22h30. La fatigue du voyage n’est pas la même selon que l’on connaît ou non la destination. J’imagine qu’un pèlerin de Saint-Jacques devait se faire bien des idées, des fantasmes, et que la déception était relativement vite oubliée en pesant dans la balance toutes les péripéties, drames, tragédies, pour y parvenir. Avec le GPS, on inscrit le nom d’une destination : San Sebastián par exemple, et on y est en à peine quelques heures. La technologie nous aura dérobé ce que finissait par trouver le pèlerin après la déception. On n’est même plus déçu puisqu’on n’a pas eu le temps de fantasmer, d’espérer. Nous avons testé les pintxos dans un restaurant japonais. Nous ne nous sommes rendu compte de la bévue qu’au moment de payer l’addition. On s’en est tenu les côtes, c’était la compensation. Puis on a inscrit ensuite Saint-Jean-Pied-de-Port sur le GPS et on est reparti par la nationale pour essayer de ralentir l’arrivée de l’automne. C’est là qu’on a dégusté nos meilleures tapas. Ambiance de fête, ici on porte au cou des foulards jaunes. Comme nous avons entendu que la fête allait durer toute la nuit, on a décampé du camping municipal attenant à une arène de pelote basque. On a trouvé un champ mis à disposition par la commune pour les indigents, il y a des sanitaires, grand luxe.
Depuis la lecture de Départementales de F. me suis surpris à lire des faits divers, occupation inédite. Ainsi hier tombe sur un article de Ouest-France, région Isère :
Un homme et une femme tous les deux âgés de 81 ans et membres de l’association Ultime liberté, prônant le droit au suicide assisté, ont été placés en garde à vue à Grenoble (Isère), a annoncé le parquet jeudi 15 août 2024. Les militants sont soupçonnés d’« exercice illégal de la profession de pharmacien » et de « propagande en faveur de produits préconisés comme moyens d’aide au suicide », a précisé la justice (l’AFP)
Il y a de quoi faire.
Titre en gras : Grenoble. Deux militants pour le suicide assisté suspectés d’avoir donné des médicaments à une femme
chapeau : Un homme a alerté la police mercredi 14 août 2024, affirmant que deux octogénaires avaient tenté de tuer une femme âgée de 91 ans en lui fournissant des médicaments. Les deux suspects ont été arrêtés et placés en garde à vue.
Voici un point de départ. De quoi s’aventurer. Bien entendu ne s’agit pas d’imiter F. Plutôt de s’interroger sur son protocole. Difficile de ne pas donner une opinion personnelle. Qu’on leur foute la paix serait la moindre des choses- c’est ce qui me vient spontanément. Ensuite possible de s’interroger sur leurs relations. Est-ce un couple par exemple mari et femme de 81 ans, deux potes qui adhèrent ainsi que leur prétendue victime à l’association. Ensuite bien d’autres questions découlent des précédentes. Peut-être que ce jour là la chaleur leur devenant de plus en plus pénible… Peut-être que la nonagénaire avait été, l’était-elle toujours la maîtresse d’un des deux militants. Comment planifie t’on cette aide au suicide assisté. Un document écrit peut-il prouver la bonne foi, y a t’il rémunération … s’agit-il de quelque opération vénale, une affaire auhentiquement sordide avec vol des bijoux de famille, TV écran plasma, cafetière L’Or Barista, collection de capsules de bière à la clef… Dans quel décor la scène, quartier résidentiel ou HLM… En plus Henri Brulard le dit Grenoble est une ville détestable. Peut-être que rien n’a changé depuis Sthendal, peut-être que la société actuelle y est aussi un peu pour quelque chose si on désire mourir si jeune. Sans parler des mouroirs mis en place pour ignorer la vieillesse et la mort, l’obsession rentable d’une eternelle jeunesse taillable et corvéable à l’infini nous bouchant la vue sur ces réalités là.