Jamais assez bien

L’Everest que représente toujours l’idée du bien. Comment s’y attèle-t-on au tout début  ? Quel équipement ? Quel modèle sur lequel copier pour essayer d’y parvenir. Peu arrivent au sommet, on l’apprend vite. Ce sont des héros, ils sont parvenus à vaincre l’Everest. As-tu envie de vaincre une montagne ? Devenir un héros  ? Pas réellement. Non. Tu trouves cela absurde dès le début. Peut-être parce que tu sens que cette montagne ainsi évoquée, n’est pas la montagne, qu’elle ne l’a jamais été, qu’elle ne le sera jamais. Que la montagne et l’homme se doivent de conserver une distance respectueuse afin de se percevoir l’un l’autre tels qu’ils sont. Par conséquent, tu le sais d’avance, dès le début, ce ne sera jamais assez bien. Et, si tu gravis avec les autres la pente, tu sais déjà que ce sera en vain. Que tout ce que tu risques d’atteindre, ce sera seulement le gouffre de la déception, de l’insatisfaction perpétuelle. Mais, probablement qu’en les accompagnant ainsi vers l’absurde, te délivras-tu de l’espoir. De ce même espoir qui les anime, les fait s’agiter comme des pantins. Pourtant n’est-ce pas ce manque d’espoir, cette absence de but véritable à atteindre, qui t’a toujours fait avancer, pour rester avec eux, et ce même quand tu étais seul ? Surtout quand tu étais seul.

Dans le fond, tu as recherché le bien en sens inverse. Tu ne t’en es pas tant délivré que tu crois. Au bout ce n’est pas la déception qui t’attend, mais un rire encore à franchir. Que peut-il y avoir au-delà  ? Un sourire serait inespéré. Et, peut-être parce qu’il est ainsi, justement, inespéré, qu’il surgit.

Certains jours tout paraît si simple, si limpide, d’être ce que l’on est. En finir avec les questions incessantes. Ne pas s’habituer à la grâce non plus, elle ne dure jamais bien longtemps. Pas non plus s’attendre au pire, une fois que le meilleur est révoqué cela n’a plus de sens. Puisqu’on a appris un peu de l’utile et de l’illusion des contraires, des opposés.

Post-scriptum

haut

Pour continuer

import

Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

import

technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

technique mixte 70x70 cm

import

La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener