Tout à coup, une vieille histoire refait surface. Celle d’Œdipe confronté à l’énigme du sphinx, et un prénom surgit avec elle : Pandore. Que racontait-elle déjà, cette histoire de boîte interdite, sous l’injonction rusée d’Hésiode dans Les Travaux et les Jours ?
L’écrivain s’était bien sûr trompé, confondant les traits de Zeus avec ceux du tout-puissant, en livrant un portrait honnête de sa colère. Cette colère, née du feu que Prométhée avait donné aux hommes.
Héphaïstos, taciturne, façonna Pandore dans l’argile et l’eau. Athéna lui insuffla la vie et lui enseigna l’art des tâches manuelles, comme le tissage. N’est-ce pas aussi tisser des mensonges que l’on fait dans ces vieux récits ?
Aphrodite lui conféra une beauté incomparable, et Apollon lui donna le talent d’une musicienne hors pair. Enfin, Hermès la dota du don de mentir, tout en glissant en elle cette "petite" qualité : la curiosité.
Les dieux, satisfaits de leur œuvre, se gargarisaient déjà lorsque Héra, dans un élan irrépressible, y ajouta la jalousie.
Épiméthée, le frère de Prométhée, découvrit Pandore. Séduit par sa beauté, il l’épousa. Parmi les trésors de sa dot, il y avait la fameuse boîte. Une boîte que Zeus lui avait donnée, en la mettant en garde : « Surtout, ne l’ouvre pas. »
Évidemment, tu connais la suite, et voici où nous en sommes aujourd’hui.
Cette curiosité, présentée comme un défaut féminin, me tracassait. Je cherchais en vain sa contrepartie masculine. Puis, à l’aube, j’entendis le fracas des galères contre les mâts, le claquement des voiles déchirées, et dans la lumière du soleil levant, j’aperçus Ulysse d’Ithaque, ce visage familier.
Homère raconte que la colère des dieux fit errer Ulysse pendant des années, suite à des propos malheureux qu’il avait tenus durant la guerre de Troie. Il aurait défié les dieux, niant la fatalité.
Encore une fois, la clique olympienne se ligue pour conspirer et s’opposer. Mais je me demande : et si Ulysse, après la boucherie de Troie, son adrénaline au plus haut, n’avait pas tout simplement cédé à sa propre curiosité, cette fois-ci masculine ?
Ainsi, cher lecteur, nous voilà tous deux face à la même question, observée sous deux angles différents : la curiosité féminine, source de malheurs, et la curiosité masculine, moteur d’actes héroïques.
Mais si l’on joignait ces deux curiosités en une seule ? On découvrirait peut-être que c’est là la seule vraie raison des complots divins. À croire que le divin, s’ennuyant, ne trouve d’amusement qu’à travers les jeux des mortels.