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27.Les bords de la toile.

Révélation 50x50 Huile et fusain sur toile —Tu n'as rien compris au film, me dit Salvador. Tu vis dans une toile sans bord. Une toile qui ne s'arrête jamais de ne pas vouloir en finir. Tiens voici mon coupe-papier, il est précieux je me suis suicidé mentalement mille fois avec, il est un peu usé comme tu peux le constater. Salvador moustaches au beau fixe m'indique un point sur la gauche de son habit d'académicien. C'est là qu'il faut peindre le point rouge, et regarder dans le miroir pour ne pas se louper. —Suicider le reflet ! Puis peindre les bords de la toile en noir. Faire un deuil, ne pas oublier une avalanche de cotillons, un feu nourrit de pétards . Enfin très important ! Installer Dieu sur un nouveau piédestal et croquer dans une fraise bien juteuse. Sinon tu n'es qu'un peintre en bâtiment mon petit vieux. Sans bord c'est inutile et harassant ! Reprends un carré de ce chocolat qui rend fou et tu verras des lutins couleur rose bonbon. Il faut en finir pour commencer mon petit vieux ! Je me réveille avec un sale gout dans la bouche. Trop de whisky hier soir. Pourtant j'ai restreint la dose ces derniers temps. Deux verres seulement me suffisent pour m'évader d' à peu près toutes les conversations à la con. Je mets un moment à choisir si je m'enfonce dans le rêve ou si j'agrippe la première réalité illusoire à ma portée. Et puis je me lève, un pas après l'autre, je me fous de savoir si c'est le droit ou le gauche. Café ! C'est dimanche et c'est le grand jour. Maria nous a promis qu'on allait assister à un coup d'éclat des reptiliens. Le premier tour du scrutin. Un enfumage de première pour nous faire croire que nous choisissons quoique ce soit. —Pas besoin de boule de cristal pour comprendre que tout est déjà plié, réglé dans la boite dit Pablo. D'ailleurs pourquoi chercher à comprendre... il suffit de fermer les yeux et on trouve. — Je ne comprends pas pourquoi personne ne se rend compte. Désormais que je vois le fil blanc, je ne peux plus ne plus le voir. Salvador, moustaches à 21h15. — Attend je sors mon pendule, tu as encore évoluer depuis hier. Puis il pose un cercle de plastique mou de 360 ° sur la table du petit déjeuner et en fermant les yeux il place le pendule au dessus. Enfin il ouvre à nouveau les yeux et semble compter quelque chose. —350 sur 360 mon cochon, c'est quasiment parfait ! Je le regarde interloqué. Tu es très au dessus de la fréquence moyenne des individus mutants entre la 4ème et 5ème dimension. Encore 10 petits degrés pour ne plus du tout être entravé par ton égo. Mais hi hi ne te réjouis pas trop vite, ce sont les 10 degrés les plus difficiles à gravir. Je me demande si je vais prendre un doliprane ou un verre de whisky afin de soigner le mal par le mal. Mon cœur cogne contre mes tempes. Je jette un coup d'œil par la fenêtre de la cuisine. Le jour se lève doucement, et une mince clarté déjà semble annoncer le beau temps. Puis je sors dans la cour, j'allume une cigarette et je repense à la phrase de mon rêve Tu vis dans une toile sans bord. Je ne sais pourquoi les mots fiction et réalité se transforment soudain en mouches à merde, un joli bleu électrique. je les regarde voleter vers le chèvrefeuille, le jasmin et le lilas comme s'il s'agissait d'un couple de papillons amoureux.|couper{180}

27.Les bords de la toile.

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Un petit coup de blanc !

Revue de travaux aujourd’hui… ma remise déborde de toiles et de travaux sur papier oubliés. Et comme j’ai pas mal d’expos à venir en même temps j’effectue un inventaire… Le blanc est l’outil magique que je préfère pour redonner de la souplesse de la légèreté à d’anciennes lourdeurs. Du coup en voici deux travaillées cet après-midi. Un format 40x40cm sur papier Révélations huile et fusain sur papier 30x40cm Et une toile format 40x50 que j’ai commencé à défricher Révélations huile sur toile 40x50cm|couper{180}

Un petit coup de blanc !

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L’invention de l’équipe.

Souvenir d'enfance acrylique sur panneau de bois 20x20 cm Hier dans le temps me revoici comme professeur face à un petit groupe d'élèves. Etonnamment le groupe est limité. Quatre personnes seulement. Aussitôt le programme de culpabilité et de mésestime se met en marche. C'est de ma faute forcément si certains ne sont pas là. Je ne suis pas un bon prof, ce que je propose est trop abstrait. Je suis beaucoup trop exigeant. Je ne pense qu'à moi et à ma vision de la peinture, bref j'emmerde pas mal de gens qui viennent ici seulement pour prendre un peu de bon temps. Quand j'observe le tsunami des reproches que je m'effectue à moi-même, je sors fumer une cigarette sur le perron. Temps mort. Puis je reprends mes esprits, je me fie à ce qui me traverse. Bien aujourd'hui nous allons travailler sur le thème de l'accumulation. Regardez autour de vous et en vous comment les choses finissent par s'accumuler, nous envahir, nous étouffons. Explorons ça. Evidemment j'ai oublié d'apporter de la documentation mais c'est assez simple vous n'avez qu'à fermer les yeux et observer. Il y a deux choses importantes dans ce thème. Prendre conscience de l'accumulation est une chose, puis trouver des relations entre les objets, les formes accumulées sur la feuille de papier. Et c'est en établissant ces relations que de nouvelles formes pourrons se laisser entrevoir. Alors s'opère un travail de "vidage". On épure tout ce qui parasite cette nouvelle image entrevue grâce à la relation crée entre des objets apparemment hétéroclites. De façon pratique on ne travaillera qu'en noir et blanc pour la première partie puis avec une seule couleur pour la seconde phase. On n'utilisera le blanc et le noir comme additif à la couleur qu'à la fin si besoin. Le médium c'est l'eau. Créez des valeurs seulement avec du pigment de l'eau, travaillez par couches fines, accumulez les couches successivement pour atteindre l'intensité souhaitée ou nécessaire. Ces mots je ne fais que les restituer aussitôt qu'ils arrivent à l'esprit. Le temps semble suspendu. Tout le monde se met au travail avec les quelques indications fournies. je suis là pour donner des conseils, je vais de l'un à l'autre, encourage, guide, propose. Je m'aperçois que certaines choses ne sont pas encore comprises. La notion de contraste, de valeurs, de plan. Pourtant je l'explique à chaque stage, à chaque cours... Est-ce que cela vient de moi ? Est-ce que j'explique si mal que ça ? C'est J.M qui me réveille de ma torpeur culpabilisante. — C'est drôle ce que tu dis, parce que tu le dis à chaque fois mais j'ai l'impression de n'en comprendre qu'une toute petite partie à chaque fois. ça ne vient pas de toi, je sais que ça vient de moi. Un autre dit c'est vrai pour moi c'est pareil. Et un autre encore. En fait tous sont d'accord pour déclarer qu'ils n'arrivent pas à saisir tout d'un seul coup, que c'est comme une prise de conscience progressive. Et tous disent ça vient plus de nous que de toi. Ce qui me rassure bien sur. Et m'interroge aussi. Je peux percevoir tous leurs blocages. Intuitivement je sais ce qui cloche. Je peux guider, conseiller, débloquer en indiquant. Mais je n'ai pas le pouvoir d'accélérer le temps de la compréhension, le temps de la connaissance. Méta position. Je suis un élément parmi d'autres. Nous formons une équipe. Peu importe que j'ai dans cet événement le rôle de prof. tout le monde est logé à la même enseigne quand il s'agit du mystère. J'ai donc moi aussi quelque chose à apprendre par le fait même que j'ai le rôle d'enseigner. Apprendre surtout à trouver les bons mots, les métaphores, les flèches qui "en même temps" atteindront toutes les cibles. Le cœur de l'équipe. Comment l'équipe prend t'elle conscience d'être une équipe ? En dessinant et peignant nous échangeons sur les événements de l'actualité. Le covid qui repart, les élections pestilentielles, la guerre en Ukraine. Nous avons tout cela à vider, toute cette accumulation de calamités. Le fait que nous ayons cette envie de peindre pour nous vider aussi l'esprit n'est pas quelque chose à prendre à la légère. A un moment je ne peux pas me retenir de dire que de grandes choses se préparent. Je suis presque horrifié de me l'entendre dire, mais comme pour la peinture je ne m'oppose pas. Une grande flotte extraterrestre est en marche je dis. Je pense qu'ils vont éclater de rire. Pas du tout. Et je m'aperçois que tout à coup les langues se délient, tous plus ou moins ont le même genre d'intuition. Ce qui n'aurait pas pu arriver si le groupe habituel avait été au complet car on aurait botté en touche, plaisanté, et finalement nous serions revenu à des discussions classiques, de celles que l'on rencontre dans ce genre de stage habituellement. Il y a eut un échange véritable, et tous nous avons été surpris par le fait que le temps nous manquait. Pourtant nous avons passé 4 heures ensemble.|couper{180}

L'invention de l'équipe.

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25.Conscience du tableau

Le flux d'information est ininterrompu. C'est seulement lorsque l'attention parait s'assoupir, accaparée par d'autres objets que la sensation d'une déconnexion s'installe. Rester focalisé sur l'attention nécessite de vibrer à une fréquence particulière dont la source est le cœur. Et en même temps abandonner cette fréquence est tout aussi nécessaire pour explorer la souffrance, la compassion, pour être humain. Nous ne sommes pas tout seul dans cette galère. Nous sommes seuls et en même temps nous ne le sommes pas. C'est toute l'ambiguïté de la conscience qui ne peut évoluer sans créer l'altérité. Il en va de même du peintre face au tableau. Le tableau n'est pas au delà du champs de la conscience. Il ne peut rien y avoir d'autre que la conscience. Si je ne peux voir le tableau avant de le faire c'est que c'est le chemin que ma conscience me demande d'emprunter. C'est le processus qu'elle découvre en même temps qu'il s'opère pour se découvrir elle-même. Pablo me secoue l'épaule. — Le café est prêt camarade. Je reconnais immédiatement son accent je sais que c'est lui en même temps que l'odeur de pain grillé pénètre dans la pièce. Plus précisément je me vois allongé sur le lit, je vois la pièce, la porte s'ouvrir , Pablo apparait sur le seuil avec un plateau sur lequel est posé une tasse de café et des tartines beurrées. Puis il pose le plateau sur la table de chevet, s'arrête un instant pour me regarder dormir, hausse les épaules et me secoue l'épaule. Plus précisément encore tu pourrais encore mieux faire et évoquer tout ce que tu n'as pas vu me dit Pablo en souriant. Puis il se dirige vers la fenêtre et tire les lourds rideaux de velours. La lumière pénètre dans la pièce et je dois plisser les yeux pour m'adapter à la clarté. —Le fait que tu aies des implants n'arrange pas les choses me dit-il. —Des implants ? — Il s'agit de cristaux que les reptiliens plantent dans la cervelle des êtres humains pour réduire leurs capacités, en faire des esclaves dociles. — tu rigoles Pablo ? Je me serais aperçu de ça si on m'avait enfoncé des cristaux dans la cervelle tout de même ? — Bien sur que non mon cher. Il ne s'agit pas de cristaux tels que as l'habitude d'en voir, ça ne se passe pas au niveau de ta cervelle physique, mais au niveau du corps éthérique. Il suffit parfois d'un rien pour qu'ils te mettent leur sale patte dessus. Un cauchemar par exemple, du moins tu penseras que ce n'était qu'un cauchemar, alors qu'en fait tout est parfaitement réel. — Mais il faut qu'un rêve ne soit qu'un rêve pour que la réalité soit la réalité Pablo. Tu me flanques la trouille là. Dans ce cas nous ne pouvons jamais être surs de rien ? — Qu'est ce que ça veut dire être sur ? me demande Pablo. Puis il repart avec son plateau et je reste seul avec l'écho de la question qui rebondit sur les parois de la chambre. Je bois lentement mon café, puis soudain je regarde la tasse. Sur celle-ci une inscription surgit comme si elle s'écrivait dans l'instant. "écoute ton cœur" en lettres dorées. Et là un vertige me saisit. Est-ce que c'est moi qui invente ou bien est-ce tout simplement une coïncidence ? C'est à ce moment là que Pablo ouvre à nouveau la porte et me dit —Ecoute ton cœur dans l'instant ! le lave vaisselle a fini par effacer la suite, mais la seconde partie de la phrase est essentielle. Puis il repart comme il est venu. ça y est ma cervelle commence à bouillonner, je suis réveillé pour de bon, je jette un coup d'œil par la fenêtre et j'aperçois le ciel bleu au dessus des toits de la ville. Il faut que j'écrive toutes ces choses avant de les oublier. Je m'assieds à ma table, j'ouvre mon cahier je prends le feutre noir à pointe fine fétiche avec lequel j'ai l'habitude de noircir toutes ces pages et je tente de récapituler les idées dans l'ordre, Il n'y a que lorsque j'écris que j'ai la sensation d'être en accord avec un ordre qui m'appartient, qui n'appartient qu'à moi. — Ce que tu dis est drôle me dit le peintre, je pourrais dire exactement la même chose lorsque je peins. Je tourne la tête mais je sais déjà que je ne verrai rien. La conscience ne voit que ce qu'elle a besoin de voir d'instant en instant et rien de plus ni rien de moins.|couper{180}

25.Conscience du tableau

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Révélations, processus peinture

Le titre d’une nouvelle série qui sonne bien dans cet univers apocalyptique. Quelques étapes Révélations fusain et acrylique 70x70cm|couper{180}

Révélations, processus peinture

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Un peu plus d’anges.

Fusain sur bois esquisse format 20x20 cm Il arrive parfois que notre ange gardien éprouve un léger coup de mou. Il n'est pas rare qu'à l'appui d'un constat momentané d'impuissance ou de fatigue, voire pour cause de maladie, un ange se trouve obligé de faire appel à la communauté pour obtenir de l'aide. A ce moment il envoie un doodle aux autres anges gardiens afin de demander qui est disponible pour l'appuyer dans sa mission. Maria hésita un instant puis considéra le terrien allongé sans connaissance près d'elle. Puis elle revisita mentalement son agenda du jour. Il y avait tant de chausses trappes à éviter pour cette journée qu'elle essaya de reconsidérer la topographie des lieux. Peut-être était-il raisonnable de songer à étudier des raccourcis, à économiser ses forces afin de regrouper ses actions. Faire avec un miracle plusieurs coups. Bref établir un plan d'action, ce qu'elle n'aimait pas faire la plupart du temps comme du reste la majorité des anges gardiens assujettis comme tout à chacun le sait, à la spontanéité de l'instant. Maria consulta sa montre, une modeste imitation de Rolex, il était déjà tard dans la matinée et elle savait que passée l'heure du déjeuner les événement ne tarderaient pas à s'accélérer. On était le 24 du mois de février de toutes façons il ne pouvait pas en être autrement. Le 24 la possibilité de faire appel à un surplus d'anges n'est pas une rareté, pas plus qu'une anomalie, c'est inscrit dans n'importe quel traité de numérologie. Sa fierté en prenait à chaque fois un petit coup. Maria aimait bien assumer seule ses responsabilités et rechignait régulièrement à demander de l'aide. Du reste cela ne faisait il pas partie de sa mission également que d'apprendre à s'assouplir de ce coté là ? Après une courte réflexion , une rapide récapitulation de ses prérogatives et bien qu'elle fut un ange gardien du 7 ème échelon, il fallait bien se rendre à l'évidence qu'elle ne pouvait ce jour là, assumer sa tache seule. Elle regarda encore le visage angélique de son protégé, ne put s'empêcher de se laisser attendrir, puis elle enfila son long manteau, et referma la porte de l'appartement tout doucement derrière elle. En un clignement d'œil elle se retrouva devant le Séphirot , bar situé à l'angle d'une rue louche dans l'un des quartiers les plus mal famés de la ville. C'est là que la plupart du temps on pouvait retrouver les anges désœuvrés. —Tu as besoin d'aide Maria ? lui demanda un ange gardien inconnu à ce jour au bataillon aussitôt qu'elle eut franchi la porte de l'estaminet. — Un coup de main Maria lança un autre qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam — Je suis dispo quand tu veux Maria lui jeta un petit chérubin aux genoux écorchés assis sur le zinc. On aurait dit que la salle toute entière attendait sa venue. — Sers moi un double expresso Ernesto commanda Maria au grand type barbu dont les avants bras disparaissaient sous une couche douteuse de tatouages bleutés. —Et bien vous devez drôlement vous emmerder vous autres pensa t'elle tout haut en sirotant son café sans sucre. — Oh oui dit un caniche nain doué de parole, on se fait plutôt bien chier depuis que la révolution numérique s'est abattue sur cette dimension. Tout est déjà prévu d'avance par les algorithmes et ces couillons de terriens foncent dedans tète baissé. Tiens regarde, nous aussi on a une nouvelle appli et le clebs se tortilla un instant pour extraire un smartphone dont ils manipula le clavier avec une dextérité époustouflante. "HelpAnge" Est une communauté virtuelle ou chacun peut lister ses taches, ses problèmes ses coups de gueule, doléances et prières. Moyennant 5 euros par mois d'abonnement tu peux bénéficier d'un tas d'opportunités. — Décidemment on n'arrête pas le progrès. murmura Maria — ah bah non il y a même une partie rencontres genre Tinder pour anges en manque d'affection, continua le caniche en remuant la queue frénétiquement. — Bien bien bien. Mais s'il te plait mon chou, évite de te frotter contre mes jambes si tu ne veux pas que je te botte les fesses dit Maria en allumant une Winston à bout doré. Le Sephirot aussi avait bien changé constata Maria. La population n'était plus celle qu'elle avait connue autrefois. Il faut dire que ça devait bien faire plus de 20 ans en durée terrestre qu'elle n'y avait pas mis les pieds. Du coup elle leva les sourcils en constatant machinalement que cela faisait déjà un sacré moment qu'elle n'avait rien demandé à personne non plus, qu'elle s'occupait seule de ses petites affaires. La raison de tout cela ? un dégout de l'avancement probablement. Lorsqu'elle avait compris que tous les anges d'un échelon se pliaient en quatre pour atteindre le suivant parfois même non sans bassesse et coups fourrés. Parfois elle se demandait si elle avait toujours été naïve de croire à la solidarité angélique naturelle ou bien si à force d'avoir essuyé des déceptions elle était devenue à la fois plus lucide et aigrie. Un ange désabusé. Voilà sans doute ce que Maria était devenue se disait-elle en avisant son visage dans le miroir derrière le comptoir. Puis son regard dériva vers une silhouette assise seule à une table. Elle se frotta les yeux, ce n'est pas possible se dit-elle soudain et elle fit volte face pour considérer le personnage qui aussitôt tourna la tête vers elle avec un sourire un peu triste et en lui faisant un signe discret de la main.|couper{180}

Un peu plus d'anges.

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Accumulation.

Un nouveau thème se profile pour mes ateliers de peinture. Celui de l'accumulation. l'idée m'est venue en déchirant une feuille de papier par inadvertance. Que faire de ces morceaux éparses ? je n'allais pas les jeter. Et puis un accident veut toujours attirer notre attention sur un point particulier à explorer. Prendre une nouvelle feuille, et jeter ces morceaux sur celle-ci en désordre dans un premier temps. Tracer les contours de chacun de ces morceaux à l'aide d'un crayon. Puis retirer les morceaux les réagencer autrement, retracer. Recommencer encore. On obtient ainsi une accumulation de traits et de formes. On peut ensuite s'amuser à déposer des valeurs de gris sur chacune de ces formes afin de les mettre en relation les unes avec les autres. C'est cela l'important : la relation que l'on permet de s'établir entre les formes. Je n'ai pas pris de photo de ce premier atelier du matin avec les adultes. J'ai réitéré l'expérience l'après-midi avec les enfants. En le simplifiant. Juste un seul morceau de papier déchiré dont on répercute la forme en l'orientant à chaque fois différemment. Une accumulation du même sous divers angles. Ensuite même principe, un remplissage à l'aide de valeurs de gris. Les enfants ont adoré. Plus tard le soir nouveau groupe d'adulte, je conserve l'idée d'un morceau à reproduire, cette idée d'accumuler la même forme puis je leur propose de créer un camaïeu avec une couleur primaire au lieu du coloriage au crayon. Pas pris de photos non plus car ce n'est pas encore terminé. A suivre donc mercredi prochain dernière séance avant les vacances de printemps.|couper{180}

Accumulation.

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Réussir

Le combat d'Hercule avec le lion de Némée, Pierre Paul Rubens Quel sens donner au mot réussite ? Que ce soit dans la rédaction de ces petits textes que j'écris quotidiennement comme aux tableaux qui s'empilent dans l'atelier. Au présent, de quelle réussite s'agit-il ? sinon d'un prise de conscience de la conscience sur ce qu'elle est. Et qui chaque jour tente d'élargir son horizon, de rejoindre, en vain, l'infini. La réussite est donc en grande partie la prise de conscience d'un échec qui étrangement apporte une légèreté. Une fois que tous les buts illusoires que l'on s'est fixés tombent. L'éblouissement est là. Un aveuglement qui permet de considérer la nécessité. La double nécessité à la fois de cet aveuglement comme l'infini des possibilités de voir ce qui doit aussitôt s'évanouir. Des étoiles filantes. Et toujours entre la matière et l'esprit l'importance de cette relation établie, cette quintessence qui s'évapore au dessus du creuset. L'esprit et la matière ne sont plus que cendres quand la relation advient. L'expérience de la peinture est identique à celle de l'écriture. Il n'y a que l'expérience d'une régularité de l'instant qui s'appuie sur des prétextes pour se survivre. Une forme de l'amour qui ne cesse de tendre dans l'instant vers l'infini tout en sachant qu'elle ne peut jamais l'atteindre. Elle semble parfois entrer en résonnance et éblouir, illusion d'un sens, d'une logique, d'une raison s'échappant de sa geôle d'incohérence. Ulysse encore une fois face aux sirènes. Ce n'est plus tant la curiosité cependant qui m'anime. Une autre vibration s'installe dans le présent de l'écriture dans le présent de la peinture. Une vibration personnelle qui ne se soucie plus de rien d'autre que de vibrer plus haut plus loin plus profondément pour estimer les limites de son propre néant. Pour entrer en compassion avec ces limitations après les avoir tant répudiées. J'arrive assez bien à proposer un cadre dans la pratique de la peinture, à mes élèves notamment. Je ne cesse de leur évoquer l'importance capitale du cadre, sans lequel aucune liberté ne peut agir vraiment. Alors que j'explore quant à moi sans relâche le hors cadre. Lorsque je peins je ne pense pas à présenter mon travail. Je suis présent au travail. C'est le seul cadre si l'on veut. Etre présent. A l'intérieur de celui-ci la liberté s'agite comme une jument sauvage que je tente de dompter parfois, d'autrefois non. Cette notion de maitrise, de contrôle de l'Energie que je nomme liberté, ou vie, ou être, me semble tour à tour ubuesque, passionnante, éreintante, enthousiasmante ou décevante. Ce n'est pas très important, toutes ces impressions, ces sensations, ces idées ces pensées qui me traversent librement, sauvagement. Ce qui est important c'est de rester présent à tout cela et de le restituer comme je le peux sur la toile. Ce qui l'enrichit si je puis dire de multiples couches souvent invisibles aux yeux d'autrui. Palimpsestes. Le fait de recouvrir les traces voilà une piste à creuser. Pourquoi vouloir les recouvrir ? Encore cette notion d'achèvement mal comprise, mal digérée probablement. Le traumatisme laissé dans l'instant perpétuel du faire qui, si l'on peut saisir le commencement facilement, donne toujours du fil à retordre vers la fin. Parce que l'on sent intimement cette illusion de toute fin. Parce qu'imposer une fin, se l'imposer à soi pour commencer, ressemble à un acte de haute trahison. Une injustice comme la première que rencontre l'enfant. Et du coup s'élancer vers le renouvellement, vers le principe, vers le recommencement. Il faut tout inventer, ses outils, ses raisons, sa folie, et même sa propre idée de la réussite.|couper{180}

Réussir

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le zéro et l’infini.

couverture de la première édition américaine. Blaise Pascal dit que l'infini est un cercle dont le centre est partout et le périmètre nulle part. Et c'est évident. Ce n'est pas une théorie. Pas besoin d'observation, d'hypothèse. Chacun de nous est en quelque sorte ce centre. Nous sommes en outre tous des zéros. C'est à dire un néant infini en opposition au tout infini dans cette vibration, cette manifestation du monde visible que nous nous acharnons à nommer la réalité. L'infini ne possède aucune caractéristique. Car s'il en possédait la moindre on pourrait grâce à celle-ci le définir, donc faire de son concept quelque chose de "fini" ce qui est à proprement parler une ineptie. Dieu par exemple ne peut être l'infini puisqu'il est Dieu, il est quelque chose. Eternel, tout-puissant miséricordieux, vengeur etc.... L'infini tel que la nécessité d'en prendre conscience me l'impose contient tout autant zéro que tous les dieux que l'on voudra bien s'imaginer. L'infini n'est rien sauf une nécessité. Et une nécessité qui passe par la plus haute forme d'honnêteté humainement possible, celle du cœur. Comme la suite infinie des chiffres et des nombres forme un infini mathématique dont on ne peut jamais voir la fin. Il n'y a ni début ni fin. On ne peut pas trouver un nombre qui caractérise la limite ultime de cet infini. Il n'existe qu'un symbole. En revanche on ne peut retrancher aucun nombre à cette suite menant vers l'infini. S'il en manque un seul tout s'écroule et on se retrouve face au néant. Le zéro c'est le néant qui s'oppose au tout pour que la conscience puisse créer sa propre opposition, pour que cette chaise soit suffisamment solide afin que je puisse m'y asseoir. Conscience et amour. C'est de cette friction que les mondes visibles naissent et meurent tout comme chacun de nous. Conscience donc quelque chose de fini en opposition à l'amour , à la nécessité d'infini. Je ne peux être conscient que de ce qui se trouve dans ma conscience. Au-delà de cette conscience il ne peut rien y avoir d'autre. Le zéro ne contient pas le tout. Il ne contient que l'infini d'un rien. En revanche la nécessité de l'infini absorbe l'infini du rien, l'infini du zéro la nécessité de l'infini ne peut se passer de la nécessité du néant. Voici donc le fragment numéro 22. Appartenant à l'ensemble des fragments retrouvés dans le fouillis des cartons qui gisent encore épargnés par les souris, les rats là haut dans le grenier. Tout ce fatras de notes, de manuscrits plus ou moins achevés que laisse derrière lui le peintre fêlé à quelqu'un comme à personne. A zéro comme à l'infini Et nul ne peut savoir qui des deux un jour les emportera vers l'oubli total ou la connaissance globale. Mystère et boule de gomme. Quelle importance accorder à tout cela ? Aucune probablement. Entre l'auteur et son lecteur rien d'autre ne compte véritablement que la lecture, c'est à dire la relation. On pourrait même imaginer que c'est la lecture, la relation qui crée de toutes pièces lecteur et auteur, qui ontologiquement sont à la fois nulle part et partout, ici et là, ailleurs et nulle part. Ils existent comme ils n'existent pas. Seule la lecture, la nécessité de la lecture qui s'élance vers l'infini ne peut être remise en question. Staline, les grands procès des années 30 et toujours la même léthargie des européens de nos jours avec Poutine. Assister à l'horreur et rester ainsi bras ballants paralysé par l'infini des hypothèses, des pour ou contre... Se mouiller, ne pas se mouiller.... Justement il pleut.|couper{180}

le zéro et l'infini.

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La traversée des égrégores.

Egregore est un projet de black metal américain sur 20 Buck Spin, pour les fans de Samael, Superstition, Morbid Angel, Mortuary Drape, Absu "De juillet 1968 à 1974, huit propositions de loi sur l'abaissement de l'âge de la majorité sont ainsi déposées. L'ensemble des partis s'y rallient progressivement, et tous les candidats à l'élection présidentielle de 1974 le promettent, sachant que le Royaume-Uni avait abaissé la majorité électorale à 18 ans dès 1969, la République fédérale d'Allemagne en 1970 et les Etats-Unis en 1971. Cet abaissement de l'âge de la majorité fait ainsi gonfler le corps électoral de 2 400 000 citoyens. Dans l'esprit de Valéry Giscard d'Estaing, il s'agit d'adapter la loi à l'évolution de la société et de prendre politiquement en compte la jeunesse, même si nombreux sont ceux à droite qui craignent que cette mesure ne favorise une prochaine victoire de la gauche, les jeunes lui étant majoritairement acquis." source Peut-être que la version officielle tient la route pour la plupart des gens. Je veux dire qu'à partir où tout le monde se met d'accord sur l'aspect plausible d'un événement celui-ci sera rangé dans la catégorie des lois ou des vérités. Et si par malchance il vous vient à l'esprit d'en douter on vous dira que vous êtes ignorant, ou fou, ou plus prosaïquement un simple emmerdeur. Mais 21 ce n'est pas rien. On ne passe pas de 21 à 18 comme ça. En numérologie ça ne se fait pas. D'abord parce que le scandium ne peut pas changer brutalement d'état malgré sa mollesse congénitale et selon le bon pouvoir d'une poignée de politicards mal intentionnés. Le scandium et les terres rares qui s'en soucie encore de nos jours ? Au moins autant de personnes qui savent le nombre de schillings dans une guinée. Au moins autant de personnes qui savent le nombre de coups de canons tirés sur l'esplanade des invalides lorsqu'un nouveau président est élu. Et qui se souviendra du petit nom d'agent de la belle Mata bien connue des "services" par le blaze de H21. Enigmatique 21. Dans la simulation générale "notre siècle" porte le numéro 21. 21 siècles vous contemplent péquins moyens, la belle ère des poissons qui glissent entre toutes les mains et renforce d'autant plus l'avidité générale. C'est le début d'une nouvelle période calendaire chez les maya, un nouveau sacrifice se prépare. Une boucherie de plus dont le prétexte est d'honorer et qu'importe que ce soit un dieu ou un homme. L'écoulement du sang sur la terre provoque visiblement une transe nécessaire. Sans laquelle rien de bon ne pourra advenir dans cette illusion du temps linéaire. Je vois à l'instant même la masse inouïe de tous les massacres engendrées pour maintenir l'illusion Stoïquement j'observe. Me voici arrivé au niveau de la tête de l'immense sirène qui git sur le sol sous la forme d'un dessin crée par la guerre et la poudre. Un pas de plus et je pénètre dans l'ailleurs à l'instant toujours présent de tous le présent. Je quitte l'égrégore en pleine conscience du risque de ne plus rien savoir de ce que je vais trouver au delà de celui-ci. Au sol mes croyances comme un bouquet, une corbeille funéraire avec écrite en lettres d'or "en mémoire de l'ami de la part de ses amis". Et en même temps la paix. Et en même temps la joie. Consubstantielles, malgré la somme d'efforts effectuée pour en douter.|couper{180}

La traversée des égrégores.

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20.Régénération du vide

Mermaid Réalisé dans le cadre de la Triennale d’Aichi de 2010. 300 x 1 600 cm. Poudre à canon sur papier japonais (washi). © Cai Guo-Qiang (Photo : Izumiya Gensaku) Quand l'empathie tourne à vide il convient de s'intéresser à la fois à ce que signifie l'empathie comme à ce que signifie le vide. C'est à dire à la façon dont chacun de nous se hâte plus ou moins de combler l'espace offert par ces concepts . Lorsque nous éprouvons une sensation de malaise celle-ci provient la plupart du temps d'un trop plein. Nous avons la certitude d'avoir comblé quelque chose et pourtant tout concorde à nous signifier que nous sommes toujours aussi vide. Ce paradoxe entre perception et impression nous propulse dans des fréquence basses de l'être, là où des milliers d'entités ne se gênent pas pour fondre sur nous comme la misère sur le pauvre peuple. A de telles occasions une possibilité de régénération existe où nous pouvons recréer de l'espace. Je me réveillais soudain en ayant la sensation d'avoir beaucoup œuvré durant mon sommeil. Comme si j'avais manipulé à vitesse supraluminique tous les éléments constitutifs de milliers de rêves. Un gigantesque puzzle de milliards de pièces aurait tout à coup défilées devant la tribune de mon discernement, qui lassé, aurait abdiqué soudain pour laisser à un nouveau rêve la possibilité de naître. En me réveillant j'eus ce réflexe de faire un pas de côté, la lame d'un long sabre effleura ma joue et j'en profitais, toujours mué par l'intuition issue elle-même d'une longue habitude, pour porter l'estocade à l'adversaire inconnu. — Excellent ! Maria bat des mains Tu es enfin revenu parmi nous. Café ou thé ? Bizarrement j'eus envie d'un thé. — Alors raconte dit Hildegarde tandis que je prends mon temps pour savourer le breuvage brûlant. Mais j'ai décidé de ménager le suspens. Je les regarde toutes deux tranquillement et continue à me concentrer sur le gout du thé. — Il le fait exprès lance une voix, et il me semble reconnaitre celle de Pablo. — l'attente est comme un sexe fatigué des grottes qui tente d'espérer dans la moiteur des étoiles déclame de façon burlesque Salvador Tous ces mots je les entends, je peux les comprendre, mais je les laisse passer en me concentrant uniquement sur la sensation de mes mains posées sur la tasse, sur la sensation du liquide qui glisse en moi et se mêle à mes humeurs. Rien ne me parait plus évident que cette attention à ce que je suis en train de faire plutôt que de penser, d'imaginer. — Stop reculez tous dit alors Maria, je comprends ce qui se passe. Il a atteint un nouveau palier il est en pleine régénération du vide, il faut lui foutre la paix. Nous reviendrons vers lui un peu plus tard. Peu à peu les voix s'éloignèrent et avec elles la sensation de familiarité étrange dont j'avais pris conscience. Puis je me rendis à l'évidence, j'avais la possibilité de déplacer cette sensation, de la faire reculer dans l'espace comme pour lui insuffler l'impulsion d'un mouvement. Enfin je la laissais vagabonder désormais emportée par l'unique conséquence cinétique de mon intention. Je la suivis ainsi durant un instant puis je la vis disparaitre aux confins d'un immense vortex, dont la forme était le zéro. Je n'éprouvais pas d'émotion particulière. A peine fus-je étonné de ne pas éprouver le moindre étonnement. Puis je me concentrais à nouveau sur la place que j'étais sensé occuper moi-même dans cet espace que je n'eus aucune peine à réduire à l'infiniment petit d'un point. Je me retrouvais alors dans un immense palais. Face à moi un chevalet et un magnifique paysage dont je compris immédiatement être l'auteur. Une voix que je sus être celle d'un empereur chinois m'ordonnait quelque chose dont je ne saisissais pas le sens. Alors je vis le petit tas de peinture noire sur le rebord de la palette. Je trempais mon pinceau dans celui-ci Puis je peignis une porte dans le paysage, une porte qu'il me fut facile d'ouvrir, et qu'au travers de laquelle enfin je pénétrais. Puis que je pris grand soin de refermer soigneusement derrière moi avant de me retourner pour faire face à l'immensité nouvelle du néant que j'allais de nouveau rencontrer devant moi. Bien qu'il n'y eut ni pétard ni flonflon j'eus soudain la nette impression de me retrouver face à l'impromptu. En l'occurrence la trace au sol d'une sirène gigantesque laissée là comme un indice à suivre pour le pèlerin du cœur.|couper{180}

20.Régénération du vide

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Les uns et les autres.

Illustration Siddhârta médite Le nombre 19 est le symbole de l'ouverture de l'un vers les autres. C'est à 19 ans que Siddhârta décide de cheminer vers la sagesse. D'après certains érudits la naissance de Jésus aurait eu lieu le 19 ème jour du mois de mars. C'est aussi dans le jeu de tarot le soleil ou la flamme, la 19 ème lame. Il est aussi dans certains pays comme au japon un signe de malheur car il représente le malheur, le chagrin. Ce qui n'est pas étonnant étant donné la structure encore très féodale du pays du soleil levant, où chaque individu se doit plus que partout ailleurs d'œuvrer pour la collectivité. " Pour le bien de tous". Mal compris le 19 est aussi le signe du dictateur, de l'abus de pouvoir, de l'intérêt personnel au détriment des autres. C'est toujours le risque de rencontrer le pouvoir sans s'y être préalablement préparé. Tout le monde rit et je ris de concert et soudain je regarde les écrans géants et je comprends. La reine se tient devant un individu qui doit bien être moi. Mais je n'ai plus rien d'humain. Je suis un reptilien comme un autre. Rien de sensationnel ne me distingue de tous les autres. Je ne suis même pas blanc. Plutôt métissé si je puis dire. Pour un peu je jurerais que quelqu'un entonne il est des nôtres dans la foule, et que le champagne coule soudain à flot. Pétards et cotillons. Merde de merde je me dis si je m'attendais à ça... — Continue à respirer calmement, ne t'étonne de rien trop longtemps me rappelle le souvenir de Maria. —A genoux esclave m'ordonne la reine et comme je n'obtempère pas suffisamment rapidement des gardes m'empoignent pour m'y forcer. Un pour tous tous pour un me souffle t'on. Le spectacle semble terminé. Je vois la foule qui se lève, les gradins se vider. Sur les écrans désormais je saisis le message qui s'affiche : sortez ! Même les gardes tournent les talons et je reste seul avec la reine. — Je te dégoute toujours autant ? me demande t'elle une fois que nous sommes seuls. — Je n'appelle pas ça du dégout, je suis plus dans l'étonnement et la déception je réplique. — Majesté... — Oui je suis déçu profondément majesté. — tu te croyais humain c'est humain. — ce qui m'étonne c'est de m'être tellement trompé sur ma nature majesté. D'avoir été victime de ma propre illusion si longtemps. Et le fait est que j'ai beau récapituler ma vie toute entière que je ne trouve aucun indice. La reine fait un geste en l'air et soudain j'ai des images qui défilent. Au début elles sont un peu floues puis elles deviennent de plus en plus nettes. Je me retrouve à une période de la Terre où l'être humain n'existe pas encore. La Terre est alors le monde des reptiles. Je comprends aussi confusément que toutes les planètes sont ainsi, comme notre Terre Gaia. Les premiers enfants qu'elles enfantent sont des reptiles. Ce qui crée la différence c'est que l'évolution de ces reptiles suit des possibles différents sur chacune de ces planètes, dans toutes les galaxies. Dans un seul et même instant des milliards de possibles se chevauchent pour produire des résultats différents. Sur Terre les reptiles ont évolué durant des millions d'années et ont acquis une sagesse immense sur nombre de choses. Mais un portail s'est soudain ouvert depuis un univers parallèle pour laisser passer un possible tout à fait différent. Les drakos dont le but est d'asservir tous les mondes car leur unique obsession est le pouvoir. Il ne faut pas confondre les deux espèces elles sont en tous points différentes quant à leurs intentions. Le flux télépathique que m'envoie la reine s'interrompt. Sur les écrans géants on diffuse des scènes de guerre. Des centaines de cadavres jonchent les rues d'une ville totalement dévastée. Les deux camps adverses racontent chacun une version fort différente de l'évènement, relayée par les journalistes du monde entier. — Mensonges et vérités ne sont plus désormais que des mots d'ordre appartenant à des stratégies basées sur la perception me disait hier encore Maria. — Il faut des méchants pour qu'il y ait des gentils me dit la reine télépathe qui semble avoir compris ce à quoi je pensais. C'est la raison d'être de cet univers dans lequel nous sommes tous ensembles prisonniers volontaires. Au delà de nos perceptions que peut il y avoir réellement ? Certains pensent pouvoir franchir la frontière mais ils sont rares car franchir cette frontière confère un pouvoir incommensurable sur autrui. Pour ceux qui sont guidés par la compassion l'amour une chance leur est offerte de quitter cette dimension tandis que pour tous ceux qui ne jurent que par l'avidité aucune issue jamais ne leur sera permise. — Si je peux me permettre Majesté dans votre énoncé un truc me chiffonne. C'est que l'amour ne soit qu'un moyen alors que je pensais qu'il n'était que but. La reine me regarde avec un regard triste. — Qui peut savoir ce qu'est l'amour ? tous autant que nous sommes, bons ou méchants nous en sommes chacun le jouet. — alors pour vous le tyran ultime, plus fort que tous les autres c'est l'amour ? ( Majesté). Et j'ai à peine le temps de penser que cette reine là est un tantinet fleur bleue, que je me retrouve attiré dans un vortex lumineux, j'ai l'impression de n'être plus qu'un paquet de données téléchargées. Puis l'obscurité totale à nouveau. je ne sais plus où je suis, si je suis toujours, pas même ce que je suis vraiment. Je suis une conscience en vrac voilà ce que je suis pour le moment.|couper{180}

Les uns et les autres.