L’écart, la distance, pas seulement sur le plan physique, mais aussi mental, astral. Affût. Vigilance extrême. Le danger peut désormais surgir de n’importe où, n’importe quand. Une microseconde d’inattention et c’est la fin. Refus de cette hypervigilance. Freiner des deux pieds. Quelqu’un ou quelque chose me tire ou me pousse pour avancer. Je résiste mais c’est plus fort que moi. L’illusion du temps est plus forte que moi. De temps en temps, un bug. Les gens se mettent à répéter les mêmes mots, les mêmes bouts de phrases. Disques rayés.

Il s’est passé quelque chose. Ces images issues d’un film de science-fiction. Ces images de villes désertes. Ou encore ces amas de cadavres que des ambulances emportent vers des lieux étranges en Chine. Oui, la science-fiction devient la réalité. C’est-à-dire que l’on passe du plan imaginal à une nouvelle version de réalité imposée.

Le cinéma est-il devenu une arme d’illusion massive, en à peine quelques années, avec la télévision, la radio ? Tout ce qui informe. Cette matière noire gluante qu’est cette information. Cette matière à djinns. À monstruosités génétiques. Le tout s’accélérant grâce aux cristaux désormais omniprésents. Cristaux liquides et matière noire informée par nos émois, nos peurs, nos désirs. Des créatures synthétiques s’en extraient peu à peu, regard froid, glacé, inhumain. C’est la faim qui les anime. L’instinct basique. Dévorer est leur mot d’ordre. Vers 4h, je me suis réveillé en sursaut. Un bruit. Provient-il du rêve ? Soudain je retrouve ces vieilles terreurs enfantines qui naissaient exactement de la même façon. Je m’éveillais d’un cauchemar pour découvrir que la réalité en était un autre. Encore passé du temps à revenir sur le code. Suis parvenu à réinstaller Tailwind sur le site local. Ce qui va grandement alléger le site car la feuille de style minifiée ne pèse que 48k. Quelques frayeurs au moment du transfert mais au final pour rien. Plus peur d’une erreur de code que de mes pires cauchemars. Ce qui est, dans une certaine mesure, tout à fait logique pour un démiurge. S’il se rate, il sombre dans l’inconnu. 8h43, le technicien Free sonne. Résolution de la panne. Explication : Orange et Free se tirent la bourre. Écrasements mutuels de lignes. 9h20, le technicien Free repart. Rapide. Il n’a pas prononcé dix mots en tout. Impeccable. La chaleur monte par degrés. Encore une journée étouffante en prévision. Rendez-vous à 11h45 à la clinique du sommeil. Cette fois je vais certainement avoir l’appareil pour de bon. Une infirmière passera ensuite pour le recharger en oxygène. Ce qui me rappelle que j’allais autrefois livrer des bouteilles d’oxygène dans la région de Puteaux. C’étaient des bouteilles énormes. Lourdes. Encombrantes. Je revois encore ces êtres allongés dans des lits médicalisés à domicile avec des tuyaux de plastique pénétrant leurs narines. J’ai parfois du mal à me dire que je suis passé par tout ça. Au final, pas si différent de ces rêves, ces cauchemars. Retrouvé par hasard une vieille photographie prise lorsque j’habitais Aubervilliers.