Il y avait une place — des arbres — des platanes — et beaucoup d’attente, d’espoir, de peur, de douleur, déjà. Il faisait beau, chaud, c’était l’été — la première fois qu’il revenait à Montluçon — en train, par la micheline de Vallon-en-Sully — avec elle, cette fille, cette jeune femme, son amour.
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Il ressentait, subissait de la peur, de la colère dans cette attente, un mélange de plaisir et d’espoir vite changé en désespoir. C’était ridicule, bête, idiot ; c’est ce qu’il se répétait sans cesse en l’attendant.
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Il espérait une relation de couple normale, ordinaire, calme, mais en même temps, il avait peur. L’idée était instable, vacillante, le doute s’installait ; que voulait-il vraiment ?
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Ah, comme à cet instant il aurait désiré, rêvé, ne rien vouloir — il voulait juste pour passer le temps — le temps passait lentement, infiniment, juste assez pour lui donner envie de s’enfuir — et il resta là, à l’attendre, à attendre la fin, à voir comment les choses allaient finir au bout d’une telle attente, un supplice.
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Si après cela, il l’aimait encore, c’est qu’il serait sorti victorieux de quelque chose — quoi, il ne le savait pas, ou peut-être ne voulait-il pas le savoir. Il aimait l’idée d’aimer, mais il y avait ce risque aussi qu’il ne l’aime pas du tout.
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D’ailleurs, quand elle revint vers lui, c’était une toute autre femme — une inconnue — il eut de la peine à la reconnaître, à se re-glisser dans le confort de son ancien rêve.
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Il regarda sa montre, réfléchissant à ce qu’il pouvait dire — à quelle heure était le train du retour, et il crut que ce furent les derniers mots qu’il prononça. Il déglutit avec peine, toute colère rentrée contre lui-même.
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Ils firent le trajet du retour en silence, et ce fut un soulagement, un écœurement magnifique — même les quelques kilomètres à pied entre la gare de Vallon et Chazemais.