Amalgame.
Au sens propre : un alliage de mercure avec un autre métal.
Au figuré : un mélange de choses ou de personnes qui ne vont pas ensemble.
Des opinions, des faits, des peurs, des noms.
Tout jeté dans le même creuset.
Avoir l’amalgame en horreur.
En éprouver du dégoût.
Mais s’y retrouver quand même.
S’y perdre parfois.
Amalgamer les données.
Confondre.
Simplifier.
Oublier.
Et puis revenir au mercure.
Au commerce.
À l’argent.
Substance liquide, fuyante.
Démêler patiemment.
Extraire un à un les éléments.
Recomposer la matière sans qu’elle ne vous brûle les doigts.
sous-conversation
C’était clair pourtant… une définition.
Un mot net, précis, stable.
Et puis… ça déborde.
Ça mélange. Ça colle.
Il y a trop dedans. Trop d’autres choses.
Il voulait distinguer. Séparer.
Mais il se retrouve là, pris dans le bloc.
Pas moyen d’en sortir sans s’arracher un peu de soi.
Ça s’est mis à couler.
Comme du mercure.
Tu touches, ça fuit.
Tu appuies, ça éclate en mille gouttes.
Et toi, au milieu.
notes de travail
Le mot est posé comme un scalpel. Amalgame. Une tentative de disséquer le trouble.
L’auteur de ce texte semble fasciné par cette oscillation entre le sens technique (le mercure, l’alliage) et le sens moral (la confusion, l’erreur, la faute logique et sociale). Il veut trier, nommer, séparer. Mais tout, dans la langue, conspire à confondre.
Ce qui me frappe, c’est qu’il cherche à se laver de l’amalgame tout en admettant qu’il y est plongé. Il y a un conflit fort entre son désir de clarté — presque obsessionnel — et l’expérience de la complexité.
Le retour au mercure n’est pas anodin : substance toxique, insaisissable, à la fois métal et liquide, comme l’esprit quand il tente de tout comprendre. L’image finale est très forte : démêler les amalgames, comme on démêlerait des pensées confondues, ou des souvenirs mêlés.
Peut-être, au fond, que ce fragment dit la peur de l’indistinction.
La peur de devenir soi-même un amalgame.