Ce mot provient du persan, du nom d’un mathématicien du XI ème siècle, Al-Khwârizmî,né dans les années 780 dans une région de l’Ouzbékistan nommée Khwarezm. Ses écrits, la plupart du temps rédigés en langue arabe furent traduits en latin au XII ème siècle et permirent ainsi l’introduction de l’algèbre en Europe.
Le bonhomme, mathématicien, géographe, astronome et astrologue prodigua ses services, et probablement son enseignement dans l’ une des « maisons de la sagesse » qui fleurissait dans le nouveau souffle d’un nouveau monde , le temps du califat Abasside.
Muhammad Ibn Musa al-Khwârizmi exerçait son art quant à lui à Bagdad.
Fondée en 762 après la bataille du grand Zab contre les Omeyades , Bagdad tirerait son nom du persan (donnée par Dieu) et c’est la toute jeune capitale du monde Arabe qui dardera ses rayons pendant environ 500 ans durée approximative de la dynastie Abasside.
Le calife Al Mansour, est en effet très influencé par la culture persane et désire donc déplacer l’attention du monde depuis l’ancien Damas en Syrie ( La ville du Jasmin ) qui était la capitale administrative d’une province de l’empire Ottoman. Damas entretient des liens étymologiques avec »sham », on retrouve ainsi cette étymologie dans la province de Sham, le pays de Sham mais aussi dans le mot cham qui désigne la gauche lorsqu’on se tourne vers l’orient, à contrario du sud, le Yemen . Damas, est une évolution abrégée sans doute de la locution Dimachq al sham. (arabe)
Dans ses maisons de sagesse , l’attention est portée sur des traductions de textes concernant les mathématiques,discipline peut-être voire surement tirée de l’étude des cosmogonies, branche de l’astrophysique qui a pour but d’étudier l’origine, la nature, la structure et l’évolution de l’univers, mais également sur l’histoire, la géographie, la philosophie, et la poésie tant, pour les savants de cette époque, universalistes, des connections évidentes s’effectuent encore entre toutes ces disciplines.
Mais revenons à cette notion d’algorithme.
Un algorithme est donc une sorte de panacée apte, sinon à trouver un remède à tous les maux, à résoudre d’une manière générale une quantité importante de problèmes donnés. Comprenez qu’il faille les préciser, c’est à dire les couper en instances, de la même manière qu’on couperait les cheveux en quatre.
C’est que pour résoudre un problème nous avons pris l’habitude de le découper. Ici ce qui m’importe ce n’est pas le problème mais le mot « résoudre » qui possède le triple sens de décider ( je me résous à résumer mon propos ) mais aussi » décomposer » dans le sens de faire passer un corps d’un état à un autre. Et enfin « trouver » la solution à un problème.
Comme Picasso par exemple qui pour résoudre le problème du sujet se mit à le trouver dans la ligne plutôt qu’à le chercher dans les méandres de son esprit.
C’est la version « mystique » en quelque sorte, tout droit issue du monde Soufiste et en ce sens je reviens un peu à l’origine de mon propos de départ, cette relation secrète entre l’ algorithme et l’un de mes poètes préféré :
Omar Khayyâm. qui vécu dans le milieu de la période Abasside ( 1048-1131).
A cette époque l’Afghanistan s’appelle encore le Khorassan et Omar passe une partie de son enfance à Bahli puis s’établit à Nishapur. Entre temps on le retrouve à Ispahan pour organiser la réforme du calendrier solaire durant 5 années durant lesquelles il s’occupera d’observations astronomiques en même temps que d’élaborer son oeuvre poétique et fréquenter les tavernes.
Comme il risque la disgrâce après la mort du sultan Mālikshāh pour être allé un peu loin avec ses poèmes, il alla faire un tour à la Mecque et tout rentrera dans l’ordre pour mon plus grand bonheur car ainsi il continuera à écrire ses quatrains et moi de les lire comme des mantra.
Le nom de Khayyâm indique que probablement son père était fabriquant de tentes. Mais sous une autre lecture, selon un système ésotérique que l’on appelle le systeme abjad, Kayyâm deviendrait al-Ghaqi : « le dissipateur de biens. »expression qui dans la terminologie soufie est attribuée à « celui qui distribue ou ignore les biens du monde constituant un fardeau dans le voyage qu’il entreprend sur le sentier soufi » .d’après Omar Ali-Shah.
« Khayyam, qui cousait les tentes de l’intelligence,
Dans une forge de souffrances tomba, subitement brûla ;
Des ciseaux coupèrent les attaches de la tente de sa vie ;
Le brocanteur de destins le mit en vente contre du vent »
(Omar Khayyam (trad. Armand Robin), Rubayat, Poésie/Gallimard)
La difficulté du traitement de l’information en tant que problème, instance c’est sa susceptibilité face à la croissance ou l’inflation , c’est à dire comment interagir de façon élastique, souple dans une forme donnée lorsque celle-ci subit la pression ou la dépression de ce qui la constitue .
Quel est le filtre ou le critère majeur qui perpétuera son écologie en le faisant croître sans l’exploser ..?
Ce qu’il convient de comprendre c’est qu’il faut un filtre. Peu importe lequel. Ce dernier est un ensemble de variables à ajuster selon le client qui paie dans le monde de l’avoir .
Dans le monde de l’art ce filtre, il se pourrait que ce fut longtemps la beauté, pour des raisons de volumétrie ( la plus-value est plus longue à obtenir et inclut le paramètre de postérité) .
Quant au monde de l’Etre si l’on cherche la plus haute qualité mieux vaut aller au simple et ne conserver qu’un filtre de justesse.
« Au printemps, je vais quelques fois m’asseoir à la lisière d’un champ fleuri.
Lorsqu’une belle jeune fille m’apporte une coupe de vin, je ne pense guère à mon salut.
Si j’avais cette préoccupation, je vaudrais moins qu’un chien. »
Omar Kayyâm
Un peu plus tard dans la journée ...
Pour cette fois c’est vers le mot anglais readiness que je dirigerais mes pas écartant dans un même temps les mots alicrity et enthusiasm. Ces derniers contenant une aura d’avidité pragmatique ou mystique qui ne sied pas à mon propos.
Readiness, de readi ou ready être prêt..me propose plus une connection intime à l’instant et l’ajout du suffixe ness marquant en outre une notion de qualité me convient dans ce contexte encore mieux.
Aussi loin que remontent mes souvenirs j’ai toujours fait preuve d’empressement donc, de readiness.
Que ce soit sur le chemin de l’école, accompagné de mon père, je m’empressais de saluer toutes les personnes rencontrées en ressentant un trouble au cas ou je puisse en omettre la plus petite la plus insignifiante.
Cet état, à la fois de grâce et d’obligation contraignante tout de même ,s’acheva lorsqu’un matin, mon père n’y tenant plus me demanda si je connaissais tous ces gens que je saluais de bon cœur.
Malgré tout ma bonne volonté je dus me résoudre à répondre par la négative ce qui occasionna deux choses :
Les rides que mon père portait au front se renforcèrent et je crois qu’il abandonna définitivement l’idée d’être l’auteur d’un génie.
Ce qui aurait pu nous soulager tous les deux d’un poids et nous rassembler une bonne fois pour toutes comme un père et un fils dans un magnifique sourire.
Mais la providence ou peut-être le crachin qui commençait à tomber pendant que je vous raconte ce moment, entrava cette possibilité naissance et elle avorta dans l’œuf.
Permettez cependant que j’y revienne. A cet empressement.
Car malgré tous les tourments, toutes les claques, tous les rires, tous les dos tournés qu’il provoqua je parvins à ma maintenir vivant suffisamment longtemps pour me sentir apte à en parler.
Parallèlement, mon père, toujours lui, avait sur son bureau une petite sculpture en laiton ou en cuivre représentant les 3 singes, celui qui ne dit, ni n’entends, ni ne voit.
Ce symbole de la retenue magistrale, d’une pudeur génétique m’intrigua longtemps avant que je ne comprenne qu’il s’agisse d’un emblème.
Celui là même semble t’il à opposer à tout empressement.
Il en résulta entre mon père et moi un très long quiproquo qui ne s’acheva et songeais je encore avant d’écrire ses lignes qu’à sa mort.
Il n’en fut pas tout à fait comme cela.
Car depuis que je m’empresse envers la moindre personne, je ne peux m’empêcher concomitamment d’apercevoir dans les yeux de celle ci désormais un regard aussi mystérieux que simiesque et entendre le rire tonitruant de mon paternel.