29052023 ( suite )
J’aurais pu ajouter ces lignes dans la première partie, peut-être le ferais-je plus tard. J’ai encore un peu de temps ce matin et j’oscille entre fiction et journal. C’est désagréable à première vue d’osciller. Mais en prenant du recul je crois que ce sont ces oscillations justement qui sont utiles à toute espérance de progression. Pourquoi faut-il que les choses soient toujours aussi désagréables à première vue ? Parce qu’elles nous expulsent d’un confort, d’une habitude tout en la renforçant
Prendre l’habitude de vivre cet aspect désagréable, jouer le jeu qu’impose cette sensation première. Il est cependant nécessaire de ne pas s’appuyer sur l’espoir que les choses à un moment ou l’autre s’inversent.
Écrire n’est pas une recherche de martingale.
Un nouvel exercice proposé dans le cadre de l’atelier d’écriture de FB. L’adverbe comme avec comme protagonistes Lautréamont et Marcellin Pleynet.
Le premier comme compte pour du beurre. Et je n’ai rien contre Isidore Ducasse.
Il est con comme un balai ( par exemple) Oui mais suivre ensuite les mouvements du balai, qui au bout du compte ne s’avère pas si con que ça puisqu’au bout on retombe toujours plus ou moins sur une table de dissection avec une machine à coudre, un parapluie et une rencontre assez surréaliste.
C’est comme Amélie Nothomb qui dit que la métaphore est à bannir, que c’est bien trop facile, qu’écrire à grand renfort de métaphores est une forme de paresse affligeante.
En sommes-nous encore à une affliction près ?
Ce n’est pas la même chose d’écrire en jouant avec ce qui s’écrit au fur et à mesure que de penser écrire en pensant dur comme fer avoir vraiment quelque chose à dire.
C’est comme pisser dans un violon, la seconde manière de plus en plus.
Car ai-je quelque chose à dire ?
J’ai des choses qui poussent, qui s’embrouillent au portillon. Ticket s’il vous plaît ! Faites donc un petit tour au guichet, la queue comme tout le monde, ensuite revenez voir.
Soyons sérieux comme un pape. ( admettons le sérieux des papes c’est plus simple que d’admettre le sérieux d’Artaban) Car la fierté est une affaire de sérieux où elle n’est pas. Maintenant est-ce Perse ou Parthes bien malin qui pourra le savoir.
Écrire en se détournant du sérieux donne du fil à tordre. Puis peut devenir une fuite en avant.
Une lente implosion, une implosion comme au ralenti de tout sérieux creuse progressivement une distance, un écart avec l’objet d’apparence solide qu’il pensait être.
Sombrer dans l’oulipo. Faire naufrage chez les oulipiens. A moins que comme d’habitude ce soit exactement le contraire.
dans la collection écrire avec quelque chose à dire, je m’aperçois que j’ai complètement oublié d’écrire ce que je voulais dire en ouvrant à nouveau l’éditeur.
comme un blanc.
Je voulais dire qu’un lecteur qui paie, qui achète son livre justement parce qu’il paie peut se sentir légitime de fournir son avis sur ce livre. Mais un lecteur de blog ne se sent même pas tenu de mettre un like s’il désire lire de façon anonyme.
Ensuite donner un avis de quelque manière que ce soit y compris en écrivant un journal, est-ce bien pour cela qu’on s’enferme ? ça m’étonnerait bien.
C’est comme un frottement, deux bâtons l’un contre l’autre qui attendent de concert l’étincelle.
Les meilleures sont celles qu’ont ne voit pas. C’est comme le feu qui entre dans la terre qu’on ne voit pas mais qui à la plus petite occasion rejailli et dévaste une ville entière.
Une armée de drones peut-elle réduire en poudre une ville entière aussi surement que cette étincelle invisible, il faudrait peser le pour et le contre comme toujours.
Hier j’ai revu ce film avec Trintignant et Romy Schneider. C’est drôle comme certains films ne prennent aucune ride alors que lorsque je l’avais vu la première fois il m’avait agacé, j’y avais vu beaucoup de clichés. A moins que je ne fasse plus aussi attention aux clichés, que je me fiche des clichés. Peut-être même que je trouve assez rassurant de les retrouver finalement ces clichés.
L’image de la France que traverse ce train je ne l’ai pas connue. Mon image viendra plus tardivement et je me demande dans quelle mesure cette image déjà aperçue autrefois dans ce film y participe.
J’ai passé un temps fous à vouloir démêler les images ou à m’imaginer le faire.
C’est comme courir au devant de sa peur. C’est comme vouloir être autre pour essayer de s’extraire d’une fatalité d’être toujours le même.
Pour continuer
Carnets | mai 2023
Disparitions
Je relis de vieux articles, pas fameux. Tout en bas, une ou deux personnes semblent s’y être arrêtées. Je clique sur leur avatar, curieux de voir ce qu’ils font sur WordPress. Et je tombe sur : L’auteur a effacé son site. Évidemment, ça m’embarque dans les allées d’un vieux cimetière, peut-être celui du Père Lachaise. Il y a les tombes célèbres, les visites obligées. Mais ce que je garde en mémoire, c’est l’émotion particulière face à une sépulture anonyme. Une dalle fendue, un nom presque effacé. Parfois, juste une nuance de terre signale qu’un corps repose là. Voir un site “effacé par son auteur” provoque un trouble semblable. Je pense à septembre, au blog que je n’ai plus envie de renouveler. Trop cher pour ma modeste bourse. Comment quitter la table avec élégance ? J’ai tout sauvegardé, au cas où WordPress décide de tout effacer à l’échéance. Peut-être que je remettrai tout en ligne ailleurs, chez un hébergeur plus abordable. Ou peut-être qu’il faut accepter de tourner la dernière page, pour pouvoir en ouvrir une autre. Ou peut-être que je ne toucherai à rien. Et je verrai bien ce qui se passe. C’est plutôt ça, mon style : faire avec.|couper{180}
Carnets | mai 2023
31052023
Une chose est importante quand on veut raconter des histoires, c'est de ne pas perdre le fil de celle-ci. Tous les menteurs savent le risque de se couper ainsi qu'il est d'usage d'employer ce mot. Mais si l'on utilise ce risque comme ressort de l'histoire, que se passe t'il ? Admettons un écrivain qui perd la mémoire de son histoire, qui du jour au lendemain ne se souvienne plus du nom de ses personnages, de leurs biographies fictives et qui passe son temps à tout modifier... non par malice bien sûr, mais parce qu'il ne peut faire autrement désormais. Comme en peinture le doute et l'hésitation provoqueraient un flop à coup sur. Donc c'est en assumant totalement cette perte de mémoire, en y allant à fond que ça risque d'être vraiment attrayant. En tous cas au moins pour celui qui écrira cette histoire. A part ça je suis passé à la clinique hier, quelques coups de laser dans chaque œil et un éblouissement fameux à la sortie. Heureusement, mon épouse m'a prêté ses lunettes de soleil. Il y avait un protocole à suivre avant l'opération que j'ai complètement zappé évidemment. Il fallait prendre une série de gouttes quelques jours avant et je fus penaud d'avouer au toubib que j'avais fait l'impasse. A un moment j'ai cru qu'il allait reporter le RDV au moins suivant. Mais non, restez là je reviens, il m'a flanqué des gouttes à lui dans chaque œil j'ai eu l'impression de passer un portail. tout est devenu supersensible, y compris les défaillances d'un spot du plafond que je n'avais pas remarquées auparavant. Ensuite une vingtaine de minutes d'attente pour laisser le temps à la pupille de se dilater et hop. Aucune douleur. Juste des éblouissements répétés. Fixez mon oreille gauche me disait le toubib... je ne voyais rien du tout, il fallait inventer, estimer une distance, une tête, une oreille et fixer l'œil sur cette création parfaitement imaginaire. "— juste un peu plus bas si vous pouviez" ajoutait-il parfois.|couper{180}
Carnets | mai 2023
Assemblage
Lire avec attention, mais en conservant du recul. Noter au fur et à mesure des groupes de mots qui paraissent déjà vus, bizarres, plats, comiques, illogiques. Et les mettre les uns derrière les autres à la queue leu leu. voir ensuite ce que ça fait. Grand mythe fondateur. Symbole de vie. Puissance magique. Dispensateur de bienfaits. Œuvre d'art comme telle. Savez-vous que. A travers. Vous apprendrez. Découvrez le lien. Découvrez enfin. Comment [...] pour mieux. Enregistrez ce produit. Partagez votre achat avec vos amis. A défaut de prétendre. Pour aller vers le réel. Les obstacles auxquels il se heurte. Dans le cadre de. Son vrai titre. Le garant du système. Conduire une politique. Représenter l'institution. A double-titre. Un organe de presse. Nombreux déplacements. Le côté professionnel. Inciter les citoyens. Lire la presse écrite. Corriger les inégalités. Un regard collectif. Nous ferons le nécessaire. Dans ce style qui le définit si bien. Un récit passionnant. Dont on ignore encore tant de choses. Accablé de chagrin. Il s'est retiré dans la solitude. Il commença à se dire qu'une nouvelle vie était possible. Retrouvant ses reflexes. Une tragique pollution. Protéger des malversations. En laissant courir les rumeurs. Une malédiction pèserait sur la ville. Une réalité objective. Commentaire autorisé et décryptage. Si l'on doit caractériser. Un angle mort. Un policier abat un jeune homme. Toute une population. Le contrôle au facies. Positiver le négatif. C'est une simple bavure. Un plan social. Une affaire de mœurs. La légitime défense. la tyrannie du politiquement correct. Un lynchage médiatique. Un quartier sensible. Coller à son époque. Des instances de médiation. La voix de son maître.|couper{180}