L’accord du participe passé employé comme épithète s’accorde en genre et en nombre avec le mot qu’il qualifie. (1906, Grevisse)
Et pourtant...
Ils savaient jouer des coudes jusqu’à l’os. D’où sans doute leur physionomie de manchots.
Assoiffés congénitaux, ils burent sans jamais étancher leur soif.
Ils s’époumonèrent, baroques, grotesques, déformés —
Daumier les aurait croqués avec plus de charité qu’ils n’en avaient eux-mêmes.
Ils avaient vu tant de pays, appris la prudence, la circonspection.
Mais pas la justice.
Les murs étaient délabrés, les tapisseries déchirées, les parquets explosés —
ils y vivaient quand même, presque heureux d’avoir échappé au pire.
Ce qui participe d’un passé, le participe passé —
il est passé où, celui qui participe, en principe ?
Le complément de l’objet —
comme si l’objet seul ne suffisait pas.
Ils se complimentèrent de l’absence de complément,
jusqu’à ce que surgisse l’objet nu.
Parvenir à la phrase simple.
Jon Fosse : mots simples, phrases simples.
Chez lui, la forme passive comme refuge :
les sentiments nous traversent,
nous ne les possédons pas.
Simplicité de l’installation,
espace laissé au lecteur.
Liberté de l’imaginaire.
Il a vécu une vie d’écrivain,
parallèle à l’autre.
Créer. Mentir au besoin.
Un réflexe.
À la marge.
Et dans la marge,
le rouge l’emporte.
On écrit à l’encre violette
et l’on se retrouve marqué de rouge.
Le violet violé par le rouge.
Lecture de prologues sur le blog de F.B.
L’enfance revient sous forme de main lâchée.
Sécurité affective rompue.
Odeur de sous-bois, ennui tressé de peur.
L’ennui d’enfance :
étroitesse et immensité.
On y est piégé sans raison.
On en cherche une.
Naissance de l’imagination.
J’ai pris du retard sur les textes.
Et j’en suis content.
Une résistance neuve, peut-être.
sous-conversation
Il y en a trop.
Des blocs. Des mots. Des notes.
Un désordre peut-être. Ou un ordre qu’on ne voit pas.
La grammaire — oui, ça rassure,
mais ça pique aussi.
Le participe qui ne participe à rien, sauf à la confusion.
Et Fosse —
lui, il a compris.
Ne pas tout dire.
Juste être traversé.
Mais ici, ça bourdonne.
Ça revient. Ça se chevauche.
Rouge. Violet.
Tu veux écrire bien.
Mais toujours cette marque,
dans la marge.
La tienne ?
Et puis cette phrase…
retard sur les textes.
Mais tu souris.
Il y a quelque chose qui revient.
Un souffle ? Une permission ?
note de travail
Ce fragment est un feuilleté de strates.
Grammaire, politique, esthétique, enfance, solitude, lecture.
Une pensée en mosaïque — non pas éparpillée, mais atomisée. Chaque bloc est un miroir.
Le sujet semble chercher une sortie. Une issue vers la simplicité.
La simplicité des phrases.
La simplicité de vivre.
Mais l’écriture est là, compulsive, diffractée. Elle ressasse, elle digresse, elle revient.
Le monde est là : grotesque, injuste, saturé.
Et dans la marge, en rouge, la trace du jugement.
Il y a un aveu discret ici : la violence scolaire intériorisée, l’injonction de bien faire, la douleur du “trop”.
Mais aussi une revanche discrète : dans l’ennui, naît l’imaginaire.
Dans le retard, une joie : “une résistance neuve”.
Ce texte ne cherche pas à plaire. Il respire une fatigue créative, un trop-plein presque libérateur.
Il ne cherche plus la perfection grammaticale.
Il cherche l’échappée.