Le 26 juin, j’écris ce qui sera en ligne le 7 juillet. L’écart temporel s’allonge, et c’est bien ainsi, comme une machine à explorer le temps. Ce matin, j’ai relu le J.300, écrit dans le passé, alors que je suis aujourd’hui dans le J.309. Mais avais-je la certitude, en écrivant ce J.300, que je pourrais le relire neuf jours plus tard ? Pas du tout. Cette sensation est étrange. Ce que l’on peut faire avec le temps. Le perdre souvent, ou en gagner, surtout en apparence.
À moins que ce ne soit une de ces erreurs logiques dont j’ai l’habitude. Plus j’observe froidement les choses, plus je découvre des couches à éplucher en moi-même. Une montagne d’épluchures, toujours la même énigme de l’oignon. Mais je ne me lamente pas. Aujourd’hui, j’essaie d’ajouter une nouvelle couche via le bloc. Rester groupé, compact. C’est agréable de ressentir cette petite excitation due à l’écriture quotidienne.
Tous les sites fonctionnent, ronronnent. J’ai passé beaucoup de temps sur celui créé avec Indexhibit, pour finalement comprendre que je peux faire bien mieux avec Spip. Juste une question d’architecture : à quoi sert ceci, cela, prendre le temps d’examiner chaque détail. Comprendre comment mettre en valeur le vide.
Je suis retourné un peu sur Ubuweb et j’ai aussi recherché les sites de Js. Je suis tombé sur cette phrase : « chaque c’était, en tête de chaque paragraphe, ira harponner à rebours un des éléments de l’ancienne vie salariée, la vie moderne des bureaux d’aujourd’hui, et leur informatique ». Hier, en allant à pied à la mutuelle avec mon devis dentaire à la main, j’écoutais J.R. déclamer un poème sur l’épuisement des noms de rue de Paris. Le lendemain, je cherche à retrouver la structure des phrases, mais ne me souviens de presque rien. Je tombe sur cette citation de Raymond Queneau : « Le Paris que vous aimâtes n’est pas celui que nous aimons et nous nous dirigerons sans hâte vers celui que nous oublierons ». Puis Jacques Roubaud : « Le Paris où nous marchons N’est pas celui où nous marchâmes Et nous avançons sans flamme Vers celui que nous laisserons ».
Je reprends mon monologue intérieur. Mais qu’ont-ils fait de ma ville, disait déjà ma mère. Aujourd’hui, je dis qu’il n’y a plus que des banques, des agences d’assurances, des magasins d’habillement, partout dans les grandes villes. Je ne m’en lamente pas. En ville, je n’y vais presque jamais, ni à la campagne. Je ne vais jamais bien loin. La plupart du temps, je reste là, à écrire le jour même ce qui sera publié plus tard. L’aspect répétitif d’un « c’est l’heure », d’un « c’était », sorte de litanie, m’occupera toute la matinée. À 10h, je serai de permanence, la dernière, normalement je n’aurais pas dû, je remplace. Je m’en réjouis presque, persuadé d’avance d’être tranquille, de ne voir personne.