Le risque de vouloir utiliser la rhétorique sans savoir ce qu’est la rhétorique. Ceci dû à la fascination, à ces souvenirs de discours qui m’auront marqué de manière indélébile. Et dont la seule issue était de vouloir les démonter comme un moteur. Le problème est qu’il n’est pas si difficile de démonter quoique ce soit, d’éparpiller les différentes pièces tout autour de soi. Puis de se retrouver ballot à vouloir ensuite remonter le moteur. L’ethos c’est à dire la crédibilité du locuteur est le premier écueil. Difficile de douter sinon par pur instinct des propos tenus par un aïeul, un parent, un professeur. Leur statut vaut déjà toute la véracité, la légitimité, qu’on pourra accorder au moindre de leurs propos. Le fait de douter très jeune de cette légitimité ne fut pas un événement logique, crée par la réflexion, mais par les sens, notamment l’ouïe. Si dans une voix je repérai un couac, un signal d’alerte s’allumait , je me concentrai de plus en plus sur ce couac, je n’entendais plus rien d’autre que ce couac. En ce qui concerne le sens de la vue, ce qu’on nomme désormais le meta langage pouvait aussi créer un hiatus. Qu’un pied s’impatiente sous un visage impassible me paraissait amplement suffisant pour prévoir les orages. Quant à l’œil, il suffisait d’une microseconde de relâchement de la part de l’interlocuteur pour que son tremblement, sa dérive m’indique des gouffres des béances avec des monstres tout au fond tapis. Une sur-vigilance sans doute maladive me barra la route des réunions, des groupes, des comités. Je m’y suis toujours senti mal à l’aise d’y détecter tout ce que justement l’affabilité, la politesse, le savoir-vivre désire dissimuler. Il n’y eut que la sauvagerie pendant longtemps qui me rassurait. Au moins le pire étant face à moi il ne dissimulait plus rien d’autre. Donc pour en revenir au sujet, à la rhétorique, je n’ai jamais franchi la muraille de l’ethos, ce qui aura produit une imitation comme un reflet déformé, grotesque, du pathos. Doutant de l’ethos je ne pu faire autrement que de douter du pathos tout autant. D’où l’attrait pour la caricature de ces deux piliers de la rhétorique.

Ne me resta plus alors que le logos. La logique, implacable, ce qui me rappelle mes difficultés nombreuses dans les sports collectifs, notamment le rugby.