6 avril 2025
C’en est fini, pour cette fois, du travail de réécriture. Il m’a laissé cette fatigue blanche, cette limaille dans la tête qui suit les longs frottements contre la matière opaque du texte. J’ai franchi un seuil, peut-être. Ce n’est jamais plus qu’un couloir mal éclairé, et l’on croit progresser alors qu’on s’enfonce, avec plus d’attention, dans la même obscurité.
Je devrais m’y résoudre : faire cela chaque jour, ne serait-ce que pour gagner ces quelques centimètres sur l’ignorance. Mais il y a toujours ce double écueil, le ralentissement d’abord — cette viscosité du langage, cette pesanteur des jours identiques —, et puis l’empressement, quand le corps cède, qu’il veut en finir, abréger, comme à l’usine, dans les tâches de manutention répétitive. Le geste, d’abord tâtonnant, se rogne, s’épuise, se simplifie. On pense économiser. Mais j’ai peu de dépenses à couvrir. Pas de soirées, pas de verres levés, pas d’amitiés tapageuses. Seulement des livres, encore, empilés comme des blocs dans une carrière.
Ce que je fais, je ne sais plus si c’est du travail. Il me semble que non. C’est une manière de rester là, de prolonger les jours en y inscrivant quelque chose. S., parfois, me dit que je devrais peindre. Elle insiste. Et plus elle le dit, moins je peins. C’est une mécanique simple, une sourde résistance. Comme celle qui me fait écrire, alors même que je sais que rien de ce que je pose là ne tiendra, sauf peut-être la trace du mouvement, cette usure invisible qui marque le temps, comme la pierre, sous les pas.
Aujourd’hui, rien n’avance. J’ai bien ouvert le carnet, tourné les pages, posé le stylo. Mais ce n’est pas venu. Il y a des jours où l’écriture se dérobe, comme si elle allait se tenir ailleurs, dans une autre pièce, un autre moment, et qu’il ne restait là que son écho, indistinct.
J’ai regardé par la fenêtre. Rien de nouveau. Le même mur d’en face, le jasmin qui lance ses fins bras, le feuillage vert frais , et déjà de toutes petites fleurs, garance ou purpurine . Il n’y a rien à dire, justement parce que tout est là, en place, trop stable. les saisons passent et reviennent. J’aurais voulu une fêlure, un tremblement, quelque chose à saisir.
Mais peut-être est-ce cela qu’il faut écrire : le manque, le vide, la stupeur devant les jours sans relief. Ce n’est pas rien, après tout. C’est notre lot commun. Le roman est un luxe ; la note de carnet, une nécessité. Elle consigne l’absence, la fatigue, l’échec — mais elle les transforme aussi. Elle donne forme au creux. Elle le désigne.
Je repense à ce que disait mon père sur le bois : certains nœuds ne cèdent jamais. Il faut apprendre à les contourner. Peut-être qu’écrire, c’est cela aussi. Pas forcer, mais revenir, plus tard, autrement. Et garder la main, toujours.
C’était hier. L’après-midi tirait déjà vers son déclin quand je suis allé chercher des plantes, des fleurs pour ranimer un peu la cour. Un geste simple, presque rituel. On pourrait croire qu’il n’y a rien à en dire. Mais c’est là, dans cette simplicité, que les choses me prennent. Cela m’a fait plaisir, oui. Un vrai plaisir, immédiat, presque enfantin. Les couleurs, les étiquettes, les feuillages tendres, le pépiement de la vie qui revient — tout cela m’a saisi sans que je m’y attende.
J’ai pris des photos, machinalement, avec mon téléphone. Je voulais retenir les noms — kalimeris, bidens, lithodora, peut-être — mais ils m’ont échappé aussitôt. Ils avaient cette beauté fragile des choses qu’on croit pouvoir ramener à soi et qui, déjà, s’effacent. C’était un langage que je ne parlais pas.
Je m’étais dit que je dresserais la liste en rentrant. Je ne l’ai pas fait. Il faisait chaud, d’une chaleur brusque, inhabituelle, cette chaleur presque violente des débuts d’avril quand le monde s’ébroue un peu trop vite. Est-ce le médicament du matin, cette pilule pour la tension que je prends chaque jour sans y penser ? Ou ce capharnaüm à entasser dans le coffre, bricoles et souvenirs que S. veut vendre dimanche, à ce nouveau vide-grenier qu’elle a repéré ? Peut-être tout cela ensemble. En tout cas, l’épuisement est tombé, d’un seul coup. Une sorte de panne. Comme si l’énergie du jour avait été dérobée par ce trop-plein d’images, de gestes, d’intentions éparses.
Et je suis resté là, immobile, les bras le long du corps, comme un arbre sans sève dans un monde qui se remet à pousser.
Et puis il y a eu cette plaque minéralogique. Arrivée par courrier, bien emballée, rigide, accompagnée de son petit sachet de plastique et de quatre rivets que je n’avais pas demandés. Il fallait la poser. Un geste de rien. Deux trous, deux rivets, une pince. Je croyais avoir l’outil, dans la remise, quelque part parmi les clous rouillés, les câbles enroulés, les poignées orphelines. Mais non. Ce n’était qu’une pince à œillet, un reste d’un bricolage oublié.
Le monde a cette manière de vous retenir à lui par des riens, des accrocs, des résistances techniques. Chaque objet devient un seuil, un empêchement.
Alors, puisque nous devions retourner à nouveau chez l’horticulteur, j’ai proposé un détour par le garage. Ce n’était pas loin. Ils ont accepté, les garagistes, de remplacer la plaque. Geste simple, minute offerte. Et ce qui a suivi… un relâchement tel qu’il m’a presque inquiété. Un soulagement, oui. Mais si total, si lourd, qu’il ressemblait à une défaillance. Comme si les nerfs, tenus trop longtemps, lâchaient d’un coup. Comme si le cœur, brusquement, décidait de battre plus lentement. Peut-être que je confonds les deux, épuisement et apaisement.
J’ai pensé, sans ironie, que cette histoire de plaque — dérisoire, minuscule — avait tout d’un épisode symbolique : la mécanique du monde moderne, son exigence absurde, sa façon de nous soumettre à ses procédures, à ses pièces manquantes. Et nous, là-dedans, vacillants, à chercher des pinces à œillet là où il faudrait des rivets.
Pour continuer
Carnets | avril 2025
30 avril 2025
Je ne suis pas un collectionneur. Non, pas un de ceux qui rassemblent les timbres, les armes rouillées, les papillons morts ou les ex-voto exsangues — je n’ai ni cette patience, ni cette foi-là. Mais parfois, l’idée me visite. Elle entre comme un vent de moisson dans une grange vide. Elle parle bas, me flatte, me fait croire à une vocation obscure. Alors je commence. Je trace, je numérote, je cherche à enfermer le monde dans des tiroirs bien rangés. Puis vient l’écoeurement. L’idée reste là, raide, morte, comme un Christ sans croix dans l’église d’un hameau déserté. Ces jours derniers, une nuée de collections a fondu sur moi. Elles ne sentaient ni la naphtaline, ni l'ordre : elles étaient étranges, hirsutes, inclassables. Il y eut celle-là, la plus persistante : recueillir chaque occurrence du mot silence dans ce grand fatras que je prétends écrire. Cent soixante-dix pages de texte serré, cinquante-cinq mille mots. Un travail de moine sans cloître, sans Dieu. J’y passai des heures à extraire les phrases, à guetter le point final comme une délivrance. Je rêvais — oui, littéralement — qu’une forme naîtrait de ce chaos, une structure, une nef, un vitrail peut-être. Mais rien. Sinon l’illusion fugace d’avoir domestiqué un peu de vide. Le soir, j’ouvris Tagebücher 1910–1923. Kafka. L’Allemand m’échappa comme l’eau d’une source entre des doigts gourds. Je lisais pourtant à voix haute, en trébuchant, avec Marthe Robert pour me rattraper. Une idée, comme une flèche douce, me traversa : lire Kafka au micro, en français. Faire podcast, oui, avec la voix d’un autre. Celle d’Alain Veinstein, par exemple. Pas la mienne — trop friable, trop moi. Une heure de si et de donc, comme Perrette et son pot au lait. Un rêve. Et puis : les droits d’auteur. Kafka, rien à dire. Mais Marthe Robert ? Trente ans encore, dit-on. Trente ans, c’est toute une vie pour quelqu’un comme moi, quelqu’un sans suite. Alors j’ai fui sur le site de Gutenberg. J’y ai trouvé Kafka, nu comme un martyr, libre enfin. J’ai balbutié Ich schreibe das ganz bestimmt aus Verzweiflung..., comme une oraison funèbre pour mon propre corps. Puis, nouvelle illumination : et si je le traduisais, Kafka ? À ma façon. En français dépouillé, ravalé. Des phrases pâles comme des os blanchis. Exemple : Écrire est plus facile que vivre. Rien de plus. Mais dans cette platitude, je sentais Pessoa murmurer : Navigar é preciso, viver não é preciso. Alors j’imaginai deux voix disant la même chose : la mienne et une autre, portugaise. Deux timbres, deux silences entre les mots. Une stéréo de l’obsession. Mais alors me prit un vertige. Un vrai. Une chute lente, infinie, comme si j’avais touché une amulette trop ancienne. J’y vis, d’un coup, tout : le ridicule, l’inutile, l’amour absent — surtout lui. L’amour qui m’aurait donné la constance. L’amour qui me manque pour mener quoi que ce soit à terme. Il me vint que je pourrais, à défaut de toute autre collection, faire celle de mes défaites. Elles sont innombrables, elles sont miennes. Mon seul territoire. Enfin, je pensai à ce tableau qu’on m’a commandé. Je revis la scène, très lente, très claire : on me le demande, et je dis oui. Mais j’aurais dû dire non, je le savais, je le savais déjà. Le oui est sorti comme on trébuche. Il ne fut pas prononcé. Il fut, tout simplement.|couper{180}
Carnets | avril 2025
29 avril 2025
Le fait que nous soyons déjà morts, et que ce que nous nommons la vie ne soit qu'un état plus ou moins fumeux, oscillant entre rêverie et dépression — purgatoire pour les uns, enfer pour d'autres, et pire encore : paradis pour ceusses qui régissent cet univers carcéral. Les milliardaires. Ce serait ça, le paradis sur terre : avoir tout pouvoir pour faire avaler autant de mensonges qu'on peut aux foules avec des mots comme liberté fraternité égalité tout en les ratiboisant copieusement d'année en année jusqu'à les voir crever les unes après les autres dans le grand dépotoir des dégâts collatéraux du bien-être. Je m'emballe. Pont-Neuf. Plus de première fraîcheur. Mais je m'emballe quand même. Je le vois. Je le sens. Or donc, tout serait écrit d'avance, y compris cette phrase. M A I N T E N A N T et de surprendre la supercherie, qu’est-ce que ça va encore coûter, me demandai-je — soudain — faisant bien entendu semblant d’être effaré, puisque je suis quelque part déjà, depuis plusieurs millénaires, plusieurs kalpas, avec mon petit calepin, six pieds sous terre. Il faut que je me raccroche à l'époque. Il le faut, sous peine de décrocher un direct du gauche à tout ce qui passe dans mon champ de vision. Ces monstres — ils sont absolument partout. Je m'en suis fait la réflexion en allant au pain. Il fait beau. Une lumière exceptionnelle qu'on peinerait à penser artificielle. Mais — il suffit que l'on soit ravi par cette idée qu'elle puisse l'être — et aussitôt l'on se retrouve au sol, traîné par les bras ou les jambes vers le pot aux roses, par des ombres hostiles, au souffle de chacal, forcément belliqueuses, abjectes. Sans quoi, comment pourrions-nous avoir l'opportunité de tester notre stoïcisme, notre indifférence crasse au bien comme au mal, et à toute l’étendue des nuances entre deux. Donc je disais : l’éternité peut sembler bien longue, une fois cette certitude acquise que nous sommes bel et bien morts et enterrés. Et que la ronde des saisons nous rappelle parfois — par éclats — des clameurs oubliées. Un vieux chant de coq enroué. Le camion des ordures. Une odeur de métal dans l’air. Alliage d’un parfum d’encaustique et de fourrure de chat. Fil de vierge scintillant, serpentant dans l’air pailleté de poussières d’amiante. je demeure Et nous place, comme toutes les fins d’avril, entre sanglots et fou rire.|couper{180}
Carnets | avril 2025
Je suis mort, j’ai tout mon temps
Mon attention est partout et nulle part. L’attention est une opportunité qui se présente qui se présente qui se présente qui se présente sauf que lorsqu’elle se présente je suis souvent ailleurs. Mais aujourd’hui, coup de chance, j’étais là. Je n’avais rien à faire qu’être là, et soudain je l’ai vue arriver. Elle était en nage, elle a posé son sac à main sur le bras du canapé, elle s’est assise et elle a commencé à dire comme chaque fois : « ouh ouh je suis là » et j’ai dit : « oui je vois. » Elle a été surprise, et elle a eu un petit rire nerveux. Je ne savais pas que j’avais une tête de clown quand je suis attentif à l’attention. Maintenant c’est fait. L’attention est revenue ce matin. Elle a trébuché sur le tapis de l’entrée. Son sac a glissé par terre avec un bruit mou. Elle s’est redressée, un peu penaude, et elle m’a lancé un regard d’excuse. « Ouh ouh, je suis tombée », a-t-elle dit, en riant comme si cela n’avait pas d’importance. Je n’ai pas bougé. Je n’ai pas parlé. Je l’ai seulement regardée. Peut-être que c’était ça, être attentif : ne rien rattraper, ne rien réparer, juste être là quand l’attention tombe. Alors elle s’est assise par terre, comme si c’était normal. Et moi, j’ai baissé les yeux à son niveau. Nous sommes restés ainsi longtemps, sans rien faire d’autre que de respirer ensemble. Elle est revenue ce soir. Elle s’est arrêtée dans l’embrasure de la porte. Elle avait l’air fatiguée, un peu confuse. Elle a cherché quelque chose dans ses poches, dans son sac, dans sa mémoire. « Comment que je m’appelle déjà ? » a-t-elle murmuré. Je l’ai regardée sans rien dire. Je savais qu’il ne fallait pas l’aider. Que son oubli faisait partie du voyage. Elle a secoué la tête, comme pour chasser un rêve. Elle a haussé les épaules. Elle s’est assise par terre, dos contre le mur, et elle a souri d’un sourire éclaté, maladroit. Je me suis assis en face d’elle, sans un mot. Et ensemble, nous avons laissé l’oubli s’asseoir aussi, entre nous, comme un invité normal. Ce matin-là, je l’ai vue venir de loin. Elle avançait entre les herbes hautes, levant parfois les bras, comme pour saluer. Je me suis redressé, prêt à lui ouvrir la porte. Mais elle a hésité. Elle a regardé à gauche, à droite. Elle a tourné sur elle-même, une fois, deux fois, comme si le chemin lui échappait. Puis elle a pris un sentier de travers. Elle a disparu derrière une haie, une palissade, un brouillard. J’ai attendu un peu. Je me suis dit qu’elle allait revenir. J’ai attendu encore, plus longtemps que raisonnable. Puis j’ai baissé les yeux. Et je suis resté là, avec cette attente dans les mains, comme un oiseau trop léger pour être tenu. Elle est arrivée par le chemin de traverse. Ses pas soulevaient à peine la poussière. Elle ne m’a pas vu. Elle regardait au loin, comme si quelque chose d’urgent l’appelait. Elle a traversé l’air entre nous sans rien effleurer, sans rien soulever. Je l’ai suivie du regard, lentement, sans faire de gestes, sans faire de bruit. Elle a disparu derrière la haie sans se retourner. Je suis resté assis, les mains sur les genoux, à attendre que la poussière retombe sur moi. Elle s’est arrêtée au milieu de la pièce. Elle a levé la tête, tendu l’oreille. Moi je n’entendais rien. Pas un souffle, pas un craquement, pas un murmure. Elle, pourtant, restait immobile, concentrée, comme suspendue à une vibration très fine, très loin, très loin d’ici. Je l’ai regardée sans bouger. Je n’ai pas osé parler. Je n’ai pas osé me lever. Je n’ai pas osé respirer plus fort. Elle semblait entendre quelque chose d’important, quelque chose que je ne pouvais pas atteindre. Alors je suis resté là, à partager avec elle le silence que je ne comprenais pas. Elle s’est approchée du banc. Elle a frôlé le bois du bout des doigts. Elle a regardé le ciel, puis le sol, puis ses mains. Ses épaules ont bougé imperceptiblement, comme si un poids invisible hésitait à se poser ou à s’envoler. Elle a fait un pas en arrière, un pas en avant. Elle a effleuré le bord du banc, sans s’asseoir. Moi, je n’ai rien dit. Je n’ai pas bougé. Je me suis contenté d’ouvrir un peu plus mon silence pour qu’il l’accueille, si elle voulait. Après un long moment, elle a soupiré, très bas, puis elle s’est tournée doucement et elle est repartie, en laissant derrière elle une forme vide, une attente polie. Elle est entrée sans bruit. Elle s’est arrêtée à deux pas de moi. Elle ne s’est pas assise. Elle n’a pas parlé. Elle est restée debout, les bras le long du corps, le regard posé quelque part entre moi et un point que je ne voyais pas. Je n’ai pas bougé non plus. Je n’ai pas rompu le fil ténu qui flottait entre nous. Le temps a commencé à s’étirer, à s’étaler, à s’épaissir. Il n’était plus ni tôt ni tard. Il n’y avait plus ni matin ni soir. Il n’y avait que son silence debout, et le mien qui essayait d’être aussi debout que possible. Elle est revenue sans bruit. Elle s’est approchée plus près que d’habitude. Tellement près que j’aurais pu sentir son souffle, si elle avait respiré. Elle ne disait rien. Elle ne bougeait presque pas. Elle attendait que je regarde vraiment. Alors j’ai eu peur. Pas peur d’elle. Peur de ce qui allait se passer si je m’y plongeais sans retour. Peur que l’attention m’engloutisse comme un puits sans fond, m’efface jusqu’à ce que je ne sois plus qu’une tache d’écoute sur le monde. J’ai détourné les yeux. Pas brusquement, pas méchamment. Juste assez pour échapper au vertige. Quand je suis revenu, elle était partie. Elle n’avait pas eu besoin de courir. Seulement de se fondre doucement dans l’air. Elle était là. Je la voyais. Elle tenait debout, fragile, comme une flamme qui hésite entre la nuit et l’aube. Je n’ai pas bougé. Je n’ai pas cligné des yeux. Mais déjà elle devenait floue. Ses contours tremblaient, se déliaient, s’effilochaient dans l’air. Je voulais tendre la main, pas pour la retenir, juste pour être là au moment où elle se dissoudrait. Mais même ce geste-là aurait été trop lourd. Alors je suis resté immobile, à la regarder devenir presque rien, puis plus rien. Et le silence, doucement, a reflué vers moi.|couper{180}
