16 septembre 2024
Le désarroi, quand tu tombes sur des liens morts en cherchant un article qui t’intéresse. Ça date de 1997, et malgré la renommée du site de la maison d’édition (Verdier), tu tombes sur la fameuse page introuvable. L’article concerne la sortie des Onze de P.M. Dommage, mais qu’à cela ne tienne, tu navigues. Tu te laisses entraîner vers un hommage à Pierre Rahmy, né en 1966, mort en 2017. Pierre Rahmy te mène à Béton armé, que tu retrouves, et ensuite, tu atterris tout près du Voyageur de Cristal de Lou Lepori, etc., etc. Ça pourrait être sans fin, comme sans but.
Ou plutôt, pour éviter le but.
Il te semble que tu as passé ta vie à rêver le but, et à chaque fois que tu l’atteins dans la réalité, il te déçoit. Tu en attends trop. Tu fais d’un but une fin. Ta vie ne tient qu’à ce but, comme une dent suspendue à son dernier lambeau de chair.
Tellement revenu de tous les buts, il se peut que l’unique, en ce moment, soit de t’en éloigner chaque jour un peu plus, consciemment. Avec une sorte de nostalgie, comme un animal de compagnie qui réclame, que tu nourris malgré tout, mais avec parcimonie. Tu lui reconnais une existence, bien sûr, mais tu n’en fais pas un but.
Et puis, cette réflexion de Dominique Rabaté te revient à l’esprit : « le roman constituerait […] le lieu paradoxal de résistance face à la normalisation sociale, aux dispositifs toujours grandissants de contrôle et d’assignation, une façon de déserter qui puisse exprimer la force encore vitale d’une sécession individuelle ». Est-ce cela, le but que tu poursuis sans cesse, cette désertion, cette sécession vitale ?
Plus rien, une cure de rien : plus de livres, plus de vidéos, plus d’images, plus de sons, plus de paroles.
Un enfoncement progressif, volontaire, vers l’aridité souhaitée du quotidien.
Et tu dis que tu n’as pas de but ?
Personne ne t’en voudra de t’arrêter, de faire une pause, et même de t’enfuir dans la fiction.
Pour continuer
Carnets | septembre 2024
Habiter l’inhabitable
Des chambres d’hôtel. Trop de chambres. Barbès, Château Rouge, Goutte d’Or. Endroits fatigués. Draps humides. Odeur de moisi et de parfums sans nom. Des lieux de passage. Pas faits pour rester. Et pourtant, j’y reviens. L’habitude s’installe. Je reconnais le sol qui grince, les heures de lumière, les cris de la rue. Je sais où poser mes affaires. Ce qui m’avait semblé inhabitable devient vivable. Pas confortable. Vivable. Je me surprends à m’y sentir presque chez moi. L’inhabituel devient un décor. Une routine. Je ne cherche plus à décorer, juste à survivre. Et parfois, au petit matin, une lumière douce. Un silence rare. Quelques secondes d’apaisement. Suffisantes pour tenir. Je ne hais plus ces chambres. J’y dépose des souvenirs sans le vouloir. J’habite sans y croire. Mais j’habite quand même. Et c’est peut-être ça, habiter l’inhabitable. Ne plus fuir. S’adosser à ce qu’on a. Même si c’est gris, froid, temporaire. Parce que dans le pire, on finit par trouver un détail qui retient. Une lueur. Un appui.|couper{180}
Carnets | septembre 2024
24 septembre 2024
Le narrateur revient dans son village d’enfance, un lieu qui porte encore son nom mais a changé au point de devenir méconnaissable. Entre souvenirs enfouis et rencontres inattendues, il tente de comprendre ce qui a disparu.|couper{180}
Carnets | septembre 2024
22 septembre 2024
Alors que le site se construit, des pensées lancinantes s’invitent : à quoi bon ? Saisir la distance pour revisiter ces fragments comme écrits par un autre, un étranger. Des marches le long du Rhône, la rencontre avec un homme et son caddy brinquebalant, et une mobylette bleue qui ressurgit du passé… Dans ce carnet littéraire, la réalité se mêle à la fiction, explorant ce que l’on traîne en soi, et ce qu’il faudrait peut-être apprendre à lâcher.|couper{180}
