Exit la paix, voici l’effroi. Fin du tranquille, le calme se fait la malle. Le flegme, la quille tombe, le bleu du ciel aussitôt remplacé par le noir désespoir. L’épouvante vous atterre, le sang se fige, se glace dans les veines, les artères. Le cœur cogne, dernier round : droite, gauche, uppercut fatal, front au sol. L’arbitre compte jusqu’à 10, oui, mais…
On reste plaqué au sol.
Tous les morts se pressent, formant une foule de grimaces, grotesques et variées, offrant toute la panoplie de l’horreur. Des asticots astiquent, des vers rampent, des serpents reptent dans l’inepte.
C’est l’ineptie à son paroxysme.
Ainsi commence seulement l’effroi, ô âme désolée au beau milieu de ton linceul. Six pieds sous terre, si possible, un seul pied posé au sol, le bon, pour s’en relever. Ne pas faire le pied de grue en plein effroi, même occis, rester vaillant et se dire que tout cela n’est qu’un mauvais moment à passer.
Qu’après la pluie vient le beau temps, qu’il faut gravir, comme on pourra, les sept mondes pour parvenir au huitième.
Pétards et flonflons.
Se dire qu’enfin on verra les choses avec du recul, de très haut, que tout ça n’était qu’un je, c’est-à-dire peccadille. Ce n’est pas comme manger l’herbe d’autrui , qui est faute impardonnable.
Effroi honorable, car c’est seulement de là, une fois bien effrayé, qu’on verra mieux le genre de paix qui s’est absentée. Que l’on peut enfin rire, puis sourire de cette paix comme de l’effroi, car ils sont ces jumeaux siamois venant de la nuit obscure que connaissent tous les pilotes, les marins indo-européens.
Farfadets et Feu de saint-Elme.