20 janvier 2024

À la fin. Quelle fin ? La fin d’un voyage. Et ce voyage est toujours une métaphore, qu’il dure une heure, une journée, une vie. Ce qui compte, c’est cette fin. C’est à partir de la fin que l’on sait si le voyage a été agréable, pénible, enrichissant ou non. Les outils pour le savoir, je ne les connais pas. J’ai toujours ce doute : peut-être que mes outils ne sont pas les bons, que ma vision est déformée, erronée. Car toute certitude serait synonyme de fin véritable. Alors, je mets fin à beaucoup de choses, régulièrement, pour explorer la fin en général, la fin d’une vie. Y a-t-il une autre fin, en fin de compte ? Je ne sais pas. Même la fin d’un livre, d’un film, d’un tableau, d’une journée, d’une nuit : toutes représentent la même fin. La fin d’un article de blog, la fin de ce blog lui-même. En finir à chaque fois avec l’espoir enfantin de pouvoir recommencer ensuite. Alors, autant que la fin, débuter devient obsédant. Conserver cet élan perpétuel qui pousse à recommencer à partir de rien.

Recommencer quoi ? La même chose, toujours. On dirait qu’on ne peut pas changer la chose elle-même, seulement les outils, les moyens, la manière.

L’âme se confond, à tort ou à raison, avec la conscience d’en posséder une — chaotique, abstraite, inutile dans les circonstances du monde actuel.

En revisitant mes deux blogs, en revoyant mon travail de peinture, rien de concret ne m’apparaît. Tout reste vague, outrageusement introspectif, résolument singulier, abscons, proche de ne servir à rien, à personne, sauf à ma propre exploration. Une fin purement personnelle.

Le flou, le vague, le brouillard. J’avance à tâtons, de façon aveugle. Je crois que je ne veux surtout pas voir. Ne pas voir de valeur, d’objectif : je ne sais pas ce que c’est. Ça ne m’a jamais vraiment intéressé. Peut-être suis-je en train d’arriver à la fin de cette détestation aussi. C’est mon anniversaire aujourd’hui. Je pourrais prendre cette date comme une sorte d’achèvement, encore une fois me résoudre à cet arbitraire. Voilà, c’est la fin, et maintenant ? Je ne sais pas, pas plus qu’avant, pas plus qu’hier. Je ne sais rien.

Rimbaud, à un moment, se détourne de la poésie : c’est la fin. Hugo disait qu’en littérature, le plus sûr moyen d’avoir raison, c’est d’être mort. Et moi aussi, je fais souvent ce rêve, c’est un désir sans doute : assister à mon propre enterrement. Voir leurs têtes, à chacun, tout autour de la bière. Entendre ce qu’ils se disent, sans espoir ni déception de ce qu’ils pourraient dire. Il y a quelque chose de fondamentalement incompréhensible à ma propre vie, et à ma mort aussi, sans doute. Même moi, cela m’échappe. Comment pourrais-je en vouloir aux autres, si ça leur échappe aussi ? Cette construction fictive, la mienne, la leur, ne tiendra pas bien longtemps. Elle assistera à la mise en terre, accompagnera les fossoyeurs encore un instant, verra la dissipation des badauds, mais elle ne les suivra pas vers le bistrot, l’auberge, le dernier repas. Elle se dissipera dans l’air, rejoignant son élément principal, et ce sera dans l’ordre des choses, mieux : cela renforcera cet ordre des choses.

Pour continuer

Carnets | janvier 2024

19 janvier 2024

L’idée du voyage dépasse souvent les simples déplacements physiques. Entre les souvenirs flous de lieux visités et les explorations mentales à travers la lecture, notre esprit parcourt plus de territoires qu’aucun corps ne pourrait atteindre. Ce texte explore les notions de vitesse, de pensée et de l’influence des récits qui, réels ou inventés, dessinent nos horizons intérieurs.|couper{180}

Carnets | janvier 2024

18 janvier 2024

Il y a plusieurs façons de prendre les choses, et mon quotidien est un équilibre fragile entre le détachement et l’humour discret. Entre les dédoublements d’assoupissement et les dialogues improbables avec une intelligence artificielle, je m’interroge sur le sens de ces moments suspendus. Entre nostalgie et légèreté, je me perds dans des rêveries d’exploration, cherchant toujours quelque chose d’extraordinaire qui viendrait bouleverser l’ordinaire|couper{180}

Carnets | janvier 2024

17 janvier 2024

Je pourrais m’évanouir toujours de l’arbre. J’allais encore faire une longue phrase mais non. C’est que je lis mal les premiers mots de cette phrase écrite par C. : je pourrais m’émouvoir toujours de l’ombre d’un arbre […] . Rien à voir avec s’évanouir. Quoique. Un jour ça m’est arrivé. Avec un cerisier. Il faut que je retrouve cette vieille formule antigravitationnelle. Léviter de temps à autre — renforce, de toute évidence — l’agrément déjà offert par ces belles journées pluvieuses. Allons ne nous emballons pas, nous ne sommes pas le Pont Neuf. D’où tu sors ce nous ? Qu’ai-je appris hier ? Qu’un prêtre portugais, Bartolomeu de Gusmão, construit le premier avion, la Passarola, au 18ème siècle. Qu’à l’origine, associé aux anges dans la tradition judéo-chrétienne, l’égrégore a évolué pour désigner une force créée par la volonté ou les croyances collectives. Que René Guénon s’appelle aussi Shaykh Abdel Wahîd Yahyâ. Que Sous ce nom, il a vécu et travaillé en Égypte, contribuant significativement à la métaphysique, au soufisme et à d’autres domaines intellectuels. Que les impôts nous remboursent une somme assez rondelette. Que la boite à lettre n’est pas toujours l’adversaire. Que l’on a beau dire ou faire, le regard du coin de ma rue se bouche comme ça lui chante. Surtout s’il pleut. Que J. fonce sur sa thèse et qu’il a de grandes chances de l’achever dans les délais. Qu’un extrait de naissance avec mentions dans les marges doit dater de moins de trois mois pour créer son dossier de retraite. Que désormais on peut se filmer pendant deux minutes sur la plateforme vidéo générator Heygen pour créer des vidéos à gogo avec tous les scripts qui nous passent par l’esprit — ça promet. Que l’intelligence artificielle est paresseuse en décembre. Que Mixtral va probablement gagner le pompon. Que l’Amérique est résolument nihiliste et qu’elle cherche des poux au monde entier pour un oui pour un non. Que le protestantisme est à creuser pour comprendre à quel point la chute est douloureuse. Que les britanniques ne valent guère mieux que les Amériques sur le même point. Que la Russie n’a pas les moyens suffisants pour envahir l’Europe. Que d’appuyer sur le bouton rouge sera un recours défensif surtout. Que Super U a baissé le tarif du Gas oil. Que le mari de la fleuriste est mort. Que je devrais arrêter de lire C.S et m’entraîner à faire des phrases simples. Qu’il est d’une facilité déconcertante de créer un ebook et de le publier sur Kindle. Pas plus de trois par jour cependant. Que dessiner des petites choses est thérapeutique. Que tout ce qui me traverse comme tous les jours n’a ni queue ni tête. Que ça m’amuse. Que parfois j’éprouve un peu de culpabilité à m’en amuser. J’essaie de me souvenir. Mais non, on ne peut plus l’éviter. Perdu la formule. D’où tu sors ce on ? Elles sont deux hier sur les cinq prévues. La discussion porte sur les copines. Celle-ci attend une opération depuis trois mois dans cet hôpital. Que son médecin part en retraite et qu’elle découvre le désert médical. Je ne me mêle pas. J’ai pris un petit bout de papier et j’ai dessiné la lune heurtant la terre à l’époque des Géants. J’ai pris comme modèle une illustration fabriquée par une machine.|couper{180}