Figure. Faire bonne — se casser la — si tu te — qu’ça va qu’ça.
Au sens propre comme au figuré.
Il n’avait pas de face. Elle, pas de façade.
On se dit, se tait, se devine — tellement de choses
…Toi, tu t’accroches à l’idée que ça se passe comme ça. Pas autrement.
Et puis tout s’achève. Toujours.
Par une mine de dix pieds de large. Bien creusée. Bien noire.
*
(Travail d’élève, fusain sur papier. Le trait hésite. La ligne tremble. On n’efface pas ce qu’on n’a pas dit.)
sous-conversation
— Figure… quoi ? Ça commence mais… tu sais pas…
— Justement. Tu crois que ça tient ?
— Faire bonne figure ? Ou casser la tienne ?
— Il n’avait pas de face. C’est pas une image.
— Non. C’est ça. Juste ça.
— Et elle ? Façade effondrée.
— Le langage s’écroule.
— C’est des formules mortes. On les connaît trop. On les répète. On les oublie.
— Et à la fin ? C’est une mine.
— Une vraie. Ou juste… la gueule qu’on tire.
— Et le fusain ? Il dit tout ça ?
— Il l’efface en même temps qu’il l’écrit.
note de travail
Je lis ce fragment comme un exercice sur le bord de l’effondrement linguistique. L’élève — car il s’agit peut-être d’un sujet en formation, en "travail d’élève" — explore ici non pas tant le silence, que **la disparition du dicible**.
Les expressions figées sont volontairement brisées, suspendues. C’est une tentative de reprendre possession d’un langage trop usé. Les formules ne sont plus des protections, elles sont des pièges.
"Il n’avait pas de face, elle pas de…" — il y a là une **disparition des identités par l’énonciation même**, comme si parler, c’était se dérober. L’ellipse agit ici comme un symptôme : le mot manque, parce qu’il est trop chargé, trop risqué, ou déjà trop entendu.
Le mot "mine", enfin, est à double fond : **explosif, creusé, facial**. Tout s’achève là — sur ce terrain instable, noirci de fusain, où les visages sont absents, où les phrases bégaient.
Il ne s’agit pas d’un mutisme, mais d’un langage **creusé jusqu’à l’os**.
Une écriture minière, vraiment.