Ce mouvement de rapprochement, puis d’éloignement, puis de rapprochement à nouveau. Ce va-et-vient incessant, comme un geste de peintre, ample et mesuré. Il n’est pas là pour rien. Il n’est pas gratuit. Je le paie cher. Parce qu’il en va ainsi de tout. Je me rapproche des êtres, je m’en éloigne pour mieux les voir, pour les voir autrement, quand la proximité m’aveugle. Je m’éloigne du collectif, puis je m’en rapproche, jusqu’à l’agacement, jusqu’à la brûlure, pour retrouver enfin ma quiétude en prenant de la distance.
Hier, au musée Science-Expériences, rue Thomassin, Lyon. La station ISS traverse le ciel, passant à 400 km au-dessus de nos têtes, seize fois par jour. Moins qu’un Lyon-Paris, mais il faut pourtant vingt-quatre heures pour l’atteindre. Parce qu’on ne peut la rejoindre en ligne droite. Il faut d’abord s’élever sur la même orbite, puis la poursuivre, l’attraper dans son mouvement.
De même, pour fabriquer des cristaux de glace, il faut un certain dosage de pression. Dans une bouteille où se mêlent neige carbonique, eau chaude et produit vaisselle, le gaz se détend brusquement, la température chute sous zéro, et la glace se reforme, à l’envi.
Tout est affaire d’équilibre et d’ajustement. La distance ne signifie pas l’abandon. L’éloignement permet parfois de mieux saisir ce qui nous échappe de trop près. Et le mouvement continue, oscillation perpétuelle entre attraction et répulsion, entre le désir et la fuite. Un cycle infini, comme une respiration.
L’aller et le retour. Pour comprendre cette notion, la répétition est nécessaire. Jusqu’à s’y perdre totalement. Jusqu’à l’oubli. L’aller et le retour liés au travail. Aux promenades. À la salle de sport. Certains sont quotidiens, d’autres hebdomadaires, d’autres encore suivent un rythme que l’on ne discerne pas immédiatement. Aller et retour de la joie et du dégoût, de l’envie et du rejet, vers un livre, un être, un lieu. Vers soi.