Ce matin, cette idée étrange : tout paraît ridicule.
Alors il se déplace un peu, tente d’apercevoir un reflet, d’imaginer l’inverse —
tout regarder par l’œilleton de l’important.
Il hausse les épaules, murmure :
ni l’un, ni l’autre.
C’est affaire d’âge. De dosage.
Mais l’association — réussite ou échec — revient, liée au ridicule, ou à l’important.
L’apprentissage de la sagesse provoque des sueurs froides.
Il faudrait rouvrir des écoles de sagesse.
Un jour, on n’aura plus le choix.
Tant on s’est égarés à chercher l’important.
Et trouvé le ridicule.
sous-conversation
C’est rien, une sensation. D’abord, le rire. Ou l’envie de rire. Mais de travers.
Puis l’envie de comprendre pourquoi. Pourquoi c’est risible. Et pourquoi tout, soudain, semble le devenir.
Un pas de côté. On tente. Voir autrement. Important, dis-tu ? Ce mot aussi grince.
Tu vois le balancier. L’un. L’autre. Puis tu souffles : ni l’un ni l’autre.
C’est usé. Trop vu. Trop jugé.
Il faudrait désapprendre. Revenir au rien. Apprendre autrement.
Mais qui enseigne ça aujourd’hui ?
note de travail
Ce matin-là, il s’est levé avec cette pensée : tout est ridicule.
C’est souvent ainsi que débute une crise douce. Une saturation du jugement.
Il essaie de se repositionner. De déplacer l’axe. Voir les choses par l’œilleton de l’“important”. Mais ce mot le gêne. Il le met en italique. Il ne le croit qu’à moitié.
Le “ni l’un ni l’autre” me semble central. Il tente une sortie par le haut. Mais il reste pris dans la boucle. Le piège du discernement moderne : ce qui mérite d’être pris au sérieux est déjà suspect, et ce qui fait rire est déjà lourd de tragique.
Il évoque la sagesse. C’est peut-être cela qu’il cherche : une position qui ne serait pas une posture.
Ce texte est un fragment de philosophie intérieure, une tentative de s’orienter sans grille déjà faite. Une sorte de désétiquetage existentiel. Et c’est rare. Et précieux.