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Une tête mal faite, n’est pas à la fête.
Evidemment l'expression une tête bien faite me rend nerveux. Le genre d'outil usiné d'une industrie du luxe, pour ne pas dire de l'inutile. Car évidemment on a toujours l'utile que l'on mérite. Cette inutilité là de l'utile, pour moi précisément. C'est ce qui fait penser à un rebelle. Moi Rebel me fait penser à une moto, chacun son truc. J'ai une tête mal faite, et je ne suis pas à la fête. D'ailleurs je déteste toujours autant les fêtes. Faites donc, mais après vous, je vous en prie et vous en conspue en prime. Mais tout de même... ce serait quoi alors une tête bien faite ? On ne parle pas d'esthétique ici, que les influenceuses prennent leur guiboles à leur cou, et détalent. On parle de ce qui peut y avoir à l'intérieur. Tu remues et tu sens que c'est bien plein comme une noix de coco. Plein de lait blanc. Une tête bien faite inspirerait confiance comme le lait blanc. Sauf que du lait de noix de coco si tu en bois de trop bonjour l'addition. Tu te retrouves vite aux vécés ( fermés de l'intérieur) à en baver des ronds de chapeau à déféquer. Non mais laissez-moi tranquille avec les têtes bien faites, les réduites, celles en forme de nœuds Et si ma tête ne vous revient pas, tant pis Allez donc voir là-bas si j'y suis. ça se serait pour le coup une vraie fête.|couper{180}
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Autour de la démarche artistique ( épisode 2)
L'ambiguïté des discours Je me souviens de cette histoire de "projet professionnel" que le type de l'APEC m'avait vendue. Une histoire à dormir debout. Avec bilan de compétence, examen du fond de l'œil, et bien sur du fond de culotte. Tous les projets de restructuration ont comme dada le fameux projet professionnel. On fait croire aux salariés, employés et cadres que grâce à ce passage obligé, l'herbe des pelouses des bureaux de placements sera plus verte. Mais en fait ce n'est pas autre chose qu'un pansement sur une jambe de bois, pour les milliers de personnes qui se retrouvent sur le carreau après un licenciement. Très peu peuvent en tirer un bénéfice. Il en va de même pour la fameuse démarche artistique qui représente un passeport entre l'univers des peintres dits amateurs et ceux qui s'engagent dans une carrière "pro". Les galeries, du moins les rares qui subsistent et qui sont dignes de cette appellation chérissent cette démarche artistique. Cela leur permettra le cas échéant d'avoir quelque chose à dire à leurs clients si vos œuvres sont retenues et exposées. Comme s'ils ne pouvaient pas échanger en vis à vis avec leurs artistes, discuter du pourquoi, du comment, de vive voix, par téléphone, par email, par visio... Non, l'élaboration d'un document intitulé démarche artistique sert à bien plus de choses qu'à celles auxquelles on penserait. C'est en premier lieu un outil de sélection. Soit tu en as une soit tu n'en as pas et ciao l'artiste. Ensuite tu peux te creuser le ciboulot en tant qu'artiste évidemment. Tu peux te dire ah zut, comme cela semble obligatoire, il faut absolument que je fabrique cette démarche artistique. C'est là en général que les conneries commencent. Au mieux tu risques d'avaler beaucoup de café, au pire de te retrouver avec une camisole de force, complétement cinglé. Surtout si tu es comme moi un sauvage qui la plupart du temps s'exprime par des hochements de tête, des borborismes et des reniflements. Là tu peux être sur que ça ne va pas être une sinécure. C'est quoi dans le fond une démarche artistique ? Certains artistes n'en ont qu'une et ils s'y accrochent toute leur vie. D'autres en changent une fois par mois suivant les thématiques qu'ils ont envie d'explorer. Rien n'est donc à priori gravé dans le marbre. Cela peut tenir en un ouvrage de 500 pages où on te raconte tout dans le menu depuis la première bledine avalée, ou en quelques lignes sur une page A4. Il faut qu'il puisse y avoir un pourquoi c'est l'essentiel. C'est ce qui rassure ou qui plait parce qu'on a l'air d'en savoir plus tout à coup, de devenir intelligent devant les œuvres d'un artiste. Mais à la vérité et surtout, d'après ma propre expérience, ni le bouquin de 500 pages pas plus que le petit paragraphe ne rendront compte vraiment de quoi que ce soit sinon de l'art de se faire des nœuds au cerveau. La vérité que je perçois dans cette exigence à peine dissimulée de la part du marché de l'art c'est une affaire de positionnement. A qui je vais pouvoir vendre ton travail ? Quel type d'artiste es tu ? Combien ça peut valoir en euros ? Comment un malentendu peut rendre l'ouïe ? En découvrant cela je suis devenu dur de la feuille presque aussitôt. De plus je m'étais abonné à un collectif d'artistes parce que j'avais besoin de comprendre comment utiliser internet et les réseaux sociaux pour montrer mon travail correctement. L'une des premières formations proposée par ce collectif, était je vous le donne en mille : Comment parler de sa démarche artistique... Les difficultés ont alors commencées. Il en allait de ma vie d'un seul coup, soit j'étais capable d'aller chercher dans le tréfond de moi-même le ressort qui me poussait à peindre, soit je n'y parvenais pas et je n'avais plus qu'à rejoindre la longue cohorte des peintres du dimanche, ou des artistes maudits selon l'expression consacrée de not' bon maitre. ( clin d'œil en passant s'il lit ces lignes) Bref j'ai confondu démarche artistique et psychanalyse carrément au bout du compte. J'ai fait très fort. Et du coup de sourd et obtus je me suis mis à tendre de plus en plus l'oreille et à m'ouvrir à de multiples possibilités. Non pour élaborer le fameux document. Non pour essayer d'expliquer ma peinture. Non pas du tout, mais pour écrire. Je m'en suis d'ailleurs donné à cœur joie. Et les 500 pages paraissent tout à coup fort ridicules par rapport à tout le contenu de ce blog qui doit désormais dépasser les 2000 textes. Ce que j'ai très bien compris aussi c'est cette affaire de positionnement liée à cette notion de démarche artistique. Personnellement j'ai largement dépassé la date de péremption pour être accepté par une galerie, une vraie, dans l'état du marché actuel. Les collectionneurs n'investiront pas sur mes tableaux des sommes folles. Et tout bien pesé c'est tant mieux car cela m'ennuierait vraiment d'être sollicité de toutes parts, d'assister à des mondanités et des discours creux la plupart du temps. Le positionnement que j'ai choisi c'est celui de rendre mon art accessible au plus grand nombre. A tous ceux qui aiment mon travail sans avoir besoin de l'expliquer en long en large et en travers. L'âge me permet de me foutre totalement de nombreux miroirs aux alouettes, toute ma démarche artistique finit de plus par ressembler comme deux gouttes d'eau à mon existence, au pourquoi je ne me suis pas encore pendu ou défénestré ou gavé de Lexomil. Je profite du plaisir que j'éprouve à découvrir de nouvelles choses chaque jour en peinture comme je profite du plaisir de vivre tout simplement.|couper{180}
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Refuge
Il n’y a que lorsque j’agis, lorsque je ne m’oppose pas à l’énergie qui monte du trou du cul, lorsque je ne la tartine pas de contrôle, de maîtrise, de pensée, que je suis en paix. L’activité est le refuge. Mais pas n’importe quelle activité. Le plus souvent ce qui est considéré par le groupe imaginaire qui m’envahit comme la plus inutile de toutes les activités : écrire ou peindre, qu’ils appellent branlette ou « faire de l’art » avec ce petit sourire entendu Une pure perte de temps alors que je ferais bien mieux de faire mes « devoirs », de travailler dur pour obtenir de bonnes notes à l’école, de bons résultats en entreprise. Et en fermant ma bouche s’il vous plait, sans maugréer ni ricaner surtout. C’est à dire sans étaler de façon absolument inconvenante toute mon impuissance à la plus petite occasion. Certains ont besoin des autres pour confectionner leur refuge. Ce qui correspond plutôt pour moi à un enfer. Agir seul de préférence sans même moi, sans toute cette panoplie de simagrées humaines que constitue sans relâche ce moi, n’est-ce pas le plus beau de tous les refuges que je me serais inventé… Comment parler de ce vernissage ? De cette solitude augmentée comme une note qu’on pousse à l’aide du petit doigt ? Il y a là un vieux peintre dont l’atelier se situe à quelques pas de la librairie. Sympathique et presque jovial. Presque, car aussitôt je sens venir le coup fourré. Certains n’en loupent aucune, de ces occasions d’attirer l’attention, de la siphonner toute entière., c’était évident, prévu au premier coup d’œil. Si je n’avais pas ce poids sur le cœur d’avoir perdu Lola, je pourrais sûrement en sourire. Mais ce n’est pas le cas, cette perte, cette absence me replace dans une vulnérabilité aiguë, une plaie à vif qui fait de chaque instant une possibilité de mort. Ce vieux peintre n’y est pour rien sauf d’être ce qu’il est tout à fait en dehors de ma vision. Et Georges qui s’en entiche, et qui les entraîne au restaurant où nous devions déjeuner pour fêter ensemble l’événement. Je me suis retrouvé en bout de table, quoique j’imagine bien, par dépit, avoir décidé par défaut de parvenir justement à ce bout de table. A bien me souvenir j’ai dit : allez-y , asseyez-vous , en attendant que tous aient choisi pour me contenter de la place restante. Pendant tout le repas je n’ai pas cesser de me demander ce que je foutais là alors que ma chatte était quelque part, dans le froid, et à me dire : qu’à t’elle bu qu’à t’elle avalé depuis quatre jours ? Est-t’elle en vie encore ? Rien ne tenait face à cela. Ma méchanceté seule me sert de béquille. C’est ce vieux peintre qui en prend pour son grade. Et vas-y que je te montre mes grands formats sur New York quand j’étais sans le sou et que je peignais a même les quais du « subway » et là c’est moi aussi, c’est toujours moi au beau milieu d’un Caravage en noir et jaune et t’as vu j’ai fais fort je me suis fait la gueule de Raimbault… Georges biche, exulte, moi je sors pour fumer j’ai mon compte. A la fin du repas il entraîne tout le monde dans son atelier qui, surprise prévisible, est justement en face. Trévoux, joli village, une ballade en passant par la petite rue Casse-cou dont sans doute on a oublié par pudeur d’écrire la fin du mot. Casse couille me dit mon épouse à l’oreille, on rentre ? On a salué tout le monde en disant comme c’était bien, quel magnifique moment et cela aurait probablement été vrai si je ne portais pas un âne mort.|couper{180}
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Ne te prends pas la tête
Photo gratuite comme la méchanceté des hommes — Ne sois donc pas entêté, laisse tomber la neige, un chat de perdu aucun autre de retrouvé et alors ? et tant mieux pour partir en vacances, plus besoin de chercher quelqu’un pour lui servir le boire et le manger… alors quoi ? tu vois, toute situation même à priori mauvaise à du bon n’est-ce pas ? — Ta gueule ! j’ai répondu et j’ai tourné les talons, je suis parti dans les collines, il faisait super froid et le ciel était d’un bleu irréel, bleu comme l’âme hors. Pour retrouver la solitude de l’enfance le sas est souvent la méchanceté, elle est chez moi, en moi, de la même nature que celle du serpent à sonnette que le badaud dérange en lui marchant « sans le faire exprès » sur la queue. C’est une méchanceté réflexe. Et s’il y a une chose que je déteste le plus au monde c’est l’inattention, mais cela n’est encore rien par rapport à ce qu’elle déclenche lorsque je la surprend en moi-même. Alors là vraiment j’en bave des ronds de chapeau. Je suis mon meilleur tortionnaire, aucun de toutes celles et ceux que j’ai subis n’arrive à ma cheville, pas plus qu’à ma tronche. Cependant que je ne me résisterai pas, je finirai un de ces quatre par m’en abasourdir, à sombrer dans la plus noire des idioties. C’est une fatalité qui vient elle aussi tout droit du bleu, de cette effroyable sensation de bleu.|couper{180}
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Autour d’une démarche artistique
Paysage d'Estonie L’intention première. D’où vient l’envie de peindre ? D’où vient l’envie ? Je dis « envie » mais est-ce le bon mot ? Il s’agit sans doute plus d’une nécessité, encore que je me méfie de tout ce qui est nécessaire, trop proche à mon gout d’un autre mot tout aussi suspect : l’essentiel. Peut-être qu’avec l’âge la prudence s’installe ainsi, et on se rend compte qu’on ne peut guère formuler que des hypothèses. De là aussi cette difficulté toujours renouvelée à m'établir dans une démarche artistique telle qu'on est sensé en attendre une chez les peintres. Peut-être que tout aura commencé en regardant ma mère peindre tout simplement. Elle devait posséder quelque chose, du talent certainement, mais c’est un mot d’adulte, enfant je ne connaissais pas encore ce mot, j’appelais plutôt cela le « pouvoir magique » de créer de si beaux tableaux. Et comme c’était ma mère et que j’étais son fils, il m’apparaissait aussi comme une sorte de dû que la peinture un jour, et surtout le talent de peindre devrait m’appartenir un jour aussi. L’histoire commence avant ma mère et moi évidemment. Le père de ma mère était peintre. Il s’était enfui d’Estonie peu après la révolution russe de 1917 et était devenu peintre de décors de cinéma dans les Studio d’Épinay sur Seine, en région parisienne. Peut-être que ma mère petite fille, tout comme moi, imaginait également que la peinture était un pouvoir magique dont il serait comme une évidence d’hériter. Peut-être mais nous n’en n’avons jamais vraiment parlé. Les évidences dans lesquelles nous espérons sont souvent silencieuses. Comme si les dire à voix haute les relèguerait soudain dans l’espace du rêve, du fantasme, de l’imagination. D’ailleurs je me souviens, lorsqu’en pleine nuit j’étais réveillé par un cauchemar, et que je venais demander de l’aide, elle me conseillait de le lui raconter immédiatement pour que jamais ce cauchemar ne puisse prendre pied dans notre réalité. Je n’ai jamais compris ma mère lorsque j’étais un enfant, pas plus que lorsque j’arrivais à l’adolescence, et encore plus tard à l’âge adulte. Et même lorsqu’elle disparu en 2003 emportée par un cancer, j’avais l’étrange sensation d’être passé totalement à côté de celle qui m’a donné la vie. C’était une femme complexe. Elle pouvait souffler le chaud et le froid quasi instantanément. Aujourd’hui on parlerait de « double bind », de double contrainte. Elle était capable de tout ce que je découvris peu à peu en moi au fur et à mesure des années. Dans le fond nous sommes depuis toujours exactement semblables, tellement que nous n’arrivions tout bonnement pas à y croire ni à l’accepter. Il n’y a pas que de l’amour, il y a aussi beaucoup de haine de part et d’autre dont la cause est cette ressemblance confondante. Dans le fond ce qui nous rapproche le plus ma mère et moi aujourd’hui c’est une solitude constituée par toute une série d’événements que nous n’avons pas vécus mais qui nous ont été légués. L’exil, et l’errance notamment. Un empêchement chronique à nous assimiler pour protéger une mémoire qui aurait menacé de s’effacer sans doute si nous étions parvenus autant elle que moi à ne pas tirer parti de cet empêchement pour construire un semblant d’identité. La peinture est donc un fil rouge qui nous relie tous, toute la partie Estonienne de la famille. Et en ce sens, je crois que j’ai détecté assez rapidement que je ne peignais pas parce que j’en avais envie, ni parce que la peinture était pour moi une nécessité vitale, mais bien plus parce qu’elle était une sorte de canal, de rituel, pour honorer les morts, pour leur rendre une forme d’existence, pour valider leur existence et par ricochet la mienne, si l’on veut. Évidemment je vous parle de cela à 62 ans je n’aurais probablement jamais eu le courage de l’exprimer ainsi si je l’avais découvert plus jeune. Il me serait apparu aussitôt une imposture. —Comment ? vous qui êtes un artiste, vous ne peignez pas parce que c’est votre nécessité ? N’avez-vous donc pas lu Rilke ? N’avez-vous pas lu « lettres à un jeune poète ? » Si bien sur je l’ai lu, plusieurs fois même. Avec un gout d’amertume dans la bouche car à l’époque j’essayais vaguement d’écrire des poèmes, des nouvelles, des romans, mais je n’y découvrais nullement de vraie nécessité. Je pouvais tout à fait vivre sans écrire une seule ligne. Comme je pouvais vivre sans poser une seule touche de couleur sur une toile. C’est que l’on cherche toujours plus ou moins une authenticité, une vérité intrinsèque, ou ontologique qui n’existe pas et que l’on doit un jour ou l’autre s’inventer tout seul. Puis la seconde étape demande d’oublier ce mensonge, d’y croire enfin comme la seule vraie réalité pour soi. Mais que se passe t’il lorsqu’on se souvient à chaque instant que cette croyance et un mensonge ? Lorsqu’on persiste dans cette croyance en l’honnêteté qui n’existe pas plus non plus…. Il se passe des années, il se passe un temps fou. Et dans ce temps nous ne cessons d’osciller entre le doute et la certitude envers cette intention première qui nous pousse à peindre. Heureusement le temps n’est pas constitué que de douleur, il est aussi constitué de plaisir et de joie, de la joie de découvrir, d’apprendre, de travailler, de travailler à se rapprocher de soi que l’on finit par découvrir comme postulat premier pour mieux se rapprocher des autres. Aujourd’hui je suis devenu professeur de peinture et je dis aussi artiste-peintre. J’en plaisantais encore il y a peu. Toujours cette sensation d’imposture qui ne me lâche jamais vraiment, et cette dérision de moi-même. Lorsqu’elle me flanque un peu la paix, je peux accepter d’être un artiste-peintre surtout lorsque je considère comment d’autres ne se gênent absolument pas le déclarer avec beaucoup moins de billes dans leurs poches. Mais quelles sont ces billes dont je parle ? Les années passées à enseigner ? la technique ? Les expositions que j’ai réalisées ? Les toiles vendues ? des billes comme des preuves d'autorité ? De quelles billes je parle pour me rassurer ? Ou plutôt pour ne pas évoquer le principal, le gros calot que j’ai dans le cœur ou l’âme, ce poids d’âne mort. Je n’ai pas ce désir de peindre comme je le remarque chez de nombreux peintres, jeunes ou moins jeunes. Je n’ai pas la passion de la peinture vraiment. Sans doute parce que je sais à présent ce que valent ces désirs et passions là, qui servent surtout à entretenir notre propre légende, à nos propres yeux et à ceux des autres. L’écueil fut la notion du beau je crois. Pour mon grand-père maternel et ma mère l’importance du beau était sans doute primordiale, c’était la fonction première de la peinture. Je ne saurais dire s’il y avait une véritable intention artistique autre que de créer de belles choses. Et longtemps j’ai crû que le seul but de la peinture était ce beau. J'en suis revenu. Ce qui m'intéresse désormais ce n'est pas tant le beau que ce qui pour moi le constitue, sa justesse. Evidemment, j'ai du mal dans le monde actuel. Mais ce n'est pas grave, j'ai accepté désormais tout un tas de choses, de perdre tout un tas de choses surtout pour m'engager dans cette idée de justesse, dans la vie et dans la peinture. La peinture dans ma famille sert aussi bien à s’extraire d’un naufrage qu’à mettre en place toutes les conditions pour en créer un autre, comme si la victoire finalement devait être une défaite. Toute victoire effectivement, en y regardant de près est une vraie défaite., mais justement la victoire n'est pas faite pour être regardée à la loupe, elle est comme un tableau, ça se voit de loin, la plupart du temps. C’est ce que l’on m’a transmis, que je n’ai pas su comprendre vite, ou plutôt peut-être que j’ai trop bien compris et trop vite.|couper{180}
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Le dégoût de l’humain
Assister impuissant au évènements et observer ce qui se met en place. Faire face en silence à tous les avis, toutes les opinions et considérer le dérisoire global. Ce dérisoire qui par ricochet nous rend tous si dérisoires. Un élevage de poulets en batterie qui s’agite fébrilement à l’heure du gavage. Des informations que l’on nous rentre dans la gorge jusqu’à ce que la tristesse, la désespérance remplissent tous les vides… Comment pour s’en sortir ne pas tenter de s’accrocher au dégoût, le dégoût envers l’espèce toute entière, le dégoût de soi-même, de toute cette vanité humaine. Un fou ou un sage, peu importe, quelqu’un une fois a dit, fais ce que tu dois faire de ton mieux et cette simplicité ordonnera le monde tout entier. Cela semble aussi si dérisoire après la justesse avalée elle aussi. Pensées de mort ce matin qu’il faut pelleter pour arriver devant le chevalet. Trop lourdes et trop nombreuses. J’ai essayé de lire un peu de poésie comme un oiseau cherche du gras en plein hiver, mais tout glisse très vite, à peine une illusion de paix surgit elle que déjà elle disparaît. J’ai fait le tour du quartier encore et encore en pleine nuit et ce matin pour aller chercher mes cigarettes. Rien sauf les chants d’oiseaux qui ne me renvoient à aucune enfance. Le dégoût s’est logé profondément cette fois comme une écharde. Je peindrai avec ce dégoût de l’humain aujourd’hui , il doit lui aussi avoir ses secrets, un goût de café sans sucre un, je ne sais quoi, un presque rien, évènement parmi tous les autres. Il suffira d’être patient, d’attendre encore une fois de plus la fin des hiérarchies, et de laisser la couleur à son ouvrage. Huile sur bois 20x20cm 2022|couper{180}
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Art pour hôpital, l’art utile !
artpourhopital.art.blog/|couper{180}
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Préparation exposition 111 des arts
Ça y est je me suis enfin décidé à agir. J’ai envoyé le dossier pour le 111 des arts de Lille. Je devais le faire l’année passée mais je me suis pris les pieds dans les dates. J’avais pourtant travaillé sur le sujet, une vingtaine de petits carrés de format 20x20cm réalisés à l’huile et au couteau. Ce format carré que j’aime beaucoup utiliser, je n’y avais pas vraiment réfléchi en profondeur. Pourquoi le carré qui est sensé représenter une forme parfaite absolue dans son symbolisme ? Pour la briser d’une certaine façon. Et aussi pour tenter de trouver une issue si je peux dire à cette notion d’un absolu qui serait imposée. Trouver un espace de liberté au sein même de ce que je considère comme une sorte de fatalité, quelque chose qui tente de fuir l’implacable. D’ailleurs je pourrais aussi trouver des connexions avec le but de cette exposition qui est d’apporter un soutien aux enfants malades du cancer. Un écho tout à fait semblable à cette idée d’implacabilité de la maladie. Comment vivre avec celle-ci, sans rester figé, anéanti par son issue trop souvent fatale ? J’agis plus que je ne pense à certains moments lorsque je suis dans l’atelier. Il faut que je me place face à l’espace du support pour ne pas penser et peindre. Sinon je ne fais que penser et bien que je sache que cet état soit inutile, qu’il ne produira rien, je persiste à l’entretenir car c’est lorsque j’arrive à une saturation de la pensée que surgit le ras le bol et que je peux retourner devant mon chevalet. C’est un équilibre que j’ai appris à mettre en place douloureusement au début, car la douleur offre le réconfort du connu. Puis avec le temps, la répétition du processus on finit par comprendre à quel point les deux états penser/peindre sont en relation étroite. Je ne peux pas pour autant contrôler le processus. Quelque chose m’en défend. Car sinon cela deviendrait une routine vide. J’ai essayé, évidemment, pour atténuer la douleur surtout en devenir maître…mais du coup la spontanéité de la peinture en pâtit immédiatement et une seconde douleur comme le fantôme de celle que j’essaie d’ignorer interfère avec la qualité des mélanges, la droiture du geste. Il faut donc accepter. C’est toujours la même chose. Sauf que chez moi l’acceptation prend un temps interminable. J’ai toujours besoin de comprendre les tenants et aboutissants d’une chose pour l’accepter totalement. C’est sûrement la même chose avec le deuil. Ma chatte n’est toujours pas revenue. J’ai fait le tour du quartier, sonné à toutes les portes, je me suis débattu avec l’angoisse dans ce pâté de maisons en conservant un espoir qui ne me sert qu’à agir, à taper aux portes, à crier son nom avec en tache de fond cette notion de fatalité, d’inéluctable qui me sert de cadre. En attendant, en l’espérant je me réfugie dans mon atelier, dans le travail, dans ces petits carrés que je peins sans penser à rien au couteau. Voici une petite galerie constituée dans l’ordre de réalisation des travaux d’hier et de ce matin|couper{180}
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On devrait s’y habituer.
Une fois par an, à la pleine lune, ma chatte se barre par les toits et je ne la revois plus durant plusieurs jours. Je devrais y être habituer depuis le temps, mais justement non je n'y arrive pas. Quelque chose de l'ordre de la perte, de l'abandon se rejoue invariablement lorsque je descend dans la cour pour fumer, ouvre ensuite la porte de l'atelier et m'aperçois que la portion de croquettes distribuée la veille n'a pas été touchée. C'est une sorte de feu vert donné à la panique, à l'angoisse et je me mets à imaginer tout un tas de scénarios, tous les plus monstrueux les uns que les autres. Le plus souvent elle est enfermée quelque part et ne peut pas en sortir. Je suis allé chez les voisins hier soir pour leur demander si par hasard elle n'était pas retenue dans une de leurs dépendances, dans leur cave, dans leur grenier. Ils ont été sympas ce qui m'a permis de visiter ces différentes pièces, mine de rien et aussi de renforcer par ma déconvenue de ne trouver aucune chatte, mes pires angoisses. Des gamins malfaisants l'ont ligotée quelque part, puis l'auront torturée. Une vieille dame seule lui aura flanqué le grapin dessus et lui donne à manger des boites, l'horreur suprême. Ce qui est intéressant dans la perte c'est souvent les retrouvailles j'ai remarqué. De là à penser que j'ai besoin d'éprouver l'angoisse de ces pertes juste pour bénéficier de la joie des retrouvailles, je me dis que je suis tout à fait tordu comme il faut pour vivre ce genre de chose. Donc je pourrais tenter la méthode Coué, ou la loi de l'attraction... visualiser immédiatement sa silhouette se découpant sur la nuit claire, là haut sur le toit, entendre son miaulement caractéristique lorsque soudain elle me repère, puis sourire en l'imaginant redescendre l'échelle de bois que nous avons appuyée contre le mur pour qu'elle soit parfaitement autonome. Mais non l'angoisse est cette chose connue, rassurante si l'on veut que je préfère choisir en priorité. Ce qui une fois la chose découverte me laisse songeur sur tout un tas d'autres choses, et d'êtres surtout que j'ai perdues volontairement ou pas au cours de ma vie.|couper{180}
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Mes visages
huile sur papier 2022 Je me suis remis à peindre depuis quelques temps après une longue période d'empêchements multiples. Ce genre de période nécessaire dans une vie de peintre, une remise en question, qui porte bien son nom lorsqu'on pense à la torture. Se torturer tout seul dans son coin surtout pour des choses probablement tout à fait inutiles. Jusqu'à ce que l'inutile tout entier vous saute enfin aux yeux. Car somme toute pour en revenir à une définition pragmatique de la peinture, de l'art en général, c'est bien cette quête de l'utile qui me conduit le plus sans que je ne veuille toujours l'entendre. Il faudrait toujours faire attention vraiment à ce que l'on ne veut pas voir ni entendre, ni penser d'ailleurs. Je me suis donc remis à peindre parce que c'était utile que je le fasse, du moins j'y trouve une utilité soudaine après coup. Dans la réalisation de ces visages surtout qui ne sont pas des portraits, qui ne représentent évidemment pas une "réalité" mais questionnent celle-ci au travers du prétexte du visage. Ils ont l'air d'être de vrais visages à première vue. Mais un œil exercé découvrira vite la supercherie qui se situe entre maladresse et habileté. Avoir l'air d'être vrai, c'est tout à fait une peinture qui relate la problématique de notre époque. Je suis un peintre tout à fait contemporain pour cela. Faire du mensonge quelque chose de touchant est un petit plus que je tente d'ajouter, mon épice personnelle qui donnera bon gout à la sauce pour l'avaler. C'est très subversif mine de rien. Le tragique est un lieu commun, parce que notre cervelle préfère se réfugier dans le connu. Ce qui constitue un véritable enfer, le seul probablement. Reproduire le connu dans un visage c'est mettre en scène une partie de cet enfer de cette tragédie, et placer la maladresse non visible immédiatement comme une issue. C'est à dire qu'une fois celle-ci découverte elle devient un indice pour se repérer dans la cartographie générale du mensonge. Toute la difficulté est de ne pas sombrer dans l'ironie, de ne pas y aller soi, et de ne pas y emporter le spectateur, car cela serait inutile, cela n'apporterait rien de plus. Le fil rouge est l'émotion éprouvée vis à vis de cet écart entre habileté et maladresse. Et qui remet en question ces deux piliers à partir desquels les jugements s'élèvent sans relâche. Peut-être que je divague, mais si cela n'est pas utile dans le monde d'aujourd'hui, qu'est-ce qui peut bien l'être ?|couper{180}
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L’amitié
Huile sur toile collection privée — Tu es terrible, tu n'appelles jamais un tel, une telle , on dirait que tu t'en fiches complètement, tu ne sais pas entretenir les relations, me confie mon épouse pour la énième fois, à propos de tel ou tel événement où je devrais convier des personnes, ce que je ne fais pas la plupart du temps. L'autre jour aussi on me laisse un message sur mon répondeur que j'écoute et puis je passe à autre chose. J'oublie de répondre. — Comment !? mais tu n'as pas répondu, et tu attends quoi pour le faire ? Suis-je aussitôt repris dès que j'en parle entre la poire et le fromage, c'est à dire comme la plupart du temps, lorsque les choses me traversent. —Mais c'est pour ça exactement que tu n'as pas d'ami, tu ne sais pas t'en occuper, tu ne fais rien, on dirait que tu attends que ça te tombe tout cuit dans le bec ! m'avait déjà dit quelqu'un il y a très longtemps. J'étais enfant à l'époque et l'essentiel de ma vie se déroulait dans mon imaginaire. Je ne pense pas que les choses aient vraiment changé depuis tout ce temps. J'ai des amis qui appartiennent plus à mon imaginaire qu'au monde réel. Cette prise de conscience est venue tardivement, je dirais aux alentours de la cinquantaine. Ce fut un vrai choc de le découvrir, une sorte de deuil si l'on veut. Mais on se fait à tout, vivre c'est en grande partie cela, traverser toutes ces choses sur cette passerelle étroite qui relie le monde dit réel à celui dit imaginaire. Un étonnant va et viens. Si bien qu'en plein milieu de cette passerelle on se demande bien ce qui est vrai et ne l'est pas. On est devenu le fameux chat de Schrödinger, ou Hamlet, ou Snoopy sur sa niche. Je veux dire qu'il y a de quoi avoir des doutes et forcément un brin d'humour. Mais une chose est sure la plupart du temps, lorsque soudain un ami se retrouve en face de moi, je reprends la conversation exactement là où nous l'avons laissée. Une abolition de la durée, et des vicissitudes du temps, immédiate s'opère et j'ai l'impression de partager une sorte d'éternité. En fait très peu de personnes, de celles qu'on a l'habitude plus qu'autre chose de désigner comme "amies" peuvent comprendre et accepter cet était de fait. C'est faire la nique au temps. Faire fi de toute obsolescence, de toute entropie. Et si ça ne fonctionne pas toujours, je dirais que c'est très rare, ça ne vient pas de moi. A la vérité ça n'a pas fonctionné une seule fois, de toute ma vie. C'est le jour où j'ai retrouvé mon ami d'enfance à la foire de Sancoins, au marché des Grivelles précisément. Il y avait une chance sur un million pour que je tombe sur lui et sans doute est-ce pour cela qu'au début ma joie fut forte. Mais très vite en voyant son visage bouffi par l'alcool, ses mains rouges et gonflées de maçon, en écoutant ses borborismes gênés face au citadin que j'étais devenu, un certain malaise s'est installé. Un malaise partagé immédiatement. La rencontre a duré très peu de temps et c'était déjà très long, je m'en souviens encore. La prise de conscience d'un tas de choses comme le simple fait que nous n'avions plus jamais eut le moindre lien depuis mon départ de l'Allier à l'âge de neuf ans. Et parallèlement le souvenir de ces beaux moments partagés ensemble à jouer dans les arbres, à courir en foret et dans les blés, à vivre cette enfance tout simplement. C'était mon "meilleur ami" voyez-vous comment l'imagination peut nous jouer des tours. C'est surtout ce que je me disais à cet instant précisément dans la cacophonie des beuglements et mugissements de toutes ces bêtes agglutinées là pour parader à la foire. Il m'a regardé et moi ses yeux. Je ne l'ai pas reconnu. Il n'y avait plus cet enfant dans le regard de l'homme, juste un voile derrière lequel j'ai subitement eu peur de ne rencontrer que du vide. La conversation n'a pas pu reprendre comme avant à propos de l'excellent gout des cerises et des petites filles après lesquelles ensemble nous courrions. Au lieu de ça ce silence gêné d'être devenus autres. Une expérience comme celle-ci laisse des marques indélébiles. On se met à douter de tout forcément et surtout de soi-même et de notre façon d'envisager le monde et ses habitants. Suivi une longue période à partir de cette date où je considérais alors que je devais quasiment tout à ma seule imagination. Je me mis à étudier celle-ci avec la plus grande circonspection et ma vie alors se resserra, je devins d'une sècheresse telle que je ne me reconnus plus , moi non plus, en me rasant. j'étais devenu pareil à ce "meilleur ami" délaissé en quelque sorte. Et lorsque je me toisais dans le reflet des vitres des miroirs je n'avais guère d'empathie pour ce que je pouvais y découvrir. J'étais devenu Bucéphale, je détalais devant ma propre ombre, non pas par peur mais par nausée. Ce furent souvent les femmes qui jouèrent le rôle d'Alexandre. Qui me prenant par le colback et en me retournant dans le bon sens vis à vis des soleils et de leurs aveuglements me permirent peu à peu de reconquérir un semblant d'estime de moi-même où alors un dégout tel qu'il menait telle une carte au trésor, vers le grotesque, l'exagération, la caricature. Mais ce n'était encore que le pur jeu de mon imagination évidemment. Je veux dire une interprétation des rôles, celui de la victime comme ceux des héroïnes ou des traitresses. Cette histoire parallèle qui ne cesse de remanier nos propres clichés à l'infini jusqu'à ce que l'on découvre finalement qu'ils ne sont que ces choses tristes et terriblement banales. L'amitié est donc une histoire que l'on se raconte la plupart du temps tout seul. Avec de temps à autre une intersection dans une autre histoire tout aussi solitaire. Le fait alors de reprendre le fil de la conversation est exactement comme reprendre un livre de chevet avant de s'endormir. Il faut un quart de tour pour se souvenir de tous les personnages, les lieux, les événements, chausser ses loupes et repartir dans le fil des pages. Et c'est à peu près tout de tout ce que j'en aurais retenu de vraiment tangible j'en ai bien peur.|couper{180}
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Perdre le fil
Huile sur papier. Sans une bonne organisation, on perd vite le fil. Ensuite une fois le retard pris cela demande des efforts pour le rendre ou le récupérer, peu importe le verbe que l'on posera là-dessus, tout le monde comprend ce dont je veux parler. Je veux aussi parler d'une certaine fidélité à tenir en laisse, ou par les rennes, sans qu'elle n'ait cette manie de vous tirer en avant et qui pose comme une crotte le dilemme de savoir qui, entre le maitre et de la bestiole. C'est qui qui conduit le bal nom de Dieu ? La lassitude chez moi conduit régulièrement le bal. Une lassitude non attribuée, une lassitude abonnée à l'annuaire des absents. Une lassitude issue de l'absence toute entière, la mienne évidemment. Une absence mâchée lentement, puis remâchée encore, et enfin digérée. Avec parfois cette sorte de bonus :Etre las et absent à sa propre lassitude d'absent. On peut parler d'éveil évidemment. Pas trop fort non plus pour ne gêner personne. Perdre le fil, au début on se culpabilise forcément. Puis suit une période blanche où ce n'est pas vraiment que l'on se désintéresse, on n'arrive tout simplement plus à fixer son intérêt suffisamment longtemps pour qu'il germe, qu'il produise des ramifications, des feuilles des bourgeons ou des fruits. Ce genre de conneries que tout le monde sait à un moment ou l'autre considérer pour ce qu'elles sont, c'est à dire de beaux prétextes, un genre usuel de divertissement. Ce qui fait que l'on se doit tout de même un peu d'honnêteté à soi-même sur cette fameuse angoisse de "perdre le fil" je veux dire que c'est tout bonnement une autre figure du désir, inédite cette fois et qui comme à chaque fois que l'inédit pointe son nez, flanque la pétoche et fait pédaler le hamster dans la cambuse. Bon Dieu mais comment cela se fait-il que je sois si con, si ceci ou tellement cela ? Comment se peut-il que je prenne un tel panard à perdre le fil, en gros. Par orgueil comme toujours évidemment. Y a t'il quoique ce soit d'autre dans la vie que l'orgueil, je veux dire comme responsable de tout égarement. Je disais hier c'est beau, on dirait que ça sort de la bouche d'un maitre soufi ... non mais quel con ! Des fois je te jure je ferais mieux de la boucler plutôt que de m'emmêler les pieds dans les nœuds que je noue tout seul. A moins que tout ne soit prévu dans ce plan et de longue date. A moins que l'égarement soit balisé, que perdre le fil ne soit qu'une façon parmi toutes les façons possibles et imaginables de trouver la voie invisible justement et tout bonnement. La seule voie humainement possible. Je veux dire celle qui existe sous mes propres pieds et aucune autre rêvée, imaginée, fantasmée. Ce qui au bout du compte inverserait toutes les opinions et subitement s'il vous plait, ces opinions que l'on ne cesse de chérir sur l'orientation en général et les 4 points cardinaux en particulier. Perdre le fil serait un levier encore plus puissant que celui d'Archimède. Pas pour soulever le monde, bien sur que non, quelle ineptie ... mais simplement pour soulever son cul du canapé, une très bonne chose en soi, et m'est avis tout à coup que ça sonne juste à ce moment où je l'écris : qu'il faut juste oser pour voir.|couper{180}