19 juin 2025
CATALYSE
La chaleur accélère, déclenche, facilite un processus — même si elle n’en fait pas partie matériellement. Elle ne peut, à elle seule, faire fonction de catalyseur. Mais sans doute favorise-t-elle l’opération, dans un contexte non strictement chimique. Une catalyse au sens figuré.
En cas de danger, l’amibe se divise. Elle engendre un clone d’elle-même. Chaque clone fait de même. Cela démultiplie l’original par la simple reproduction nerveuse de ses copies. Une certaine idée du désordre, déployée comme ruse : brouiller les pistes, noyer le poisson. Pour esquiver. Ou, du moins, tenter.
Échapper à l’inéluctable.
SÉQUENCE
1. Ce n’est pas un rangement. Pas encore. C’est d’abord un passage par le désordre. Il faut en passer par là. Obstinément.
2. Sans doute parce que j’ai téléversé une nouvelle version du site. Après plusieurs nuits difficiles, à effacer, rectifier, reprendre.
3. Et dès l’instant où j’ai vu que tout fonctionnait, quelque chose m’est revenu. Presque aussitôt.
4. Quoi ?
5. Je ne m’en souviens plus.
Règle empirique n°1
Ce n’est pas ce qu’on cherche qu’il faut surveiller. Mais pourquoi on cherche. Le comment, plutôt que le quoi.
Application immédiate
Il me semble que je voulais accéder à un vieil ordinateur. Deux disques durs à l’intérieur. Des années que je ne les ai pas revus. Mais où est passé le câble d’alimentation de l’écran ?
Mystère.
Je le retrouve. Assez facilement. Et pourtant rebrancher poursuivre → je me dis qu’il faut d’abord ranger. Tous ces câbles non identifiés qui traînent dans un gros carton.
Tri sélectif :
- défectueux → poubelle
- obsolètes → poubelle
- inutiles → poubelle
- les autres → étiquetés, rangés
CASCADE
carton câbles → carton disques durs → station chinoise →
Pavilion 23 → changement → changement → changement
Que de trouvailles. De vieilles photos, des textes oubliés. Plusieurs pans de vie qui ressurgissent, à mesure que les têtes tournent.
« Changer de disque » — je crois que c’est ma mère qui disait ça, quand je l’agaçais. Ce qui, évidemment, m’agaçait davantage. Je ne changeais pas de disque. Et la situation empirait.
(Ce genre de détail mérite d’être noté. Même sans savoir à quoi cela pourrait servir.)
BILAN PROVISOIRE
- [x] Désordre magistral
- [x] Câble manquant
- [x] Espace récupéré
- [x] Documents réorganisés
- [x] Journée engloutie
RÉVÉLATION TARDIVE (fin de matinée)
Ce qui m’a vraiment motivé ≠ ce qui a créé le mouvement (que je confonds trop souvent avec une motivation véritable)
SOURCE : Exercices d’observation, Nicolas Nova. Lu hier.
RÉSONANCE : carnets de terrain en double page
→ côté gauche : le terrain
→ côté droit : l’analyse
PRISE DE CONSCIENCE récente : je fais de moi un laboratoire permanent.
Paradoxe documenté
Je parviens — presque simultanément — à être à la fois conscient et inconscient de ce que je fais. Et je prends soin de n’en tirer aucun profit.
Archive classée ’confidentiel’
Une mauvaise expérience de jeunesse me l’interdit. Je préfère ne pas en parler ici.
Postulat général
Le fait d’avoir ce que l’on croit être un pouvoir s’accompagne toujours d’une série de rébus. Des énigmes à résoudre.
MODE OPÉRATOIRE habituel : instinct → fonctionnement → succès relatif
CONTRE-INDICATION : analyse → dissection → bourrique tournante
Note technique finale
La mort — que pourrait-il y avoir de plus inéluctable, sinon la naissance, ou la renaissance perpétuelle des formes ?
[Cette question, apparue au début, trouve ici sa place.]
C’est justement quand on commence à les disséquer, à les analyser, que les choses — en général, et dans ce domaine qu’il faut bien appeler « magique » — nous font tourner en bourrique.
English
CATALYSIS
Heat accelerates, triggers, facilitates a process—even when it’s not materially part of it. Heat alone cannot function as a catalyst. But it probably helps the operation along, in a context that isn’t strictly chemical. A catalysis in the figurative sense.
When threatened, the amoeba divides. It spawns a clone of itself. Each clone does the same. This multiplies the original through the simple nervous reproduction of its copies. A certain idea of disorder, deployed as a ruse : to muddy the waters, throw them off the scent. To dodge. Or at least try. To escape the ineluctable. Death—what could be more ineluctable than that, except birth, or the perpetual renaissance of forms ?
To escape the ineluctable.
SEQUENCE
1. This isn’t organization. Not yet. It’s first a passage through disorder. You have to go through that. Stubbornly.
2. Probably because I uploaded a new version of the site. After several difficult nights of deleting, correcting, starting over.
3. And the moment I saw everything was working, something came back to me. Almost immediately.
4. What ?
5. I can’t remember anymore.
Empirical rule #1
It’s not what you’re looking for that you need to watch. But why you’re looking. The how, rather than the what.
Immediate application
I think I wanted to access an old computer. Two hard drives inside. I haven’t seen them in years. But where did the monitor’s power cable go ?
Mystery.
I find it. Easily enough. And yet instead of plugging back in continuing → I tell myself I need to organize first. All these unidentified cables lying around in a big cardboard box.
Selective sorting :
- defective → trash
- obsolete → trash
- useless → trash
- the rest → labeled, organized
CASCADE
cable box → hard drive box → Chinese station →
Pavilion 23 → change → change → change
What discoveries. Old photos, forgotten texts. Several swaths of life resurging as the heads spin.
"Change the record"—I think that’s what my mother used to say when I annoyed her. Which, obviously, annoyed me more. I wouldn’t change the record. And the situation would get worse.
(This kind of detail deserves to be noted. Even without knowing what it might be useful for.)
PROVISIONAL ASSESSMENT
- [x] Magnificent disorder
- [x] Missing cable
- [x] Space recovered
- [x] Documents reorganized
- [x] Day swallowed
LATE REVELATION (late morning)
What really motivated me ≠ what created the movement (which I too often confuse with genuine motivation)
SOURCE : Exercises in Observation, Nicolas Nova. Read yesterday.
RESONANCE : field notebooks organized in double pages
→ left side : the field
→ right side : the analysis
RECENT REALIZATION : I make myself into a permanent laboratory.
Documented paradox
I manage—almost simultaneously—to be both conscious and unconscious of what I’m doing. And I take care to derive no profit from it.
File classified ’confidential’
A bad experience in my youth forbids it. I prefer not to talk about it here.
General postulate
The fact of having what one believes to be a power is always accompanied by a series of puzzles. Riddles to solve.
USUAL OPERATING MODE : instinct → functioning → relative success
CONTRAINDICATION : analysis → dissection → running in circles
Final technical note
Death—what could be more ineluctable than that, except birth, or the perpetual renaissance of forms ?
[This question, which appeared at the beginning, finds its place here.]
It’s precisely when we begin to dissect them, to analyze them, that things—in general, and in this domain that must be called "magical" in particular—make us run around in circles.
Pour continuer
Carnets | juin 2025
30 juin 2025
Gros boulot sur le base de données. Renommage de toutes les tables et suppressions de certaines qui semblaient poser problème. Je n'ai pas encore réussi à nettoyer la rubrique import de toutes les balises wp dont sont truffés les articles. Après moult essai et l'importation d'un dernier script, j'envoie un ticket à OVH. J'ai rétrogradé ma version php de manière à être dans les clous avec la version 4.4.4 de SPIP. Bref, accaparé par ces contingences techniques je ne peux pas dire que ce soit une journée palpitante. De gros coups de chaud mais pas dûs aux températures. Demain nous allons à C. S. et moi pour voir E. et l'après-midi rendez vous avec le remplaçant de B. Le tableau est prêt. Nous verrons L. et A. seulement dimanche avec M. et C. Espèrons qu'il leur plaise. Préparation pour affronter Avignon. Avec cette chaleur, j'avoue que je ne me vois pas du tout arpenter la ville. Je prévois d'apporter un carnet à dessin et de me mettre à l'ombre. Petite pluie tout à fait ridicule en fin de journée. pas grand chose d'autre à ajouter. Le mois se termine en queue de poisson on dirait bien.|couper{180}
Carnets | juin 2025
29 juin 2025
Réveil 3h30. Il faut un petit laps de temps pour que je retire le masque de mon visage. Le temps de visualiser l'enchaînement des gestes. D'abord appuyer sur le bouton off de la machine. Puis retirer l'harnachement de sangles et de lanières. Ne pas oublier de déloger les deux petits pitons de leurs encoches respectives, de chaque côté du morceau de plastique dur. Enfin libéré, se diriger vers l'interrupteur et allumer. Puis démonter la partie souple en contact avec le nez pour se rendre à la salle d'eau et la plonger dans le bol préparé la veille. Mélange d'eau et de savon. Ne pas oublier non plus de vider le réservoir d'eau, de le rincer et de le retourner sur une serviette afin qu'il sèche. Ne reste que le long tuyau rigide à rincer. Eau et savon encore mais au-dessus de la baignoire cette fois. Puis l'accrocher sur l'étendage afin que tout soit de nouveau opérationnel pour la nuit prochaine. Hier vers la mi-journée j'ai achevé la commande de A. et L. J'ai pris une photographie et je la leur ai envoyée. J. arrive vers 12h. Nous prenons un moment pour faire le point sur nos faiblesses, nos obstacles, nos maladies avant de nous mettre à table. Poulet rôti et pommes de terre au four. Nous testons le vin restant dans le cubi. Il est encore correct. Sieste ensuite. Puis nous sortons sous la chaleur, nous prenons la Twingo pour aller chercher la fraîcheur à Saint-Pierre-de-Bœuf. Marche le long de la rivière. Spectacle assuré par les canoteurs. Puis nous avisons un petit établissement. Terrasse ombragée. Café et verre d'eau glacé. Nous restons là à prévoir notre prochain séjour en Avignon. S. nous a trouvé un hébergement à Montfavet. On ira certainement voir la tombe de Camille Claudel. De mon côté je préviens que je ferai cavalier seul. Un programme parallèle qui me dispensera de me jeter dans cette course annuelle et frénétique vers les salles de théâtre. Il doit bien y avoir des choses à visiter autres que des théâtres, dis-je. Nous restons encore un peu puis nous repartons. Les sièges de la Twingo sont bouillants. Nous proposons à J. de dormir à la maison mais il décline. Il prend le train de 8h02 pour Lyon.|couper{180}
Carnets | juin 2025
28 juin 2025
À droite de l'écran se dresse d'abord un mur vert percé d'une fenêtre grande ouverte en raison de la chaleur que l'on cherche à expulser pour la remplacer par la fraîcheur matinale. Considérations climatiques futiles qui m'auront échappées puisque j'étais parti pour décrire les lieux. Mais j'y reviendrai peut-être. Sur le climat. Donc, nous avons une fenêtre de forme rectangulaire, il est rare par ici de voir des fenêtres carrées. Les rondes ou en losange sont encore plus rares. Ici aussi je crois qu'on pourra se passer de la géométrie. Au-delà de la fenêtre, un mur qui monte jusqu'à une ligne taillée en biseau, et qui est tout simplement le fait souligné d'une ombre encore plus noire que la pénombre. Si l'on veut laisser l'œil s'élever encore on peut avoir un triangle de ciel gris bleu dans la partie supérieure de la fenêtre. Avec peut-être une légère nuance purpurine. Description qui n'est que l'écho d'une page lue ce matin. Ce qui me fait penser à Laurent Mauvignier quand on lui demande quels sont les auteurs qui l'ont inspiré. Il parle de cet écho chez d'autres auteurs d'un quelque chose qu'il cherche à dire. Est-ce cela l'inspiration, je ne sais pas. Peut-être que ça parle de solipsisme prometteur plutôt. Comme si à la lecture on avait franchi un mur. On aurait découvert cette percée, cette fenêtre que j'évoque au début, on passerait par celle-ci et l'on se retrouverait dans un jardin, dans une ville, dans ce que l'on voudra, une bibliothèque. La seule chose dont on ne pourrait plus douter c'est que c'est à soi de s'occuper des lieux. Car pas de jardinier ici, pas d'éboueur pour ramasser les ordures, pas de bibliothécaire pour épousseter les ouvrages, balayer les sols. Tout nous appartiendrait, d'accord. Mais nous serions les seuls responsables à la fois des merveilles qu'on y trouve comme des dégâts qu'on y cause. Une idée fugace passe, laisse-la passer, ne la retiens pas. Patience. Si elle revient une seconde fois note qu'elle se représente avec un léger étonnement. Mais laisse-la passer encore. La troisième fois cependant note-la car il y a de grandes chances qu'elle ne se représente plus. Cet espoir de retrouver goût à la lecture lui tomba dessus comme la grâce. Qu'allait-il en faire lui qui dans chaque espoir décelait déjà les prémisses d'une deception à venir. Donc le mot propriété revient par la bande. C'est à dire que tu lis un livre, tu le lis parfois plusieurs fois, tu t'en imprègnes et à la fin de voici étrangement devenu son propriétaire . Je ne parle pas de placer le livre sur l'étagère de la bibliothèque, évidemment. Je parle de cette sorte d'avidité incroyable au fond de soi qui s'accapare le monde de toutes les manières dont on peut imaginer que le monde se présente à soi. Que ce soit une rue que l'on arpente à période régulière et dont on fait sa familère, comme jadis on parlait de favorite. Que ce soit les fleurs du jardin que l'on arrose le matin pour qu'elles ne dépérissent pas trop vite. Que ce soit les livres que l'on lit et dans lesquels parfois on se reconnaît plus ou moins. L'idée d'être assisté pour respirer. Par une machine. L'agacement soudain s'additionne à la chaleur, se cumule, s'amplifie. Vers 23h j'arrache le masque. C'est à dire que le confort au bout d'un moment m'est tout aussi insupportable que tout le reste. C'est à ce moment, ne parvenant plus à dormir que j'ouvre les Nouvelles Complètes de Conrad, chez Quarto. Je n'avais jamais lu la préface de Jacques Darras. Il évoque la présence de Rimbaud et de Jozef Konrad Korzeniowski au même moment à Marseille, en 1875. Et surtout cet attrait des deux jeunes hommes pour les langues étrangères notamment l'anglais et le français pour le jeune polonais. "L'oreille devient organe majeur, les recherches linguistiques saussuriennes sont proches d'une formulation théorique". Hier encore je m'interrogeai sur l'utilité d'un récit de voyage et aussitôt que je lis ces pages ce sont les noms de lieux qui attirent l'oeil. l'île de Bangka au nord de Sumatra Semarang Singapour et Bornéo Aden Kinshasa Stanley Falls Harar L'hôpital de la Conception à Marseille.|couper{180}