Le site se remplit lentement. J’ai achevé de recopier les articles de février 2022, et commencé ceux de mars de la même année. Quelques nouveaux articles sont réécrits en utilisant (un peu) la méthode de Perec, toute déférence gardée, bien sûr. Je me rends compte encore une fois de la longueur de mes textes. Souvent atterré, j’hésite entre l’envie de les réduire et le devoir de les laisser tels quels. Comme si réécrire était une *espèce* de trahison. Ce qui est idiot, puisqu’on passe bien plus de temps à devoir réécrire qu’à écrire. Même si, tout à fait inconsciemment, on écrit toujours les mêmes choses. Ce biais systématique de vouloir obstinément s’accrocher à quelque chose.

J’ai réduit mon traitement, je coupe mes cachets en deux. Ma tension remonte peu à peu : de 8 lundi passé à 11,5 aujourd’hui. À ce sujet, je remarque être moins productif ces derniers jours. Le désir et la tension sont-ils liés ? Ou encore, faut-il stopper le traitement complètement, remonter à 16 voire 17, pour en finir une bonne fois pour toutes avec cette velléité imbécile ? Partir en beauté avec un énorme pavé. Je plaisante, bien sûr. D’ailleurs, je ne fais guère autre chose. Toute la violence que je porte au monde, je la détourne, comme un pirate électrique détourne le jus pour s’éclairer, résistance, révolte et dérive sur moi-même.

Un élément que m’a apporté l’intelligence artificielle depuis que je la pratique – et depuis que j’ai souvent ressenti le malaise de la voir réécrire certains de mes textes – c’est celui-ci : la volonté de conserver ma façon d’écrire, même si elle me paraît souvent maladroite. Après tout, je n’écris pas autrement que je peins : sans intention, de façon brouillonne. En peinture, ce passage m’a toujours paru important : accepter le brouillon, le chaos, le désordre, les désirer, afin qu’ils m’aident, à force d’opiniâtreté, à parvenir à une forme de clarté.

Pris deux livres la semaine passée dans la boite à livres de l’association de C. Le Clézio, "La ronde et autres faits divers" chez Folio , et un bouquin de Joan Didion "Une saison de nuits" ce dernier en livre de Poche porte un macaron rouge indiquant "livre offert pour 2 livres de Poche achetés" A propos des livres également pendant que j’y pense toujours le même dilemme concernant les milliers de romans policiers au-dessus de nos têtes. Les revendre sur les plateformes de vente de livres d’occasion en ligne, ou conserver comme reliques. Avec le risque qu’ils s’abîment là-haut, que des rats ou des souris les dévorent ou chient dedans.