de références comme pour ne pas se perdre de vue c'est là où ça ne va pas très bien chez toi c' est là où l'amour manque ou ne tient pas ne tient plus et c'est la rage qui remonte et avec elle la peur d'une mort mais pas la tienne enfin pas que la tienne mais celle de tout un peuple invisible ce peuple que tu ne cesses de rencontrer chaque jour dans la ville et dans la campagne ce peuple ce sont les gens comme toi et moi à des années lumière des préoccupations souvent nombrilistes de cette élite Il y a un grand plaisir désormais à déclarer je ne sais pas à oser le dire tout du moins. et ce faisant c'est l'ensemble de ce rapport à la référence que tu ruines silencieusement en toi-même et en tant qu'arpenteur on peut en éprouver comme une joie sauvage, dionysiaque.|couper{180}

Rituels

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Protocoles

qu’est-ce qui est important est-ce que c’est le tableau ou les tableaux les œuvres les textes que je publie sur ce blog ou en ce moment sur les site du Tiers livre ou bien la genèse de toutes ces actions ? Qu’est ce qui me pousse à entreprendre ces actions et quels protocoles s’il y a protocole j’utilise ? Retour à l’intention : je ne sais veux peut faire autre chose que peindre et écrire, je me suis débarrassé de tout ce qui pouvait m’entraver pour pouvoir le faire en donnant des cours ce qui me donne une autonomie. Hors une fois que je veux prendre le temps de peindre, d’écrire je me laisse traverser par ce fameux moment présent et souvent je ne peins pas je n’écris pas je suis dans une attente mais une attente de quoi ? Est ce que sérieusement je peux parler d’inspiration ou même d’idée ? Bien sûr que non j’attends de trouver un protocole.ou peut être un rituel … Ce rituel existe déjà plus ou moins beaucoup plus pour l’écriture que pour la peinture ( le temps de non peinture compte autant que le temps peinture je l’ai accepté) Pour l’écriture c’est différent il faut que je m’assois à une place dans un endroit précis après avoir bu mon premier café fumé ma première cigarette c’est dans ce moment ( est ce un non temps de l’écriture ?) que la première phrase surgit puis une seconde puis encore une autre. Mais quand je pénètre dans le temps de l’écriture toutes ces phrases préparées je les oublie, je sais qu’elles ne serviraient à rien l’écriture commence quand j’ouvre mon traitement de texte et que j’écris un mot ou une phrase comme titre et c’est à partir de la que le texte s’écrit , je ne me pose pas la question de savoir si je suis l’auteur ni si les phrases que je tape (très vite) sont bonnes mauvaises stylées comme disent les jeunes ou pas non j’écris comme sous la dictée. Puis je corrige un peu les fautes de frappe les fautes que je suis en mesure de voir et enfin je publie. Est-ce que ces textes mêmes ceux publiés je les considère comme étant de la littérature bien sûr que non, ils font partie d’un protocole ils ne sont pas des buts, s’il y a œuvre c’est sans doute plus du côté des protocoles qu’il faut se pencher plutôt que sur les résultats ( inégaux, fragmentaires chaotique tant qu’on ne les organise justement pas dans un ensemble )|couper{180}

Protocoles

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Atelier d’écriture, ce que j’en pense

Plusieurs fois je me suis demandé pourquoi déjà en général je me demande pourquoi quand j'ai la trouille quand je n'ai pas confiance vraiment et surtout en moi avant j'aurais eu honte d'écrire une telle phrase avec tous ces je mais si je le fais désormais c'est qu'il y a une raison il y a toujours une raison c'est parce qu'on veut dire ce que j'en pense il faut penser pour être penser et dire ce que l'on pense mais ça dépend beaucoup de la manière dont tu le dis car les classes existent encore comme les boites les catégories le bien le mal le beau le laid tout le monde pense à partir de ça. mais j'en pense quoi vraiment dans le fond de cet atelier d'écriture je pense que ça donne l'impression de combler quelque chose un trou peut-être un vide un manque encore un reliquat du manque obsession depuis toujours il manque quelque chose quelque chose n'est pas achevé ou pas fini si je n'avais pas ce manque comme on se sentirait autrement on penserait beaucoup moins ça c'est sur serait on plus heureux pour autant ce n'est pas dit je lance des mots en l'air juste pour voir ce que ça fait lancer des mots en l'air est ce qu'ils s'envolent un peu plus haut ou bien ils s'écrasent au sol comme de la merde je ne sais pas je lance des mots en l'air ils viennent d'où tous ces mots parfois je crois qu'ils viennent de moi et je deviens la grenouille de la fable qui veut se faire aussi grosse qu'un bœuf ce qui a peu de choses près ressemble à ce jeu de gonfler d'eau des capotes anglaises des ballons de baudruche jusqu'à ce que ça éclate ils viennent d'où ces mots est-ce important capital de le savoir on veut désormais tout savoir élucider les mystères et c'est comme l'eau et l'air que se passera t'il quand on aura tout élucidé de l'eau et l'air et des mystères qu'on aura tout élucidé ou asséché je ne sais pas mais ça ne me parait pas être une sinécure à venir je pense aux petits enfants à l'avenir ça ne me dit rien de bon, mais sans doute est ce une manie de vieux de ne jamais rien voir de bon dans l'avenir on a l'impression que toujours les choses vont en empirant mais en fait les choses ne vont pas elles sont immobiles c'est nous qui allons et venons vers les choses qui tournons autour qui tentons de les saisir mais les choses se dérobent toujours c'est le même manque à combler cet écart entre les choses et nous en général on croit qu'on le comble en le remplissant d'un tas d'idées de choses mais l'idée n'a jamais été la chose et ne le sera jamais. J'apprécie l'atelier d'écriture j'ai l'impression d'apprendre des choses mais quelles sont ces choses ce n'est pas important c'est décidé depuis le début je crois j'ai de la bouteille je ne suis pas naif totalement mais j'avais besoin de voir ce qu'était un atelier d'écriture je n'aurais pas été tranquille si je ne l'avais pas fait si je n'avais pas tenté le coup si je n'avais pas un peu sué sang et eau comme d'habitude pour essayer de me rapprocher de la chose mais seulement de mon idée de la chose et cette chose il faut bien le dire ne me lasse pas d'être surpris et étonné car j'ai l'impression que je ne suis pas le seul à douter de l'idée qu'on se fait des choses ici dans cet atelier on essaie de le dire autrement plus finement peut etre Bientot je crois qu'on sera tous chinois d'une manière ou d'une autre on ne pourra plus faire un pet de travers on sera fait comme des rats dont il faut comprendre une chose, il faut la comprendre vraiment c'est pas l'histoire qui compte c'est pas la bio, c'est pas le je ce ne l'est plus ça le sera de moins en moins à part si on veut finir sa vie entre quatre murs non du recul comme pour les peintres sera nécessaire dans l'avenir pour utiliser les mots a bon escient l'air de rien comme si l'on passait maitre dans l'art subtil du code des messages cryptés des messages que les obsédés de l'ordre et du petit doigt sur la couture du pantalon ne peuvent pas lire ni comprendre car ça ne les intéressera pas ils n'y verront que du futile, du pas grave, de l'anodin de l'inoffensif surtout voilà une tache bien ardue mais tellement passionnante lancer en l'air des mots comme des pétales de fleurs qui font exploser cervelles et cœurs les libère les envolent pas du tout comme j'écris moi à présent qui vit encore dans une liberté qui jour après jour s'effrite et s'évanouie ce que j'en pense c'est bien c'est bien qu'il y ait encore des gens qui s'intéressent aux mots à leur mode d'emploi celui que l'on déploie aux yeux de tous et puis cet autre qu'il faut aller chercher dans l'entre deux dans le glissement de soi le glissement de l'étoffe sur la peau des mots et ensuite le soir une fois qu'on a bien mis les doigts dans le cambouis qu'ils sont tout luisant et gras éprouver le plaisir de prendre le savon de Marseille ou d'ailleurs pour se frotter les mains une main contre l'autre main comme si la main retrouvait l'autre main comme si ces deux là se retrouvaient enfin les frotter et les rincer sous le jet d'eau du robinet puis se les essuyer au torchon qui pendouille dans l'attente sous l'évier reprendre le cours de sa vie ensuite l'air de rien personne ne peut comprendre autour ce que j'en pense je ne le dis pas vraiment je crois je ne dis rien je lance un mot ou deux en l'air parfois pour voir mais ça ne donne rien c'est comme si j'avais lancé des mots en l'air et qu'ils retombaient au sol comme de la merde ça fait pitié pour eux surtout pour moi je m'en fous ça fait pitié car on devine que dans cette merde la merde des mots que personne n'entend les mots écrasés comme des merdes au sol il y a un ferment qu'il suffirait de planter des graines l'air de rien dedans pour qu'un tas de choses monstrueuses puissent germer de la merde de ces mots qu'on n'a pas su écouter ou lire. ce que j'en pense ça me renforce dans l'idée que je n'ai pas besoin d'un atelier d'écriture pour lancer des mots en l'air, mais plutôt pour les attraper au vol tous ces mots que moi non plus je n'entends pas je n'écoute pas lorsqu'on les dit et pourtant je peux vous garantir que j'ai de l'oreille et de l'œil, c'est plus la fatigue des fois qui m'aveugle la fatigue et l'ennui de voir des mots si familiers désormais se renvoyer la balle comme dans un jeu de massacre.|couper{180}

Atelier d'écriture, ce que j'en pense