Ne sais plus quoi dire qui ne se transforme soudain en rivière gelée. Et alors de prendre un ciseau, un burin, essayer d’amadouer la dureté sans la trahir. Cherche en vain une âme. Ce que retiennent les algorithmes de nous, est du futur devenu présent. Ils en savent déjà bien plus que nous-mêmes n’en saurons sur nous-mêmes. C’est leur volonté contre notre abscence désormais.
Les mots se figent, pauvres anges, vieux boucs, vieilles biques, comme des rocs muets pris dans un hiver immobile. Ils ne s’échappent plus du clavier pas plus que de la bouche, ne s’élancent plus dans l’air, outardes en mai, mais tombent, rigides, dans le blanc du vide , dans le noir du rien, et ne rebondissent plus, poussins rondelets, dodus, billes d’argile, sur le sol dur de terre gelée,sur la dalle de béton. Alors, ne reste que ciseau, que burin, coton tige rouleau à patisserie, pour les heurter les taper, encore et encore. Espoir idiot de tous ensemble nous réveiller. Y t’il un nous seulement ? Un travail d’orfèvre ou de guerrier, un ouvrage patient, laborieux : affiner, tailler, polir ces blocs de glace jusqu’à ce qu’ils retrouvent une forme, un ton, un son clair et juste, ce son qui comme l’écho résonne encore, à peine. Au diapason d’une course effrénée.
Personne n’a raison, sauf si le pouvoir lui en donne ; à tort ou à raison, il s’en sert.