Kafka et les paraboles : il se sera arrangé pour qu’aucune ne soit explicable raisonnablement, comme si, à travers elles, persistait l’écho d’une pensée prophétique ancestrale. Ses paraboles débouchent invariablement sur la possibilité d’une interprétation contradictoire, d’une controverse, rappelant cette époque où le muthos prévalait sur le logos. La parabole aujourd’hui n’est plus qu’une antenne sur un toit, accrochée à une façade, symbole dérisoire de notre obsession pour la communication rationnelle.
Quant au mode de pensée prophétique, il aura été totalement évincé par notre modernité cartésienne, lui qui jadis ordonnait le chaos apparent du monde, lui donnait sens par le pressentiment plutôt que par le savoir. Peut-être que dans cette modernité littéraire qu’une partie des intellectuels (juifs ou d’origine juive d’ailleurs, pour la plupart) accordent à Kafka, on peut découvrir la nostalgie de ce mode de pensée constitué d’énigmes insolubles, de paraboles, de prophéties ne prophétisant que de l’incompréhensible. Kafka nous offre ainsi une explication parallèle de la réalité, à la fois épouvantable et merveilleuse, comme un dernier sursaut de cette pensée inactuelle dans notre monde devenu, de nos jours, cette peau de chagrin où seul le rationnel a droit de cité.