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Terminus Château Rouge ( notes de chantier d’écriture #40jours proposé par François Bon)

Terminus Château Rouge Beaucoup de monde à contre jour s’engouffre et file sur l’escalator, sensation de voir des fourmis, ça fourmille. On grimpe à contre flux, péniblement car certains trop pressés dévalent par la aussi en empruntant l’escalier, et on débouche enfin à l’air libre boulevard Barbes, à l’angle de la rue Poulet. Exotique au niveau des couleurs, des odeurs, les fourmis reprennent forme humaine. Beaucoup d’africains, certains bras ballants, d’autres avec des ballots, des femmes poussant de leur voix claires chantantes des marmots. Peu de blancs, à par quand on regarde à l’intérieur de la pharmacie, pas mal de vieux qui ressortent avec des pochons de médicaments, la plupart traversent à petits pas pour s’enfiler dans la rue Custine. Continuer rue Poulet, entrer dans le Lidl, acheter un poulet PaC, vite ressortir ensuite et rejoindre la rue des poissonniers, tourner à gauche, passer le magasin d’épices en lorgnant l’étalage, hésiter, puis saisir quelques tomates et poivrons, une tête d’ail un oignon, pas besoin de sac merci ça va aller suis à côté. L’entrée de l’hôtel jeter un coup d’œil au travers la porte de la loge, la concierge est absente, une aubaine. Gravir quatre à quatre les 4 étages sans voir personne, sans connaître personne. Arriver devant la porte, chambre 30 c’est écrit sur la plaque, chercher les clefs, ou donc les a t’on encore fourrées ? Les voici ouf, refermer la porte soigneusement derrière soi. Placer les provisions sur la plaque du réchaud près de l’évier. Ouvrir en grand la fenêtre, respirer, allumer une cigarette, regarder la façade en face, les habitants de l’immeuble d’en face. Puis fermer les yeux écouter le cri des martinets qui strient le ciel, tout à l’heure il fera nuit, changement total de décor, les voix appelleront d’autres voix qui s’élèveront pour atteindre l’étage, la fenêtre ouverte pénétrer dans la chambre. Un second texte faisant écho à un premier sur le même thème. On crée un protocole et on s’y tient, arbitrairement la station de métro, on sort on voit quoi ? Lien vers Terminus Bastille https://www.tierslivre.net/ateliers/40jours08-marqueurs-terminus/|couper{180}

Terminus Château Rouge ( notes de chantier d'écriture #40jours proposé par François Bon)

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Amour ou schizophrénie ?

Pourquoi écrit on ? Pourquoi j'écris ? Par ce que je ne peux pas faire vraiment autrement, je peins également mais ça ne suffit pas, ça ne suffit plus. C'est irrépressible, et pour évacuer, j'écris et publie les choses comme elles arrivent. Du coup je me demande Blanchon tu publies pour te faire mousser ? Pour être aimé ? Ou bien es tu malade comme on me le suggère dans un groupe Facebook, le mot schizophrénie a été avancé ... serais tu possédé par un esprit malin qui, dès que tu relâche ton attention s'empare de ta souris pour cliquer, exhiber ta bite ? J'essaie de bafouiller deux trois trucs mais la sidération est là. Peut-être que je suis schizophrène, et pourquoi non ? Et alors ça change quoi ? pas grand chose dans le fond. Par contre je peux essayer d'y mettre un peu plus de formes. Me méfier. Je suis d'une naïveté de plusieurs tours ; une naïveté retorse. Parce que finalement je m'en fous. j'en connais des chemins sans issues, des impasses. J'aime bien les gens, ils peuvent dire ce qu'ils veulent, tout ce qui leur passe par la tête à mon sujet, ça ne me gène plus vraiment, c'est vrai. J'en apprends sur le monde encore de cette façon. Puisque finalement je suis une sorte de miroir renvoyant l'étrangeté toujours tôt ou tard à son envoyeur (euse) Si si j'aime les gens ce n'est pas des blagues. Mais qu'on ne me demande pas de le prouver par contre car aussitôt je fais tout le contraire de l'attendu, je me replie comme se replie l'écriture pour se redéplier à un autre endroit, Phoenix. —Et ça tu vas le publier aussi ? bien sur ! parce que tout compte, le bon le mauvais le médiocre le pire et le meilleur rien ne peut être totalement écarté mis de coté, ou pire au ban. Et effectivement à la fin, ça me regarde. ça ne regarde pas les gens et pour cause, ils ne voient souvent qu'eux-mêmes. Mais dans l'ensemble je pencherais plus pour l'amour oui. Avec le dicton populaire qui aime bien châtie bien qui rappelle qu'on n'est pas obligé d'être chez les bisounours, une bonne claque sur l'épaule, bien franche, c'est bien plus sain, à mon humble avis bien sur.|couper{180}

Amour ou schizophrénie ?

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Densité du réel ( note de chantier sur l’atelier des #40jours)

Écrire pour donner une existence au réel, une densité particulière peut-être être proche d’une sensation kinesthésique de celui-ci ci au travers des mots. Encore que, c’est plus un faisceau de registres, allant du toucher au goût en passant par la vision et l’ouïe, qui crée encore comme d’autres strates inédites de ce que nous nommons « les sens » et qui trompe le mental qui perd ainsi ses habitudes ses repères, ouvrant ainsi l’accès à un supra mental, proche d’une ubiquité soudaine, éphémère pourtant sitôt qu’on change paragraphe de page. Attirer l’attention du lecteur par la diversité phénoménale du détail, de la précision de celui-ci qui sitôt qu’on croit les saisir, les arrêter dans une image mentale, saute de détail en détail. La lecture ainsi, proche d’une hypnose, d’une transe, qui éjecte l’être soudain d’un réel approximatif, effleuré, pour le plonger dans un fourmillement d’informations, un univers d’ondes de vibrations, et où la phrase devient le fameux serpent, l’anaconda, le guide au travers de cette confusion soudaine, une réalité étrangère, totalement, une réalité qui de ce fait touche au magique, au fantastique. Mais avec des objets de tous les jours, rien d’extraordinaire dans ces objets sinon d’être tout à coup débarrassé de l’habitude de trop les voir, c’est à dire de ne plus les voir. Soudain une irrépressible envie de retrouver Francis Ponge au fin fond de la bibliothèque., de tenir physiquement le bouquin dans les mains, de refuser une lecture uniquement numérique, virtuelle. Hier soir un second texte sur le thème de la ville souterraine, descendre, descendre descendre… Le premier texte #40jours#07 : /https://www.tierslivre.net/ateliers/40jours07-amnesie-crescendo/|couper{180}

Densité du réel ( note de chantier sur l'atelier des #40jours)

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Mobilisation générale

Non, rien à voir avec les élections, c’est à partir d’un poème. Mobiliser quelque chose pour démarrer la journée. Résister d’une certaine manière à une nonchalance qui amasserait ses troupes de tous côtés, qui selon la même stratégie éculée, assaille de façon circulaire, en brandissant son étendard « akoibon » Se réveiller, s’extraire, poser le pied par terre, puis se tenir debout. Sautiller vers la douche, tourner le bouton, vérifier que ce ne soit pas trop chaud, aller vers le froid progressivement ou d’un seul coup, voire le glacé. Frotter ensuite énergiquement, enfiler les claquettes pour ne pas glisser sur le carrelage mouillé, descendre à la cuisine, préparer le café, attraper la tablette, puis récapituler l’important, les petites choses retenues comme ça, les prendre entre deux doigts avec dans l’autre main une loupe de diamantaire. Avaler la première gorgée, allumer une cigarette, laisser un instant reposer. Puis s’y mettre. Et puis parfois quelqu’un passe pour dire — tu es vraiment sûr que ce que tu fais là est essentiel ? Résister à la facilité de s’emporter. Rester mobilisé. Pas d’image. J’ai cherché mobilisation je ne suis tombé que sur des gens faisant de la gym. Pareil pour résistance. Sur Pinterest ces deux mots sont essentiellement associés à du fitness par l’algorithme…|couper{180}

Mobilisation générale

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La forme de nouveau

J’écoute plus que je ne regarde les vidéos, sur la route il faut faire attention. Et donc j’écoute mais sans écouter comme je vois sans voir, c’est à dire sans que mon attention ne se fixe sur quoique ce soit en particulier, le bon deal pour se rendre sans encombre d’un point A vers un point B. Mais tout à coup un mot, une bribe surgit, « ce qui m’intéresse c’est la forme » dit François Bon. Je mets ça de côté, pas le temps d’y penser à l’instant T. Le lendemain matin, je reprends ces petites choses mises de côté dans la journée d’avant. Et du coup la forme ça me parle. J’entends la voix de Thierry Lambert qui m’en parle, un peintre de mes connaissances que je ne vois plus guère que lors de mes visites rapides sur Facebook. Le fond que ce soit en littérature, en peinture, c’est la tarte à la crème. Mais la forme, ce n’est pas la même chose, c’est ce qui identifie une façon parmi d’autres à partir d’un fond commun. On a tous des expériences assez similaires de la réalité. C’est par la forme que l’on peut les distinguer vraiment, voir s’apercevoir à quel point la réalité est un millefeuille. Je fais l’impasse ici sur ce que je pense des formes en peinture, je l’ai déjà dit, peut-être pas encore suffisamment, parce qu’encore trop accroché à l’illusion du fond, un fond personnel, un fond de placement.|couper{180}

La forme de nouveau

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Submergé

Librairie de Paris, Place Clichy à Paris. Je ne pouvais pas tomber mieux que sur cet atelier d'écriture , déjà je retrouve cette sensation d'être presque totalement submergé. Je m'accroche à des pensées, des phrases récurrentes qui ne cessent de tourner en boucle. Comment je vais faire ? Je n'ai pas le temps, suis débordé. ça me fait rire. Car mes élèves me disent exactement la même chose lorsque je leur propose des ateliers, des exercices, du travail personnel à faire à la maison. On se dit tous plus ou moins ce genre de chose. Une défense, un barrage contre l'atlantique, en l'occurrence cette apparent chaos qui nous tombe littéralement dessus et dont on cherche l'issue en redoublant d'efforts pour s'organiser, souvent en vain. En vain parce que la sensation éprouvée, l'adrénaline qu'elle déclenche ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval venu. On aime ça se faire peur n'est-ce pas, même si on ne se l'avoue pas facilement, si on se réfugie derrière l'idée du sort, bon ou mauvais. 40 jours à me creuser la tête pour réaliser les exercices quotidiens de cet atelier d'écriture, ça peut évoquer la traversée du Sinaï, le déluge, un tas de choses parmi lesquelles aussi un jeûne, un carême, des sauterelles qui voltigent et une manne aussi. La régularité est une clef possible, je l'ai déjà. 2200 textes publiés sur ce blog me rassurent un peu sur mes capacités. Sauf que là il y a un cadre c'est un peu plus difficile et en même temps c'est peut-être justement ce qui me manquait, je ne suis pas totalement dupe. Donc submergé d'accord, mais avec masque, palme et tuba. J'ai tout de même passé une grande partie de la journée à pondre trois paragraphes, une tache de fond de tous les instants. le résultat est ici : https://www.tierslivre.net/ateliers/40jours03raymond-carver-trois-fois/|couper{180}

Submergé

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Les talents courent les rues

Je chipe le mot à Raymond Carver, un de mes auteurs fétiches. Tout ça pour parler du génie évidemment, à ne pas confondre avec le talent. Car le talent répond à des critères d’habileté alors que le génie explore le ridicule comme s’il s’agissait d’un filon de diamants. Je pense à ces choses alors que je suis de permanence dans mon expo de Sablons, guère sollicité par les très rares visiteurs, qui d’ailleurs sont plutôt des adhérents de la médiathèque dont je partage les locaux. Je pense à cette période où je photographiais un peu tout et n’importe quoi, des poteaux des troncs d’arbres, les sols de tout acabit, les murs, et l’écoulement des caniveaux entre autres. Des photographies qui bien qu’en noir et blanc et de très belle facture sur papier baryté de chez Agfa ou Ilford étaient proprement imbitables pour les rares proches à qui j’avais osé les exhiber, justement par crainte du ridicule. Et aujourd’hui je tombe sur ce nouvel exercice d’écriture qui prend comme inspiration les sols justement, et je découvre le travail de l’artiste plasticien Regis Perray. Un gars capable de nettoyer son atelier 7 à huit heures par jour sans utiliser de produit chimique en plus. Un type qui aime tellement balayer qui a dépoussiéré une route entière menant à la pyramide de Gizeh en Égypte. Tout ça pour faire des photos avant pendant après et les exposer. Alors ridicule ou génial ? Ce sera à chacun d’y réfléchir. Mais tout de même à une époque où on ne touche plus terre m’est avis que cet artiste met tout en œuvre pour attirer notre attention sur quelque chose qui lui semble important et souvent tristement ridicule pour la plupart d’entre nous : le sol sans lequel on ne peut pas tenir debout ni avancer !|couper{180}

Les talents courent les rues

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Plus on vieillit moins on sait de choses

https://media.giphy.com/media/e4Jyxh9zQjgnC/giphy.gif Et ce qui est drôle c'est que moins on sait de choses plus on a envie d'en apprendre. Enfin je parle pour moi évidemment, d'autres se complairaient j'imagine dans cette certitude que propose l'ignorance à chacun. Il y en a même qui disent ( à Cambridge notamment et d'après des études sérieuses )que plus on vieillit moins on aime les autres... Il faut vraiment être perclus de certitudes ou être l'esclave obligé des chiffres, des statistiques pour en arriver à ce point là non ? Et ce n'est pas tout : plus on retrouve cette capacité de découvrir, plus on redevient jeune, enfin dans la tête, parce que ça ne change pour les artères, ni l'usure des articulations, enfin c'est subjectif, c'est d'après mes observations matinales. Comme quoi l'ignorance peut mener à tout et à son contraire. Encore faut-il l'accepter. C'est le plus difficile. Accepter l'ignorance, s'en approcher, la domestiquer peu à peu comme un animal. Puis la nourrir, la caresser dans le sens du poil, au bout d'un moment, comme une chatte elle se met sur le dos, elle se laisse faire. Sans doute faut-il aussi un peu de ruse. Donc je me suis lancé dans un atelier d'écriture avec François Bon, parce que je ne sais rien de l'écriture, j'ai accepté enfin que je possédais cette ignorance là et qu'il fallait que je m'en occupe comme de ma chatte. Sinon elle risque de grimper sur les toits elle aussi, et de se tirer je ne sais où en me laissant en pleine confusion, voire même, horreur ultime, seul avec mes certitudes. Donc c'est assez laborieux, c'est une autre sorte de travail de force, et qu'il convient d'aborder avec le plus de simplicité possible, de modestie surtout. Je trépignais d'avoir mon accès au site pour y publier mes premiers exercices, et maintenant que je l'ai, reçu ce matin dans ma boite email je me retrouve comme un jeune couillon qui se rend à un premier rendez-vous galant. C'est fou comme soudain on peut tout oublier et se retrouver dans des états que l'on a mis tant de peine, d'années, de turpitudes, à enfouir au plus profond de la mémoire. Une mémoire de sensations surtout, kinesthésique, qui se manifeste surtout chez moi par une moiteur dans les mains alors que je déteste serrer ce genre de mains. Vous voyez, on déteste souvent le plus ce qu'on est finalement. Pour ça qu'il vaut mieux s'en passer. De qui on imagine être surtout. Donc difficile de tout mener de front en tous cas. Il faut que je m'organise mieux voilà, ça peut prendre un peu de temps, suis pas une flèche de ce côté là. ça résiste énormément sitôt que j'en parle. La notion d'ordre et l'aboiement se confondent souvent. De plus j'ai une difficulté homonymique avec le terme consigne. Mais c'est surement une affaire d'oreille, un bouchon de cérumen, une malformation de l'oreille interne, rien qui ne puisse se modifier par l'attention, l'intention, un ou deux coton tiges, beaucoup de travail. Donc je vais publier ailleurs une partie de mon travail quotidien, ce qui ne veut pas dire que j'abandonne ici. J'ai essayé de lâcher ce blog, mais c'était juste un coup de bambou, je sais que je ne peux pas vraiment m'en passer. Pour suivre mes progrès, dans la mesure évidemment où il puisse y en avoir et qu'en outre ça vous intéresse, je vous laisse le lien https://www.tierslivre.net/ateliers/author/pblanchon/|couper{180}

Plus on vieillit moins on sait de choses

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Derrière la façade.

Retirer la façade, que reste t'il vraiment ? Que voit-on ? Perec et Steinberg ont travaillé sur ça à partir de l'idée d'immeuble, on retire la façade et on regarde les gens vivre, mais on pourrait aussi bien travailler sur les êtres. Que reste t'il de l'être quand on ôte la façade derrière laquelle il se cache ou la façade que nous plaçons nous mêmes sur les êtres pour ne pas les voir vraiment. Enfin la plupart pensent ou croient qu'ils sont ainsi en sécurité, à l'abri, qu'il ne peut rien leur arriver surtout et qu'ils continueront à jouer leur petit rôle dans les apparences. Comment s'y prendre ? Une liste en guise de préliminaire. Au crépuscule, elle arrive, autour de vingt-heure trente, je devine sa silhouette derrière le portail du jardin. Elle est un ange qui va me sauver d'un grand danger, lorsqu'elle m'est apparue j'ai éprouvé un si grand bouleversement, impossible qu'il en soit autrement. A vingt-heure quarante cinq j'attrape sa main, sur le chemin qui mène à la ferme de Julienne une cousine à elle que l'on ne rencontre jamais. Il y a des bruits dans les fourrés, elle tressaille, ce qui me donne un courage fou pour imaginer un rapprochement. A vingt et une heure nous marchons en silence l'un près de l'autre elle est un mystère insondable, je la trouve belle comme on peut trouver belles les statues dans les musées. Belle et froide. Elle m'agace un peu. A vingt et une heure douze je la prends par la taille, elle ne résiste pas. Je la trouve molle, sans résistance, qu'est ce que nous fichons donc là ? Elle est une parfaite inconnue, une femme alors que je ne suis rien de plus qu'un gamin. A vingt deux heures nous revoici revenus au hameau, elle se tient droite plantée devant moi, devant la maison de son père, elle attend et j'attend, encore une maladresse je l'enlace et lui roule une pelle, enfin j'essaie, ma langue ne rencontre que le vide. A huit heures dix huit le lendemain je reprends le train pour Paris. Je pense à elle la tête appuyée contre la vitre. Je me demande ce qu'elle peut éprouver pour moi, surement pas grand chose déduction faite, j'ouvre un livre et je décide de ne plus y penser. A treize heure vingt le pion s'arrête à notre table pour distribuer le courrier et me tend une lettre. Il doit s'agir d'une erreur car je ne reçois jamais de courrier. A quatorze heure je marche le long de la Viosne tout près de Pontoise en lisant et relisant sa lettre dans l'enceinte de la pension. J'essaie de comprendre ce qui peut se cacher derrière les mots simples qu'elle utilise. J'ai bien peur qu'il n'y ait rien d'autre que ces événements de la journée qu'elle relate pour noircir du papier. Elle doit vouloir essayer de me faire comprendre quelque chose, je m'accroche pourtant à cette idée. Trop dur après cette lettre d'avoir à nouveau à renoncer. A vingt-heure trente je décide de lui répondre et de raconter moi aussi ma journée. Je froisse plusieurs feuilles avant d'y arriver. Puis je déchire la lettre et recommence à nouveau. Treize heure vingt cinq le pion arrive à la table et me tend une nouvelle lettre, c'est l'hiver, il fait froid, la pension m'ennuie , je passe toutes les interclasses à la barre fixe pour parvenir à effectuer un demi soleil, en vain. Cent cinquante jours et des brouettes ont passé et j'ai écrit autant de lettres que j'en ai reçues, une tous les deux jours ou presque. Cette relation épistolaire occupe mes longues journées et parfois aussi mes soirées mes nuits à rêvasser. J'ai noté tant de choses qui me reviennent dans l'absence que j'en reconstitue par force comme une présence qui ne me quitte plus. six mois plus tard je retourne à la campagne, le train arrive en gare à 15h 45 pétantes, je n'ai pas prévenu mon grand père pour venir me chercher, ou alors j'ai dit que je voulais prendre mon temps, marcher, qu'il n'était pas la peine de se déranger. La vérité est que je veux jouir de mon arrivée au hameau en toute solitude. Seize heures cinquante j'y suis, j'oblique vers la maison de son père, j'aperçois deux personnes enlacées dans la cour de la ferme. Je reste un moment à observer le couple depuis l'entrée. Puis elle me voit. Elle rougit elle est confuse. Le type se retourne et c'est le gros rougeaud qu'elle détestait l'été dernier. Je lui sers la main et à elle je lui envoie un sourire un peu triste puis je détalle vitesse grand V dix-huit heure quarante cinq, on mange tôt à la campagne je ne pipe pas mot. Grand père laisse sa gitane bruler dans le cendrier cinzano, Grand mère s'endort devant la télé allumée. Soupe et jambon, deux tranches et un petit verre de blanc limé. Il faut encore se lever pour changer de chaine. Mais tout le monde est bien fatigué. Et je ne sais pas si c'est par simple mimétisme mais je me sens tellement fatigué moi aussi. Vingt deux ans plus tard j'avais toujours ce paquet de lettres d'elles plus toutes les miennes qu'elle m'avait renvoyées. A dix-heure trente du matin, je les ai brulées dans l'évier de l'atelier du peintre qu'on m'avait prêté. J'ai trouvé ça un peu douloureux sur le coup évidemment et pathétique surtout. Idiot en fait d'avoir gardé ces lettres si longtemps comme si j'espérais encore un miracle ou je ne sais quoi. j'avais l'impression d'en connaitre un rayon sur l'imagination, mais j'appelais encore ça l'amour à l'époque.|couper{180}

Derrière la façade.

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Dézoomer.

Une idée de zoom arrière, de mouvement qui tient en un paragraphe. 1 Le contact des poils du pinceau à la surface de la toile, ce bruit tout léger au bout des doigts ,de la main qui manie le manche, elle même rattachée à l'épaule reliée au corps et le corps debout au beau milieu de l'atelier, la nuit, pendant que tout est calme dans le quartier autour, jusqu'au matin probablement où le coq chantera là bas dans une ferme des environs, son chant porté par l'air la brise à la rencontre de la première annonce en gare invitant les voyageurs pour Lyon, mariage de ces deux sons, cocorico et les voyageurs pour Lyon ou pour Valence sont invités à emprunter telle ou telle voie, la région toute entière s'ébrouant de nouveau, et l'agitation renaissante comme une clameur cavalant vers je ne sais où. 2 Le temps ne passe pas. Les aiguilles de l'horloge sont immobiles, je les regarde de temps en temps, ne vois qu'elles jusqu'à ce que la lassitude mêlée d'agacement surgisse et alors, à ce moment là, je vois le grand hall désert de la gare de San Sébastian, éprouve à nouveau la chaleur suffocante. Une odeur de merde monte de la rivière proche, je me lève pour me dégourdir les jambes , sors de la gare, peu d'éclairage, au loin sur les quais des bancs, et un ou deux clochards qui roupillent, tout autour encore la ville endormie et la vague silhouette d'un pont. Et toujours cette odeur de merde, et cette chaleur, toute la ville, toute l'Espagne pue la merde cette nuit. Je dois supporter tout ça encore, jusqu'au matin, jusqu'au train qui m'emmènera vers le Portugal, vers l'inconnu. 3 Ce bouquin de Camus placé sous le pied de la table ronde bancale pour la stabiliser. Sur celle ci la Remington achetée aux Puces de Clignancourt, et le paquet de feuillets juste à côté. Je m'appuie sur l'Etranger pour taper comme un sourd sur le clavier, pour que tout ne se casse par la gueule. Le linoléum beige est balayé, lavé, mais reste un linoléum usé. Au bout l'évier, le minuscule coin cuisine, et à coté la fenêtre ouverte. Hiver comme été elle reste ouverte pour laisser monter le bruit de la rue, pour que je m'habitue au bruit de la rue, que je ne l'entende plus. Et les odeurs du marché de Château Rouge envahissent la chambre le dimanche se mélangeant à tout ce bruit. C'est de la vie qui rentre dans la chambre, à laquelle je tente de m'habituer surtout, à cette continuelle distraction qu'elle propose comme tout le quartier autour, comme Paris dans son ensemble, comme le pays tout entier, et je ne sais pas si cette putain de distraction connait une quelconque frontière, peut-être que le monde entier est en proie à la distraction perpétuelle. Et moi je cogne comme un sourd sur le clavier de la Remington en avalant la vie comme un poison petit à petit comme Mithridate ce petit roi qui avait tellement peur qu'on l'empoisonne qu'il s'empoisonnait un petit peu tous les jours pour s'en prémunir. 4. Je regardais leurs mains, leurs doigts, leurs positions de départ face à la bille et comment il fallait s'y prendre pour d'une pichenette habile la lancer. Puis le jeu m'ennuya comme d'habitude, je me mis à examiner les grands platanes de la cour, leurs écorces qui contenaient d'étranges cartographies, qui m'ennuyèrent assez vite aussi, il me restait encore l'étude des gendarmes là-bas au pied du vieux mur de l'école communale, mais à peine les découvrais-je qu'ils disparurent eux aussi dans mon indifférence. Au delà du mur il y avait un champs de patates qui grouillait de doryphores, c'était ma dernière chance avant de tomber dans la neurasthénie, peut-être que les doryphores stopperaient enfin l'hémorragie, qu'il me resterait un tout petit intérêt pour une ou deux choses véritablement inédites voire vraiment nouvelles... Mais la cloche sonna, l'institutrice frappa dans les mains, et tous accoururent pour se mettre en rang, deux par deux sans broncher, sans protester, d'accords déjà complètement avec l'autorité . J'imaginais toutes les écoles des environs, à la même heure au même moment, et même encore plus loin que ça, aux Amériques, voire en Chine, partout où mon imagination me faisait voyager je ne voyais plus que ça, une soumission sans discussion possible à quelqu'un qui frappait dans les mains pour nous exercer à obéir. Et comme un somnambule je les rejoignis pour revenir dans la salle de classe. Une fois assis j'éprouvais un drôle de soulagement, une sensation de sécurité dégoutante à première vue mais contre laquelle j'éprouvais soudain l'étrange désir de ne pas résister. Et c'est alors que le cosmos tout entier à partir de cet instant, à partir de cette abdication, si je puis dire, me fut enfin compréhensible.|couper{180}

Dézoomer.

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L’écriture se nourrit de l’écriture.

Photo de Deeana Arts sur Pexels.com J'ai retrouvé un vieux carnet. Sa couverture est différente de tous les autres carnets que j'avais l'habitude d'utiliser ,celui-ci est revêtu une couverture noire. Un couverture légèrement plastifiée de couleur noire, avec des motifs bizarres incrustés. Des sortes de vagues. Je crois que c'est cette singularité d'apparence qui lui a permis d'échapper à l'autodafé de 2001. Tous les carnets à couverture verte sont partis en fumée, un dimanche, en Suisse. Sauf celui-là. Parce qu'écrire m'enfermait m'avait t'on dit alors, ou peut-être me l'étais je dit tout seul. A moins qu'encore une fois j'ai mal interprété une parole, une pensée, un non-dit, cela arrive aussi, plus souvent qu'on le pense. Bref j'ai pensé qu'il fallait choisir entre vivre et écrire pour l'amour d'une femme. Je ne trouve toujours pas ça bête. J'ai au moins essayé. Et tant pis si ça n'a pas marché. L'expérience valait la peine. Brûler des années de labeur ne peut pas être complètement une sottise. C'est aussi se préparer à une autre étape. Sauf qu'on ignore encore tout de cette étape, il arrive même que l'on imagine des choses qui s'avèrent ensuite totalement différentes de ce que l'on a pu imaginer. C'est très humain. Donc ce carnet... Maintenant que je l'ai retrouvé, je retrouve aussi mes toutes premières difficultés à écrire. Ce devait être le tout premier carnet que j'avais acheté, je l'avais trouvé dans une urgence, je n'avais pas réfléchi à la couverture. J'étais entré chez le marchand de journaux dans le quartier de la Gare de l'Est où je travaillais comme receveur dans une petite imprimerie et j'avais dégoté celui-là, sans réfléchir ni à la couleur ni à la reliure. Par une pulsion voilà comment c'est arrivé dans ma poche à l'époque. Je perdais tellement mon temps, je m'entrainais farouchement à le perdre en ne rien voulant faire de mon esprit que parfois j'avais des montées de panique ou de culpabilité. ça résistait. Et, bien que je ne possède pas d'ambition, il m'est venu cette lubie ( les autres parlaient de lubie ça me revient). La lubie d'écrire. Mais je ne voulais rien écrire de scolaire. Car quand on commence on pense tout de suite à écrire des rédactions, faire un plan, trouver des idées, toutes ces choses là que l'on apprend si péniblement parfois à l'école. Des mauvais souvenirs pour moi. Alors écrire en partant de ça, ce n'était pas bien possible. Donc le premier jour j'ai écrit la date sur la première page. Le 17 avril 1985. C'était un mercredi, le jour de Mercure, le 107 ème jour de cette année là, ce qui donne 8 en numérologie. Aujourd'hui j'aurais plein de chose à dire sur cette date et sous cette date si c'était à recommencer. Donc le 8, autant dire un infini qui se redresse, qui se tient droit comme un I. Il me fallait certainement ce toupet là. Redresser l'infini sinon rien. Et je parle de ne pas avoir d'ambition, et bien mon colon... Donc j'écris la date. Et puis ce jour là ce fut tout. Un grand espace blanc se tient au dessous. Mais tout de même un espace rempli de quelque chose. Et je ne sais pas comment qualifier nettement ce quelque chose. Je ne sais pas si c'est une impuissance soudaine qui me saute aux yeux. Je ne sais pas si c'est un espoir que j' aperçois et que je ne veux pas perdre trop rapidement. Que je désire conserver vierge de toute rature, de toute bêtise dont je suis tout à fait capable. Je regarde cette page avec cette date et rien d'autre. Après tout déjà mettre la date, c'est placer un signe, une marque, une pierre blanche. On croit que ça ne demande pas d'effort mais c'est probablement faux. C'est le début de quelque chose, d'un engagement. Et sans doute que ce vide sous la date indique justement à quel point la mesure de cet engagement est soudain envisagée. S'il faut trouver une raison à tout, et particulièrement à ce dont on ne cherche pas de raison quand on le fait. C'est là que l'écriture rejoint pour moi la peinture. Agir avant, réfléchir ensuite. Parce qu'il y a la force cinétique. Même si à cette époque je n'avais qu'une très vague idée de ce que pouvait être la force cinétique. Le fait d'impulser un mouvement ce n'est pas rien. Mettre juste une date sur un carnet ce n'est pas rien. C'est impulser quelque chose, une intention, un mouvement et personne ne sait, ne peut savoir quand ce mouvement s'arrêtera. La page blanche sous la date c'est aussi l'infini des possibles et bien sur la première confrontation avec l'embarras du choix. Ce n'est pas rien de voir tout ça, comme de ne pas le voir aussi. Sinon sans doute qu'on ne ferait pas grand chose. Peut-être même qu'on ne ferait rien. Le détachement, ce mot me revient en revoyant cette date et la page laissée vide. Quelle souffrance à l'époque d'avoir un avenir à remplir sans savoir quoi faire vraiment de ses dix doigts. Et la honte aussi qui m'était tombée dessus par bouffées quand je regardais la vie autour. Toutes ces personnes assises dans la rame, lorsque au petit matin je grimpais dans le RER. Quel courage avait le monde et je me disais que je n'en avais pas. Sauf de me lever au moins pour me rendre à ce travail. Je ne faisais que des travaux d'ouvrier pour éprouver je ne sais quelle idée de dureté de la vie. J'ai toujours entendu ça. Que la vie était dure. Je voulais en avoir le cœur net. Et toutes les qualités dont j'étais doté, les études que j'avais faites et qui allaient m'emmener vers un destin logiquement tracé, j'avais eu un doute, puis j'y avais renoncé. Je ne voulais pas être un bœuf qu'on conduit à l'abattoir. je m'accrochais à cette idée que j'étais un âne. Bander comme un âne surtout dans mon souvenir. Incarner une certaine bêtise, proche de la sauvagerie naturelle. Une masculinité qui devait m'attirer comme un aimant. Alors que cette page blanche justement était d'une féminité évidente. Une ouverture en tous les cas, quelque chose en attente et en même temps une offrande. Et je ne l'ai pas vue à cette époque. L'écriture se débloque sans doute quand on ne trace plus la frontière entre les genres, quand on lâche prise vis à vis de ce cloisonnement. Peut-être qu'une grande partie de ces carnets verts que j'ai brûlés n'était rien d'autre qu'une tentative de rapprochement vers le féminin. Un féminin personnel dont j'ignorais tout et dont la présence m'envahissait d'autant plus que je voulais l'ignorer. Cette date et rien au dessous c'est surement un première prise de conscience qu'il y a quelque chose qui m'échappe et que j'associe à un détachement à effectuer justement par l'écrit. Encore que le ridicule n'est pas loin de vouloir se détacher à 25 ans. Se détacher de quoi ? a t'on vécu vraiment suffisamment pour vouloir se détacher comme ça ? Et tout ce parcours autour de mon nombril dans mon souvenir ne parle que de ça. Du fait qu'avant tout il s'agit de vivre pour pouvoir écrire des choses qui ne sont pas des inepties. Je mettais des sous de côté, j'avais un projet de voyage, ça m'aidait à tenir d'avoir un projet. Dans quelques mois j'aurais suffisamment pour prendre le bus pour Istamboul, puis de là je rejoindrai Téhéran et ensuite le Pakistan, puis l'Afghanistan. Et à la fin j'explorerais l'Inde, je me rendrai à Goa pour me la couler douce. C'était ça en gros le projet. Et faire des photographies en noir et blanc, des photographies artistiques. Et tous les matins quand je posais mon cul sur la moleskine du RER je pensais à ce projet et çà m'aidait à tenir. Je me disais que j'allais faire des choses de ce genre, des provisions de souvenirs extraordinaires pour plus tard, pour ne pas m'ennuyer de trop quand je serais vieux. Je n'étais jamais dans autre chose que dans une peur de l'avenir à cette époque et c'est ça, cette trouille qui faisait faire tout et n'importe quoi. Il fallait que je trouve cette féminité en moi, pour m'apaiser. C'est pour ça que j'ai acheté ce carnet à couverture noire, ce n'était pas si bête que j'ai pu toujours plus ou moins le penser. L'écriture se nourrit de l'écriture, comme la féminité se nourrit de la féminité que l'on accepte peu à peu. Et ce n'est pas une affaire de genre, ni d'état civil. Cette difficulté ne touche pas que les hommes, certainement beaucoup de femmes aussi. Parce que les définitions les plus intéressantes ne se trouvent que très rarement dans les dictionnaires.|couper{180}

L'écriture se nourrit de l'écriture.

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Une génération de crétins des alpes

Les trentenaires ne m’aiment guère et je leur rends bien. Malgré la tolérance inouïe qui m’habite généralement, sitôt que j’aperçois un spécimen de cette génération d’imbeciles, je bifurque. Pourquoi tant de haine me demanderez vous sans doute… Et bien je vais vous le dire ! Comme disait leur idole entre 2007 et 2012 lors de ses apparitions pathétiques dans des talk show pour débiles profonds. Car c’est bien ces jeunes cons, ils avaient entre 18 et 20 a l’époque qu’ils l’ont sponsorisé, avec pas mal de vieux chnoques qui ,je le souhaite, bouffent désormais les pissenlits par la racine. Sarkozy et sa droite décomplexée, et toute la kyrielle de caniches à sa suite pour prôner la valeur du travail ( bosser plus pour gagner plus ) Déjà à cette époque le président de la France n’était rien d’autre qu’une marionnette qu’on agitait, pardon qui s’agitait toute seule. Une caricature de président qui faisait presque regretter un Jacques Chirac que ma génération avait très largement conspué dans son rôle lamentable de ministre de l’intérieur. Dans quelle désespérance nous étions donc alors… Et bien en 2017 les jeunes cons et les vieux de la dernière pluie ont remis le couvert en élisant Macron. Mais là j’ai tenu ferme : aucun regret d’avoir vu Sarko disparaître. Pas le moindre soupir de nostalgie pour Hollande non plus à vrai dire. Mais Macron mon Dieu … comment ont ils pu… ? Trop de Mac do et de soda, trop de console Nintendo ? trop d’ignardise surtout. Cette génération de crétins des alpes me fait même douter désormais des frontières de la Suisse. Ne s’étendent t’elles pas à l’Europe toute entière… ? Du coup je crois qu’ils auront été implantés à la naissance, d’un gène inédit de la stupidité, probablement issu d’un autre monde… les extraterrestres qui ont du rencontrer des myriades d’handicapés du bulbe ont du les collectionner de par les galaxies lointaines et pour se faire un peu de ronds il auront sûrement signé un accord avec les puissances involutives de la Terre pour leur refourguer.|couper{180}

Une génération de crétins des alpes