12 septembre 2024

Ce que c’est qu’une coïncidence, on ne le sait pas. On voudrait bien le savoir, afin d’en tirer des règles, l’exploiter, Dieu seul sait à quelles fins. À mon avis, pas des plus nobles. Et changer ce mot en un autre vocable, plus scientifique — synchronicité par exemple — indique bien la volonté de contrôle, associée à on ne sait trop quelle soi-disant expertise, qui me dégoûte au plus haut point. Dégoûté par cette envie de contrôle, et par ces vernis de tout bord. Une sorte de maquillage, un trompe-couillon, rien de plus.

Seulement, la coïncidence existe, voilà. Et ne pas aller plus loin que cette prise de conscience demande une fermeté d’esprit. Admirer le fait que cette sorte de chose existe. Surtout ça. Ne pas ensuite vouloir en faire un outil, un moyen. Tout comme la poésie n’est pas un moyen. Peut-être n’est-on poète qu’à la suite du rejet total et absolu que le moyeu soit le moyen. Ce qui n’empêche nullement la roue de tourner et d’aspirer tout de sa périphérie, que tout devienne moyen de parvenir au moyeu.

Six personnes se sont inscrites à C. Ce qui dépasse mes espérances, mon pessimisme ordinaire, et le dérange un peu, si on l’examine attentivement. Et je me demande si je ne prends pas une sorte de plaisir à la provocation de mener cette petite troupe dans l’aridité du dessin au fusain. Pire encore, à ce lieu où l’on a tant de difficultés à parvenir : le presque rien en dessin. Et de les voir si obéissants, trouvant des raisons certainement autres qu’elles ne sont en réalité, cela me trouble. Me trouble en tant que singleton, qui par les vibrations alentour pourrait se gonfler d’importance, ou se trouver enchanté par l’addition. Sauf une, fort heureusement, déjà versée dans les récriminations pour un oui ou pour un non, comme l’année dernière. Fort heureusement, cela crée ainsi un point d’intérêt supplémentaire, m’obligeant à ne pas me répandre en justifications.

me suis dégoté en version epub le livre de Florence Delay, Dit Nerval. Même impression que la narratrice concernant les électrochocs. Un seul électrochoc, on ne voit pas très bien ce que c’est, on a juste l’impression de savoir. Mais le pluriel… Et presque aussitôt après, l’évocation de la guerre de 14-18, le grand-père chirurgien. Pensée fugace pour un entretien entendu, où P.B évoque plusieurs écrivains, dont lui-même, qui ont vécu sans père en raison de ce massacre. Pensée aussi pour Julien Gracq, qui dans la même entrevue, évoque son Balcon en forêt et prend grand soin de préciser que ce texte-là n’est pas du tout autobiographique. Toujours cette pudeur, cette gêne à ne pas vouloir parler de soi. Respectable, certainement, mais parfois, cela laisse une impression de carcan. Se promener dans l’existence ainsi, en tant qu’œil, sans jamais vraiment vouloir admettre que cet œil est le sien.

La gêne a souvent changé de bord, ces hontes notamment quand je m’étais aperçu de ce mot d’ordre, qu’écrire n’avait rien à voir avec parler de sa petite personne. Encore eut-il fallu que j’accepte d’écrire moi-même, ce qui aura toujours été un doute parmi tant d’autres.

Cette expression, ce verbe, conjugué au présent et à la première personne du singulier : « j’écris ». Il est d’ailleurs rare que je l’emploie en public. C’est, je crois, parce que tout le monde écrit plus ou moins, qu’il le sache ou non. Donc, rien d’original à s’en vanter, au contraire.

Carnets | septembre 2024

Habiter l’inhabitable

Des chambres d’hôtel. Trop de chambres. Barbès, Château Rouge, Goutte d’Or. Endroits fatigués. Draps humides. Odeur de moisi et de parfums sans nom. Des lieux de passage. Pas faits pour rester. Et pourtant, j’y reviens. L’habitude s’installe. Je reconnais le sol qui grince, les heures de lumière, les cris de la rue. Je sais où poser mes affaires. Ce qui m’avait semblé inhabitable devient vivable. Pas confortable. Vivable. Je me surprends à m’y sentir presque chez moi. L’inhabituel devient un décor. Une routine. Je ne cherche plus à décorer, juste à survivre. Et parfois, au petit matin, une lumière douce. Un silence rare. Quelques secondes d’apaisement. Suffisantes pour tenir. Je ne hais plus ces chambres. J’y dépose des souvenirs sans le vouloir. J’habite sans y croire. Mais j’habite quand même. Et c’est peut-être ça, habiter l’inhabitable. Ne plus fuir. S’adosser à ce qu’on a. Même si c’est gris, froid, temporaire. Parce que dans le pire, on finit par trouver un détail qui retient. Une lueur. Un appui.|couper{180}

Autofiction et Introspection Narration et Expérimentation

Carnets | septembre 2024

24 septembre 2024

Le narrateur revient dans son village d’enfance, un lieu qui porte encore son nom mais a changé au point de devenir méconnaissable. Entre souvenirs enfouis et rencontres inattendues, il tente de comprendre ce qui a disparu.|couper{180}

une image de village en noir et blanc illustrant le texte du billet

Carnets | septembre 2024

22 septembre 2024

Alors que le site se construit, des pensées lancinantes s’invitent : à quoi bon ? Saisir la distance pour revisiter ces fragments comme écrits par un autre, un étranger. Des marches le long du Rhône, la rencontre avec un homme et son caddy brinquebalant, et une mobylette bleue qui ressurgit du passé… Dans ce carnet littéraire, la réalité se mêle à la fiction, explorant ce que l’on traîne en soi, et ce qu’il faudrait peut-être apprendre à lâcher.|couper{180}