Une minute de silence,
une minute papillon,
une minute cocotte, une minute bonhomme,
minute, j’en ai pas fini avec vous.

Une minute rit,
une mine hutte,
bourrée de secondes comme d’un vieux ragoût.

Si dans une minute tu…
les minutes s’égrènent,
on graille sur le pouce,
réparation minute,
on y gagne pas la lune
mais minute, tout de même.

Un porte-clés,
un calendrier,
une montre à retardement.

Le tout avec la plus minutieuse des minuties.
Faites pas scier.
Faites péter le bouchon,
le bout chonchon,
le bout de chou,
le bout de gras,
les vaches maigres,
minute, on s’égare.

À la gare, hagards,
du NORD,
on s’en va comme on est venu.

Pas une minute à perdre de plus.

sous-conversation

C’est rien… juste des mots. Des bouts de temps.
Mais ça revient. Encore. Encore.
Minute. Encore une. Une dernière.
Ça glisse, ça file, ça se détraque.

Pas sérieux. Non. Mais grave quand même.
Comme un sablier qui rigole.
Comme une alarme douce.
Comme un rappel qu’il n’y aura pas de rappel.

Et puis ça déborde.
Chonchon. Bout de chou. Gare. Nord.
On fuit en riant. Ou en s’étouffant.
C’est pas clair.

Juste…
une minute.

note de travail

Troc de la phrase pour le fragment, la signification pour la sonorité, la progression pour l’itération.
Ce texte n’est pas une note, c’est un battement. Minute après minute, il creuse quelque chose comme un vertige temporel. Un jeu de langage qui, à force de tourner, révèle une angoisse : celle de manquer, de perdre, de s’effondrer par petits morceaux.
La cocotte minute n’est pas un gag. C’est une image du crâne.
La réparation minute, une tentative vaine de rafistolage existentiel.
Et cette gare du Nord, surgie là… comme un symptôme.
La fin d’un trajet. L’idée du retour. Ou de la fuite.
Le tout est ludique. Mais le ludique, ici, est défense.
Il faut jouer avec les mots, sinon ils dévorent.
Et dans le “pas une minute à perdre de plus”, j’entends, en creux, le soupir du corps qui n’en peut plus.
Le langage fait diversion.
Mais la minute reste là.
Tapie.
Prête à sonner.