Nous ne sommes pas qui nous croyons être.
La gravure est extraite de : Pierre HUARD et Ming WONG : « Chine d’hier et d’aujourd’hui », Paris, 1960, p. 163.
Maria n’est pas seule lorsqu’elle surgit à nouveau dans ma conscience. Elle est accompagnée d’un personnage aux yeux bridés qui, dès qu’il apparait provoque en moi une vive émotion de joie. Encore que je ne comprenne pas pourquoi tout de suite, j’ai l’impression de le connaître depuis toujours.
— Voici Tchouang dit Maria, je l’ai rencontré au Séphiroth un bar branché du 5ème. Cela faisait des années que nous ne nous étions pas revus.
A peine a t’elle prononcé le nom du bonhomme que celui-ci me sourit et que nous nous embrassons Tchouang et moi car soudain nous nous reconnaissons. A ma plus grande surprise car je jurerais ne l’avoir à priori jamais vu de toute ma vie.
— Nous nous connaissons depuis toujours dit Tchouang à Maria puis il me regarde très attentivement en me tenant pas les épaules, ses yeux sont aux bord des larmes. Et il prononce alors le mot que je cherche depuis que je l’ai vu surgir dans la maison. Mon frère !
Nul doute que nous sommes frères puisque c’est vraiment une joie fraternelle que j’éprouve. Mais comment est-ce possible ?
— Je boirais bien une tasse de thé dit Tchouang en consultant sa montre, une vieille Kelton au bracelet de cuir noir. Un peu d’eau chaude nous remettra les humeurs à l’équilibre, privilégions l’infusion à l’effusion pour le moment.
Le sentiment de fraternité s’envola presque aussitôt comme si Tchouang avait prononcé un sésame. Je regarde Maria et je vois qu’elle est agacée autant que je le suis tout à coup.
— toujours aussi pisse-froid ce Tchouang dit Maria. Il m’a fait le même coup au Sephirot lorsque je l’ai retrouvé, il a presque aussitôt commandé une tasse de thé pour -a t’il dit : calmer l’effet de l’enthousiasme des retrouvailles.
Pendant que nous buvons le thé, personne ne parle. Nous échangeons des regards tout simplement comme de bons amis qui n’ont pas besoin de se parler. Ce sentiment de paix qui m’envahit est formidable, j’ai beau chercher dans mes souvenirs je peine à me dire que j’ai déjà connu ça .
— C’est normal me dit alors Maria puisque vous vous connaissez visiblement depuis bien des vies ici sur Terre mais aussi sur d’autres planètes. Vous êtes frères mais à la vérité vous n’êtes qu’une seule et même âme, tout comme moi je suis une partie de vous également.
— Tu veux dire que toutes les personnes qui se trouvent dans cette pièce, dans ma maison, ne sont qu’une seule et même personne ?
— Bien sur répond Maria. Et en même temps, aucun de nous n’est totalement cette entité que nous nommons âme. Nous sommes si tu veux 3 morceaux de celle-ci qui elle-même provient d’un être encore plus grand et ainsi de suite.
J’avoue ne plus rien comprendre à ce que me dit Maria.
—Ouf !dit Tchouang en me regardant, avouer son ignorance est le commencement de la sagesse.
J’hésite, je ne sais pas s’il m’agace ou si je l’adore tout à coup ce Tchouang. Il a l’air de pontifier avec sa tasse de thé à la main. Et en même temps à le voir ainsi j’ai envie de rire. D’ailleurs, c’est plus fort que moi, je ris.
Et plus je ris plus je suis secoué par ce rire plus j’ai la sensation qu’un phénomène étrange se produit encore, on dirait que les secousses provoquées par ce rire décoincent un truc.
La sensation que l’on vient de m’ouvrir le haut de la boite crânienne comme une vulgaire boite de conserve. Des milliers d’informations courent dans les deux sens à la fois du plafond vers ma cervelle et vice versa. J’ai l’impression que quelqu’un a tiré un feu d’artifice dans mon esprit. Et dans les lueurs éphémères que chacune des fusées produit ainsi, des milliers de souvenirs me reviennent en mémoire.
Soudain la pièce s’estompe, le temps s’effondre sur lui-même et je me retrouve projeté à l’âge de 17 ans.
Il pleut lorsque je sors de la rue Saint-Merry . J’aperçois l’immense bâtisse du centre Beaubourg. C’est la toute première fois que je m’y rends. Quelqu’un m’a parlé de la grande bibliothèque et dans mon désarroi je suis attiré par celle-ci depuis plusieurs jours déjà.
Je viens d’avoir 17 ans et il y a déjà presque 6 mois que j’ai quitté la maison de mes parents. Cela s’est passé comme ça, un jour à l’heure du déjeuner, j’ai pris l’argent que j’ai économisé en travaillant comme manutentionnaire quelques mois auparavant, puis j’ai pris un RER avec mon sac sur le dos. Paris m’attire comme un aimant depuis toujours. La sensation de solitude est à son comble, un sentiment de rage aussi. Cet acte que je viens d’effectuer grâce à une nouvelle altercation avec mon père me propulse tout à coup dans l’inconnu.
J’éprouve la sensation d’être alors à un carrefour de ma vie, quelque soit le chemin que je choisirai d’emprunter, cela ne revêtira aucune espèce d’importance, il sera à la fois bon et mauvais. Quelque soit ce chemin il y aura exactement la même probabilité que je me trompe ou pas. En fait j’ai l’intuition qu’ il n’y a pas de bon ni de mauvais chemin. Tous mènent inexorablement au même but. Encore que je ne parvienne pas à m’imaginer ce but.
Mais pour l’instant cette bibliothèque du centre Beaubourg représente quelque chose d’important sans nul doute. Cela fait plusieurs jours que je ne cesse de me dire vas-y, rends toi à cet endroit, tu verras bien.
Il n’y a presque personne, la circulation est fluide, et je m’engouffre dans le vaste hall puis j’avise les escalators et rejoins enfin l’étage où se trouve la BPI la bibliothèque publique d’information. Presque aussitôt je comprends que c’est un lieu que de nombreuses personnes disqualifiées socialement choisissent comme refuge pour passer leur journées. Elles y côtoient toutes les autres classes de la société , des chercheurs, des étudiants, des curieux, des lecteurs avides de connaissances, des lecteurs qui viennent ici pour se changer les idées.
Aussitôt que je pénètre dans les lieux je me sens bien, comme chez moi. Il faut dire qu’à cette période de ma vie je ne possède plus de chez moi. Presque toutes mes économies ont fondu car je dois payer un prix exorbitant chaque jour ma chambre d’hôtel miteuse. Je suis seul dans la ville, je n’ai pas d’ami, pas de connaissance à qui parler de ma situation. Même mes camarades de lycée ne savent rien car j’effectue le trajet tous les jours pour m’y rendre. Je conserve le but de passer mon bac envers et contre tout.
C’est ainsi que j’ai retrouvé un soir ma prof de philo dans le même wagon du RER, elle se rendait à Paris nous avons pu échanger et c’est elle qui m’avait parlé de cette nouvelle bibliothèque qui venait d’ouvrir.
C’est l’hiver et de nombreux sans logis dorment sur la moquette près des grandes baies vitrées. De temps à autre je les regarde et je me dis que je ne suis pas loin d’être dans la même situation. Dans quelques jours, une semaine ou deux tout au plus je ne pourrais plus payer ma chambre, et il me faudra frauder pour me rendre au lycée. Mon désarroi est au maximum. Et en même temps je conserve en moi cette vigueur, cet espoir je ne sais comment. Il faut que j’apprenne, que je m’instruise, que je laisse libre cours à mon avidité de connaissances. Notamment dans le domaine de la philosophie qui me passionne.
C’est justement dans la partie consacrée aux sciences humaines, et plus particulièrement aux philosophies asiatiques que je m’arrête. Sur l’un des rayons je découvre les œuvres de Confucius, le fameux Tao Té King soi disant laissé par Lao Tseu à un poste de douane avant de disparaitre de chine vers l’inconnu , et bien sur les aphorismes de Tchouang Tseu. Je ne peux pas m’expliquer pourquoi aussitôt que je plonge dans ces ouvrages je me retrouve comme chez moi, j’ai la sensation de comprendre 5/5 des propos qui paraitraient abscons pour la plupart des personnes que je connais.
Tchouang Tseu, tout bien pesé est celui qui m’est le plus familier de tous. C’est aussi le plus indépendant, il ne s’intéresse que fort peu au social contrairement à Confucius. Pour lui la voie du Tao est un chemin personnel avant tout. Il ne désire pas interférer avec les évènements qui surgissent sur son chemin. Même s’il voyait un mourant sur le bord de la route, il ne s’arrêterait pas pour lui porter secours.
J’ai passé un temps fou à ruminer sur cette dernière phrase dont je me souviens. Je ne la comprenais pas. La société dans laquelle je vis ne la comprend pas non plus. Comment peut on voir quelqu’un mourir sur le bord d’une route et ne pas intervenir ? Aussitôt on pense que celui qui ne fait rien est un véritable salaud, un égoïste.
Tant que l’on identifie qui l’on est vraiment à l’égo, à son corps physique, à une position dans la société, on ne peut évidemment que penser ainsi.
Et bien sur on ne comprend fichtre rien au Tao.
Bien que j’ai été choqué par le fait que Tchouang Tseu n’eut sans doute pas levé le petit doigt s’il m’avait croisé ce jour là en plein désarroi à la lecture de son ouvrage, quelque chose de ténu me soufflait qu’il avait raison, que c’était ce chemin si bizarre que j’aurais probablement à suivre moi aussi.
C’est à dire continuer la route sans tenir compte de toutes les illusions que proposent le mental, les émotions, les sentiments qui lui sont rattachées afin d’avoir une chance si mince soit t’elle de remonter à la source, de savoir qui je suis vraiment.
D’où provient que l’on s’intéresse à une chose plutôt qu’une autre en cette vie ? On imagine que l’on effectue un certain nombre de choix en parfaite liberté, ou par intérêt, ou encore par obligation. Il faut du temps pour devenir perméable à l’intuition qui soudain jaillit une fois que les mensonges du mental s’apaisent et s’évanouissent.
Cette intuition qui ne cesse de nous rappeler à notre mémoire véritable, depuis laquelle on peut percevoir à quel point un mécanisme d’horlogerie fabuleux règle nos vies toutes entières.
Tchouang ne dit rien, il continue à sourire paisiblement, mais ce sourire ne s’adresse pas à moi, il me traverse totalement il traverse la maison toute entière, et sans doute toute la réalité que je ne pourrai jamais imaginer. Et c’est à cet instant que je l’entend me dire télépathiquement :
— Nous ne sommes pas qui nous croyons être.
Pour continuer
Carnets | avril 2022
notule 10
Dernière mouture de cette toile qui finalement relève plus de l’icône.|couper{180}
Carnets | avril 2022
notule 24
Bientôt une nouvelle guerre avec toute sa panoplie d'inepties, c'est à prévoir comme on prévoit tranquillement les différents ingrédients d'une liste de course. On voit très bien désormais que la seule issue au capitalisme en cas de crise est de semer le désordre, de créer la confusion, pour parvenir à augmenter exponentiellement la peur dans les populations. Ce qui entrainera l'arbitraire des choix envers une cause apparente ou une autre larvée, peu importe. Et au final cette demande de sécurité, d'être rassuré, de s'en remettre à une autorité incontestable. La pantomime jouée par les faibles et les forts. Représenter l'horreur une fois de plus pour que les légendes reprennent du poil de la bête. Celle du héros, comme celui d'un âge d'or passé ou à venir. Avec toute la hiérarchie des couillonades habituelles, dont on peut déjà apercevoir les longs nez. La valeur travail, la valeur sincérité, la valeur solidarité, travail famille patrie. On secoue le pochon du loto et on tire à nouveau avec le hasard comme prétexte. On n'y coupera pas, c'est une nécessité car nous avons encore besoin de la douleur pour apprendre. Encore plus de douleur, pour parvenir à saisir l'inexistence de l'égo. De ce "je" à qui on ne cesse de demander son avis à seul fin de le renforcer. Sondages d'opinion, élections, cartes de fidélité et double voire triple authentification. Et plus cela devient raisonnable plus on obtient le contraire justement. Une irrationnalité qui se banalise, pour ne pas dire une bêtise qui se démocratise. Quand la bêtise devient la raison, la violence n'attend que ce feu vert pour se répandre, jetant à bas les institutions, en créant d'autres, toujours plus absurdes et kafkaïennes. Comme je le disais encore hier, concernant les gens de ma génération, les sexagénaires, nous avons englouti notre pain blanc qu'on l'accepte ou pas. Il en résulte une désagréable impression de satiété mal adressée pour les plus à l'écoute du pouls du monde. Un peu de culpabilité mais pas trop, et souvent une envie de réparer les pots cassés. C'est peut-être mon cas. Encore que cette envie je la trouve tout aussi suspecte que toutes les autres précitées. L'envie de fuir au fond d'une grotte ou au sommet d'une montagne, à priori ne me quitte pas depuis mes tous premiers pas. Comme si justement je savais déjà tout des tenants et des aboutissants de la satiété factice dans laquelle dès les premiers jours on m'a plongé. Les fameuses trente glorieuses ne sont rien d'autre qu'un tampon hygiénique, une sorte de bouchon à un phénomène périodique. Ma chance est d'être né prématurément quelques semaines trop tôt. Sinon je n'y coupais pas, j'allais devenir un petit robot comme les autres sans même m'en rendre compte. Le simple fait d'avoir été relégué dans une couveuse à l'hôpital Saint-Michel, dans le 15 ème arrondissement de Paris, est une chance. Car le déchirement, l'absence, le manque, à peine éjecté de la matrice maternelle m'auront donné le ressort nécessaire étrangement pour m'éveiller. C'est à dire une forme de rage directement reliée à l'amour et à ce constat d'impuissance de pouvoir le trouver normalement en l'Autre. Cette transition des limbes dans les limbes si l'on veut m'aura mis en contact immédiat avec une sensation d'équanimité qui doit venir de bien plus loin que ma naissance. Qui probablement remonte justement à cet indifférencié, ou le mal et le bien n'existent pas plus que l'ombre et la lumière. Où l'absence de séparation finit par créer le fantasme de la séparation comme pour mieux constater sa donnée immuable. Une sorte d'ennui ontologique. Je mentirais si je disais que je me souviens de cette période. Par contre lorsque mon imagination désire s'y alimenter elle n'y découvre aucune joie, et sans doute aucune peine véritable non plus Car pour éprouver ces deux émotions il faut bien évidemment les relier à quelque chose de défini, il faut bien créer une relativité. J'arrive au monde comme tout le monde par une femme, mais je n'ai guère le temps de nouer une relation claire avec elle en tant que mère, que déjà je m'en trouve séparé une seconde fois. N'est-ce pas étonnant d'y penser. Il en résulte en tous les cas un rapport d'étrangeté à la mère, à la femme puis aux autres et au monde finalement. Le fait que j'ai passé des années à suivre le penchant naturel de la plainte, m'y accrochant, parce qu'elle me construisait, ne me sert plus à rien. Je crois que l'échafaudage tout entier s'est effondré en 2003 au mois de février à l'hôpital de Créteil. Ma mère est allongée devant nous, mon père et moi. Elle a les yeux grands ouverts elle est shootée à la morphine, les yeux gris bleu immenses grands ouverts mais elle semble ne pas nous voir, nous distinguer. J'ai passé la main devant ses yeux pour voir si ils suivaient le mouvement, rien. Un regard de nouveau né au moment même de repartir dans l'indistinct. Elle nous a laissé seuls encore une fois j'ai pensé. Du coup j'ai pris les commandes avec un sang-froid comme celui que l'on s étonne de rencontrer sur un champ de bataille, durant un accident de la route, ou dans la panique d' une émeute. Je ne me suis pas laissé envahir par l'émotion, j'ai oublié que c'était ma mère, j'ai juste pensé à l'homme que j'accompagnais et qui était encore mon père à cet instant. Je n'étais plus un fils vraiment mais un compagnon apte à gouverner, à naviguer dans la confusion de ce moment. J'ai dit prends lui la main. Ce qu'il a fait sans broncher. Puis je me suis approché de l'oreille de la mourante et j'ai dit, c'est bon ma petite maman, rien ne te retient plus ici, tu peux y aller. Je n'en reviens toujours pas en y repensant. Cette froideur, cette totale absence d'émotion personnelle, et qui m'a autant effrayé que surpris d'où venait t'elle ? Tout de suite après nous sommes rentrés à la maison familiale à Limeil Brévanne . Nous n'avons pas échangé un seul mot. Et le lendemain matin très tôt l'hôpital a appelé pour dire que maman était décédée. J'éprouve le besoin de dire maman comme pour me rassurer encore. Pour me dire que moi aussi j'ai eu une mère, même si le lien entre nous aura été d'une telle bizarrerie... Je nous dois bien cela. Pourquoi je reviens encore à cela ? Pourquoi partir de ce constat que la guerre est inéluctable pour parvenir à la mort de maman. Tout simplement par ce que sans doute c'est à cette occasion qui nous est offerte, la guerre ou la mort et ce même si nous imaginons les circonstances désagréables, que nous sommes sans doute le plus nous-mêmes véritablement. Sans les oripeaux, les déguisements, les mensonges dont nous nous revêtons dans l'illusion du groupe, de la famille de la patrie ou je ne sais quelle autre illusion , nécessaire pour nous distinguer au sein de la confusion générale. En fait comme à peu près à chaque fois que j'écris je me laisse déborder par les mots qui s'inscrivent. Cette fois comme le petit Poucet j'ai pris soin d'inscrire quelques mots clefs dans la case "étiquettes" de l'éditeur que j'utilise pour rédiger ces billets. J'avais écrit "avoir un but", "supporter la douleur" et "croire en un but". J'avais pensé à la question, à la torture je crois en démarrant ce texte. Je m'étais posé la question de savoir si mon but en tant qu'être humain me permettrait de résister à toutes les douleurs qu'un bourreau pourrait m'affliger pour obtenir je ne sais quelle information. Ce qui m'a amené à considérer cette idée de but. Puis partant, en remontant encore en amont du but ce qui pouvait sans faille le créer. Je ne trouve que la foi comme source ou comme raison et cause. Donc pour résumer et pour résister à la torture , il faut croire qu'un but existe même si on ne sait pas lequel car nous ne savons pas qui nous sommes sans cette foi. Peut-être que pour résister à la douleur il faut croire qu'il existe un but, et qu'à force d'y croire il finira par exister vraiment. Peu importe si on y laisse sa peau sous la main du bourreau. Et là comme vous me voyez je peux très bien être Harrison Ford avec tout son attirail d'aventurier le précipice est devant moi, j'avance une jambe, je ferme les yeux et j'avance. Bien sur c'est très américain, cinématographique, risible à première vue. Joe Biden sans doute aussi a coiffé un drôle de chapeau mou alors que le monde entier est face au précipice. Avance t'il aussi sa jambe pour voir si quelque chose de solide supporte le poids de sa foi , de son idéal américain, de sa croyance dans le pognon, dans la démocratie à l'américaine ? Et s'il s'agissait seulement d'un pari encore, d'une simple bévue, une erreur nécessaire juste avant de projeter le monde dans un cataclysme ? Comme ma grand-mère le disait à juste raison il ne faut pas tenter le diable surtout si on a la certitude qu'il n'existe pas. Bientôt la fin de l'ère du poisson, on ne pourra plus filer entre deux eaux. Je ne pourrais plus non plus achever mes textes en queue de poisson ni peindre avec une queue de morue. Quant à l'ère du Verseau elle promet effectivement d'être plutôt glaciale du point de vue des gens qui vivent aujourd'hui. L'émotion ne sera plus nécessaire, les sentiments non plus mais ce sera probablement à ce prix que l'âge d'or reviendra. Etrange âge d'or, incompréhensible encore à l'aube d'une nouvelle fin du monde.|couper{180}
Carnets | avril 2022
notule 9
Si je dis je de façon inconsidérée c’est un blasphème. Si je est un personnage crée par soi c’est différent. Mais c’est dangereux. Le danger de confondre moi et soi. Le blasphème serait de dire je au présent sans rien créer. Je crée mais ce n’est jamais l’ego qui crée. De même pour les maladies On ne devrait pas dire j’ai mal Mais plutôt j’ai eut mal jusqu’à présent Et c’est déjà du passé. Ça a l’air con comme ça si on n’est pas dedans. Mais si on y est c’est magnifique ! Cela dit voilà l’exemple typique d’un tableau bousillé suite à une erreur d’aiguillage entre je et soi.|couper{180}