Créer un univers

Je ne sais pas si on peut créer un univers. C’est assez emphatique comme expression finalement. Cet artiste qui possède un univers, sous-entendu qui l’a crée. Comment peut-on créer quelque chose qui existe déjà, qui est en soi. Alors où se situe la frontière, la difficulté. Comment savoir si l’on voit l’univers vraiment différemment de la plupart des personnes avec lesquelles on s’entretient. Souvent le malentendu peut nous mettre sur la piste. Quand les personnes proches ne nous comprennent pas. Que nous ne les comprenons pas non plus. On se demande pourquoi on dit les proches alors que la plupart du temps on finit par comprendre à quel point elles sont lointaines. Plus lointaines même que des étrangers. C’est à partir de là certainement qu’on commence à saisir cette notion d’univers. Que l’on comprend qu’il puisse exister ainsi autant d’univers que de personnes, proches ou lointaines. Que le facteur commun est la solitude comme noyau individuel. On peut s’en lamenter dans un premier temps évidemment. C’est sans doute adolescent. Et l’adolescence peut durer longtemps. Et ensuite comment cartographier ce que l’on nomme "mon univers". Des années de boulot pour faire la part des choses. Et ensuite probablement qu’un univers connu gagne a être encore plus connu, à désirer s’étendre se répandre, se dilater. Et finalement à envahir progressivement tous les autres univers qui le côtoient avant de les dévorer. C’est que l’on appelle l’influence. Comment tempérer tout ça. Comment conserver sa façon de voir le monde sans envahir ou polluer celle des autres, et comment considérer les autres univers qui nous entourent tout en restant intact ou intègre. Et surtout pourquoi cette peur d’abîmer ou d’être abîmé.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}