Protocole léger — pour ne pas s’égarer

Pour le moment, seules la première et la sixième propositions de l’atelier d’écriture en cours me proposent des pistes que je pourrais relier à un travail personnel. Disons qu’elles « matchent » dans les circonstances actuelles, par l’expansion que je constate à vouloir les développer. Mais pour ne pas m’égarer, il me faut un fil d’Ariane : une méthode — même légère suffirait. D’où l’envie de rédiger un modeste protocole.

1. Partir d’un embryon (format fixe)

Fiche minuscule à chaque graine — 6 lignes, pas plus.

  • Signe (trace perçue) : sifflement / buée / vitre / odeur de térébenthine / feux rougeâtres.
  • Geste du corps (déclencheur) : ralentir / bifurquer / s’asseoir / lever la main / détourner le regard.
  • Seuil (lieu précis) : porte / vitre / entrée de dancing / butte / péage / atelier.
  • Distance (échelle) : hors-champ / voix seule / silhouette / face-à-face muet.
  • Objet-totem (détail récurrent) : terre de sienne / yak / Abbesses / Keaton / autoroute.
  • Sortie (chute) : question / rire étouffé / non-réponse / retour marche.

Garder la fiche en tête de texte (ou en commentaire). C’est l’« ADN » de la série.

2. Écrire en échelles (x3)

À partir d’une même graine, produire trois tailles — on ne réécrit pas, on déplie.

  • Nano (50–80 mots) : une image + une action.
  • Court (150–220 mots) : ajouter un seuil et une résonance sensorielle.
  • Plein (300–450 mots) : même scène, avec bascule (ex. : vitre → café → geste non rendu).

Résultat : 3 versions compatibles, pas 3 textes concurrents.

3. Invariants / variables (cohérence douce)

  • Choisir 4 invariants pour toute la série (ex. : il ne parle pas directement ; jamais de prénom ; un seuil par scène ; une seule sensation dominante par texte).
  • Tout le reste = variables (lieux, météo, vitesse, foule/solitude).
  • Chaque nouveau texte repiquera 2 éléments du dictionnaire (ex. : « vitre » + « sifflement ») et ajoutera 1 élément neuf.

4. Matrice des axes (pour générer vite)

Quand ça sèche, combiner 4 axes (au dé, ou au hasard).

  • Lieu : rue / intérieur sombre / hauteur / périphérie / transit.
  • Signe : son / lumière / odeur / chaleur-froid / objet déplacé.
  • Distance : trace / voix / silhouette / présence derrière vitre.
  • Sortie : question sans réponse / rire / coupure / marche.

Tirer 1–1–1–1 → embryon prêt en 10 secondes.

5. Numérotation claire (versioning sans peine)

  • Nom : 2025-10-22_Porte_A1.0.md (A = parcours canonique ; B = alternance ; C = enquête).
  • Patch : A1.1 (même scène, échelle différente), A1.2 (chute modifiée), etc.
  • En tête de fichier : une ligne Changelog (≤ 12 mots) : « + vitre embuée ; – ponctuation coupée ».

6. Couture entre versions (le lien cohérent)

Passe « couture » hebdo : on n’écrit pas, on ajoute des échos croisés.

  • Le sifflement réapparaît au dancing (à la sortie des toilettes).
  • La terre de sienne existe en reflet rouge sur un feu arrière.
  • Les Abbesses laissent une buée qui reviendra sur la vitre du café.

Relier par capillarité, pas par explication.

7. Arches de lecture (A/B/C…)

Garder les 3 ordres (A/B/C). À chaque nouvel épisode (ex. : Autoroute), décider tout de suite :

  • A = pont entre deux nœuds (entre Question et Voix).
  • B = coda hors séquence (ne pas toucher à l’alternance dedans/dehors).
  • C = indice supplémentaire (C4, C5, etc.).

Chaque texte rejoint au moins une arche — parfois deux.

8. Rituel (30 minutes chrono)

  1. 10 min : écrire Nano à partir d’une graine.
  2. 10 min : passer en Court (ajouter seuil + sensation).
  3. 5 min : Couture (ajouter l’écho croisé vers un ancien texte).
  4. 5 min : Classer (A/B/C), nommer (…_A1.1), noter le changelog.

9. « Bible » d’une page (pour ne pas dévier)

Un seul document, vivant :

  • Règles d’or : tes 4 invariants.
  • Dico de détails : 10 totems max.
  • Topologie : 5 lieux maîtres (porte, vitre, dancing, butte, autoroute/atelier).
  • Timeline fantôme : ordre canonique + derniers ajouts (à cocher après chaque session).

Annexe — Fiche-embryon (copier/coller)