5 janvier 2024

Je sombre. Une ardoise dégringole du toit , glisse en zigzag, en nuances de gris : aile de pigeon, pierre ponce, volcanique, anthracite. Guidé par une étrange désinvolture, fruit de l’apprentissage des répétitions. Ces jours peu glorieux que nous traversons, accablés. Ces jours où le plus petit prétexte suffit pour ne pas se réjouir. De rien. Tout au contraire : psalmodier intérieurement une plainte, en boucle. Une volonté. Celle de sombrer. Plus profondément encore.

Apnée. Une image facile. Elle remonte à la surface comme une bulle : le plongeur du film Le Grand Bleu. Mais moi, je suis encore là. Pas dans l’eau, non. Dans le désert. Ce mirage : cet horizon qui recule à mesure que l’on avance vers lui. L’inatteignable.

Le dibbouk dort sur le fauteuil crapaud. Son ronflement est régulier, tenace, obstiné. Il a retiré ses godasses, et j’ai vu ses chaussettes trouées, son gros orteil à l’ongle recourbé, comme une griffe d’animal. Une bouffée de compassion a bien failli me tomber dessus. Mais j’ai ouvert mon parapluie juste à temps. Vieux salaud ! Vieille bourrique !

J’ai pensé si fort qu’il a entrouvert une paupière. Puis il a ouvert sa bouche édentée, a baillé. Ses coudes ont pris appui, il a redressé son tronc et sa tête et, après un instant, il a articulé lentement : « Pe-tit con-nard. » Chaque syllabe frappait comme un marteau. J’ai détourné le regard.

Ma chatte m’a appris ça la semaine dernière. Ou peut-être que je ne l’ai compris que récemment. Les bébés, les chattes, les loups ne s’accrochent pas au regard. Pas tous les bébés. Mais la plupart des chattes et des loups, oui.

J’ai lu Les Vestiges du jour de Kazuo Ishiguro. Bien. Mais c’est de la littérature. Et je me demande si ce que je fourre dans ce mot, « littérature », n’est pas la même chose que Monique Pinçon-Charlot fourre dans le mot « riche ». Nous fourrons. Nous avons besoin de ça, de cette manie du fourrage. On y enfouit tout ce qui passe, tout ce qui traîne, tout ce qui nous gêne. Au bout du compte, ce n’est qu’une collection de charentaises confortables. Un fourre-tout. Mais ça donne l’illusion d’avoir quelque chose, pour ne pas se retrouver avec rien.

Passé une grande partie de la nuit à m’amuser sur trois phrases accompagnées de java script, de css. Puis au matin j’ai tout effacé. C’est l’histoire de ma vie en trois mots. Un brouillon qu’on ne cesse pas de biffer.
 Tu pourrais m’appeler par mon petit nom geint le dibbouk. Etre un peu aimable ...
 Ta gueule !


un peu plus tard... Je sombre. Ardoise qui chute, dégringole, se fracasse. Nuances de gris. Pierre ponce, aile de pigeon, volcanique, anthracite. Une palette de cendres. Rien d’autre. Le goût de rien. L’apathie d’une pierre. Je descends, c’est de tout façon une répétition. Une rengaine. Une lassitude qui s’étire, interminable. Ces jours écrasants, plombés. Ces jours où tout devient prétexte à ne pas se réjouir. Pas une seule raison valable, et pourtant… sombrer. Creuser. Toujours plus bas.

Apnée. L’image est facile. Une bulle qui remonte mollement à la surface, dégonflée. Le plongeur du Grand Bleu, oui, mais il n’y a pas d’eau ici. Juste du sable. Le désert. Cet horizon qui te ment en pleine gueule, qui te fait croire qu’il est là alors qu’il est toujours plus loin. Une blague. Un mirage. L’inatteignable.

Le dibbouk dort sur le fauteuil crapaud. Il ronfle comme un moteur grippé, régulier, implacable. Il a jeté ses godasses dans un coin, et ses chaussettes, trouées aux talons, laissent voir la crasse. Un ongle noir, épais comme une griffe d’animal. Ce spectacle m’a filé la nausée. Un instant. Peut-être une once de pitié. Mais non. J’ai ouvert mon parapluie avant que ça me tombe dessus. Pas aujourd’hui. Vieil enfoiré.

Je pensais si fort qu’il a fini par bouger. Un œil s’est entrouvert. Puis il a baillé, une bouche vide comme une tombe. Il s’est redressé, lentement, poussant sur ses coudes. Puis il m’a balancé : « Pe-tit con-nard. » Chaque syllabe était une gifle. Je n’ai rien répondu. Rien. J’ai tourné la tête, comme ma chatte me l’a appris la semaine dernière. Oui, ma chatte. Elle détourne le regard. Les bébés aussi, parfois. Les loups, souvent. Instinct de survie : ne jamais affronter les regards inutiles.

Et puis, Ishiguro. Les Vestiges du jour. Un bon livre, sans doute. Mais ça reste de la littérature. Je dis « littérature » comme Monique Pinçon-Charlot dit « riche ». Un mot fourre-tout. On y jette ce qu’on ne sait pas nommer autrement. On fourre, on remplit, on meuble. Ça donne l’impression d’avoir quelque chose, n’importe quoi, au lieu de rien. Des pantoufles bien usées dans un sac troué. Voilà tout.


Je lis Claro. Tous les diamants du ciel. C’est une écriture qui brille, qui scintille, qui jette des éclats à chaque phrase. Il y a là un petit miracle. À chaque foutue phrase, oui. Et c’est agaçant. Parce que trop de miracle tue le miracle. Parce qu’à force de s’émerveiller, on se lasse. Parce que tu aurais aimé faire pareil ?... Le bouquin me tombe des mains. Pas la tête à la religion, pas aujourd’hui.

Je l’ai vu y a pas longtemps ( toujours le même ) il parle de poésie désormais. Je crois que la poésie c’est une autre histoire. La performance flirt rapidement avec le ridicule en poésie. Je n’ai absolument rien contre le ridicule.

Et puis, autre chose. Concernant la littérature Je vois les coutures. Le fil. Les ficelles. Je les vois chez moi, évidemment, comment ne pas les voir ? C’est mon travail, mon chantier, mon fatras d’imperfections. Mais chez Claro ? Là où je m’attendais à une fluidité parfaite, une absence de traces, de grincements ? Là où je m’attendais à oublier l’artifice ?

C’est comme découvrir le câblage derrière une scène de magie. Le fil qui soutient le miracle. Et une fois que tu le vois, impossible de ne plus le voir. Tout tombe en morceaux.

Ce qu’il me reste de tout ça, c’est une impression mi-figue mi-raisin. Un goût de déception douce-amère. Une idée de performance, surtout. Voilà ce que c’est : un exercice, un tour de force. Une manière de dire : « Regardez comme c’est bien fait, comme c’est brillant. » Et cette idée me déserte. Elle me fuit. Elle s’efface un peu plus chaque jour, me laissant avec un vide abyssal.

Et si je ne peux même plus espérer performer, alors quoi ? Si même cet espoir – cet espoir dérisoire, fragile, de faire quelque chose de juste, de puissant, d’inévitable – s’effondre, alors que me reste-t-il ? Rien. Pas même la peau sur les os. Juste une vieille peau, usée, bonne à jeter.

Il y a dans la littérature – et je commence seulement à le comprendre – une sorte de caste. ( à moins que j’ai la berlue ) Rien de nouveau, évidemment. Mais les évidences, quand elles frappent, c’est toujours elles qui surprennent le plus. Parce qu’elles ne se contentent pas d’être là, non : elles se déplacent. Elles glissent. Elles se cachent, et puis, un jour, elles éclatent au grand jour. Et ce déplacement du curseur, c’est justement le fascinant : la manière dont l’évidence peut mener aussi bien à la catastrophe qu’à l’émerveillement. N’est-ce pas finalement la même chose ?

Je le vois, ce curseur. Il glisse lentement, presque imperceptiblement. Entre le "dedans" et le "dehors". Entre ceux qui appartiennent à ce cercle feutré qu’on appelle la littérature – ses réseaux, ses connivences, ses clins d’œil – et ceux qui restent sur le seuil, à regarder. Un déplacement minuscule, mais aux conséquences énormes. Parce que ce curseur ne se contente pas de délimiter, il tranche. Il exclut, il choisit. Et si tu le vois trop tard, il t’a déjà renvoyé dans l’ombre.

C’est peut-être ça, la littérature : un jeu d’équilibres, une tension entre la caste et l’ouverture, entre le sublime et le grotesque. Un mouvement perpétuel, une oscillation entre ce qui illumine et ce qui consume. La catastrophe ou l’extraordinaire. Rien au milieu.

 C’est vraiment pas clair ton histoire dit le dibbouk , t’as besoin de raconter ta vie, tu peux pas foutre un peu la paix aux gens ?
Il veut arrondir les angles il me fait un sourire édenté. Ecoeurant.

Pour continuer

Carnets | janvier 2025

Écrire sous possession

La ville est traversée de voix anonymes. Fragments de conversations captés au vol, slogans publicitaires, injonctions médiatiques : ces paroles ne nous appartiennent pas, mais elles s’imposent, s’accumulent en nous. Ce brouhaha, loin d’être anodin, façonne nos pensées. Il contamine aussi l’écriture. Dans la littérature contemporaine, la possession n’est plus seulement un motif narratif lié au fantastique. Elle est un mode d’écriture. Loin du roman classique, centré sur un sujet maître de son récit, elle introduit des voix étrangères dans le texte, jusqu’à troubler l’énonciation elle-même. C’est ce qui traverse des œuvres comme Sérotonine de Michel Houellebecq, où la voix du narrateur est saturée de discours extérieurs – langage de la publicité, éléments de langage politique – jusqu’à dissoudre son identité. Ou encore Zone de Mathias Énard, où la phrase unique, haletante, absorbe des fragments d’Histoire, comme si le narrateur était lui-même traversé par des voix multiples. La possession, c’est l’échec du roman traditionnel à contenir la pluralité des voix. Là où Balzac ou Flaubert s’attachaient à une narration stable, une voix contrôlée, les écrivains contemporains explorent l’éclatement du discours, la friction entre le soi et l’autre. L’écrivain ne parle plus seul : il est parasité par d’autres voix, d’autres temporalités, d’autres discours. Possession et narration : un texte contaminé Dans Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, Stig Dagerman écrit : « Je suis un autre tant que je ne suis pas moi-même. » Cette phrase, qui fait écho à Rimbaud, résume ce que l’on pourrait appeler la poétique de la possession. L’écriture devient un champ de tensions où la voix du narrateur est troublée, hantée par ce qui la dépasse. C’est ce que l’on retrouve dans Lambeaux de Charles Juliet, où la parole oscille entre la voix de l’auteur et celle de sa mère disparue. Le texte est traversé par une autre conscience, comme si l’acte d’écrire relevait d’une forme de spiritisme. De même, dans Sombre dimanche d’Alice Zeniter, les générations se superposent, les voix s’entrelacent jusqu’à faire vaciller l’identité des personnages. Ce trouble de l’énonciation ne relève pas d’un simple procédé stylistique : il met en crise la notion même d’auteur. Dans Les Années d’Annie Ernaux, le « je » disparaît au profit d’un « nous » où l’intime se mêle au collectif. Le texte est possédé par les voix d’une époque, d’une génération. La mémoire individuelle devient une mémoire traversée. Traduire, réécrire : la possession en acte La possession ne concerne pas seulement l’énonciation, mais aussi la réécriture et la traduction. Traduire, c’est déjà altérer, habiter un texte étranger et le transformer. C’est ce que revendique Claro dans ses traductions de Vollmann ou de Pynchon : ne pas chercher à restituer fidèlement, mais accepter la contamination du texte d’origine par la langue d’arrivée. La réécriture fonctionne sur le même mode. Un texte en parasite un autre, le modifie, l’investit. Dans Écrire de Marguerite Duras, l’autrice revient sans cesse sur les mêmes épisodes, comme si son propre texte lui échappait, lui revenait sous une autre forme. De même, dans Un Mage en été d’Olivier Cadiot, la narration semble hantée par d’autres œuvres, d’autres formes, comme si l’écriture était toujours une appropriation, une transformation du déjà-là. Dans cette logique, l’écrivain n’est pas un créateur absolu, mais un médium. Il capte des voix, les transpose, les fait résonner autrement. Son texte n’est jamais clos : il est un champ de forces en perpétuelle mutation. Possession et société : une question politique Mais la possession ne concerne pas que l’écriture : elle est aussi un révélateur social. Qui possède la parole ? Qui en est dépossédé ? Dans les rituels vaudous, le corps du possédé devient le lieu d’une parole qui lui échappe. Il en va de même en littérature : certaines voix sont considérées comme légitimes, d’autres sont marginalisées. Dans Tram 83 de Fiston Mwanza Mujila, la langue elle-même est travaillée par la possession : elle absorbe les slogans, les discours politiques, les bribes de conversations. Le texte devient une polyphonie chaotique où la parole dominante se heurte à celles des laissés-pour-compte. De même, dans Autoportrait en noir et blanc de Jesmyn Ward, la narratrice est traversée par l’Histoire et ses fantômes : la mémoire de l’esclavage, les récits familiaux, les voix des disparus hantent le texte, jusqu’à rendre poreuse la frontière entre passé et présent. Aujourd’hui, la possession n’est plus seulement un phénomène occulte : elle est une grille de lecture du monde. À l’ère du numérique, nos discours sont infiltrés par des algorithmes, nos mots prédéterminés par des formules automatiques. L’écriture elle-même est contaminée par ces voix extérieures, qu’il s’agisse de discours médiatiques ou de boucles de langage sur les réseaux sociaux. Conclusion : écrire sous emprise Écrire aujourd’hui, c’est accepter cette dépossession. Ce n’est plus construire une voix unique, mais composer avec une polyphonie qui nous dépasse. L’écrivain contemporain n’est pas maître de son texte : il est traversé par des forces qui lui échappent. Cette contamination du texte par l’extérieur n’est pas une perte : elle est une ouverture. Elle permet de penser l’écriture comme un espace de résonance, où se croisent des voix, des mémoires, des héritages. La possession n’est pas un enfermement : elle est un mode d’écriture, une manière d’habiter le monde autrement. Dans ce théâtre hanté qu’est la littérature contemporaine, l’auteur ne possède plus sa langue. Il accepte d’être possédé par elle.|couper{180}

Auteurs littéraires

Carnets | janvier 2025

30 janvier 2025

La vitre, légèrement trouble, laisse deviner l'intérieur d'une pièce exiguë. Dans ce cadre étroit, un homme est assis devant la lueur bleutée d'un écran d'ordinateur. Sa silhouette massive occupe presque tout l'espace. Le haut du crâne, dégarni, capte parfois un reflet de la lumière extérieure. Immobile, il fixe l'écran. Seule sa poitrine se soulève au rythme d'une respiration lente, presque imperceptible. Puis ses mains s'animent soudain sur le clavier, comme répondant à une impulsion invisible. Un bruit, peut-être, ou un mouvement dans la rue, détourne brièvement son attention. Son visage pâle se tourne vers la fenêtre. Les traits sont creusés, le regard absent - celui d'un homme qui a traversé trop de nuits blanches. L'instant d'après, déjà, il replonge dans la lumière artificielle de son écran. À l'aube, une lampe s'éteint, ne laissant que la lueur bleutée de l'écran. À travers la vitre sale, ce point de lueur artificiel troue l'obscurité. Dans le ciel, les cris des martinets s'élevent.. Un train au loin s'annonçe en gare, sa rumeur portée par le vent jusqu'aux abords du village. L'horloge de la place de l'église sonne sept heures, puis les derniers relents de la nuit sont balayés par le fracas de la benne à ordures. À midi, les bruits s'atténuent. Par les fenêtres ouvertes s'échappent des tintements de vaisselle, des bribes de radio, des échos de télévision. Une mère appelle ses enfants pour le repas, sa voix résonne dans l'air immobile. Un chien traverse la grand-rue déserte, son ombre ramassée sous lui glisse sur le sol, mais il file sans s'y attarder, disparaît dans une impasse. Le vent apporte l'annonce lointaine du retard du train de Marseille, quinze minutes. Une odeur de poisson frit monte de la rue, envahit la pièce. La luminosité faiblit. Les derniers cris des martinets disparaissent derrière la silhouette des toits de tuile. Pétarade de la moto d'un voisin qui rentre du travail. Quelqu'un à une fenêtre secoue une nappe ou un drap puis referme celle-ci. Bruit caractéristique d'un rideau électrique qui tombe doucement devant la devanture d'un commerce. Une odeur sucrée monte des jardins alentours, celle des fruits oubliés sur leurs branches, de l'humus des terres retournées. Tout à l'heure, les réverbères s'allumeront l'un après l'autre et ce sera la nuit. Dormi deux heures. Mille guerres. Sensation de fatigue. Paupières lourdes. Moral dans les chaussettes. Le café percole audible depuis l'étage. S. est déjà réveillée. L'odeur du café parvient au nez. Presque déjà le goût. Amer. Le café percole doucement bas dans la cuisine. S. est déjà réveillée, elle a déjà mis trois machines en route et se prépare à allumer le transistor sur la table de la cuisine. Voilà une chose importante, j'aime la simplicité. Dire le plus de choses en le moins de mots possibles.|couper{180}

peintres réflexions sur l’art

Carnets | janvier 2025

29 janvier 2025

C'est difficile dans un journal d'aller directement à l'essentiel. En général je prends considérablement le temps de louvoyer. Comme pour retarder l'explosion d'un pétard à mèche. Aussi je ne vais pas y aller par quatre chemins. J'ai eu 65 ans aujourd'hui. Nous avons pris la voiture pour aller à Saint-Étienne. Passés par Condrieu, puis la petite route qui serpente en passant par les collines, les plateaux vers Rive-de-Gier. Temps splendide. S. avait réservé un restaurant pour l'occasion. Mais parvenu dans la ville, impossible de s'orienter. Nos deux GPS en panne. Vers 13h nous avons décidé d'annuler la réservation et de rebrousser chemin. Au moment où nous cherchions à sortir de la ville on tombe sur l'adresse du restaurant. Mais on ne s'est pas arrêté. Le patron était furieux au téléphone. Il a dit qu'il avait refusé du monde parce qu'on avait réservé. J'ai pensé à toute la malchance qui s'accumulait ces derniers jours. J'ai aussi pensé baraque de merde, bagnole de merde, portables de merde, vie de merde. Puis j'ai pris une nicotinelle 2mg et je n'ai plus rien dit jusqu'à l'Intermarché où j'ai pu échanger ma bouteille de gaz puisque j'avais pris la précaution de mettre la consigne dans le coffre de la Dacia. En avons profité pour faire quelques emplettes. Les R. passeront vendredi pour prendre l'apéritif. D'ailleurs les premiers à m'envoyer un SMS pour me souhaiter un "bon anniversaire" ce matin. Il a fait beau toute la journée. Je me suis demandé s'il avait fait beau comme ça le 29 janvier 1960. Si j'avais vu le ciel bleu dans ma chambre d'hôpital au fond de ma couveuse. Puis d'imaginer mes tous premiers pas, mes tous premiers mots, comme si la vie ce jour anniversaire pouvait reprendre comme au début. J'ai même senti quelque chose dans l'air, comme un parfum de renouveau, printanier, puis je me suis souvenu que j'avais 65 ans et j'ai dit que je reviendrai demain matin pour décharger la bouteille de gaz, on avait déjà les sacs des courses à porter.|couper{180}

Essai sur la fatigue