C’est difficile dans un journal d’aller directement à l’essentiel. En général je prends considérablement le temps de louvoyer. Comme pour retarder l’explosion d’un pétard à mèche. Aussi je ne vais pas y aller par quatre chemins. J’ai eu 65 ans aujourd’hui.
Nous avons pris la voiture pour aller à Saint-Étienne. Passés par Condrieu, puis la petite route qui serpente en passant par les collines, les plateaux vers Rive-de-Gier. Temps splendide. S. avait réservé un restaurant pour l’occasion. Mais parvenu dans la ville, impossible de s’orienter. Nos deux GPS en panne. Vers 13h nous avons décidé d’annuler la réservation et de rebrousser chemin. Au moment où nous cherchions à sortir de la ville on tombe sur l’adresse du restaurant. Mais on ne s’est pas arrêté. Le patron était furieux au téléphone. Il a dit qu’il avait refusé du monde parce qu’on avait réservé. J’ai pensé à toute la malchance qui s’accumulait ces derniers jours. J’ai aussi pensé baraque de merde, bagnole de merde, portables de merde, vie de merde. Puis j’ai pris une nicotinelle 2mg et je n’ai plus rien dit jusqu’à l’Intermarché où j’ai pu échanger ma bouteille de gaz puisque j’avais pris la précaution de mettre la consigne dans le coffre de la Dacia. En avons profité pour faire quelques emplettes. Les R. passeront vendredi pour prendre l’apéritif. D’ailleurs les premiers à m’envoyer un SMS pour me souhaiter un "bon anniversaire" ce matin.
Il a fait beau toute la journée. Je me suis demandé s’il avait fait beau comme ça le 29 janvier 1960. Si j’avais vu le ciel bleu dans ma chambre d’hôpital au fond de ma couveuse. Puis d’imaginer mes tous premiers pas, mes tous premiers mots, comme si la vie ce jour anniversaire pouvait reprendre comme au début. J’ai même senti quelque chose dans l’air, comme un parfum de renouveau, printanier, puis je me suis souvenu que j’avais 65 ans et j’ai dit que je reviendrai demain matin pour décharger la bouteille de gaz, on avait déjà les sacs des courses à porter.