De sidération en sidération, jusqu’à l’effarement final. Une peur glacée. Plus question de hausser les épaules, John, de faire comme si. Tremble, claque des dents, bave. Mais même là, tu rêves. Tu ne sais pas comment faire autrement. Rêves de coups montés, aux petits oignons, d’assassinats sans bavure. Tous les grands empapaouteurs. Tatatata. Tatatata. Et évidemment, Johnny, tu voles, t’es invisible, tu as le chic pour débouler entre la poire et le fromage. Tu nous sidères. Le temps, la distance, comment tu les abolis, tu es le vengeur masqué, tu portes un collant moulant ridicule, des poulaines fatiguées qui baillent. Descendu tout schuss du sommet de la Tour Saint-Jacques, à peine remis, tu fomentes la prochaine Jacquerie.
Mais gros, les tuer tous ne changera pas grand-chose. La face cachée de la lune, la partie immergée des icebergs en rigolent. John, t’es si naïf. Faudrait t’empailler. Puis un grand silence blanc, et tout près, des pas lourds font craquer la glace du monde. Les v’là encore. Toute la bande de nains de jardin au grand complet. On a encore un nouveau projet, un nouveau plan pour t’emberlificoter, mon petit Johnny. Assis-toi là. Pas bouger. Remue donc la queue pour faire comme si. Oh John, ta mère n’aurait pas aimé ce que tu deviens. Non, non, non. Plus qu’une issue, elle t’aurait dit certainement. Un tel affront ne peut se laver que dans le sang.
Eh bien, la fièvre est toujours là. Et je ne dirai rien, je ne piperai pas un mot. En serrant les dents, ça risque de passer. Tout en se tenant loin, pas de contact. Peut-être un masque ? Il doit bien en rester quelques-uns quelque part. Sinon, ça n’en finira jamais. Ils voudront récupérer la séance perdue. Et ainsi de suite, jusqu’à la Saint-Glinglin.
Fais comme si tu étais un vieux meuble, Johnny. Tu es là, mais tu ne dis rien. Tu laisses la patine te patiner, voilà tout. Laisse revenir la méchanceté. Économise la location de béquilles.