Point de départ : des recherches concrètes, très sérieuses, sont en cours pour tenter de décrypter le langage des baleines à l’aide de l’intelligence artificielle

État actuel de la recherche

Project CETI (Cetacean Translation Initiative), fondé par David Gruber, cherche à comprendre la communication des cachalots à l’aide de l’IA. L’équipe recueille depuis plusieurs années des codas (séquences de clics) au large de la Dominique. Les chercheurs ont d’ores et déjà isolé jusqu’à 156 codas distinctes, qu’ils considèrent comme un alphabet phonétique potentiel pour ces cétacés  Ces codas, combinées selon rythme, tempo et micro‑variations, semblent porter un système de communication structuré — une forme de dualité de patterning, comparable à celui du langage humain  Des expériences comme whale‑SETI ont même permis une interaction entre humain·e·s et baleines à bosse via un échange acoustique intentionnel de type «  call-and-response  »  D’autres initiatives, telles que l’Earth Species Project, visent plus largement à décoder plusieurs espèces — pas seulement les cétacés — en utilisant des modèles d’IA pour explorer la communication animale dans toute sa diversité  Malgré ces avancées, les chercheurs insistent sur les limites : pour vraiment «  comprendre  », il ne suffit pas de traduire des sons, il faut aussi saisir la perception sensorielle unique (l’Umwelt) de l’animal 

Projet Objectif principal
CETI Cartographier et décoder les codas des cachalots, créer un alphabet phonétique
whale-SETI / interactions Tester des échanges directs avec les cétacés via IA
Earth Species Project Extendre l’étude aux langages d’autres espèces, construire des modèles audio-IA
Limites scientifiques Comprendre l’Umwelt et les perceptions animales, au-delà du simple décodage sonore

Inspiration littéraire

Graine succincte : Une IA contemporaine apprend le langage des baleines, mais plus elle traduit, plus les chants marins semblent habités par une présence étrangère, plus ancienne que l’humanité

synopsis détaillé

Synopsis détaillé (6 points) :

Le narrateur collabore avec des chercheurs sur un projet d’IA pour décoder les codas.

Les premières traductions semblent techniques, factuelles.

Une nuit, un message plus personnel — comme une prière oraculaire — émerge dans les codas.

L’IA se met à prédire les réponses des baleines, et la ligne entre traduction et possession devient floue.

Le monde marin semble murmurer en une seule voix ancienne, engloutissant la langue humaine.

Le narrateur finit par se demander s’il ne parle plus à l’IA, mais à la mer elle-même.

En l’état c’est plus poétique que fantastique. Pour basculer vers le fantastique/horreur il faut creuser trois points : 1- L’échelle : les baleines sont déjà immenses, mais si leurs chants révèlent un langage, ce langage peut être le masque d’une intelligence océanique beaucoup plus vaste qu’elles. Pas seulement des animaux qui communiquent, mais les émissaires d’une conscience abysse, antérieure à l’humanité.

2- L’altérité absolue : ce langage, une fois traduit par l’IA, n’est pas rassurant. Il n’exprime pas des émotions « humaines » (joie, détresse) mais des concepts impossibles à saisir. Le traducteur découvre des mots qui désignent des états mentaux ou cosmiques qui dépassent l’expérience humaine. L’horreur vient du gouffre sémantique.

3- La contamination : une fois qu’on a commencé à comprendre, il est trop tard. Le narrateur se surprend à rêver en ce langage, à l’entendre dans le ressac, dans les canalisations, dans ses propres phrases. L’IA ne fait plus que traduire : elle ouvre un canal, au travers duquel la mer parle désormais directement à travers elle.

Amélioration du synopsis

Point de départ scientifique Un narrateur participe à un projet d’IA destiné à décoder les codas des cachalots. Tout est technique, rationnel, presque bureaucratique : enregistrements, spectrogrammes, lignes de code.

Premières traductions

Les premiers résultats sont banals : signaux de reconnaissance, indications de déplacement, appels groupés. Rien de surprenant, mais une cohérence troublante : comme si un alphabet s’organisait peu à peu.

La phrase de trop

Une nuit, l’IA génère une suite inédite : non plus un signal, mais une phrase qu’on peut traduire par « Il entend » ou « Ils écoutent ». Personne ne sait d’où vient l’échantillon sonore.

La voix unique

Peu à peu, l’IA prédit les réponses avant même que les baleines ne chantent. Comme si elle devançait la mer elle-même. Le narrateur réalise que toutes les voix marines ne forment qu’une seule parole, ancienne, continue, antérieure à l’homme.

Le gouffre sémantique

Les traductions deviennent incompréhensibles : des concepts cosmiques, des états mentaux qu’aucun humain ne peut concevoir. L’IA invente de nouveaux signes typographiques pour tenter de les restituer. Le narrateur rêve en ces symboles, les entend dans les canalisations, dans son propre souffle.

Contamination finale

Un soir, il pose une question banale à l’IA. La réponse vient en codas, puis en français, puis dans une voix qui n’est plus mécanique : une voix profonde, liquide, interminable. Il comprend que ce n’est plus l’IA qui traduit, ni même les baleines qui chantent — c’est la mer elle-même qui parle désormais à travers lui.

Références scientifiques et concrètes

Lieu : Dominique, Caraïbes — zone où Project CETI enregistre vraiment les cachalots. Décrire le port de Roseau, la chaleur humide, la coque du bateau qui craque la nuit.

Technologie : hydrophones placés à 200 mètres de profondeur, spectrogrammes affichés sur des écrans, algorithmes de traitement du signal (transformées de Fourier, réseaux neuronaux).

Terminologie : parler de codas, de patterns en 3 ou 4 clics rapides, de séquences de 2 secondes — tout ça existe dans les publications réelles.

Noms propres : David Gruber (Project CETI), Earth Species Project, mention d’« hydrophone HARP » (High-frequency Acoustic Recording Package).

Références marines et sensorielles

Sons : les clics secs des cachalots, comme des pierres qu’on entrechoque sous l’eau.

Odeurs : mazout du moteur, sel humide, odeur lourde du plancton échoué.

Visuel : la colonne d’eau d’un cachalot qui perce la surface, les écrans verts dans la cabine, les lignes de code qui défilent.

Temporalité : longues nuits à dériver au large, seulement le bruit sourd des abysses et le cliquetis régulier de la machine.

Références à l’échelle cosmique (pour la bascule)

Quand l’IA traduit, elle emploie des mots hors contexte, par ex. : azimut, orbite, après-marée, avant-temps.

Une séquence de clics est corrélée aux cycles lunaires, ou aux séismes sous-marins.

Le narrateur comprend que les baleines « parlent » avec la mer entière, pas seulement entre elles. Le son des clics ne semble pas gêné par la distance, il arrive qu’il atteigne des individus à plus de 300 km

brouillon La coque grinçait doucement contre la houle. Nous étions au large de la Dominique, à une dizaine de milles de Roseau, dans cette zone que les chercheurs appellent la cuvette des cachalots. La chaleur ne tombait pas, même la nuit : un air saturé de sel, de gasoil, et de cette odeur lourde de plancton que le vent charriait des récifs. Dans la cabine, trois écrans restituaient en temps réel les signaux captés par les hydrophones fixés deux cents mètres plus bas. Des spectrogrammes déroulaient leurs bandes vertes et bleues, et chaque clic sec s’affichait comme un trait vertical.

Je me souviens d’avoir noté le rythme : quatre impulsions rapides, silence, puis trois autres. Ce que les spécialistes appellent des codas, brèves séquences de deux secondes qui, combinées, formeraient peut-être un alphabet. Le logiciel calculait en continu des probabilités, réseaux de neurones et transformées de Fourier, jargon dont je n’avais qu’une compréhension superficielle. Mais ce soir-là, il y eut une répétition troublante. Les mêmes quatre clics, à intervalles réguliers, comme si un motif s’obstinait à se frayer un chemin depuis les abysses.

L’IA afficha une première hypothèse de traduction : signal de reconnaissance, groupe identifié. Rien d’inhabituel. Pourtant, au fur et à mesure que la séquence se prolongeait, le spectrogramme sembla dessiner une structure plus vaste, comme une phrase interminable dont je n’apercevais qu’un fragment. Les autres, absorbés dans leurs notes, n’avaient rien remarqué. Mais moi, dans la monotonie métallique des clics, j’entendis déjà une autre intonation, plus profonde, comme si la mer elle-même frappait son propre langage.