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Pas d’état d’âme.
Il est curieux de parler d’état d’âme. Comme si elle pouvait être changeante. Ce n’est pas l’âme qui change, mais plutôt le cheminement avec ses hauts et ses bas. Ainsi un tableau que j’ai réalisé l’année dernière et que je n’ai jamais exposé parce que je trouvais ses couleurs trop vives…je le reprends sans que l’on puisse parler d’un nouvel état d’âme. Je lui ajoute du blanc pour réduire l’intensité de ses couleurs comme on peut mettre de l’eau dans le vin. Cela vient plus d’un jugement dû au recul, à la sensation d’être agressé par les couleurs. Rien à voir avec un état d’âme. C’est juste de la jugeote. Ce qui vaut ce que ça vaut, rien de plus.|couper{180}
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Ombre et lumière
Pas de lumière sans ombre et vice versa. Techniques mixtes sur toile 70x70cm|couper{180}
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Résister à l’oppression
Bien sur il y a l'oppression extérieure. Mais l'intérieure vaut tout autant parfois et qui fortuitement nécessite plus qu'un pet long et sonore pour retrouver ses aises. La nature est bien faite mais lorsque c'est la caboche qui oppresse avec ses torrents de mots d'ordre qui dévalent comme des éboulis sur le pauvre hère que nous sommes, que faire ? Rien, absolument rien, c'est devenu ma devise. Hier encore je fus assailli par mon insignifiance. J'ai bien tenté de résister un peu, machinalement en triant des vieilleries. En fuyant les pensées moroses, en fumant cigarette sur cigarette et en buvant plusieurs pots de café. De façon à ce que mon corps ainsi traité me réveille de cette désagréable sensation d'inutilité crasse. Ou que tout bonnement je puisse avoir mal pour de bon sans doute. Et enfin je ne suis parvenu qu'à avoir un peu mal à la gorge et une diarrhée carabinée. Peanuts donc par rapport à l'agonie que j'avais secrètement espérée tout au fond de ce remugle d'illusion qui me pousse encore et encore à toujours vouloir détourner l'attention de cette cochonnerie de cervelle sur ma petite personne. Mais mourir n'est pas donné à tout le monde. Et même lorsqu'on s'illusionne au moment même de passer l'arme à gauche d'avoir le contrôle sur quoi que ce soit, et au bout du compte enfin sur sa propre finitude, il faut le dire : c'est encore une illusion. Dans de nombreux cas de figure on ne veut pas mourir on veut seulement ne plus vivre cette vie là. Ce qui est une nuance tout de même à prendre en considération. J'ai croisé tellement de gens de l'au-delà au visage marri de s'être gourré de mort que je devrais bien pourtant en tirer une leçon. Mais l'âne qui braie pour avoir du foin est têtu. Comme il y a maintenant plus de trente ans lorsque j'ai voulu résister à ce sentiment plombant de l'ennui, je suis resté le cul sur ma chaise j'ai posé crayon, gomme, pinceaux et toutes mes ambitions de cette journée, un dimanche que dès potron-minet fut taxé de maussade par cette petite voix au fond de moi. J'ai dit stop trop c'est trop je l'ai dit tout haut dans mon atelier. Et boum je me suis assis. Je suis devenu résistant au faire. Ce faire que je ne cesse jamais de me seriner du matin au soir. Et sitôt que je me tais est relayé de bouche en bouche tout autour. Les vases communiquant du faire, ce dimanche précisément m'auront à ce point agacé, énervé, torturé, vidé, et de bonne heure, que j'ai jugé bon de prendre le taureau par les cornes. Rester assis, pas bouger. Et observer tout ce bordel incessant d'humeur de glaire, de pituite, inhérent à ce foisonnement d'informations chaotiques provenant de mon propre vide. Ce dimanche je l'ai passé assis sur ma chaise à voyager dans les annales akashiques de ma propre débine. Et bien c'est étonnant de trouver de la beauté même là. J'en suis resté baba. Et du coup je me suis dit que tous ces ukrainiens qui courraient dans tous les sens en ce moment sous les bombardements devaient vivre à peu de chose près la même chose que moi dans mon atelier. Ou alors c'est l'inverse. Oui l'inverse c'est tout de même mieux. N'exagérons pas non plus quand même. C'est la même résistance mais n'omettons pas la proportion. Car quand le faire se pointe on a toujours deux solutions : faire ou ne pas faire. Et on ne sait jamais où se niche le courage dans tout ça. Je veux dire le vrai courage, celui qui nous met hors de nous, celui qui nous met étrangement en joie. On nous les montre joyeux les soldats et les civils ukrainiens et on en est souvent étonné. Et bien c'est parfaitement vrai qu'on peut être joyeux au fond du pire. Je n'ai pas fait de selfie car je trouve ça ridicule. Mais le cœur y est à n'en pas douter. Ce qui est un peu fou.|couper{180}
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Rien n’s’oppose à la nuit
À l'arrière des berlines On devine Des monarques et leurs figurines Juste une paire de demi-dieux Livrés à eux Ils font des p'tits Il font des envieux À l'arrière des dauphines Je suis le roi des scélérats À qui sourit la vie Marcher sur l'eau Éviter les péages Jamais souffrir Juste faire hennir Les chevaux du plaisir Osez, osez Joséphine Osez, osez Joséphine Plus rien n's'oppose à la nuit Rien ne justifie Usez vos souliers Usez l'usurier Soyez ma muse Et que ne durent que les moments doux Durent que les moments doux Et que ne doux Osez, osez Joséphine Osez, osez Joséphine Plus rien n's'oppose à la nuit Rien ne justifie Osez, osez Osez, osez Osez, osez Joséphine Osez, osez Joséphine Plus rien n's'oppose à la nuit Rien ne justifie Paroliers : Alain Bashung / Jean Marie Fauque Paroles de Osez Joséphine © Universal Music Publishing Group Lola a refait le mur. J'avais déplacé l'échelle de bois pour la retenir dans la cour, mais l'arrivée du printemps, la présence des matous n'y a rien fait. Rien n's'opposait à ce qu'elle n'en fasse qu'à sa tête comme disait ma grand-mère lorsque je cassais des bouteilles pour faire les conneries emprisonnées à l'intérieur. Le cours des choses d'une certaine façon est inexorable. Nous pouvons juste changer notre point de vue pour nous couler dans l'inexorable en abandonnant les pailles, les poutres, la fausse sécurité, le confort parfois abject qui crée l'illusion d'une puissance quelconque. L'herbe est toujours plus verte ailleurs, retour de boomerang, de karma comme on voudra bien l'interpréter. On peut aussi ne penser à rien. Puis remettre l'échelle à sa place, allumer une cigarette et se demander quelle joie pour la journée. Une guerre se déroule, une résistance pour garder la joie "quoiqu'il en coute". J'ai toujours trouvé ça obscène, mais pas aujourd'hui. https://youtu.be/MaIDRUp2Luo|couper{180}
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Le format carré
Quelques notes jetés en vue d'un article plus approfondi sur le sujet. J'ai envie de revisiter les raisons pour lesquelles j'utilise le format carré suite à une interrogation d'un stagiaire hier. J'ai coutume de dire que la règle des 3 tiers n'a pas de réel intérêt dans le carré. Et souvent j'ajoute : Si vous voulez installer un sujet dans un tableau demandez-vous si le rectangle ne lui conviendrait pas tout autant plutôt que de le placer dans un carré. Car je vois souvent ce genre de composition, on applique les mêmes règles du rectangle au carré et j'éprouve toujours un petit malaise à regarder ce genre de composition. C'est comme si on cherchait midi à 14h, comme si on ne désirait pas tenir compte de l'équilibre parfait, de l'harmonie naturelle qu'inspire depuis toujours le carré. Pour comprendre ce format il faut se souvenir que sa largeur est parfaitement égale à sa longueur. C'est le point crucial à retenir en premier lieu car cela oblige justement à la rigueur. Et cette rigueur qui provient d'un équilibre agréable à l'œil invite la pensée à emprunter le même chemin. C'est à dire à effectuer un cercle parfait autour d'un centre qui justement, précisément, je dirais même "fatalement" ne peut se trouver qu'au milieu exact du carré. Je repense à la photographie qui m'a certainement plus enseigné quant à la composition que n'importe quel professeur de dessin ou de peinture. Les photographes n'ont pas inventé de nouvelles règles en matière de composition qui seraient spécifiques à la photographie. Et il faut se souvenir des appareils utilisés, le fameux Rolleiflex notamment et de son format 6x6 . Les photographes se sont avant tout inspirés des arts dits classiques, de la peinture évidemment qui elle même se sera inspirée de l'architecture en matière de composition, disons de la géométrie en général. Les anciens, à l'appui de leurs observations de la nature nourrissait la croyance en une divine proportion, que l'on appelle aussi la section dorée, le nombre d'or. Il faut remonter à Euclide pour entendre parler du découpage d'un segment en "extrême et moyenne raison" Etrange d'ailleurs ce terme de "raison" pour discuter de géométrie ? mais passons, et rappelons nous que cette histoire de proportion ne date pas d'hier. Et certainement que cet héritage remonte à bien plus loin, car on peut aussi imaginer que la construction des pyramides nécessitait le même type de connaissance. Que les Egyptiens eux-mêmes avaient acquis de civilisation plus anciennes. Même les gaulois ne construisaient pas leurs villes au hasard des chercheurs ont remarqué que la distance entre chaque grande ville correspondait à un nombre, calculé proportionnellement à une section que l'on peut considérer extraite du rayon de la Terre calculé grâce au nombre d'or , ce qui laisse songeur sur la façon dont cette mesure a été trouvée puisque pour ce faire il est nécessaire de connaitre la circonférence. Découpage d'un segment en extrême et moyenne raison. La proportion définie par a et b est dite d'« extrême et moyenne raison » lorsque a est à b ce que a + b est à a, soit : lorsque (a + b)/a = a/b. Le rapport a/b est alors égal au nombre d'or. En Chine le carré est aussi considéré comme une forme parfaite représentant l'univers. En 1977 un archéologue procède à des fouilles dans un des xians de la municipalité de Fuyang, située dans la province de Anhui, en Chine. Il découvre deux tumulus datant de la dynastie des Han antérieurs, et plus précisément de l'an 9 du règne de Han Wendi, ce qui correspond à l'an 173 av. J.-C. Dans un de ces tumulus, on trouve un plateau de divination taiyi (太乙) des "Neuf palais" (九宫). Ce plateau est en fait un carré magique datant de la dynastie Han. Avant cette découverte, l'existence de ce type de plateau n'était connue que grâce aux Notes de transmission des arts mathématiques (zh), un traité datant de la dynastie des Han postérieurs. lien wikipédia. Représentation originale du carré de LuoshuReprésentation moderne du carré de Lo Shu sur le modèle du carré magique. Le carré inspire une idée de perfection et, si l'on y inscrit les diagonales, toutes se croisent en son centre. Autre particularité intéressante si on place la pointe d'un compas au milieu du segment de base du carré et que l'on ouvre l'ouverture jusqu'à l'angle en haut à droite, on peut tracer un segment de cercle qui créera un point d'intersection sur cette section projetée dans le même sens. Si l'on calcule la proportion de ce nouveau rectangle que l'on ajoute au carré on s'aperçoit qu'elle se base sur Phi, 1618, ou l'un de ses multiples. c'est une des façons possibles de construire ce que l'on appelle un rectangle d'or. En passant je rappelle que pour installer un point focal sur une composition en rectangle il suffit de diviser ce rectangle en un carré et un autre rectangle. l'intersection de ces deux formes géométriques simples est souvent le lieu où l'œil trouvera le meilleur intérêt dans une composition Construction d'un rectangle d'or. On remarquera en passant que le carré peut être aussi construit avec deux rectangles proches de celui crée ainsi. A la Renaissance c'est un moine Franciscain Luca Pacioli ( 1447-1517) ( Luca Di Borgo) qui invente le terme de divine proportion lorsqu'il traduit les éléments d'Euclide. D'ailleurs les peintres de la Renaissance revisiteront la géométrie sacrée pour l'incorporer à la peinture. L'homme de Vitruve Léonard de Vinci. Le format carré est idéal à mon sens pour effectuer des recherches dans le domaine de la peinture. Je crois cependant qu'il n'est pas tout à fait exact de dire qu'il faut impérativement placer le sujet principal au centre du carré. Mais que le centre du carré est le point focal vers lequel attirer le regard ce qui n'est pas tout à fait la même chose. L'œil en pénétrant dans le tableau effectue le parcours d'un cercle et ne se rend pas compte tout de suite de ce point focal vers lequel les éléments tournent ou convergent . A noter les travaux d'un peintre qui portait une attention extrême à ses compositions de façon à créer une certaine ambiguïté dans la hiérarchie des importances. Souvent le centre du carré dans ses composition indiquait un sujet mais qui faisait référence à un détail placé quelque part dans le tableau, comme un jeu de miroir parfois entre le décor et le sujet. Ce qu'il désirait c'est que sa peinture fasse réfléchir, que l'on comprenne qu'elle provenait d'une réflexion assez poussée sur une certaine façon d'installer une géométrie, un vocabulaire géométrique. Par exemple dans le Massacre des Innocents, fortement inspiré par les travaux du Caravage car il s'agissait d'une commande pour... un fan de Caravage justement. Notons que Giustiniani, le commanditaire présumé, était d’abord protecteur du Caravage (1571-1610) et des caravagesques avant de s’intéresser au travail de Nicolas Poussin. Il est peut-être alors possible de faire un rapprochement entre ces deux données, même si cette réminiscence caravagesque correspond aussi à une période de recherche d’un style propre dans la carrière du peintre. Etude Massacre des Innocents de Poussin Tableau final Massacre des Innocents Nicolas Poussin Si l'on compare l'étude et le tableau final on remarque que toute la composition s'est épurée pour attirer le regard vers le visage de la femme qui hurle au centre du carré crée par la scène. En revanche la tête de l'enfant se trouve installée dans un rectangle qui n'est pas un rectangle d'or mais un rectangle basé sur la moitié du carré. Nicolas Poussin dans son vocabulaire géométrique utilisait à la fois le rectangle d'or et la sur la racine carrée d'un segment de carré. Aujourd'hui lorsque je scrolle sur Instagram ou d'autre réseaux sociaux pour voir de la peinture, je remarque que de nombreux peintres utilisent le format carré. Cependant qu'ils ne tiennent pas compte a des règles inhérentes à la composition dans celui-ci. C'est comme si on assistait à une sorte de rébellion face à cette idée de perfection qu'inspire depuis toujours le carré. C'est d'autant plus intéressant aussi que je veuille à tout prix préserver cette tradition, car en matière de rébellion et de refus de l'autorité j'ai toujours été au premier rang. Mais le fait est que nombreux de mes tableaux de format carré tournent toujours autour d'un mystère qui s'incarne à sa meilleure position dans leur milieu. J'ai eut déjà des commentaires à ce sujet de personnes à l'œil acéré et qui me parlent de ce mystère qu'ils détectent au centre de mes toiles carrées. Huile sur toile 2022|couper{180}
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Dis merci à la dame.
Faut pas leur en vouloir d'avoir passé tout ce temps à vouloir nous éduquer, les parents font ce qu'ils peuvent. Parfois ils peuvent peu. Ou beaucoup mais pas dans le bon sens. C'est selon la main que l'on tire, aux cartes et qui nous caresse la joue ou nous broie. Mais quand même quand je me souviens de ce ton melliflu — Dis merci à la dame — Et surtout n'oublie pas de remercier. Les larmes me coulent sans que je ne puisse les refréner, sans fierté mal placée. Les pauvres bougres. Merci à vous de m'avoir fait tant douter des gratitudes que pour mieux les apprécier désormais.|couper{180}
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Cocréer le monde, peinture collective
a collaborative mural created by a global group of mosaic artists and donated to Providence Park Hospital, Novi, Michigan, USA Ce pourrait être l'intitulé sibyllin d'un nouveau stage de peinture à venir. Le postulat de départ est qu' un impératif de cohérence se tient en dessous du chaos apparent. Que sous ce que nous avons coutume de nommer le "n'importe quoi" se tient un équilibre qui sans cesse se réajuste sous l'influence de nos actions si grandes ou petites soient-t 'elles. Et donc pour tester cette théorie j'ai envie de proposer cet exercice à mon groupe d'élèves du vendredi après-midi. La première question que je me pose puisqu'on me la pose tout le temps c'est celle du "où on va" qui généralement se réduit au choix d'un thème. A mon avis je peux régler cette question comme d'habitude en prenant n'importe quel thème puisque je considère qu'il s'agit surtout d'un prétexte. Peut-être que pour changer, je n'ai qu'à changer les mots tout simplement et qu'au lieu de dire paysage, abstraction, visage, nature morte je pourrais dire par exemple "la paix". Prenons donc la paix et pour faire bien, c'est à dire sérieux, professionnel, partons à la quête d'une ou deux citations… La paix nourrit, le trouble consume ( proverbe chinois) “La paix à n'importe quel prix, ce n'est plus la paix.” ( Kofi Annan ) “Garde la paix en toi, ensuite offre-la aux autres.” (José Artur) “Seule l'action peut donner la paix.” (Samuel Butler) Avec ça si on n'a pas d'inspiration.. Et là faire démarrer comme d'habitude sans rien dire. Laisser un peu de temps pour préparer les couleurs, s'installer, peindre un brin. Puis au bout d'une heure dire : —Magnifique ! maintenant échangez vos travaux les uns avec les autres. Résister contre les protestations, rappeler que tout cela n'est qu'un exercice, un jeu, un amusement. Laisser une heure passer encore et recommencer à faire tourner les feuilles. On pourrait prendre le sens des aiguilles d'une montre par exemple pour orienter le hasard. A la fin regarder l'ensemble de ces feuilles mises bout à bout. Y t'il une cohérence que l'on peut percevoir ? Autrement dit est ce que ça évoque quelque chose de paisible à la fin ? — Oui mais comment sait-on à qui appartient chaque œuvre ? on me posera surement la question. Dans ce cas deux solutions : On tire au sort.On déchire tout en petits morceaux et chacun se sert pour fabriquer son œuvre personnelle dans la dernière heure restante.|couper{180}
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Vers n’importe quoi en toute confiance.
Il n’y a pas de but, pas d’objectif, juste l’intention de bien m’amuser pendant que je le peux encore. Je ne suis pas chaud pour les galeries, les salons, et tout le “prout prout ma chère” qui va avec. C’est ça être libre non ? Se donner les meilleures contraintes, celles qu’on choisit en toute connaissance de cause. Pour le reste j’ai du café, des cigarettes, du Doliprane donc : tout va bien ! Tout est ok, au poil Je peux même tirer la langue si ça m’chante ! N’importe quoi en rouge et vert format 20x20cm|couper{180}
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Rester dans l’entre-deux.
L'arrivée à la frontière polonaise D'un coté la raison, de l'autre ce que je dois bien appeler la mystique, l'imagination, la poésie, l'intuition, la peinture, ou ce que l'on voudra et qui ne sera qu'un mot. C'est à dire quelque chose de déraisonnable à priori pour la plupart d'entre nous. Comment vivre ainsi, coincé entre ces deux mots ? Comprenez que je ne dénigre pas la raison, je lui trouve une utilité, mais je ne peux pas plus dénigrer l'intuition. En résumé il s'agit de trouver une position médiane entre cerveau gauche et droit. De parvenir à les unifier, d'établir une relation harmonieuse entre les deux. Aussi lorsque j'évoque le doute comme une nécessité c'est qu'il m'aide régulièrement à revenir au centre, à la confluence de ce que j'ai appris plus ou moins à considérer comme deux opposés. Et pourquoi la raison est-elle opposée à l'intuition ? A part le fait que la raison veuille toujours avoir raison ? Admettons alors que la raison puisse se considérer telle qu'elle est vraiment comme un processus se basant sur l'action et la réaction, dans une durée définie, avec un objectif clair, alors et c'est sans doute de la répétition qu'elle note que presque rien ne peut la gêner vraiment pour atteindre à ce but. D'où ce malaise indéfinissable qui monte régulièrement en moi face à la certitude affichée par mes contemporains qu'il suffit de faire un plan et de le suivre à la lettre pour parvenir à quoique ce soit. Si je répète l'expérience et qu'elle donne toujours le même résultat est-ce dû à ce que j'appelle la raison ou bien n'est-ce dû qu'à moi qui ne voit l'expérience que dans le même cadre que je ne cesse de reproduire pour obtenir strictement que la même chose toujours. Je pourrais me demander s'il ne s'agit pas bêtement d'un programme de la même nature que ceux réalisés avec des 0 et des 1, en langage informatique. Car l'objectif si clairement inscrit soit-il sur le papier est t'il une intention véritable ? Ou bien n'est t'il toujours que le clone que nous impose la relation triangulaire de tout désir. Je veux ceci parce qu'un autre le possède et qui lui-même le désire par ricochet tout simplement. Trouver sa véritable intention ce ne peut pas être de s'arrêter à ces désirs dupliqués. La structure même de cette phrase me saute aux yeux à priori comme une faute, une lourdeur, cependant qu'en même temps je lui trouve une étrange justesse syntaxique. S'il y a de l'être ça ne peut pas s'arrêter au désir. Voilà ce que je comprends de ma propre maladresse linguistique. Cela nécessite un parcours, et surtout de comprendre qui l'on est vraiment, à savoir ce que l'on veut dans la vie sans que cette volonté ne prenne racine dans le désir commun comme une simple obéissance, ce que j'appelle un aveuglement. Savoir qui l'on est vraiment, parfois j'en rirais tellement cela me semble ridicule, nombriliste, comme si moi je pouvais être quelqu'un de différent des autres. Que je puisse soudain me démarquer de la masse par la découverte stupéfiante de ma propre différence. J'ai souvent botté en touche à cause de ça exactement. Parce que je n'ai pas tant le cœur à vouloir à tout prix être différent. Je voudrais juste que l'on me laisse tranquille, intérieurement, ne pas être gêné par les clichés incessants, les mots d'ordre perpétuels avec lesquels je ne cesse de composer depuis toujours. Ce que je veux n'a rien à voir avec ce qui est nécessaire pour entrer dans la danse, Ce que je veux n'a rien à voir avec un passeport, avec lequel j'aurais l'autorisation de passer une frontière vers le commun. Mais voilà qu'est ce que je veux vraiment ? La plupart du temps j'arrive à peine à détecter ce que je ne veux pas, ce que je ne veux plus. Donc il faudrait que je me fasse à cette idée qui représente le cœur même de toute impuissance, que je ne veuille rien car je ne suis pas parvenu à savoir vraiment qui je suis. Que je n'en possède qu'une très vague idée, ou mieux certitude. Ce que je suis je ne l'apprends jamais que par la réaction à ce que je ne veux pas. Ce qui semble terriblement rationnel et qui justement me coupe de tout le potentiel qui peut me parvenir depuis l'inconnu, depuis l'étrangeté que m'offre comme un défi l'inconnu. Il n'y a que par la peinture que je parviens à trouver plus ou moins une position qui ne me semble pas totalement factice. Lorsque je peins je suis dans l'entre-deux. J'accorde autant de poids à la raison qu'à l'intuition, je les tiens en joue du bout du pinceau. La peinture une fois tous les désirs épuisés, comme autant de clichés traversés à quoi donc me servirait-elle ? A célébrer le fait d'être en vie, célébrer la vie car au fond de tout je ne vois que cela comme intention qui vaille encore la peine de m'y accrocher. Et peut-être que je me trompe encore, peut-être ne suis-je pas si peintre que je veux bien me le dire, me le répéter. Peut-être puis-je trouver d'autres façons de célébrer cette vie qu'en réalisant des tableaux, en donnant des cours. Hier soir par exemple je me suis dit que peindre était tellement dérisoire au regard des évènements actuels. Et si j'allais proposer mes services à une association, et si j'allais me proposer comme chauffeur pour traverser l'Europe et aider. Ou encore proposer d'héberger quelques Ukrainiens à la maison, nous avons un peu de place. Et puis j'ai pensé au prix de l'essence, j'ai pensé que cela m'obligerait à interrompre mes cours durant quelques jours j'ai pensé aux factures aussi qui elles ne s'arrêtent jamais. J'ai tellement pensé au final que je n'ai rien fait. Exactement le résumé d'une vie vécue entièrement ou presque en imagination. Une vie dans l'entre-deux. Ce qui relie soudain cette notion d'intention à un autre élément essentiel : Le choix. Choisir parmi tant d'émotions de sensations, de sentiments que l'on comprend souvent contradictoires parce qu'on veut justement leur trouver des raisons. C'est sans doute à ce moment là qu'il faudrait s'en remettre à nos intuitions pour entrer en conformité avec l'intention, et faire sans y penser ce que l'on sent juste de faire.|couper{180}
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Toucher le mystère
Toucher le mystère cela n’est sans doute pas grand chose, mais en revenir, se hisser à nouveau dans le quotidien et partager comme on peut ce qu’on est, c’est une autre paire de manches pour le manchot que je suis. Alors peindre quelque chose vite, s’y jeter. Un travail à l’éponge, où effacer fait naître des formes. Et surtout le “on verra bien” entre les lèvres, mieux qu’une fleur au fusil.|couper{180}
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Modifier le futur d’un tableau.
Si on se base sur une théorie déterministe ( pourquoi ne pas le faire ? ) le tableau est déjà réalisé avant d'être commencé. Et dans ce cas le "libre-arbitre" n'est qu'une illusion. Car en fait lorsque je prépare la couleur, que je l'étale sur la toile je ne fais que suivre un programme. Ce programme aurait pour fonction d'atteindre un objectif : le tableau achevé avec un certain nombre de critères qui indiqueraient cette finalité et qui seraient déjà paramétrés à l'avance. Autrement dit lorsque je peins je suis dans un couloir temporel qui commence à un certain point et s'achève à un autre. Et malgré tout ce que je peux penser du hasard, de mes préoccupations du moment, de mon gout pour telle ou telle couleur, forme, ligne, tout serait déjà potentiellement gravé en amont et je ne ferais qu'exécuter ce programme dans une totale ignorance, et confondant cela avec des notions de choix, de créativité. Comment prendre conscience de cela, et surtout en avoir la preuve dans un premier temps ? En abandonnant l'idée du libre-arbitre, c'est à dire en me remettant totalement à ce que j'appelle le hasard. Ce qui laisse un sentiment mitigé à la fin car suis-je vraiment l'auteur d'un tel tableau ? C'est en tous cas ce que pense régulièrement l'ego et qui pour tenter de récupérer quelque chose de l'événement met en branle le jugement. Ceci est bien ceci ne l'est pas, en se donnant la possibilité d'intervenir "plus consciemment" sur une partie ou la globalité du tableau. Ce qui provoque ce que j'appelle aussi une tricherie. Ce sentiment de tricher avec quelque chose de l'ordre du hasard c'est sans doute pour moi là justement que se situe la possibilité de transformer le futur du tableau. Cependant qu'il ne faut pas que je m'en détourne, que je l'oublie, que je le dénigre. Au contraire si j'éprouve à un moment donné cet écart, cela signifie que je ne comprends rien à l'intention d'origine. Car bien sur rien ne peut exister sans une intention. Ce qui me renvoie encore une fois à cette tarte à la crème que représente encore ( pour moi toujours) le serpent de mer de la démarche artistique. Puis je décider seul, c'est à dire moi le petit je d'être l'auteur pleinement de quoi que ce soit. C'est exactement sur cela que je n'ai jamais cessé de buter tellement je sens que cette décision est erronée. Que je ne peux n'être qu'en partie, et de façon réduite parcellaire le créateur du tableau. Que toutes les informations qui me seront arrivées en amont, durant le processus de la peinture, et ensuite en constatant un résultat, ne m'appartiennent pas totalement. C'est une cocréation avec beaucoup de paramètres qui ne cessent de m'échapper sitôt que je tente de les identifier, pire vouloir les contrôler ou les maîtriser. Ce qui oblige à une humilité immédiate que je ne maîtrise pas non plus. En général je suis assez énervé que l'on me dise que mon tableau est beau par exemple. Ou que l'on me considère avec du Monsieur, de l'artiste, et je ne sais quoi encore. Mais je m'étale encore. Bref je me demandais si on pouvait intervenir sur le futur d'un tableau. Ce qui pour la plupart des gens qui liront ce texte relève certainement de la pure idiotie ou d'une perte de temps, ou d'une maladie mentale avérée. Mais tout de même... et puis de toutes façons au point où j'en suis... Le problème une fois posé un certain nombre de questions commencent à fuser. Comment peut on modifier le futur d'un tableau alors qu'en théorie on ne sache pas comment il va s'achever dans une première réalité à venir.Si je prends comme hypothèse un tube temporel qui va d'un point A vers un point B et qui désigne le début et la fin d'un tableau, je crée déjà moi même une sorte de réalité avec un passé, un présent et un avenir.Est-ce que je suis seul c'est à dire moi Patrick Blanchon à créer cela ? Ou bien dois je prendre en compte toutes les interactions incessantes qui accompagnent le seul fait que je respire, comme par exemple la luisance de cette feuille de lilas qui se déploie dans le jardin, les images encore fumantes d'une ville dévastée par les bombes, l'odeur du café qui monte de la cuisine et en fait des milliards et des milliards d'informations qui continuellement ne cessent de me traverser.Est ce que toutes ces informations qui me traversent font partie d'un programme général que l'on pourrait résumer par l'air du temps ? Et si oui qui crée un tel programme ? Est t'il dû à des combinaisons purement aléatoires ou bien est t'il manipulé par des intentions que j'ignore totalement ?Comment alors s'abstraire d'un tel programme dont on sent bien que la conscience n'y trouve pas son compte, que cette conscience désire quelque chose de plus vaste, et en même temps de plus léger, une liberté ?La peinture comme je le suppose depuis un certain temps n'est que le moyen que j'ai trouvé pour pallier mon ignorance en mathématiques, en physique et tout de même participer modestement, à mon échelle à un questionnement sur la nature de la réalité. C'est certainement assez proche de tout ce que j'observe, ces avancées qui mixent le rationalisme désormais avec la mystique ancestrale.Peut-on alors imaginer que ce ne sont que des intentions prisent dans un futur déjà réalisé depuis toujours qui résonnent tout à coup avec ce que j'ai comme intention soudain dans mon propre présent qui me permettent d'identifier soudain un chemin, un futur particulier.Est ce que la joie ou la peine, c'est à dire le facteur émotionnel seul vis à vis de ces intentions "personnelles" peut me guider vers une certitude quelconque de changement ou plus précisément de modification réelle d'un futur que je ne suis pas en mesure de voir ? Je pourrais évidemment botter en touche et dire tout cela était pour rire, pour vous divertir, m'en tirer encore par une pirouette et aller boire mon café, fumer ma cigarette, passer à autre chose comme on dit. Et probablement que c'est encore ce que je vais faire. Car il ne suffit pas de poser une intention de changement, il faut ensuite l'oublier, et faire confiance tout en restant vigilant à tout ce qui peut advenir à partir de cette première intention posée là dans le temps.|couper{180}
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Création, croyance et morale.
huile sur carton format 30x30 cm Peut-être en va t'il de la peinture comme de toutes les grandes choses comme disait Nietzche, "celles-ci périssent par elles-mêmes par un acte d'auto destruction." Mais je crois que c'est en raison d'une vision individualiste qui s'offusque soudain de s'être bernée elle-même. Enfant nous créons comme nous respirons, nous ne nous posons pas vraiment de question à propos du pourquoi et du comment. La vigueur d'un rouge, nous la suivons sans y penser là où celui-ci veut bien nous emporter. C'est ensuite que les choses commencent à se gâter. Lorsque nous disons j'ai peint une belle chose, regarde donc. Lorsque nous finissons par croire que la peinture vient du je, de la cervelle, lorsque nous répudions les muses en les transformant en de simples contes à dormir debout. On se croit maître de quelque chose, on s'enivre d'un tel pouvoir et évidemment comme on veut asseoir cette autorité, l'étendre, on finit par lui adjoindre une morale. Moi je sais bien faire alors que les autres pas vraiment. Moi seul comprend quelque chose à tout ce bordel et je vais vous fournir des règles, des lois, afin de mieux vous orienter dans la confusion tout en vous mettant évidemment le grappin dessus. C'est l'être humain de base. Ce besoin atavique de conquête, de pouvoir, de profit, cette pensée unique autour de laquelle tant de choses tournent encore de nos jours. Qu'un pays entier soit ravagé par de tels objectifs encore parait hallucinant. Mais si surnaturel cela soit-il en même temps que monstrueux, je crois que cela nous apprend encore quelque chose. Surtout suite à cet autre événement extraordinaire que représente le Covid. Cela indique une résistance et en même temps une agonie. Ce sont des sursauts d'agonie. Un monde s'évanouit laissant place à un autre. Quelque chose aura été poussé à l'extrême de sa propre absurdité. Ces notions de pouvoir et de profit qui agitent encore plus ou moins les peuples alors que nous pressentons bien que la vie ne veut pas cela vraiment. Que le but de la vie n'est pas la conquête mais la créativité et l'échange d'informations. Et que l'argent, l'exploitation d'autrui ne sont pas nécessaires à cela. Que cette habitude de laisser nos existences gouvernées par une poignée d'hommes ou de femmes plus intelligents, plus cultivés, plus riches, plus ceci ou cela n'a aucun fondement véritable. L'art, et la peinture notamment n'échappent pas à la règle nietzschéenne dans ce cadre égoïste du monde bordé par le ressentiment, l'appétit de gloire et de richesses, le désir d'avoir un ascendant quelconque sur autrui. Quand l'émotion se transforme en matière à challenge, quand elle ne sert plus qu'une volonté de performance, ou bien encore de s'élever artificiellement au dessus de la concurrence, par une morale d'entreprise qui consiste à trouver des trucs des astuces pour placer un produit, cela signifie aussi qu'un changement important est en train d'arriver, que toutes ces choses ne sont pas autre chose que des sursauts d'agonie également. Un art se meurt vive l'art. Certainement le monde nouveau est déjà là, et je veux être optimiste car je vois bien qu'il existe malgré tout en moi une conscience qui me dépasse. Malgré tout ce que j'ai pu penser, imaginer de bien et mal, tout cela n'a absolument rien à voir avec cette conscience qui ne se meut que dans le but d'étendre son amour. Je dis "amour" mais je pourrais aussi parler de clarté comme de justesse. Dans le fond à ce propos il n'est pas besoin d'avoir beaucoup de vocabulaire. Il suffit de faire confiance à la source, d'affronter la peur en tant qu'illusion nécessaire à la compréhension encore pour un moment. Elle disparaitra d'elle-même lorsque nous n'en n'aurons plus besoin. Car nous avons besoin de la peur pour comprendre ce qu'est le courage. Comme nous avons besoin du mensonge pour comprendre la justesse. Ce que nous faisons ensuite de toutes ces choses apprises parfois douloureusement est encore un étape, un point de bascule qui crée soit une morale soit un avenir et en même temps un passé. Mais c'est par ce chemin que nous pouvons déplacer parfois d'un iota un univers tout entier, le métamorphoser. Il suffit de très peu, comme par exemple d'oublier ne serait-ce qu'une micro seconde la notion d'impossible. Pour cela je crois que la notion de tourbillon peut nous guider. Etre attentif aux tourbillons, car c'est par ceux-ci que voyage l'information.|couper{180}