S’ôter du chemin ( note de chantier atelier #40jours )

Il y a s’ôter du chemin parce qu’on doit laisser passer quelqu’un d’autre, sous peine d’être écrabouillé au passage ça je connais bien. Mais il y a aussi s’ôter du chemin pour laisser les choses exister par elles-mêmes, ne pas intervenir de trop, non pour ne pas déranger, mais parce qu’on a compris que quoi que nous fassions, quelque chose ou rien ça ne changera pas grand chose à l’affaire. C’est un peu zen s’ôter du chemin, probablement bouddhiste de la façon dont je l’avais compris, mais si mal et puis il y a tellement d’années. Ce qui fait que j’aurais fait tout le contraire sur certains plans. Pas tous, seulement certains qui me tiennent à cœur. L’écriture par exemple. Pour la peinture c’est fait déjà depuis pas mal de temps. J’y arrive bien désormais. Et puis il a aussi une façon de s’ôter du chemin en étant le plus possible qui on est. L’écriture permet cela mais attention il suffit d’une seconde d’inattention pour tout perdre. On peut se laisser totalement posséder par l’écriture, penser que c’est fait alors que tout est à reprendre à froid la plupart du temps, la relecture, la réécriture, c’est certainement là que se différencie le blabla du reste. Mais si on ne s’autorise pas le blabla on ne peut pas non plus comprendre de quoi on parle. C’est comme là peinture exactement, il faut avoir cette humilité là, savoir que l’on écrit du blabla, ne pas prendre tout ça trop au sérieux, et s’y remettre plus tard quand on comprend ce que recouvre les parasites, la confusion, la maladresse, et le désordre.

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener